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L’ancêtre des dictionnaires modernes de géographie atteint sa neuvième édition, inchangée dans sa forme et dans son esprit, par rapport à l’édition princeps qui date de 1970. Mise à jour oblige, le lecteur trouvera dans cette énième mouture, quelques ajouts comme ozone ou OPA, et quelques retraits comme maladrerie ou mallee. Ces modifications utiles ou pittoresques ne modifient en rien l’équilibre de l’ouvrage, ses spécificités, ses limites et dans une certaine mesure, son utilité.
Si on le compare aux ouvrages spécialisés publiés au cours des trois décennies qui ont suivi la parution de ce qui était alors le George, celui-ci affiche deux particularités : il est le moins volumineux de tous, mais compte le plus grand nombre d’articles. Autant dire qu’il est sobre, d’une sobriété qui va s’accentuant si l’on compare la place dévolue à certains mots-clés comme géographie, centralité ou aménagement, qui va se réduisant d’une édition à l’autre. Dans de tels cas, mieux vaudrait parler de vocabulaire plus que de dictionnaire, le mot vocabulaire s’imposant également pour la plupart des définitions plus concises qu’explicites.
Si la volonté d’aggiornamento est parfois manifeste, il n’empêche que, de façon constante, la priorité de fait est dévolue aux phénomènes concrets plus qu’aux concepts abstraits : le mot catastrophe supplante la théorie des catastrophes telle que l’a formulée René Thom. De même, la perception est définie en trois lignes sans qu’il soit question de Gestalt ou de stimuli. Certains concepts ou termes d’usage courant sont plus simplement omis, qu’il s’agisse du haut-lieu, de l’imaginaire géographique ou plus simplement du maillage. La moindre touche d’humour est, bien entendu, absente et le lecteur (ou la lectrice) mal déniaisé(e) ne saura rien de ces reliefs phalliques qui font la fortune touristique du Guangxi.
Autre constat, alors que dans la première édition, un certain équilibre était observé entre faits d’ordre social et faits d’ordre naturel, ces derniers ont progressivement envahi les éditions les plus récentes et il ne manque maintenant ni schorre ni slikke ni même ces motturaux et ces hydrophytes qui font le bonheur des chercheurs vendéens. De leur côté, les lecteurs québécois peuvent se rassurer : ils trouveront ici les beines des Grands lacs, les nunataks du Groenland et même les pieds de glace de la baie d’Hudson. Toutes les phases glaciaires ont été recensées et nulle roche comme nul cristal y compris la goethite n’a été omis.
Faut-il s’en plaindre et regretter cette surabondance de termes peu usités dans la littérature géographique actuelle ? Quelques légères dérives mises à part, une certaine rigueur plaide en faveur d’un ouvrage auquel ont collaboré d’éminents géographes qui étaient aussi de bons pédagogues. Cette équipe a voulu fournir aux apprentis géographes un vocabulaire de base ouverts à tous les horizons de la géographie et propre à maints usages. Le temps des ouvrages plus spécialisés et sans doute moins rustiques viendra utilement par la suite.