Résumés
Résumé
À partir d’une recherche sur les changements dans les diverses communautés religieuses appartenant à la majorité juive d’Israël, je me suis intéressée aux personnes qui abandonnent l’ultra-orthodoxie, les « sortants vers la question », en étant bénévole au sein d’une association d’aide aux sortants, à Jérusalem. Après une présentation succincte du secteur religieux orthodoxe et ultra-orthodoxe en Israël, l’article présente les tensions et les évolutions qui traversent le monde ultra-orthodoxe et percent des failles dans son système d’enfermement. Le texte se poursuit avec l’analyse de la sortie de l’ultra-orthodoxie, qui s’accompagne toujours d’épreuves et d’expériences douloureuses. D’après les statistiques, 1 300 ultra-orthodoxes quitteraient leur milieu chaque année. Sur ce nombre, 20 % environ se font aider par des associations, les 80 % restants se fondent dans la société environnante et deviennent difficilement repérables. Cette « majorité invisible » relève de trois catégories principales : les dissidents de l’ultra-orthodoxie séfarade, les deuxièmes générations de ceux qui étaient « retournés à la religion », enfin les familles nucléaires, parents et enfants. L’article s’intéressera tout particulièrement à la troisième de ces catégories : les familles entières confrontées à des défis particuliers, qui les obligent bien souvent à mener une double vie.
Abstract
As part of a research on changes in the various religious communities composing the Jewish majority in Israel, and being a volunteer in an aid organization in Jerusalem. I am interested in people who drop out of ultra-orthodoxy, the « outgoing towards the question ». After a brief presentation of Orthodox and ultra-Orthodox religious sectors in Israel, the article presents tensions and developments through the ultra-Orthodox world and pierce holes in its confinement system. The text continues, analyzing the process of leaving the ultra-Orthodoxy, which is always accompanied by hardship and painful experiences. According to statistics, 1,300 ultra-Orthodox leave their communities each year. Among them, about 20 % are assisted by associations, the remaining 80 % blend into the surrounding society and become difficult to detect. This « invisible majority » falls under three main categories : the dissidents of the Sephardic ultra-orthodox, the second generation of those « returned to religion », and finally the nuclear families, parents and children. This article pays particular attention to the third of these categories : whole families which face unique challenges that often require them to lead a double life.
Parties annexes
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