Comptes rendus

AUSTIN, Barbara, dir., Capitalizing Knowledge. Essays on the History of Business Education in Canada (Toronto, University of Toronto Press, 2000), 371 p.[Notice]

  • Robert Gagnon

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  • Robert Gagnon
    Département d’histoire
    Université du Québec à Montréal

L’histoire des institutions canadiennes, vouées à l’enseignement de ce qu’on appelle aujourd’hui les sciences de la gestion, n’est pas très connue. Le livre Capitalizing Knowledge, sous la direction de Barbara Austin, regroupe plusieurs textes qui tracent un premier portrait des grandes phases de leur développement. Comme dans beaucoup d’ouvrages collectifs, les contributions ne sont pas d’égales valeurs. Les auteurs sont, soit d’anciens administrateurs d’écoles ou de facultés de sciences administratives, soit des professeurs encore actifs dans ces mêmes institutions. Leurs contributions, qui reposent souvent essentiellement sur les archives institutionnelles, effleurent à peine les conditions socio-économiques de l’émergence de ces nouveaux lieux de formation et sont muettes sur leur rôle comme instances de production de nouveaux groupes sociaux. Il n’est pas superflu de mentionner que Capitalizing Knowledge provient d’une commande de l’Association des sciences administratives du Canada (ASAC) qui regroupe, en fait, les professeurs des écoles ou facultés de sciences administratives. L’une des meilleures contributions de ce livre relate, justement, l’histoire de cette association. L’auteure, Barbara Austin, montre comment ce regroupement a connu trois phases de développement qui recoupent les dernières périodes de l’histoire du développement des sciences administratives au Canada. Comme le rappelle Barry Boothman dans le premier chapitre intitulé « The Development of Business Education in Canada », l’histoire des programmes de formation en commerce prend racine dans les différentes formes du useful knowledge qui émergent, au xixe siècle, dans les écoles publiques et les collèges américains. Au début du xxe siècle, les premières facultés de commerce font leur apparition au Canada, modelées pour la plupart sur les institutions américaines ou britanniques. À la fin des années 1950, un vent de réformes souffle sur les programmes de sciences administratives des campus américains qui se répercute immédiatement dans les universités canadiennes : le practical kwowledge n’a plus la cote et il est remplacé par un savoir dit professionnel. Désormais, on ne parle plus d’études commerciales, mais plutôt de sciences administratives. Finalement, dans les années 1980, après des tensions récurrentes entre des points de vue divergents émanant des administrateurs universitaires, les principaux lieux de formation des futurs gestionnaires sont désormais reconnus à la fois comme des écoles professionnelles et des lieux de haut savoir. Dans le dernier chapitre de l’ouvrage, intitulé « Canadian Management Education at the Millenium », Boothman dresse un bilan des changements récents survenus dans l’enseignement des sciences de la gestion en Amérique du Nord et plus spécifiquement au Canada. Il précise que le nouveau contexte économique, mais surtout technologique, oblige les dirigeants des facultés et des écoles de gestion à revoir l’organisation et à élargir la mission de leur institution… au moment où les gouvernements sabrent allègrement dans les dépenses publiques. Mises à part les contributions d’Austin et de Boothman, Capitalizing Knowledge est constitué d’études de cas. La première porte sur la fondation, en 1907, de l’École des Hautes Études commerciales de Montréal. Pierre Harvey livre, ici, l’analyse la plus forte du point de vue historique. L’intérêt de ce texte vient surtout du fait qu’il met l’accent sur les conditions politiques et socio-économiques de la création de l’École des HEC, et qu’il s’attarde à retracer les influences européennes des programmes adoptés par la première École supérieure de commerce au Canada. Une des premières universités à faire une place à l’enseignement des sciences commerciales est l’Université Queen’s. Mervin Daub et Bruce Buchan retracent les antécédents de ce type d’enseignement pour mieux en comprendre l’évolution sur une période de cent ans. On nous apprend notamment que les dirigeants de Queen’s se sont inspirés des programmes instaurés dans les universités américaines, notamment Harvard et Chicago, réflexe qui …