Comptes rendus

Marie-José Avenier et Christophe Schmitt (dir.) Paris, L’Harmattan, coll. « Action et Savoir – Série Rencontres », 2007, 245 p.[Notice]

  • Marie Marchand

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  • Marie Marchand
    Université du Québec à Trois-Rivières

Les codirecteurs de cet ouvrage avaient déjà montré leur intérêt pour le sujet dans le numéro thématique de cette revue « Actionnabilité et recherche en entrepreneuriat et PME ». Ils nous proposent cette fois le fruit d’un dialogue entre chercheurs de domaines divers qui, au-delà des frontières disciplinaires, s’appliquent à identifier les éléments d’assise d’une meilleure actionnabilité de la recherche. J’ai voulu dans ces quelques lignes produire un compte rendu de l’oeuvre qui permette d’en apprécier la nature exploratoire et essayiste. D’entrée de jeu, la contribution souhaitée est énoncée clairement et une mise en contexte utile à la compréhension du sujet est présentée au lecteur. Les deux notions à l’origine de cet exercice de réflexion, « savoir actionnable » et « savoir d’action », sont situées. Reflets de courants de recherche différents, l’un marqué par les travaux de Schön (1983) et Argyris (1993) en sciences de gestion et l’autre, par ceux de Barbier (1996) [l’auteur du deuxième chapitre] en sciences de l’éducation, elles procèdent d’approches dont les finalités sont différentes. La notion de savoir actionnable, d’allégeance néopositiviste, participe d’une démarche visant à « développer des savoirs sur et/ou pour » la pratique de gestion, alors que la notion de savoir d’action participe d’une approche orientée vers l’étude de la construction et de l’énonciation de ce savoir par la personne agissante. Ces deux courants de recherche se seraient développés en parallèle et il n’y aurait, aux dires des codirecteurs, pas d’effort connu de rapprochement. Le but de l’ouvrage est d’engager le dialogue entre ces perspectives, de contribuer à élargir les fondements épistémologiques existants, en particulier pour le deuxième courant de recherche, et d’offrir aux chercheurs des repères pour l’élaboration et la communication aux praticiens des « savoirs pour l’action ». Ses huit chapitres se regroupent en deux parties. Les chapitres 1 à 4 traitent des aspects épistémologique, terminologique, phénoménologique et méthodologique impliqués, alors que les chapitres 5 à 8 portent principalement sur les questions que soulèvent l’élaboration et la communication, dans un sens comme dans l’autre, de ces savoirs entre praticiens et chercheurs. Alain Charles Martinet propose, dans le chapitre 1, des repères épistémologiques à la notion de « savoir actionnable » qu’il entreprend de clarifier. Il la rattache d’abord aux paradigmes organisationnels et épistémologiques dominants pour ensuite observer sa sensibilité aux éléments contextuels et mettre en garde contre une définition qui serait définitive. Pour la production de savoirs d’action légitimés en sciences de gestion, l’auteur invite à adopter une approche épistémologique capable de considérer à la fois l’accumulation des connaissances (épistémologie de la possession), l’action (épistémologie de la pratique) et l’appropriation des connaissances (épistémologie de la réception). Au chapitre 2, Jean-Marie Barbier poursuit l’entreprise de clarification en s’attachant à préciser le vocabulaire impliqué dans les « rapports que les sujets humains entretiennent avec leurs activités ». Après avoir observé ambiguïtés et « glissements sémantiques », l’auteur révise, à partir de divers contextes éducatifs, les notions de savoir et de connaissance, de capacité, d’aptitude et de compétence et offre des bases utiles à leur élargissement. L’auteur produit en terminant une définition des savoirs d’action. Philippe Astier se concentre, dans le chapitre 3, sur l’énonciation des savoirs d’action. Après avoir exposé les problèmes relevant du lien entre savoir et action, l’auteur présente différents dispositifs et contextes plus ou moins formels d’énonciation par le sujet acteur. L’auteur s’attache ensuite à l’activité même d’énonciation qui permet la « transformation des compétences en savoir », activité qu’il considère marquée par un phénomène de « désingularisation », par des enjeux identitaires pour l’énonciateur et par la prise en compte de plusieurs types de destinataires. Les effets …

Parties annexes