Éditorial

L’entrepreneuriat des femmes en contextes de crise[Notice]

  • Christina Constantinidis,
  • Typhaine Lebègue et
  • Corinne Poroli

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  • Christina Constantinidis
    Université du Québec à Montréal, École des sciences de la gestion, 320, rue Sainte-Catherine-Est, MONTRÉAL (Québec), H2X 1L7, Canada
    constantinidis.christina@uqam.ca

  • Typhaine Lebègue
    Université de Tours, IAE Tours, 50, avenue Jean-Portalis, BP 0607, 37206 TOURS CEDEX 3, France
    typhaine.lebegue@univ-tours.fr

  • Corinne Poroli
    SKEMA Business School Université, Côte d’Azur, Campus Grand Paris, 5, quai Marcel-Dassault, CS 90067, 92156 SURESNES CEDEX, France
    corinne.poroli@skema.edu

Ce numéro spécial de la Revue internationale PME a pour objectifs d’explorer et de comprendre les évolutions de l’entrepreneuriat des femmes au regard des crises actuelles sur les plans social, écologique, sanitaire, économique, géopolitique ou encore des valeurs familiales et sociétales. En effet, la recherche effrénée de croissance économique par les pays industriels et les puissances émergentes atteint ses limites, avec des conséquences désastreuses sur nos écosystèmes (Heinberg, 2012). Plusieurs phénomènes environnementaux, énergétiques et climatiques se renforcent mutuellement (raréfaction des ressources naturelles non renouvelables, perte de biodiversité, réchauffement climatique, etc.) et contribuent à la crise écologique que nous connaissons (Abraham et Murray, 2015). Ces problèmes s’accompagnent de situations géopolitiques, économiques et sociales tout aussi critiques (Nations unies, 2015). Les asymétries de richesse et de pouvoir amènent une profonde remise en question et une confrontation des systèmes de valeurs et des structures sociales au plan international (Bowen, Campiglio et Herreras Martinez, 2017). Des inégalités économiques et sociales accrues sont observées entre individus et groupes sociaux au sein de la plupart des pays, ainsi qu’entre pays et régions du monde, renforçant le gouffre entre les populations du Nord et du Sud (Horner et Hulme, 2019). Les femmes constituent une population particulièrement touchée par ces inégalités à l’échelle mondiale (Global Gender Gap Index Report, 2022 ; Green, Blattman, Jamison et Annan, 2016). Le dernier rapport du Forum économique mondial sur l’inégalité entre les hommes et les femmes, incluant 146 pays participants, montre que des écarts importants subsistent entre les sexes, tant du point de vue économique, éducatif, sanitaire que politique (Global Gender Gap Index Report, 2022). Malgré les avancées importantes des dernières décennies, les femmes continuent en effet de subir des injustices, tant dans l’espace public que privé. Les discriminations salariales, le plafond de verre (Elam et Terjesen, 2010), la double journée de travail (St-Arnaud et Giguère, 2018), les violences physiques ou psychologiques (Shen et Kusunoki, 2019) sont autant de phénomènes toujours enracinés dans les sociétés dites égalitaires. Certains groupes sont plus vulnérables que d’autres, par exemple les femmes migrantes, les femmes issues de minorités visibles ou les femmes en situation de handicap, qui rencontrent des situations marquées par une double, voire triple discrimination sur le marché de l’emploi (Lopez, 2012 ; Pailot, Chasserio, Lebègue et Poroli, à paraître). Dans ces contextes, l’entrepreneuriat est souvent présenté comme une voie de sortie pour les femmes en situation de précarité économique et sociale, tant dans les pays industrialisés que dans les pays en développement ou dans les pays pauvres et peu industrialisés (d’Andria et Gabarret, 2016 ; Brière, Auclair et Tremblay, 2017). Créer sa propre affaire peut permettre aux femmes de subvenir à leurs besoins et à ceux de leur famille, d’échapper à des situations de chômage, d’exclusion du marché du travail salarié ou de discrimination en termes de carrières et de salaires (Ascher, 2012 ; Elam et Terjesen, 2010). Les femmes, en choisissant la voie de l’entrepreneuriat, peuvent acquérir une plus grande autonomie et une plus forte confiance en elles. Elles seraient aussi à même de se hisser au niveau des hommes en termes de succès professionnel, tout en atteignant un équilibre de vie plus avantageux pour elles et leur famille (Brush, de Bruin et Welter, 2009 ; Richomme-Huet et d’Andria, 2013). Dans les pays pauvres et peu industrialisés, l’entrepreneuriat constitue un moyen de subsistance et d’insertion dans l’économie locale (Ascher, 2012 ; Holmen et Min, 2011), permettant de réduire la pauvreté et de proposer une voie de développement et d’émancipation aux femmes (Minniti et Naude, 2010). Dans un contexte socio-économique général où l’intelligence artificielle et la digitalisation s’inscrivent de plus en plus à …

Parties annexes