Comptes rendus

Karine Taché, Structure and Regional Diversity of the Meadowood Interaction Sphere. Museum of Anthropology Publications, Memoir 48, The University of Michigan, Ann Arbor, 2011, 209 p.[Notice]

  • Yves Chrétien

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  • Yves Chrétien
    Ph.D., archéologue

D’emblée, Mme Taché mentionne que la sphère d’interactions dépasse largement les limites d’une seule entité culturelle et place en interactions plusieurs groupes culturels distincts, dont les motivations peuvent varier quant à leur participation à la sphère. Les motivations potentielles qui expliquent la participation des groupes régionaux à cette toile d’interactions sont regroupées selon trois grands modèles, à savoir le rituel funéraire, l’équilibre économique par l’échange et l’acquisition de prestige sociopolitique. C’est par un examen comparatif des collections archéologiques du Sylvicole inférieur que l’auteure va tenter d’identifier des assemblages distinctifs pouvant caractériser chacun de ses trois modèles. Cet exercice est certainement utile, mais il faut cependant retenir que l’objectif de comprendre la sphère d’interactions Meadowood dans son ensemble relève de l’exploit. De plus, tenter de classer son fonctionnement selon trois modèles pourrait estomper en partie la variabilité régionale et les multiples motivations potentielles qui sous-tendent l’adhésion à ce système. L’exercice demeure tout de même d’un grand intérêt, puisqu’il amorce une réflexion à un niveau qui n’avait été que peu exploré jusqu’à maintenant, du moins à l’échelle de l’ensemble de la sphère d’interactions. Avant l’analyse des assemblages archéologiques, une étude exhaustive des fondements théoriques et des différentes approches de la notion d’interaction est présentée, et la revue historique détaillée des concepts de Sylvicole inférieur et de Meadowood est également offerte. Ce chapitre est fondé sur une littérature variée et abondante, que Mme Taché semble très bien maîtriser. D’ailleurs, tout au long de sa thèse, cette connaissance de la littérature transparaît régulièrement et l’usage d’analogies multiples, référant parfois à des origines géographiques éloignées, vient appuyer un discours bien élaboré. L’étude de la structure et de la diversité régionale de la sphère d’interactions Meadowood repose principalement sur quatre ensembles de données, soit les manifestations matérielles, la distribution spatiale des sites, le contexte et, enfin, la subsistance et l’organisation sociale. De plus, pour établir la distinction entre les trois modèles choisis, l’analyse plus poussée de deux types de composantes est retenue, soit trois sites d’habitation et quatre sites de cimetières. Les sites ont été choisis entre autres pour leur analyse initiale moins approfondie, qui datait de plusieurs décennies déjà. Il y a donc un gain important d’informations au réexamen de ces anciennes collections, qui n’avaient pas livré la pleine mesure de leur potentiel de connaissances. Le cas de la collection du site de Batiscan est d’ailleurs éloquent à cet égard. Le chapitre de description comparée du matériel des sites analysés par l’auteure est organisé de manière à mettre en parallèle les différentes catégories d’artefacts par matériaux et par catégories fonctionnelles. On perçoit alors plus facilement les distinctions d’un site à l’autre, de même qu’entre les sites funéraires et domestiques. La question des matières premières taillées, centrale à plusieurs égards, est également explorée. Ce choix des sites, somme toute restreint, découle de l’envergure du projet d’étude, qui devait se dérouler à l’intérieur de limites raisonnables liées à un contexte académique de niveau doctoral. Bien entendu, l’augmentation du corpus de données aurait été souhaitable, considérant qu’il ne s’agit que d’un bref survol sur la quantité de sites qui auraient pu être inclus dans l’étude, puis sur l’étendue géographique du phénomène, surtout dans ses régions périphériques. Du point de vue descriptif des artefacts, la décision d’utiliser l’appellation « biface de cache » est peut-être discutable. En effet, elle s’applique mal aux outils découverts hors des caches ou des concentrations. Cette appellation réfère à un comportement, auquel on ne peut pas se rapporter, à l’égard de l’inventaire total de cette catégorie d’outils. Une identification technologique, comme « lame bifaciale », semble plus objective et ne réfère pas à l’usage …