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Patsauq Markoosie, avec Valerie Henitiuk et Marc-Antoine Mahieu (dir.), 2021, Uumajursiutik unaatuinnamut/Hunter with Harpoon/Chasseur au harpon. Montréal, Kingston, McGill-Queen’s University Press.

  • John-Samuel Simmons MacKay

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  • John-Samuel Simmons MacKay
    Département d’anthropologie, Université Laval, Québec (Québec), Canada

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Cover of Anthropologie politique du travail, Volume 47, Number 1, 2023, pp. 11-240, Anthropologie et Sociétés

L’ouvrage se structure ainsi en quatre parties : 1) un court entretien avec l’auteur, en inuktitut et en anglais ; 2) le texte original en inuktitut, publié pour la première fois en format roman (en syllabique et translittéré en alphabet latin) ; 3) deux traductions en anglais et en français faites par les universitaires ; et 4) une analyse critique de Henitiuk et Mahieu, rédigée en anglais. La publication de cet ouvrage correspond à deux objectifs principaux. Le premier entend valoriser et visibiliser la littérature autochtone à travers la diffusion du récit original de Patsauq en inuktitut. Deuxièmement, toujours dans un souci de valorisation de la plume et de la voix de l’auteur ainsi que de la littérature inuit, l’ouvrage vise à offrir au public une traduction respectant le sens, le style et le genre littéraire de Patsauq. L’analyse et la contextualisation de l’oeuvre sont soutenues par des entretiens que Mahieu a réalisés avec l’auteur avant le décès de ce dernier en 2020. Patsauq est originaire de la région d’Inukjuak, au Nunavik. Sa famille fait l’objet des relocalisations imposées par le gouvernement fédéral. Dès son enfance, il part ainsi à Qausuittuq (Resolute Bay). Une fois adulte, en 1968, il quitte la zone du Haut-Arctique pour devenir pilote. C’est grâce à l’aviation qu’il se met à écrire : les retards causés par les intempéries, très habituelles au Nord, offraient une occasion parfaite pour se lancer dans cette passion. Ses écrits étaient alors destinés à un public inuit, et son histoire a été publiée en plusieurs parties entre 1969 et 1970 dans le journal du département d’affaires nordiques, Inuktitut Magazine. Elle correspondait à un genre littéraire de la tradition orale, le unikkaatuaq, que Henitiuk et Mahieu décrivent comme « une histoire d’une certaine longueur qui raconte des événements d’un passé non mythique, et dont la question de la véracité historique ne se pose pas » (p. 178, traduction libre). En 1970, la diffusion d’un recueil des écrits de Patsauq dans le roman Harpoon of the Hunter représentait bien plus qu’une simple traduction en anglais. Patsauq, interviewé par Mahieu, explique que son histoire originale était une fiction inspirée par différentes histoires orales racontées dans sa famille. La demande que lui avait faite un agent des Affaires autochtones était de « raconter ses histoires en inuktitut et les arranger en anglais » (p. 271). C’est bien cet « arrangement en anglais », réalisé par Patsauq sous l’influence d’employés du gouvernement et d’éditeurs qallunaat (blancs), qu’Henitiuk et Mahieu analysent de manière critique. À travers cet « arrangement », de nombreux aspects de la culture littéraire inuit des unikkaatuat ont été perdus. Certaines réalités de la vie du Nord ont également été cachées, au profit de représentations allochtones présentées comme si elles émanaient des Inuit. « The story as it has circulated for almost fifty years is in fact entirely constructed from and framed by a particular (and, it must be said, variously motivated) vision of the North, dissociated and differing in so many ways from the original Inuktitut text » (p. 234). Par exemple, on y lit à propos d’un territoire sauvage et dangereux où une vie périlleuse suit les caprices de la nature. Une telle compréhension de la vie et du territoire est étrangère à la culture inuit. Toutefois, c’est pourtant avec cette version du récit que les critiques littéraires et traducteurs ont travaillé jusqu’à la publication, avec Henitiuk et Mahieu, de Uumajursiutik unaatuinnamut en 2021. Les universitaires ont ainsi souhaité donner, dans leur traduction dans les deux langues coloniales du Canada, une juste place aux constructions sémantiques et culturelles de l’inuktitut. Cette …