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Plaidoyer pour une dynamique entrepreneuriale des entreprises familialesHoy Franck et Sharma Pramodita (2010) Entrepreneurial Family Firms, Prentice Hall Entrepreneurship Series, Pearson Education[Notice]

  • Olivier Germain

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  • Olivier Germain
    EM Normandie, Caen

Dans Family Business, film de Sydney Lumet (1989), un jeune homme que ses parents promettent à un avenir rangé et cossu, propose à son grand-père – cambrioleur d’origine irlandaise – le braquage tranquille d’un laboratoire pharmaceutique. Son père, après quelques années dans le métier et avoir gouté la prison, a lui tout fait pour fuir l’héritage paternel. Pour protéger son fils, il s’engage dans l’affaire qui vire au fiasco. De retour de la seconde guerre mondiale, Michael Corleone n’a pas particulièrement non plus la fibre pour les affaires familiales dans Le Parrain (1972) de Francis Ford Coppola. Il fait d’ailleurs plutôt la fierté de Don Vito Corleone qui souhaite le tenir à l’écart des aventures familiales. C’est seulement pour mener les représailles contre un clan concurrent qui a tenté d’assassiner son père qu’il s’y engage et il n’en sortira qu’avec la mort de sa propre fille (Le Parrain 3) à l’occasion d’une autre vengeance. La transmission et la culture de l’esprit entrepreneurial au sein des entreprises familiales recèlent ainsi un certain nombre de mystères que l’ouvrage récent de Franck Hoy et Pramodita Sharma contribue à lever. L’entreprise familiale – et non seulement patrimoniale – fait l’objet d’une attention ancienne. Déjà, il y a cinquante ans, Stéphan Cambien, l’un des premiers promoteurs de la méthode des cas en France, écrivait : « Les actionnaires sont devenus un groupe d’hommes tellement extérieur à l’entreprise, qu’ils finissent par ne la plus connaitre que par un seul critère : les dividendes. Au contraire, dans l’entreprise familiale, la séparation entre responsabilité théorique et responsabilité réelle n’existe pas » (1959, pp. 265-266). Sa dynamique entrepreneuriale est longtemps restée à l’arrière-plan des réflexions tant académiques que managériales. Le titre et les premières pages de l’ouvrage de F. Hoy et P. Sharma informent ainsi le lecteur du point de vue qui y est défendu. L’ambition des auteurs est de proposer un ensemble de conduites entrepreneuriales qui permette d’éviter l’épuisement ou la dégénérescence en cours de cycle de vie des entreprises familiales. Il n’est donc ici pas question de traiter des « firmes de papa et maman » qui développent des comportements patrimoniaux destinés à simplement pérenniser une affaire. Et le format choisi – celui d’un ouvrage destiné avant tout à un lectorat d’affaires dans l’esprit de la collection mère – est l’indication d’une part de la volonté d’inciter au développement des pratiques entrepreneuriales et d’autre part de la percée de l’entrepreneuriat familial en tant que champ d’intérêt scientifique. Dans ce sens, l’ouvrage distille astucieusement les avancées académiques les plus récentes pour livrer quelques recommandations managériales. Il s’appuie par ailleurs sur de très nombreux cas pertinents d’entreprises familiales, souvent inédits, dénichés pour partie via le magazine Family Business et qui introduisent chaque chapitre. Il est enfin agrémenté de questions de discussion, d’exercices d’apprentissage et d’annexes en forme d’outils actionnables. Il est intéressant de souligner à la fois la manière dont les termes sont posés par F. Hoy et P. Sharma et les lignes forces qui orientent leur ouvrage (ce travail occupe les cinq premiers chapitres). Les auteurs offrent a priori une délimitation simple et pragmatique de l’entreprise familiale. Les entreprises familiales sont des organisations au sein desquelles les individus créateurs ou acquéreurs de l’entreprise ou bien leurs descendants influencent de manière significative les décisions stratégiques et l’évolution de l’entreprise. Cette influence peut être exercée par le levier managérial et / ou patrimonial. Ainsi, si l’on paraphrase l’anthropologue Maurice Godelier (2007), les liens de parenté ne suffisent pas à faire firme familiale. Une entreprise peut devenir familiale par un processus culturel d’« adoption » ou de re-création; …

Parties annexes