Comptes rendus bibliographiques

ROUSSEAU, Jean-François, DURAND, Olivier et DE KONINCK, Rodolphe (dir.) (2009) Une seule terre à cultiver. Les défis agricoles et alimentaires mondiaux. Québec, Presses de l’Université du Québec, 176 p. (ISBN 978-2-7605-2434-7)[Record]

  • Nathalie Gravel

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  • Nathalie Gravel
    Département de géographie
    Université Laval

Cet ouvrage collectif tombe à point, dans la foulée du Rapport Pronovost sur l’avenir de l’agriculture et de l’agroalimentaire québécois d’une part, et de la crise alimentaire mondiale qui sévit depuis janvier 2008, d’autre part. Il offre une source d’informations attendue et propose de nombreuses pistes de réflexion sur le rôle de l’agriculture dans les échanges commerciaux mondiaux, sur la faim dans le monde – ses causes, ses répercussions, les groupes de population les plus touchés –, sur les inégalités dans la consommation alimentaire mondiale et sur les défis de l’agriculture québécoise. De facture agréable, le livre offre une lecture facile permettant de glaner ses pages sans devoir respecter l’ordre d’apparition des chapitres. La première partie de l’ouvrage, constituée de l’introduction et des trois premiers chapitres, est indispensable en ce qu’elle réussit une excellente mise en contexte de la crise alimentaire mondiale et des problématiques qui seront analysées dans la deuxième partie par 23 experts invités à se pencher sur les défis de l’agriculture au Québec et ailleurs dans le monde. Cette première moitié de l’ouvrage possède comme fil conducteur les défis humains, politicoéconomiques et agroenvironnementaux auxquels font face à la fois les producteurs agricoles, les États et les consommateurs pour ensemble réussir à nourrir une population mondiale estimée à huit milliards d’individus en 2025. Les perspectives d’avenir incluses dans chaque chapitre, habilement présentées et étayées de statistiques, graphiques et tableaux, sont d’un intérêt certain et offrent une vision lucide du défi de nourrir une population mondiale en croissance dont les besoins sont aussi sans cesse plus nombreux. Préférant parler de défis plutôt que d’obstacles, les auteurs de la première section proposent un regard somme toute optimiste, donnant le ton au reste de l’ouvrage. La deuxième partie, quant à elle, répond bien au pari qui était lancé, soit de regrouper des avis d’experts provenant de différentes disciplines et champs d’action. Cette brochette d’auteurs on ne peut plus variée parvient à cerner les enjeux qui occupent tant les scientifiques et les employés de la fonction publique québécoise que les producteurs et les consommateurs, tout en présentant aussi les missions de quelques organismes de la société civile oeuvrant dans le secteur agro-alimentaire, dont Équiterre et Oxfam Québec. La diversité des voix présentées sous la forme de courtes entrevues réalisées avec ces experts montre un souci d’offrir un panorama varié et complet des enjeux agricoles dans le monde, avec d’avantage d’accent placé sur le Québec, l’Asie du Sud-Est et, dans une moindre mesure, l’Afrique. Ce choix de régions n’étonnera personne, étant donné la composition de l’équipe de rédaction à l’origine de l’initiative, soit des membres de la Chaire de recherche du Canada en études asiatiques. L’effort pour créer des liens avec l’agriculture au Québec et les perspectives d’avenir globales est louable ; il permet de capter l’intérêt d’un vaste lectorat et de suggérer des allers-retours constants entre « l’ici et l’ailleurs ». Comme la présentation systématique des regards d’experts sous forme de questions et réponses fait preuve d’une certaine uniformité et étant donné que plusieurs thèmes se recoupent, cela génère à l’occasion un effet de répétition qui se dissout toutefois si l’on opte pour une lecture désordonnée de la deuxième partie. À défaut d’offrir un contenu toujours original, cette méthode d’ordonnancement est du moins convaincante. Ainsi, est-il possible de percevoir un consensus d’experts sur des sujets tels que les agrocarburants, les risques associés à l’engouement pour le modèle occidental de surconsommation, les difficultés de la relève agricole au Québec, les bienfaits de l’achat local, la souveraineté alimentaire, les difficultés de concilier conservation environnementale et production agricole ainsi que les solutions de rechange au …