Comptes rendus

Marie-Agnès Barrère-Maurisson et Diane-Gabrielle Tremblay (dirs), Concilier travail etfamille. Le rôle des acteurs, France-Québec, Québec, Presses de l’Université du Québec, 2009, 456 p.[Notice]

  • Renée B. Dandurand

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Les responsables de cet ouvrage s’intéressent depuis plusieurs années à la conciliation travail-famille, l’une en France, l’autre au Québec. Leur association dans un programme de recherche commun devait leur permettre de systématiser les données et les analyses concernant l’emploi, la fécondité et la parentalité dans ces deux pays, de les comparer mais aussi d’explorer le rôle de ces acteurs qu’elles qualifient d’« intermédiaires » – les entreprises, syndicats, associations, municipalités, etc. – qui interviennent sur la scène publique entre les décideurs et les bénéficiaires des mesures, programmes ou politiques en faveur de la conciliation travail-famille. En examinant la contribution de ces acteurs, les chercheures tentent de déterminer comment leur place et leur rôle contribuent à configurer des modèles de gouvernance particuliers (p. 16) et différents. Selon elles, le modèle français serait fondé sur des institutions qui sont des partenaires de l’État, lequel coordonne leurs actions, alors que le modèle québécois serait plus inclusif et donnerait prévalence aux initiatives des acteurs citoyens (p. 434). Sur un sujet aussi vaste, regroupant une trentaine de collaborateurs, le livre présente cinq grandes parties. La première traite de la régulation et de la gouvernance de la conciliation travail-famille en France et au Québec, et porte la signature des auteures principales. Barrère-Maurisson insiste d’abord sur le défi majeur qu’a représenté pour la France le maintien d’un taux de natalité élevé en même temps qu’une forte activité féminine : c’est ce qu’elle appelle l’exception française. Elle montre qu’en matière de conciliation famille-emploi, depuis les années d’après-guerre et au gré des transformations économiques, sociales et politiques, se sont succédé des modes de régulation fondés d’abord sur la place de la famille – le familialisme – et, après 1970, sur la place des femmes – le féminisme – et enfin, depuis les années 1990, sur la place de l’enfant – le parentalisme. Cet aperçu historique met très bien en lumière le contexte dans lequel s’est située, en France, la conciliation entre la vie familiale et la vie professionnelle. Dans l’article qui suit, Diane-Gabrielle Tremblay adopte le concept de gouvernance plutôt que celui de régulation, pour présenter le contexte récent de la conciliation famille-travail au Québec. Réduite aux trente dernières années, la présentation porte sur les acteurs sociaux qui ont présidé à l’implantation et aux transformations de la politique familiale québécoise. Un tour d’horizon plutôt rapide et basé sur de minces références amène l’auteure à formuler l’hypothèse d’une gouvernance inclusive, c’est-à-dire une gouvernance qui met en lumière non seulement l’existence d’une société civile, mais aussi une certaine ouverture gouvernementale envers les revendications de ces groupes et acteurs (de la société civile) (p. 76). Ce modèle de gouvernance diffère de celui observé en France et dans d’autres pays où l’État est l’acteur principal des politiques familiales (p. 76). Une discussion plus poussée s’imposerait ici : ne sous-estime-t-on pas le rôle qu’ont tenu au Québec les décideurs et les acteurs du politico-administratif ? Comment cette hypothèse, basée au premier chapitre sur une courte recherche historique, peut-elle devenir un constat en conclusion de l’ouvrage ? Les propositions en provenance des chapitres intercalaires le justifient-elles ? L’analyse centrale du livre – insuffisamment poussée à notre avis, car ne reprenant pas systématiquement les données en provenance des acteurs intermédiaires – permet-elle de passer de l’hypothèse au constat ? Les seconde et troisième parties de l’ouvrage explorent plus en profondeur les données statistiques – démographiques surtout et souvent modulées selon le genre – portant sur la fécondité, l’emploi et la situation de parent. On aborde également les questions de la qualité de l’emploi, de l’emploi décent et de la flexicurité. Les rapprochements entre la …