Témoignages

Nipowin et les Atikamekw Nehirowisiwok[Notice]

  • Christian Coocoo

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  • Christian Coocoo
    Coordonnateur des services culturels, Conseil de la Nation Atikamekw

Je vous remercie pour l’invitation. Je suis coordonnateur du service culturel au Conseil de la Nation Atikamekw, qui est un conseil tribal. Nous offrons des services aux trois communautés atikamekw : Opitciwan, Wemotaci et Manawan. Je m’occupe de tout ce qui a rapport à la culture Ça fait douze ans que j'occupe le poste de coordonnateur, mais ça fait dix-huit ans, depuis 1996, que je m’intéresse à la culture et à l'histoire de ma Nation et que je fais des recherches en ce sens. J'ai toujours travaillé en étroite collaboration avec les aîné-es des trois communautés, ceux que j'appelle les « intervenants culturels ». Aujourd'hui, je partage avec vous certaines des données, observations et réflexions sur la mort que j'ai accumulées au fil des ans. J'ai intitulé ma présentation tout simplement Nipowin, qui signifie la mort en atikamekw. Je vais donc parler de la conception de nipowin chez les Nehirowisiwok. Bien que l’appellation Atikamekw soit utilisée pour nous désigner, nous sommes des Nehirowisiwok. Je vais donc parler très brièvement des conceptions et des pratiques en lien avec la mort chez nous ainsi que des transformations survenues à ce niveau plus récemment. Mes sources sont d’abord orales puisque je n’ai pas fait de revue de littérature sur le sujet. Je m’appuie à la fois sur les enseignements et les connaissances que j’ai reçus en parlant avec les aîné-es mais aussi sur mes propres expériences depuis que je suis tout jeune. Au fil des ans et en grandissant, j’ai appris à mieux comprendre le sens des conceptions, des gestes et des rituels autour de la mort chez les Nehirowisiwok. J'utilise aussi beaucoup la langue atikamekw, que je maîtrise parfaitement. La langue aide beaucoup à comprendre le sens des conceptions et des pratiques, le sens profond et spirituel des choses. Ce sont les aîné-es qui m’ont fait comprendre l’importance de la langue pour atteindre le coeur de notre culture. C’est pourquoi, en tant que coordonnateur des services culturels, j’organise régulièrement des rassemblements qui mettent de l’avant la parole des aîné-es sur différents sujets. Lors d’un de ces rassemblements, un aîné, qui est décédé aujourd’hui, répétait souvent la même chose et les gens se moquaient de lui : « Il dit tout le temps la même chose et c’est fatiguant de l’entendre se répéter ». Pourtant, une fois j’ai vraiment pris le temps de réécouter l’enregistrement de ses propos et j’ai réalisé que ses paroles étaient très profondes et comportaient un enseignement très riche. Ç’a été pour moi une révélation; la force de son message était tout entière comprise dans les mots qu’il utilisait. À partir de ce moment, j’ai accordé une attention toute particulière à la langue et à la façon qu’ont les aîné-es de s’exprimer afin de transmettre des savoirs et des leçons de vie. Avec eux, j’ai compris que c’est à travers la langue que l’on accède à la culture. J’utilise donc la langue, mes échanges avec les aîné-es, mais aussi mes propres observations pour réfléchir sur nos conceptions de la mort. J'ai été confronté très jeune à la mort et je participe régulièrement aux rites funéraires dans nos communautés. Au fil des ans et de mes expériences, j’ai mieux compris le sens de certains gestes et rituels quoique je valide toujours auprès des aîné-es la lecture que je fais de telle conception ou de tel geste. Vous devez aussi savoir que certaines personnes de mon entourage n’étaient pas vraiment d’accord que je vienne vous parler de la mort chez les Nehirowisiwok, considérant qu’il s’agit de quelque chose de très intime. D’autres considéraient que j’allais parler « de quelque chose …

Parties annexes