Abstracts
Résumé
Durant l’entre-deux-guerres, Corneille a, le plus souvent, été l’emblème du national-classicisme bleu horizon, puis l’enseigne baroque de l’intellectuel « en crise », puis encore la figure fasciste, nazie, pédagogique, mais qui s’échappe quand on veut la saisir sous les feux des cérémonies, enfin Corneille est devenu le symbole de la famille et de la patrie vichystes. Mais il n’a jamais pu être totalement cerné par ces images : malgré la propagande lénifiante et désespérée d’un Delacour pétainiste, Corneille résiste, pour peu qu’on le lise et surtout qu’on le joue. Le public applaudit aux sentences hautaines, rit aux ambiguïtés, se moque d’Auguste qu’il imagine en Hilter, vibre lorsque Jean-Louis Barrault parcourt la scène l’épée à la main, tandis qu’André Castelot, dans La Gerbe et Rebatet, dans Le Cri du peuple, s’indignent. Brasillach l’a bien vu, Corneille n’est pas simple, et il joue des tours à ceux qui s’en emparent, il ne dit pas une chose puisqu’il met en place des contradictions. Il en dit beaucoup trop. Et si, tout à fait légitimement, la critique et la scène se sont emparés du personnage Pierre Corneille et de ses textes pour les actualiser, au sens de Vitez, il est clair que jamais cette actualisation n’a pu être totalement simple, ou satisfaisante parce que transparente. C’est peut-être là l’intérêt d’un auteur majeur, ou plutôt qu’un auteur de textes fondés sur la mise en place des contradictions, de comédies et de tragédies passionnées de complexité : qu’il résiste à l’interprétation, dans tous les sens qu’ont et qu’ont eu ces mots.
Abstract
During the inter-war period, Corneille has been most often the emblem of a sky-blue national classicism, then the baroque badge of the intellectual "in crisis" and then again the figure of fascism, the Nazi, the pedagogue, yet who slips away when one tries to grasp him in ceremonial light. Finally, Corneille has also become the symbol of the family and of the Vichy fatherland. But he has never been completely defined by these images, despite the desperate Leninising propaganda of the likes of the Petainist Delacour, Corneille has resisted, providing he be read and more importandy he be performed. The audience applauds the lofty judgements, laughs at the ambiguities and mocks the Augustus imagined as Hitler; it vibrates as Jean-Louis Barrault crosses the stage, sword in hand or while André Castelot, in La Gerbe and Rebatet in Le Cri du peuple, express outrage. Brasillach was absolutely correct, Corneille is not simple; he plays tricks on those who impudently take him up for he does not represent only one thing; he builds upon contradiction, too much contradiction even. And if, quite legitimately, criticism and stagecraft have adopted the character and the texts of Corneille, to bring them up to date, in the sense of Vitez, it is equally clear that this reinterpretation has never been totally simple nor of complete satisfying transparency. Therein lies, perhaps, the interest of a major author, or rather the author of texts founded on the edification of contradictions, of comedies and tragedies of complexity. It is also the reason that he has resisted interpretation, in all senses this word has and has had.
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