Comptes rendus

Donald Cuccioletta (dir.), Laméricanité et les Amériques, Sainte-Foy, Les Éditions de l’IQRC / Les Presses de l’Université Laval, 2001, 246 p.[Notice]

  • Linda Cardinal

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  • Linda Cardinal
    University College
    Dublin

L’ouvrage comprend des articles présentés dans le cadre d’une rencontre du Groupe interdisciplinaire de recherche sur les Amériques (GIRA). Une partie des articles présente et analyse les résultats d’un sondage fait en 1997 par les chercheurs du groupe sur l’américanité auprès de 2 204 Québécois. Par ailleurs, les auteurs s’interrogent tous sur la pertinence de faire passer la réflexion sur l’identité et la francophonie, notamment au Québec, à un niveau d’analyse dont l’objet est devenu, au fil des ans, l’Amérique dans son ensemble. Ainsi, l’ouvrage adopte une perspective multidisciplinaire et panaméricaine. Les articles sont publiés en français et en anglais avec des bribes d’espagnol dans certains cas, un signe que l’américanité se conjugue avec le multilinguisme. L’ouvrage est divisé en trois parties. Une première, qui se veut théorique, aborde le concept d’américanité. Une deuxième, plus empirique, présente des données sur la question de l’intégration des Amériques depuis l’adoption de l’ALÉNA et propose quelques analyses de son impact sur l’identité des Québécois. Une troisième et dernière, nettement la meilleure, cherche à penser une identité américaine élargie. Dans la première partie, Jean-François Côté cherche à aller au-delà des perceptions de l’américanité des Québécois évoquées dans les sondages afin d’en saisir davantage le processus de formation. Selon Côté, la réflexion sur l’identité américaine au Québec remonte à une quarantaine d’années, bien qu’elle représente l’aboutissement d’un processus entamé depuis la Confédération. Le discours sur l’américanité serait contemporain au débat constitutionnel canadien. Pour Côté, l’incorporation d’une logique américaine au sein du nationalisme québécois vient fonder sa revendication politique. Ainsi, il se trouve à remettre en question l’idée soutenue par une certaine élite penchant surtout à gauche selon laquelle le discours sur l’américanité marque « l’effacement du sujet québécois ». Nous l’encourageons à poursuivre sa réflexion. Le texte de Cuccioletta permet de comprendre pourquoi l’américanité est potentiellement une référence féconde. L’auteur cherche plus particulièrement à proposer des points de repère en vue de penser l’histoire que partagent les Amériques. Il insiste, notamment, sur l’héritage républicain commun à l’Amérique du Nord et du Sud. Cuccioletta cherche ainsi à inscrire l’histoire québécoise et canadienne dans la continuité avec l’expérience démocratique et républicaine qu’il associe à un trait distinctif de l’américanité. En d’autres mots, l’américanité politique renvoie à un héritage marqué par la référence démocratique. Par contre, il manque à ce texte une profondeur théorique que la lecture des travaux de John Pocock, de Bernard Bailyn et de Gordon Wood sur le monde atlantique aurait pu lui apporter. Pour Pocock, le républicanisme civique s’inscrit dans la continuité avec un héritage qui remonte aux Anciens en passant par la Renaissance italienne, l’Angleterre du XVIIIe siècle et ensuite les États-Unis. Il vaudrait la peine, il me semble, de situer le discours sur l’américanité dans cette continuité. Pour leur part, les textes de Louis Dupont et de Patrick Imbert insistent sur les liens entre américanité et modernité. Reprenant tous les clichés disponibles sur le sujet, Dupont considère que le Québec depuis la Révolution tranquille, c’est-à-dire depuis qu’il est moderne (?), se projette dans les Amériques, d’une part parce qu’il rejette la tradition mais aussi parce qu’il cherche à se définir sans passer par la référence canadienne. Tout comme dans le texte de Patrick Imbert, les références de Dupont à la modernité renvoient à un idéal-type de la rupture qui n’a pourtant rien à voir avec l’expérience que les différents peuples, même ceux qui sont apparemment les plus modernes, en ont faite. On voit bien, dans ces deux textes, les difficultés d’un discours campé sur une compréhension stéréotypée de la modernité. Enfin, pour clore la première partie, on pourrait dire que le …