Comptes rendus

Musique langage vivant, vol. 1 : Analyses d’oeuvres musicales des xviie et xviiie siècles, précédées d’un lexique de termes musicaux, par Sabine Bérard, Charnay-lès-Macon, Éditions Robert Martin, 2021, 448 pages[Notice]

  • Sylveline Bourion

Sabine Bérard est professeure honoraire de musicologie au Lycée Fénelon, célèbre lycée parisien fondé à la fin du xixe siècle et bien connu pour préparer ses élèves au concours d’entrée de l’École normale supérieure, dite « Normale Sup’ », prestigieuse institution d’enseignement supérieur en lettres et en sciences. À Fénelon, Sabine Bérard a enseigné de 1982 à 2012 à des élèves préparant l’option musique du concours d’entrée de Normale Sup’ ; mais elle a également été, de 1982 à 2007, professeure d’histoire de la musique et de culture musicale au Conservatoire à rayonnement régional de Boulogne- Billancourt, aux portes de Paris. Autant dire que cette professeure possède une grande expérience des classes, ce qu’atteste le caractère très pédagogique de l’ouvrage que je tiens entre mes mains. Sabine Bérard a également publié, chez le même éditeur, un ouvrage sur Francis Poulenc, intitulé Fiançailles pour rire, une oeuvre emblématique de Francis Poulenc, où elle aborde les stratégies compositionnelles sous l’angle des citations musicales et emprunts stylistiques présents dans le cycle de mélodies. Outre son nombre de pages, un autre élément qui impressionne d’entrée de jeu dans Musique langage vivant est le grand nombre d’exemples musicaux qu’il comprend. Ils ne sont pas numérotés et je ne me suis pas amusée à les compter un à un, mais il y en a, disons-le, presque à chaque page. Des tableaux viennent aussi régulièrement synthétiser les analyses structurelles, ce qui est bienvenu. Sabine Bérard mentionne dès le début à qui s’adresse son ouvrage : les classes de Terminale, pour la préparation de l’option musique du Baccalauréat ou des classes préparatoires aux grandes écoles ; les classes de culture musicale et d’histoire de la musique des écoles de musique ; les classes de musicologie et enfin les mélomanes et amateurs. Elle mentionne vouloir écrire ici « un ouvrage d’analyses et non pas un livre sur l’analyse » (p. 12) : c’est dire que la question des modèles théoriques sera moins son affaire que l’abordage direct des oeuvres. On pourrait rétorquer que, pour examiner les oeuvres, il semble pertinent de s’inscrire dans un cadre théorique préalable, car, comme elle le souligne avec justesse, de très nombreuses analyses sont possibles pour une même oeuvre. Dans quelle tradition analytique son « ouvrage d’analyses » s’inscrira-t-il ? Quels sont les fondements du cadre théorique qu’elle appliquera à travers les diverses oeuvres qui seront l’objet de son attention ? Voilà ce que nous n’apprendrons pas. Les références théoriques sont ténues, et mettent l’accent avant tout sur son « maître », Jacques Castérède (1926-2014), compositeur et pianiste, qui fut effectivement professeur d’analyse au Conservatoire de Paris à partir de 1971, mais dont Sabine Bérard ne précise en rien en quoi consistait son modèle analytique ni quelles en étaient les bases théoriques. Après quelques pages définissant la conception de la pratique analytique de l’autrice (je reviendrai sur ce contenu dans la section suivante), la première grosse partie du livre est intitulée « Méthode et terminologie », et est elle-même subdivisée en sept courts chapitres : Après cette première vaste partie, suit un lexique complémentaire, qui occupe lui-même une quarantaine de pages, où sont définis des termes techniques : acciaccatura, cadence, intervalles, etc. Ensuite, commencent les chapitres dédiés aux genres et formes de la musique des xviie et xviiie siècles en tant que telle (chapitre i : le madrigal ; chapitre ii : la fugue ; chapitre iii : l’ouverture ; chapitre iv : la suite ; chapitre v : le concerto, la forme ritournelle ; chapitre vi : la sonate ; chapitre vii : les formes vocales), suivis d’une …

Parties annexes