Cahiers de géographie du Québec
Volume 19, Number 46, 1975
Table of contents (12 articles)
Articles
Introduction
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Croissance allométrique et dynamique spatiale
Paul Y. Villeneuve and D. Michael Ray
pp. 5–15
AbstractFR:
L'étude de la forme et de la croissance des systèmes urbains et régionaux est entravée par la difficulté que les chercheurs éprouvent à résoudre la dichotomie forme-processus. Celle-ci rend confuse la distinction entre systèmes physiques, biologiques et sociaux ; elle rend difficile le passage du langage des attributs à celui des localisations ; et finalement, elle engendre la pauvreté théorique des notions de région homogène et de région polarisée. La théorie de la croissance allométrique offre des possibilités réelles de solution à ces dilemmes. Ses fondements philosophiques structuralistes suggèrent que la forme et la croissance sont respectivement la projection dans l'espace et dans le temps des forces sociales ; et ses fondements méthodologiques systémiques offrent une démarche opératoire permettant d'effectuer la projection. Le paradigme allométrique mène à de nouvelles questions concernant, par exemple, la relation entre disparités sociales et régionales, et la part relative, dans l'Histoire, des effets cycliques et des effets cumulatifs.
EN:
The study of the form and growth of urban and regional Systems is hindered by the difficulty that researchers have in resolving the form-process dichotomy. This dichotomy blurs the distinction between physical, biological and social Systems ; it also makes difficult the transition from attributional languages to locational languages ; and it is largely responsible for the theoretical shortcomings of such notions as homogeneous and polarized regions. The theory of allometric growth offers solutions to these problems. Its structuralist philosophical foundations suggest that form and growth are respectively the projection in space and time of social forces ; and its systemic methodological foundations offer an operational approach for performing this projection. The allometric paradigm also helps in formulating new questions concerning, for instance, social and regional disparities, and the relative share, in history, of cyclical and cumulative effects.
La Croissance urbaine / 2.1 La croissance des systèmes urbains :
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Allométrie du système urbain du Québec (1941-1971)
Denis Morin
pp. 17–37
AbstractFR:
Ce travail contribue à la connaissance du phénomène de la croissance du système urbain québécois avec l'aide de techniques statistiques. Notre double objectif est le suivant : d'une part établir la pertinence des taux de croissance allométrique calculés à l'aide de six points de référence dans le temps, et d'autre part identifier et surtout mesurer les forces qui articulent la croissance du système urbain québécois.
Tout d'abord, il a été possible de voir comment la croissance des agglomérations se distribue dans l'espace. L'analyse a fait ressortir très tôt la grande complexité de la croissance. C'est pourquoi nous avons eu recours à un large éventail de variables (56). La technique de l'analyse factorielle a rendu possible la réduction de la plus grande partie de notre information en treize facteurs avec une perte inférieure à 17%. L'âge humain et matériel, la position spatiale et sociale, le dynamisme ainsi que le découpage du pourtour des agglomérations constituent les dimensions fondamentales de la croissance du système urbain québécois.
EN:
This study contributes to a better understanding of urban growth through the use of statistics. It has two prime objectives: 1) détermine the relevance of allometric growth coefficients calculated using data at six points in time, and 2) identify and measure the various forces linked to the growth of Quebec's urban System.
The distribution of the growth of the 62 principal urban centres is examined. The extremely complex nature of the growth phenomenon was quickly apparent. For this reason fifty-six variables were selected for study. Factor analysis reduced this complex data matrix to thirteen factors. Of these, age of the inhabitants and age of the urban centre, spatial and social position, dynamism of the agglomeration, and urban form were the most important in explaining the growth of Quebec's urban System.
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La croissance récente des petites agglomérations du Québec (1951-1971)
Hubert Manseau
pp. 39–59
AbstractFR:
L'article analyse la croissance de 158 villages, villes ou agglomérations du Québec ayant entre 1 000 et 5 133 habitants en 1961, et non compris dans une agglomération plus vaste, pour les quatre périodes suivantes: 1951-1956, 1956-1961, 1961-1966 et
1966-1971. Celles-ci sont mises en relation avec une sélection de 51 autres variables portant sur la morphologie urbaine, la structure sociale et économique, le comportement de la population locale et enfin un certain nombre de paramètres géographiques. Les principaux résultats obtenus sont les suivants : 1- Les facteurs de croissance varient selon la classe de taille du centre concerné (1000-2 388 habitants ou 2 484-5 000 habitants) ; 2- malgré la différence, un certain nombre de constantes permettent de déceler une structure radio-concentrique dans l'espace québécois qui a une influence certaine sur les types de croissance ; 3— la croissance pour une période, telle que mesurée, constitue rarement une composante en soi, et aucune des périodes n'est systématiquement reliée à une autre ; 4— la croissance ultra-rapide de certains centres apparaît dans tous les cas associée à la création de villes nouvelles, surtout minières, à la périphérie du territoire ; 5- la suburbanisation est un facteur important dans l'évolution des plus petites unités, alors que : 6- la fonction tertiaire sous-régionale constitue un moteur réel de croissance chez le groupe d'unités de taille plus élevée ; 7— la stagnation ou la décroissance est un comportement typique chez les plus petites unités en dehors de la zone centrale définie par le triangle Montréal-Québec et Sherbrooke, et 8- ce même groupe apparaît beaucoup plus affecté par la conjoncture locale que l'autre groupe, malgré le peu d'écart entre eux en termes de population totale : 9- enfin, le principal résultat de l'étude est peut-être de valider l'approche par tranches de taille du phénomène de la croissance urbaine et d'indiquer un certain nombre de directions précises pour la recherche future sur la croissance des petites villes.
EN:
The purpose of the paper is to study growth in small towns. The data units are the 158 Québec towns whose population varied between 1 000 and 5 133 in 1961 and which were not included in metropolitan areas. Four growth periods have been defined (1951-1956, 1956-1961, 1961-1966 and 1966-1971) and studied by means of factor analysis using 51 variables (1961 data) depicting urban morphology, social and economic structure, local behaviour and geographical environment. The main results obtained are : 1- growth factors are different from one size group (below 2 388) to another (over 2 484) ; 2- des-pite these differences, a radio concentric structure can be distinguished which has strongly influenced the growth behaviour of the towns ; 3— growth over one period rarely constitutes in itself a component and no period is systematically correlated with the others ; 4- ultra-rapid growth seems always to be associated with the creation of new frontier towns (mainly mining towns) on the periphery ; 5— suburbanisation is a primary factor in the evolution of the smaller units ; 6- regional tertiary activities are a slow but strong factor of growth in the upper size group ; 7- the stagnation or decrease of population in the lower size group is typical outside the core area (defined by a line joining Montreal-Quebec and Sherbrooke), and 8- this same group is considerably more influenced by the local context despite the small gap between their population size : 9— finally, the main result of the study may be to illustrate the usefulness of the partition of urban units according to their size for the analysis of urban growth, and to give more precise direction for further research on the growth of small towns.
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La croisance des villes minières canadiennes, essai d’explication
Laurent Deshaies
pp. 61–86
AbstractFR:
Les disparités de croissance entre les villes minières s'inscrivent dans quelques-unes des grandes dimensions du régionalisme canadien. En effet, elles s'expliquent par l'âge de la ville (étapes du peuplement) et le degré de diversification de ses activités. Les variables liées à la localisation contribuent donc plus à l'explication que le dynamisme démographique et le taux d'activité générale de la population. D'autre part, les facteurs cités précédemment ont une capacité explicative plus élevée sur la longue période (1941-1971), mais n'excédant jamais 49%. L'addition de nouvelles variables économiques et démographiques concernant non seulement la ville, mais aussi la région environnante, pourrait diminuer la proportion de cette variance non-expliquée.
EN:
The disparities in the growth of mining towns fit well in what have been called the great dimensions of canadian regionalism. Indeed, these disparities can be explained primarily by two factors : age of town (period of initial settlement) and degree of diversification of economic activity. Variables associated with location thus contribute a greater proportion to the explanation of disparities in growth than those associated with general demographic, social and economic processes. The power of explanation of the above mentioned factors is greater over longer period (1941-1971), but is never greater than 49%. The addition of new economic and demographic variables for the city and for its region would reduce the proportion of unexplained variance.
La Croissance urbaine / 2.2 La croissance interne des villes
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L’évolution des valeurs foncières à Montréal (1964-1969)
Peter Foggin
pp. 87–118
AbstractFR:
On peut résumer ainsi les conclusions de cette étude. 1) Il existe un lien de causalité réciproque entre l'utilisation du sol et les valeurs foncières. 2) À l'échelle de la zone d'analyse, on observe un effet systématique minimal du facteur autoroutes sur les modifications relatives de la surface des valeurs foncières à l'intérieur du périmètre urbain. 3) Quand il se produit des changements dans la position relative des classes de valeurs foncières, ils apparaissent comme la conséquence de la construction des principales stations du nouveau métro. L'effet « régional » considérable que l'on observe n'a rien d'étonnant. .En ce qui concerne les facteurs sociaux, on a vu que le statut familial, représenté par la variable substitut de la taille de la famille, contribue de façon significative à la prédiction de la surface des valeurs foncières intra-urbaines. Il nous paraît évident qu'on pourrait accorder un caractère plus définitif au modèle si l'analyse en coupe portait sur deux moments d'observation plus éloignés dans le temps.
EN:
The major conclusions of this study can be summarized as follows : there is a two-way causal link between land use and land values ; within the study area, the effect of freeways on land value changes is minimal ; changes in the relative position of land value categories are related to the location of the main stations of the new subway. It is not surprising, then, to uncover an important « regional » effect. Among social factors, family status, indexed by family size, contributes heavily to the prediction of the intra-urban surface of land values. The model could be ascertained more definitely if the cross-sectional analyses were performed at more distant points in time.
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L’analyse de la dynamique spatiale à Charlesbourg, un exemple de spécialisation de l’espace intra-urbain
Robert Pampalon
pp. 119–145
AbstractFR:
Après avoir sommairement défini le concept de spécialisation de l'espace intra-urbain comme la fragmentation du tissu urbain en zones et secteurs unifonctionnels, le présent article retrace les principales transformations survenues à Charlesbourg entre 1954 et 1974 et tente d'y déceler les indices de spécialisation.
L'étude comporte trois phases : L'analyse du dessin, celle de l'évolution, et enfin celle des forces et du cadre des transformations. La première partie (l'étude du dessin) fournit au lecteur les données essentielles sur Charlesbourg et lui permet de suivre plus aisément la discussion. Sont alors élaborées à partir des traits physiques (morphologie), administratifs (cadastre) et construits (espace bâti) les principales lignes du faciès de Charlesbourg d'avant la spécialisation. La seconde section, concernant l'évolution, tente de faire le bilan des transformations survenues entre 1954 et 1974. Elle montre, pour chacune des périodes étudiées, l'existence ainsi que l'organisation des zones et secteurs, et s'efforce de discerner et de caractériser le mouvement de spécialisation de l'espace. La troisième partie (étude des forces et du cadre) vise à rechercher les facteurs explicatifs de Ici spécialisation. Elle intègre l'essentiel des observations antérieures et les prolonge par la formation le lois ou principes directeurs, d'abord économiques puis spatiaux.
EN:
The concept of specialization of intra-urban space is first defined as the fragmentation of the urban fabric into numerous unifunctional zones or sectors. The study then examines the main transformations which have occurred in Charlesbourg since 1954 and seeks to identify indices of specialization.
The study is composed of three parts : analysis of pattern, analysis of evolution and analysis of factors underlying the spatial transformations. Part I provides data on Charlesbourg which permit the reader to easily follow the discussion. There, an elaboration of the various physical (morphology), administrative (cadastre) and developmental (built up space) characteristics serves to describe the pre-specialization Charlesbourg. Part II analysis the changes produced between 1954 and 1974. For each time period studied, the existence and organization of zones and sectors are illustrated. An attempt is made to characterize the tendency toward spatial specialization. Part II explores the factors underlying these tendencies. Taking into account parts I and II, part III develops a set of laws or principles, primarily economic but also spatial, which explain the specialization of urban space.
La Croissance régionale / 3.1 L’évolution de la répartition de la population des régions
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Description graphique des caractéristiques de l’évolution de la population des municipalités du Québec (1951-1971)
Pierre Larochelle, Dean Louder and Jean Raveneau
pp. 147–166
AbstractFR:
À partir d'une série de graphiques, les auteurs analysent les caractéristiques globales de l'évolution de la population des 1596 municipalités du Québec en considérant successivement les deux périodes décennales 1951-1961 et 1961-1971, ainsi que la période de 20 ans 1951-1971. Une première série de graphiques illustre la fréquence des pourcentages d'évolution positive ou négative. La seconde série montre les caractéristiques de l'évolution des municipalités en nombre et en population par classe de taille. Le processus de concentration de la population et du nombre de municipalités est ensuite abordé à l'aide de courbes de concentration. Enfin, l'examen des caractéristiques de l'évolution dans les blocs de municipalités d'évolution positive et négative constitue la dernière partie de l'étude.
De l'ensemble dé ces analyses il ressort que, au cours des deux périodes décennales 1951-1961 et 1961-1971, on a assisté à une accentuation de la concentration de la population à l'intérieur d'un nombre toujours plus réduit de municipalités de taille moyenne ou supérieure (de 20 000 à 100 000 habitants). À l'opposé, les municipalités en état de décroissance démographique ont augmenté en nombre, mais représentent une proportion de plus en plus faible de la population du Québec. Finalement, ce sont les petites municipalités rurales de moins de 2 000 habitants qui ont connu les pertes les plus sérieuses de population. Cette recherche permet de préciser les modalités du processus d'urbanisation du Québec en rapport avec la structure dimensionnelle des municipalités.
EN:
Using a series of graphs, the authors analyse the general characteristics of the evolution of the population of 1596 municipalities in Québec for two successive ten year periods (1951-61 and 1961-71) and for the entire twenty year period (1951-71). An initial set of graphs, consisting of histograms, reveal the relative frequency of recurrence of various degrees of positive and negative population change. A second set illustrates the characteristics of the evolution of the municipalities in terms of their number and population by size class. The concentration of the population is then analyzed by means of Lorentz curves. Finally, the characteristics of the demographic evolution by type of change, negative or positive, are examined.
This research reveals that over the twenty year period 1951-71 the population of Québec has become more and more concentrated in an ever decreasinq number of municipalities, especially those having population between 20 000 and 100 000. By contrast, the number of municipalities suffering population losses has increased, but represents an ever decreasing proportion of the total population of Québec. It is the small rural municipalities (2 000 people or less) which have suffered the most serious losses. The work thus considers the process of urbanisation with respect to the size structure of the municipalities of Québec.
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Étude des facteurs de modification de la répartition du peuplement dans l’Est du Québec (1966-1971)
Clermont Dugas
pp. 167–188
AbstractFR:
La région de l'Est du Québec, située au sud du fleuve Saint-Laurent et s'étendant du comté de Kamouraska à l'ouest à celui des Îles-de-la-Madeleine à l'est, couvre une superficie de l'ordre de 44 000 kilomètres carrés dont au moins 85% est occupée par la forêt. Ce vaste territoire renfermait, en 1971, une population de 325 000 personnes réparties en 214 localités. Le peuplement, qui s'étire le long de 9 000 kilomètres de routes, demeure très dispersé et mal hiérarchisé.
Depuis 1961, une véritable désorganisation de l'espace s'est amorcée. Seulement 49 localités ont pu bénéficier d'une stabilité ou de légers gains démographiques. Compte tenu du caractère rural de la région, il est logique de se demander si l'abandon des terres et de l'agriculture est responsable du fort courant migratoire vers l'extérieur et, par conséquent, de la décroissance démographique de la plupart des localités. D'autre part, on peut aussi rechercher à quels facteurs on peut attribuer la croissance démographique de certaines localités.
Par l'utilisation de méthodes statistiques telles que l'analyse factorielle et la régression multiple, on arrive à cerner un peu mieux le rôle joué par l'agriculture, la mauvaise structuration de l'espace, la production industrielle et les équipements commerciaux sur les modifications de la structure du peuplement.
EN:
The region know as l'Est du Québec (Eastern Québec) is located on the south shore of the Saint Lawrence, stretching from Kamouraska county on the west to the Magdalene Islands on the east. It includes approximately 44 000 square kilometres of which at least eighty-five percent is forest covered. In 1971 this vast area encompassed some 325 000 people distributed among 214 localities. Settlement exhibiting little hierarchical development stretches over 9 000 kilometres of routeway.
Since 1961 a major restructuration of space has occurred. Only forty-nine localities have remained stable or enjoyed population gains. Given the rural nature of the region, one could wonder if the abandonment of land and agriculture has not been the source of the region's strong out-migration currents. Through the use of factor analysis and multiple regression analysis we are able to identify the respective roles of agriculture, restructuration of space, industrial production and commercial infrastructure upon the settlement structure of the region.
La Croissance régionale / 3.2 Les migrations interrégionales
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Analyse et simulation topologiques en géographie, application à l’étude des migrations interrégionales
Rodolphe Lamarche and Jean Francon
pp. 189–207
AbstractFR:
Le modèle d'Analyse et de Simulation Topologique est à l'analyse de système ce que l'analyse de régression multiple est à l'analyse multivariée. Pour un système de flux ce modèle détermine les gains effectués par tous les noeuds dépendants pour tout changement de flux dans le noeud principal ; il détermine l'importance des diverses lignes de transmission entre les éléments et il permet de connaître la sensibilité d'un élément aux variations de flux sur tout arc du réseau. C'est un modèle qui pourrait s'avérer très utile pour des études d'interdépendance systémique ou pour une recherche sur les lignes de transmissions d'un phénomène de diffusion. C'est une technique très intéressante également pour mesurer l'évolution d'un réseau et connaître les éléments qui ont tendance à être refoulés en marge du système par d'autres qui prennent de l'importance.
À titre d'illustration, le modèle a été appliqué à l'étude des migrations de populations en France pour les années 1962-68, dans le cadre des régions de programme.
EN:
The A.S.T. model, Analyse et Simulation Topologique, does for system analysis what multiple regression does for multivariate analysis. For an origin-destination table this model determines the gains effected by the dependent elements of the System for any change in the independent ; it calculates the transmission links and gains, and it also establishes the sensitivity of any element to fluctuations in any arc of the network. It is a model which should prove of considerable interest for studies of repercussion effects of flow fluctuations, or for the analysis of transmission flows in a diffusion process. It should also prove of value for the study of the evolution of a system to establish which elements are gaining in influence and which are being relegated to the outer fringes.
As an illustration, the model was applied to the study of the flow patterns of French migrant populations for the period 1962-68, by planning region.
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Étude typologique des migrations nettes au Québec (1961-1966)
Claude Marois
pp. 209–227
AbstractFR:
Cette recherche est une étude, à l'échelle du Québec, de la structure du phénomène migratoire avec une emphase sur une typologie spatiale. Le but principal de l'article vise à établir des comparaisons montrant que certains comtés, bien que différents, peuvent provenir d'une structure semblable.
Pour ce faire nous avons constitué une matrice permettant d'étudier les caractéristiques pathologiques des aires de refoulement et les conditions ou les éléments constitutifs des zones d'accueil. Cette matrice concerne les conditions socio-démographiques et socio-économiques des comtés vis-à-vis leur poids migratoires. L'analyse comporte cinq hypothèses relatives respectivement à la mutation de l'espace agraire, au lieu de naissance, au taux de chômage, à la moyenne de personnes par ménage et leur salaire.
Finalement, nous avons bâti un modèle quantitatif très simple appliqué à cette matrice. Ce modèle est composé de trois phases de traitement : l'analyse factorielle, l'analyse des H-Groupes et la cartographie des résultats aboutissant à la typologie spatiale des migrations nettes dans l'espace québécois.
L'analyse a confirmé trois types de relations concernant les variables indiquant le lieu de naissance, le taux de chômage et les salaires. En effet, nous avons constaté que trois des cinq hypothèses ont été vérifiées :
1) Les variables « lieu de naissance » ont montré que les migrations nettes positives étaient d'autant plus fortes que la proportion d'anglophones du comté était forte.
2) La variable « taux de chômage » a été associée à la variable « déclin de la population rurale dans les fermes » : celle-ci étant un indicateur du déclin du secteur agraire.
3) Enfin, le critère salaire est un facteur dominant dans le secteur migratoire. Effectivement, on a constaté que dans les comtés où le pourcentage de main-d'oeuvre urbaine est élevé, les salaires ont tendance à être plus forts. De plus, ces deux variables ont été associées aux migrations nettes : ceci révèle très clairement l'attraction des migrants vers les régions où les salaires sont plus élevés.
EN:
This research studies the structure of migration within the province of Québec. An emphasis is placed upon the creation of a spatial typology. The principal objective of the article is to draw comparisons which demonstrates that, while quite different demo-graphically, counties can exhibit very similar migration structures.
A matrix is constructed in order to investigate the basic properties of the areas of in and out-migration. The matrix examines the socio-demographic and socio-economic conditions of the counties in relation to their relative migration rates. Five hypotheses relating to the transformation of the agricultural sector, place of birth, level of unemployment, mean size of household and income level are studied.
Finally, an elementary quantitative model is applied to the matrix to create a spatial typology of net migration in Québec. Classification is done in three steps : factor analysis, analysis of H-Groups, and cartographic representation of the results of the first two steps.
Three types of relations were discovered for the variables, place of birth, unemployment rate and salary :
1 ) The « place of birth » variables show that positive net migration is quite high when the proportion of anglophones in a county is high.
2) The variable « unemployment rate » is associated with the variable « decline of rural population on farms » the latter being an indicator for the agricultural sector.
3) The salary criterion is a dominant factor in the migration field. In counties where the proportion of urban manpower is important, the salaries are higher. Also, these variables are closely related with net migration revealing clearly the attraction of migrants to regions where salaries are high.
La Croissance régionale / 3.3 Les fluctuations de la natalité
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Méthodes d’étude de la structure spatiale des fluctuations de la natalité au Québec (1926-1971)
Michel Bisson
pp. 229–241
AbstractFR:
La présente recherche montre, à travers trois approches, les démarches méthodologiques possibles visant à dégager la structure spatiale des diverses tendances de la natalité à l'intérieur des divisions de recensement (comtés) du Québec. La cartographie des classes de taux de natalité basées sur la méthode des écarts-types est difficilement applicable parce qu'elle masque les tendances que l'on peut retrouver à l'intérieur de la
période 1926-1971. D'une part, la réduction progressive, dans le temps, de l'écart des taux de natalité ne facilite pas l'utilisation de seuils numériques communs à chacune des années ; d'autre part, la considération de chacune des années indépendamment les unes des autres rend difficile l'analyse évolutive comparée de la natalité. La seconde méthode, fait appel à la notion de la croissance allométrique mais ne peut être utilisée directement. Cependant le principe de la relation entre le comportement des comtés et celui du Québec permet l'élaboration d'une troisième méthode : l'étude de la croissance relative, par période, des taux de natalité des comtés par rapport à l'ensemble du Québec. La courbe d'évolution des taux de natalité du Québec se subdivise en cinq périodes qui manifestent des tendances distinctes d'évolution de la natalité. Ces périodes servent de cadre d'analyse pour l'évolution des taux de croissance pour chacun des comtés. Un indice de croissance relative est obtenu en établissant le rapport entre le taux de croissance du comté sur celui de la province. À partir des indices de croissance relative, des cartes sont dressées et montrent de façon générale une période de décroissance de la natalité (1926-1937), une période de reprise de la natalité (1937-1947), une période de stabilité de la natalité (1947-1957), une période marquant l'amorce du déclin de la natalité (1957-1964), et finalement une période de baisse remarquable de la natalité (1964-1971). Chacune des cartes dégage ainsi les variations spatiales de chacune des tendances de la natalité québécoise.
EN:
The study illustrates, through the use of three approaches, a methodology for identifying the spatial structure of temporal trends in birth rates within the census divisions (counties) of Québec. Mapping of birth rates based upon the standard deviation is difficult because the latter masks certain of the trends which are identifiable for the period 1926-1971. A second method, that of allometry, cannot be used directly, but the notion of the relation between the demographic behaviour of each county and that of Québec does allow for the development of a third method, i.e., the relative growth, by period, of county birth rates compared to that of Québec as a whole. The curve illustrating the evolution of Quebec's birth rate can be broken down into five periods, each of which manifests different temporal trends. These periods serve as a basis for analysis of each individual county. Regression analysis then permits the calculation of a rate of growth at the county level which is then divided by the growth rate of the province to yield an index of relative change. Mapping of these indices reveals a period of waning birth rates from 1926-1937, an upswing from 1937 to 1947, a period of stability from 1947 to 1957, and the beginning of a decline from 1957 to 1964. Finally, a period of exceptionnal decline can be observed from 1964 onward. Each of the maps thus reveals the spatial variations of each of the preceding trends.