Présentation

Nouveau projet clinique et de logement pour itinérants[Notice]

  • Olivier Farmer

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  • Olivier Farmer
    Psychiatre-adjoint au chef du département de psychiatrie du CHUM pour le développement de la psychiatrie urbaine
    Professeur adjoint de Clinique à l’Université de Montréal

Alors que les deux dossiers « Santé Mentale au coeur de la ville » étaient en élaboration, survenaient deux événements qui ont attiré l’attention médiatique sur une des problématiques de la psychiatrie en ville : l’intervention auprès des itinérants. En réaction à ces deux malheureux événements, le département de psychiatrie du CHUM a proposé aux autorités politiques et sanitaires un projet d’intervention spécifique à cette clientèle. La présentation de ce dossier raconte la petite histoire de l’élaboration de ce projet de développement de services cliniques et de soutien au logement pour les personnes en situation d’itinérance avec des problèmes de santé mentale. 7 juin 2011 : en matinée, un homme crie et déplace des sacs d’ordures au milieu de la rue Sainte-Catherine, en plein centre-ville de Montréal. Visiblement agité, en colère, peut-être intoxiqué ou encore sous l’emprise d’une psychose, son comportement attire l’attention des policiers qui s’approchent de lui et tentent d’engager un dialogue avec ce dernier. Sans avertissement, celui-ci sort un couteau de ses vêtements, et se précipite brusquement sur un des policiers, l’arme devant lui. Conformément à leur entraînement, les policiers font feu et abattent Mario Hamel. Frappé à la poitrine, il est tué. Une autre balle, perdue, touche un cycliste, Patrick Limoges, qui passait là par hasard, et blesse mortellement ce dernier. 6 janvier 2012 : un homme, couché sur le banc d’une station de métro, est réveillé par deux policiers qui lui demandent de poursuivre son chemin. Voyant les deux policiers devant lui, celui-ci sort une lame de ses vêtements et attaque un des officiers (complètement pris au dépourvu) et lui inflige des blessures multiples au visage, au cou, et à l’abdomen. Devant cette attaque, un des policiers sort son arme de service, et somme l’individu de déposer son arme. Comme ce dernier ignore la sommation, le policier fait feu sur Farshad Mohammadi qui est tué sur le coup. Les deux victimes avaient des points en commun. Elles vivaient ou avaient récemment vécu une situation d’itinérance. Elles étaient connues pour des problèmes de santé mentale, avaient des problèmes de consommation de drogues, et avaient déjà fait l’objet d’interventions policières. Ces deux incidents ont attiré l’attention médiatique sur la problématique des personnes en situation d’itinérance avec des problèmes de santé mentale. Le service de police, blâmé par l’opinion publique pour le décès de ces deux personnes à la suite de ses interventions, dénonce les graves défaillances du système de santé auprès de cette population. Intervenant en première ligne, les policiers multiplient les interventions d’urgence auprès des personnes itinérantes avec un état mental perturbé, souvent les mêmes personnes. Lorsque les policiers amènent ces personnes à l’hôpital, ils rencontrent de nombreux obstacles qui entravent la dispensation des services dont ces dernières auraient besoin. Les services médicaux sont en effet hésitants à prendre en charge ces personnes, car celles-ci sont souvent réticentes à accepter les soins. Elles ont aussi de la difficulté à respecter les exigences d’un suivi médical, et abandonnent souvent le traitement à cause de leur mobilité et de l’instabilité de leur situation. C’était peut-être à cause de ces caractéristiques que les hôpitaux avaient décidé durant les années 1990 de se répartir hebdomadairement cette clientèle par le biais d’un système de garde d’urgence, système toujours en vigueur. Une autre caractéristique des personnes appréhendées par la police est qu’elles peuvent présenter un état mental altéré par le stress important qu’elles vivent, ou par la consommation de drogue. Dans ce dernier cas, elles auront tendance à se calmer rapidement et à réclamer leur congé après quelques heures passées à l’hôpital. Ces situations se répétant continuellement, le système semble incapable d’offrir …

Parties annexes