Comptes rendus

Bruno Jean, Stève Dionne et Lawrence Desrosiers, Comprendre le Québec rural, Rimouski, Chaire de recherche du Canada en développement rural, 2009, 79 p.[Notice]

  • Benoît Grenier

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Paru en 2009, Comprendre le Québec rural est issu des travaux de la Chaire de recherche du Canada en développement rural de l’Université du Québec à Rimouski. Son titulaire, Bruno Jean, associé à Stève Dionne et Lawrence Desrosiers, présente un ouvrage dont les qualités esthétiques sont remarquables. Par son format et sa brièveté (79 p.), par la présence de nombreuses illustrations, cartes et figures, de même que par l’utilisation de la couleur et du papier glacé, ce livre répond aux objectifs de vulgarisation et de diffusion que les auteurs se sont donnés. Diffuser et actualiser les connaissances sur les « nouvelles réalités rurales au Québec » constituent de toute évidence un but plus que louable. La ruralité québécoise est multiple et complexe et l’ouvrage offre un portrait utile à sa compréhension. Après tout, ce sont près de deux millions de personnes et 90 % de l’écoumène québécois qui composent ce Québec rural ; en faut-il davantage pour justifier la pertinence de ce livre ? Le contenu de l’ouvrage se décline en trois parties. D’abord, une section liminaire sert à présenter le Québec rural. Des données générales permettent d’établir une typologie de la ruralité québécoise sur le plan de la population et du territoire (la ruralité des régions dites éloignées n’est pas celle des milieux ruraux à proximité des grands centres urbains). Cependant, le bref historique et la partie intitulée « représentations » sont trop synthétiques (ainsi, les auteurs affirment de manière simpliste que la société québécoise s’est ruralisée avec la Conquête, reprenant un credo ancien sans les nuances nécessaires). La deuxième partie, intitulée « Une ruralité en mouvement », procure de multiples données qui servent à démystifier l’idée selon laquelle la campagne est un monde figé et traditionnel. Le portrait démographique, les migrations, les secteurs d’activités économiques, le marché du travail, le « PNB » rural de même que les revenus et le niveau de scolarisation s’avèrent effectivement autant d’indices de la complexité et de la modernité du monde rural. Enfin, la troisième et dernière partie est la continuité de la seconde en ce sens qu’elle poursuit la présentation en insistant sur le caractère « nouveau » du monde rural à travers, entre autres, le renouvellement de l’agriculture, de la foresterie, de la mobilisation des communautés rurales ou encore du développement territorial « solidaire ». Le dernier sous-titre de cette partie « Territoires ruraux, territoires d’avenir » permet de comprendre, si ce n’est déjà fait, que l’ouvrage se présente comme un plaidoyer en faveur du monde rural. Quant à la conclusion qui soulève les enjeux fondamentaux de la ruralité du Québec (en premier lieu la question de l’environnement), elle montre bien que la vie dans le Québec rural ne constitue pas une réalité à part et s’inscrit au contraire au coeur de la modernité du Québec tout court. En somme, Comprendre le Québec rural s’apparente davantage à un exercice de promotion du monde rural québécois qu’à un travail d’analyse ou même de synthèse. L’ignorance du monde rural par les urbains, voire la condescendance de ces derniers, peuvent-elles justifier un ouvrage proche de l’apologie ? Quoi qu’il en soit, on peine à identifier clairement le lectorat visé. Le grand public et les ruraux eux-mêmes y trouveront-ils vraiment un intérêt ? La qualité esthétique du livre pourrait le laisser croire, mais on s’étonne que les magnifiques illustrations ne soient pas accompagnées de légendes qui permettraient d’identifier les lieux et les gens. L’objectif des auteurs était double : offrir des informations et des analyses pour comprendre le monde rural. Les chercheurs et étudiants y glaneront certes quelques informations utiles sans pour autant y …