Chronique bibliographique

Thomas Bustamante et Oche Onazi (dir.), Global Harmony and the Rule of Law. Proceedings of the 24th World Congress of the International Association for Philosophy of Law and Social Philosophy, Beijing, 2009, t. I, Stuttgart, Franz Steiner Verlag, 2012, 133 p., ISBN 978-3-8329-7429-9Thomas Bustamante et Oche Onazi (dir.), Human Rights, Language and Law. Proceedings of the 24th World Congress of the International Association for Philosophy of Law and Social Philosophy, Beijing, 2009, t. II, Stuttgart, Franz Steiner Verlag, 2012, 192 p., ISBN 978-3-8329-7430-5Thomas Bustamante et Carlos Bernal Pulido (dir.), On the Philosophy of Precedent. Proceedings of the 24th World Congress of the International Association for Philosophy of Law and Social Philosophy, Beijing, 2009, t. III, Stuttgart, Franz Steiner Verlag, 2012, 144 p., ISBN 978-3-8329-7625-5[Record]

  • Bjarne Melkevik

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  • Bjarne Melkevik
    Université Laval

Les congrès bisannuels de l’Association internationale de philosophie sociale et du droit – communément désignée « IVR » – jouent un rôle d’incubateur, de laboratoire, d’« éprouvette-testage », pour la pensée juridique. D’abord destinés à l’élite – dès 1920, des chercheurs chevronnés et de bonne réputation étaient invités à discuter leurs théories avec d’autres chercheurs du même calibre –, les congrès de l’IVR ont su, à partir des années 80, se transmuter peu à peu en événements mondiaux au service de tous les chercheurs travaillant dans le domaine de la pensée juridique ou dont la recherche se rapporte à la problématique du droit. Cela donne souvent un parfum de « foire » et de « carnaval », mais aussi des situations où des communications « sans valeur » côtoient des pépites d’or ! D’où la nécessité d’ailleurs d’effectuer un tri serré et raisonné en vue d’une publication, ce qui se fait normalement bien après la tenue du colloque par le processus de sélection d’articles à publier. Issus du 24e Congrès de l’IVR à Beijing (Pékin), les trois ouvrages soumis à notre examen offrent un contenu qui a été sélectionné avec doigté et compétence. Ce sont de véritables pépites d’or de la pensée juridique contemporaine. Il convient de rendre hommage aux rédacteurs, soit les professeurs Thomas Bustamante (Brésil) et Oche Onazi (Royaume Uni) pour les tomes 1 et 2 ainsi que les professeurs Thomas Bustamante (Brésil) et Carlos Bernal Pulido (Australie) pour le tome 3, pour avoir effectué une sélection de qualité. Le premier tome s’intitule Global Harmony and the Rule of Law, mais il ne traite pas du droit international, comme aurait pu le laisser croire son titre. Cet ouvrage est plutôt consacré à une joute culturelle et intellectuelle entre la pensée occidentale et la Chine. En fait, le thème rassembleur du Congrès de Beijing, tel que l’ont proposé pour des raisons idéologiques les hôtes chinois, était la question de l’« harmonie globale et [du] règne du droit ». La moitié du volume inclut de la sorte des chercheurs occidentaux (et un Japonais) qui utilisent le concept et l’exigence d’« harmonie » à partir du concept de l’État de droit, ou mieux l’exigence du « règne du droit » : Christoph Lütge, « Fundamentals of Order Ethics : Law, Business Ethics and the Financial Crisis » ; Katya Kozicki, « Law, Radical Democracy and Justice : The Tension between Democracy and Constitutionalism » ; Patricia Mindus, « Global Harmony and Rule of Law : An Empirical-Analytic Approach » ; Zeynep Ispir Toprak, « Legal Ethics : What Does It Demand From Lawyers ? » ; Søren Stig Andersen, « Why and How does Proximity Matter in Litigation : A Levinasian Approach » ; Vaidotas A. Vaičaitis, « Concept of law in Biblical narrative » ; Hirohide Takikawa, « Universal Political Obligation and Particular Legal Duty ». Nous trouvons, comme corollaire, quatre textes chinois insistant sur différents aspects propres au concept d’« harmonie » compris à partir de la culture millénaire de l’Empire du Milieu. Ce sont les textes les plus intéressants, mais aussi, comme cela se révélera, les plus problématiques. En effet, vu la tradition antijuridique qui a caractérisé historiquement la culture légale chinoise et surtout le fait que l’exigence d’« harmonie » a été mobilisée pour écraser, voire annihiler, toute protestation ou encore toute voix sociale discordante, les quatre textes se distinguent en voulant aménager une place à l’exigence d’un État de droit/d’un « règne du droit » en « harmonie avec Harmonie [sic] ». Le premier auteur, Zhou Yun, (Civic Spirit : The Political-Legal …

Appendices