Comptes rendus

David A. Worton, Le Bureau fédéral de la statistique. Les origines et l’évolution du bureau central de la statistique du Canada, 1841-1972, Montréal, McGill-Queen’s University Press, 1998, 371 p.[Notice]

  • Richard Marcoux

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  • Richard Marcoux
    Département de sociologie
    Université Laval

Avouons-le dès le départ : je suis un grand admirateur de Statistique Canada (Statcan). En fait, depuis que je m’intéresse aux statistiques sociales, j’ai toujours été épaté par les grands processus de consultation que cette institution met en place avant chaque enquête et avant chaque recensement. J’ai par ailleurs toujours suivi avec beaucoup d’intérêt les débats entourant les questions retenues pour mesurer certains phénomènes sociaux, que ce soit sur l’origine ethnique, sur la définition de la famille et de l’union consensuelle, sur la mesure de l’exode des cerveaux, sur l’identification des chefs ou soutiens des ménages (Marcoux et Monceau, 1989), etc. Enfin, les nouvelles questions linguistiques ajoutées lors du tout dernier recensement font sûrement du Canada le pays où ce sujet est le plus largement traité dans une opération collecte qui concerne, en même temps, plus de 30 millions d’individus. Et le Québec sera sûrement la nation où ces résultats seront le plus largement débattus. Par ailleurs, il est clair que depuis 1996, à travers l’Initiative de démocratisation des données (IDD), la communauté scientifique universitaire du Québec et du Canada a vu et connaîtra des changements importants en ce qui a trait à l’utilisation de sources de données statistiques. Alors que dans de nombreux pays, des fonctionnaires et autres responsables d’enquêtes continuent à interdire directement ou indirectement l’accès à des données collectées grâce aux fonds publics, l’IDD permet maintenant à l’ensemble des membres de la communauté universitaire (chercheurs, professeurs, étudiants) de puiser dans les nombreuses banques de données de Statcan pour tenter de trouver des éléments de réponses aux multiples interrogations qui jaillissent des milieux scientifiques. Enfin, il faut préciser que je suis un utilisateur assidu des outils informatiques très sophistiqués et fort conviviaux développés par Statcan et ses partenaires, et je tente – sans y réussir toujours – de stimuler l’intérêt de mes étudiants pour ces outils qui permettent d’avoir facilement accès à des données sociales extrêmement riches. En ouvrant l’ouvrage de David A. Worton, statisticien en chef adjoint du Canada et maintenant à la retraite, je me préparais donc à lire l’histoire d’une institution que j’affectionne particulièrement. J’ai été grandement déçu. On pourrait croire que mes attentes étaient trop élevées. Peut-être. En fait, le problème se situe à mon avis dans les choix opérés par l’auteur pour nous raconter l’histoire de cette institution qu’est le Bureau fédéral de la statistique (BFS), l’ancêtre de Statistique Canada. J’y reviendrai. L’ouvrage se compose au total de 14 chapitres et survole, si l’on se réfère à son titre, plus d’un centenaire d’histoire (1841-1972) abordant sous forme d’épilogue, les années 1972 à 1995. Les trois premiers chapitres couvrent, en moins de 50 pages, plus de la moitié de la période concernée (1841-1912) : les historiens qui s’intéressent au XIXe siècle seront sûrement insatisfaits du peu de place accordée à cette période centrale dans l’histoire canadienne. Les premières opérations de collecte d’informations sont examinées très rapidement alors que se mettent en place les structures administratives qui forgeront l’État central – et centralisateur – de la Confédération canadienne. Les 11 autres chapitres passent en détail les années « glorieuses » du BFS depuis sa création officielle. L’auteur a retenu une périodisation qui s’articule en fonction des mandats à la tête du BFS des quatre statisticiens en chef qui se sont succédé : R.H. Coats de 1918 à 1942 (six chapitres) ; S.A. Cudmore de 1942 à 1945 (un chapitre) ; H. Marshall de 1945-1956 (deux chapitres) ; et enfin W.E. Duffett de 1957 à 1972 (deux chapitres). En près de 400 pages (y compris les annexes et quelques photos), l’auteur nous propose …

Parties annexes