Comptes rendus bibliographiques

FONTAN, Jean-Marc, KLEIN, Juan-Luis et BUSSIÈRES, Denis (dir.) (2014) Le défi de l’innovation sociale partagée  Savoirs croisés. Québec, Presses de l’Université du Québec, 230 p. (ISBN 978-2-7605-4125-2)[Record]

  • André Joyal

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  • André Joyal
    Centre de recherche en développement territorial (Université du Québec)

L’innovation sociale a le vent dans les voiles. Non seulement les publications sur le sujet se multiplient, mais le Fonds de recherche Société et culture, en collaboration avec l’Agence nationale de la recherche, lançait à la mi-octobre 2015 un appel franco-québécois à projets de recherche, entre autres, sur le thème Politiques publiques et innovations sociales face aux changements démographiques. On imagine l’intérêt des auteurs du présent ouvrage, qui ont déjà publié abondamment sur ce concept dont la montée en importance fait dire à Bonneworth (2015) que l’innovation sociale s’avère un précieux moyen pour faire face aux défis du XXIe siècle.  On comprendra pourquoi Jean-Marc Fontan, professeur de sociologie à l’Université du Québec à Montréal (UQAM) et responsable de la collection qui publie l’ouvrage écrit que (p. 124), en tant que membre du Centre de recherche sur les innovations sociales (CRISES), il fait partie de ce regroupement de chercheurs pour qui la société fonctionnerait mieux dans la mesure où une plus grande attention serait portée aux questions de nature sociale, économique et environnementale. Pour le démontrer, on a fait appel à 14 collaborateurs, dont la moitié sont sociologues. L’ensemble se présente en huit chapitres. Dans une introduction qui n’en est pas véritablement une, Denis Bussières, doctorant en sociologie à l’UQAM, a cru utile de traiter d’abord de « [l]a crise du modèle de développement » (!) et ensuite de « [l]a société et l’économie du savoir » où il cite ad nauseam une étude de l’OCDE datant de…1996, pour poursuivre avec une publication de l’UNESCO datant cette fois de 2005. Que le lecteur se rassure, les autres auteurs se sont faits moins scolaires. Le tout débute avec une contribution de Pierre-André Tremblay, professeur d’anthropologie à l’Université du Québec à Chicoutimi (UQAC), sous le titre « Une sociologie de la recherche partenariale ». De prime abord, il importe d’éviter de confondre la recherche partenariale avec la recherche en partenariat ou la recherche-action, dont font part la majorité des autres collaborateurs à cet ouvrage. En effet, comme l’écrit Tremblay, la recherche partenariale jumelle les expertises. Les acteurs de terrain avec qui travaillent les chercheurs se font eux-mêmes chercheurs. Ce type de partenariat conduit à la « coconstruction de connaissances ». Les uns et les autres sont appelés à effectuer l’analyse des données et à en faire l’interprétation. L’auteur va jusqu’à affirmer que les praticiens en arrivent ainsi à acquérir une grande autonomie de recherche. Je me permets d’en douter : on ne fera pas d’un élu local ou d’un représentant d’association de retraités des usagers inconditionnels du logiciel SPSS et de la pratique de l’analyse factorielle. L’auteur reconnaît effectivement l’existence d’asymétrie en précisant que le chercheur n’ambitionne pas de devenir praticien. On l’aurait deviné. Le chapitre suivant, « L’espace de recherche partenariale », se veut la suite du précédent. Jacques Caillouette, professeur à l’Université de Sherbrooke, et Sid Ahmed Soussi, professeur à l’UQAM, fournissent d’utiles précisions. En effet, ils soulignent la nécessité d’éviter de voir dans ce type de recherche un moyen de fusionner l’identité des différents acteurs entrant en interaction. Il serait, selon eux, plus réaliste d’évoquer la constitution d’un « espace hybride de recherche ». Ainsi, on peut lire : « Ce n’est pas l’acteur qui est hybride, mais bien l’espace créé par la rencontre des acteurs, lesquels conservent leur identité d’origine. » Même si elle s’inscrit dans la trame tracée par les deux premiers chapitres, la contribution de Diane Gabrielle Tremblay et Valéry Psyché, toutes deux reliées à Télé-Université, traite avant tout des « communautés de pratique » avec lesquelles elles se sont impliquées. Le lecteur se voit offrir …

Appendices