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« La plus grande découverte de l’esprit européen est peut-être – et même sûrement – la découverte de l’avenir comme objectif de l’activité humaine qui émancipe l’homme en émancipant le futur et cette découverte date d’hier, c’est-à-dire du xviiie siècle finissant. »

Joseph Rowan, Histoire de l’Allemagne des origines à nos jours, Éditions du Seuil, Paris, 1994 (1999) p. 227

L’avenir ne m’appartient plus, il est à d’autres ! Pour moi le temps est venu de dire adieu, de tirer ma révérence ou encore de « raccrocher mes patins », selon une expression du Québec.

Je veux donc tout d’abord exprimer aux nombreux auteurs de META tous mes plus profonds remerciements pour leurs excellents articles, études et compte rendus, car ce sont eux qui ont fait la revue et sa réputation, ce sont encore eux qui m’ont rendu ma tâche de directeur plus facile et plus stimulante. Ce sont eux qui depuis ces longues années m’ont permis de réussir à publier une revue de traduction de valeur.

Je veux également transmettre à tous les collaborateurs, membres correspondants, conseillers spéciaux, évaluateurs et aux membres du comité de rédaction toute ma reconnaissance et mes plus sincères remerciements pour leurs excellents avis et conseils et pour leur indispensable collaboration. Ce sont eux qui ont bâti la revue aux cours de toutes ces années.

C’est en effet en 1968 que le directeur des Presses de l’Université d’alors m’a demandé d’assurer la direction de META, nouvelle appellation, depuis un an, du Journal des Traducteurs/Translators’ Journal, créé en 1955. Je dois rappeler qu’il n’a jamais été question de durée de mandat, puisqu’il s’agissait de toute façon d’une tâche entièrement volontaire. Je suis aujourd’hui encore fort étonné moi-même par la durée de mon mandat de directeur de revue, et plutôt fort surpris par la rapidité du temps ! Il est vrai que lorsqu’on s’enfonce dans une passion et qu’on a de nombreux et variables défis, presque quotidiens, à relever, les difficultés de la tâche et le temps qui passe deviennent des éléments très secondaires ; on ne voit que des objectifs à atteindre et les résultats à obtenir. En plus j’y ai très probablement trouvé « l’activité humaine qui émancipe l’homme en émancipant le futur » comme le fait remarquer l’auteur du texte en exergue. « Sortir » un numéro de META était chaque fois une très grande joie, c’était sans doute l’allégresse du devoir accompli ; les textes étaient nouveaux, les auteurs différents, l’ensemble, encore un pas en avant et qui autorisait, pour le prochain numéro, de poser de nouveaux jalons. C’était également un très grand plaisir et une heureuse satisfaction de correspondre avec les nombreux auteurs de textes des divers pays à travers le monde, de « dénicher des pilotes » des numéros spéciaux, de projeter des numéros spéciaux et de déterminer les thématiques à explorer : sur la traduction biblique, religieuse, littéraire, technique, audiovisuelle, etc., sur la traduction de l’humour, sur la traduction pour les enfants, sur l’interprétation de conférence, le langage des signes, sur la terminologie, les banques de terminologie, les dictionnaires, lexiques et glossaires, la traduction assistée et automatique, etc. et aussi sur la traduction dans différents pays. Il y eut ainsi des numéros spéciaux sur la traduction dans le Grand Nord canadien, au Japon, en Chine, en Corée, en Belgique, en Israël, dans le Monde arabe, en Russie, etc. Il n’y a pas de traduction nationale m’a-t-on dit, la traduction est universelle ! Bien sûr, META en est la meilleure preuve ! Mais il s’agissait au fond de savoir ou de mieux connaître ce qui se fait ici et ailleurs, d’avoir une vue précise de ce qui se passe, d’être au courant de qui fait quoi et comment ? Le but était d’informer, de renseigner et d’enseigner, c’est également la mission de META. La traduction est un vecteur indispensable dans le monde et au monde : elle est source de développement tant personnel que communautaire ; elle est génératrice d’idées, d’enrichissement politique, économique, social, culturel et linguistique ; elle est fondatrice de liberté. Oui, répétons-le, la traduction est proligère ! Quel plaisir également de faire partie de la grande famille des auteurs et lecteurs de META ! Il y a là une nouvelle preuve de l’existence de la « loi de la contagion psychique » ! Nous espérons avoir ainsi fait oeuvre utile, et si tel est le cas, c’est notre plus belle récompense ! Merci pour ces années d’activités plus intenses et aussi de grand bonheur !

Même si META était d’abord bilingue, français et anglais, la revue publiait également de temps à autre des articles en d’autres langues et bien sûr des articles qui traitaient de n’importe quelle langue. C’est en cela que la traduction est universelle, quelqu’un a toujours quelque chose de nouveau à montrer à d’autres ! Aucune langue, aucune civilisation ne se suffit à elle-même ! META avait donc une importante mission à remplir et c’est dans ce but que nous avons créé la Base de données META sur Internet avec accès libre (sauf pour les derniers numéros) que l’on peut interroger à l’adresse suivante : www.erudit.org/revue/META. A l’heure actuelle, cette base de données est largement consultée dans le monde entier. On frise le million de consultations par année.

Je voudrais également exprimer tous mes remerciements aux organismes subventionnaires, sans eux rien n’était possible. Je tiens donc à remercier très spécifiquement le CRSH du Canada pour son aide tout au long de ses années, et aussi le FQRSC pour ses appuis financiers.

Je veux aussi dire un très grand merci à Anaïs Tatossian qui, depuis ces sept dernières années, a été une merveilleuse assistante en « adoptant » META et en faisant tout et tout avec une très grande efficacité.

Je voudrais aussi remercier Sylvie Vandaele et Hélène Buzelin, toutes deux professeurs de traduction au Département de linguistique et de traduction qui ont accepté de reprendre la direction de META. Elles apportent à la revue leurs savoir-faire, leurs excellentes compétences et leurs grandes expériences, leur souci de la recherche de pointe dans le secteur, leur sens de la précision, leur sens de l’équité et également leur puissance d’aide et de dévouement, toutes qualités largement reconnues et qui ne peuvent qu’être bénéfiques pour la revue et l’avancement des connaissance. Avec elles, META est entre de bonnes mains. Elles sauront émanciper le futur !

Before leaving the editor’s desk of META, I have the great privilege of thanking all those who have made its publication possible for the past forty years. Yes ! Though it is hard for me to believe, it was in 1968 that the Presses de l’Université de Montréal asked me to edit the successor to the Journal des Traducteurs/Translators’ Journal, founded in 1955.

Thanks to all the authors, editorial board members, expert advisors, evaluators of articles, editors of thematic issues, and, more generally, contributors from all over the world, the publication of every number of META has been a great source of personal enrichment, and, above all, a collective adventure for the worldwide family of translators.

The fact that many diverse languages have figured in the analyses published in META has supported our journal’s (and our craft’s) claim to universality. This is reflected in the nature of the Base de données META, which can be consulted at www.erudit.org/revue/META.

Finally, this thank-you note must mention some specific names : Anaïs Tatossian has been a wonderful editorial assistant for the past seven years. Two of our colleagues, professors in translation in the Département de linguistique et de traduction, have agreed to undertake the editorship of META : Sylvie Vandaele and Hélène Buzelin. The journal will be in not just good, but excellent hands. In the end, however, the publication of META would not be possible without the financial support of the SSHRC, and it has also been aided by the FQRSC.