Canadian Social Work Review
Revue canadienne de service social
Volume 40, Number 1, 2023
Table of contents (7 articles)
Articles
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STRATEGIES TO ACCESS HEALTH AND SOCIAL SERVICES FOR ENGLISH-SPEAKING OLDER ADULTS IN QUEBEC: A QUALITATIVE CASE STUDY
Alexandra Ethier and Annie Carrier
pp. 5–27
AbstractEN:
Considering that French is the dominant language in Quebec, that relatively few francophone providers of health and social services are able to speak English, and that English-speaking older adults (OAs) have low levels of bilingualism, anglophone OAs are more likely than their francophone peers to face language barriers when accessing health and social services. However, little is known about the strategies English-speaking OAs put into place to overcome the difficulties encountered due to language barriers when they access these services. We therefore aimed to document the strategies used by English-speaking OAs when, due to language barriers, they faced difficulties in accessing health and social services. We conducted a qualitative case study with ten English-speaking OAs in the Eastern Townships in Quebec. Through interviews and document reviews, we collected data which we then analyzed thematically. We identified seven strategies used by English-speaking OAs: investigating for health- and access-related information in English, creating their own services, entering the health and social services system offered in French, entering the health and social services system with help from others, putting the responsibility of overcoming the language barrier on the provider, splitting that responsibility, and taking on the responsibility. Our results highlight a potential burden associated with the involvement of the English-speaking community in enabling English-speaking OAs to access health and social services.
FR:
Les personnes âgées d’expression anglaise (PAEA) du Québec sont à risque de rencontrer des barrières linguistiques, considérant le pourcentage élevé de dispensateurs de services sociaux et de santé qui ne parlent pas anglais et le niveau élevé d’unilinguisme des personnes âgées d’expression anglaise. Toutefois, les stratégies utilisées pour surmonter les difficultés d’accès aux services sociaux et de santé liées à la barrière linguistique sont méconnues. Nous documentons donc les stratégies utilisées par les personnes âgées d’expression anglaise pour faire face aux difficultés causées par la barrière de langue qu’elles rencontrent lorsqu’elles accèdent les services sociaux et de santé. Nous avons mené une étude de cas qualitative auprès de dix personnes âgées d’expression anglaise en Estrie et analysé les données recueillies (entretiens, documents) thématiquement. Nous avons identifié sept stratégies : investiguer pour obtenir des informations, créer ses propres services sociaux et de santé, entrer dans le système de services sociaux et de santé en français et avec l’aide d’autres personnes, laisser a responsabilité linguistique au dispensateur de services sociaux et de santé, partager les responsabilités et prendre cette responsabilité. Nos résultats soulèvent des inquiétudes par rapport au fardeau vécu par la communauté anglophone concernant le support informel qu’elle offre pour permettre aux PAEA d’accéder aux services sociaux et de santé.
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LA CONFIANCE DANS LA RELATION D’AIDE : UN DONNÉ OU UNE PRATIQUE D’ACCOMMODEMENT À CONSTRUIRE ?
N’Dri Paul Konan, Charlotte Jeanrenaud, Marcia Neves Pereira, Amandine Pellegrinelli, Nicolas Mangold and Joana Da Rocha Lopes
pp. 29–48
AbstractFR:
La relation de confiance est appréhendée dans la plupart des champs de pratiques du travail social comme un postulat capital de la relation d’aide. Or, aussi bien du point de vue du sens commun que de celui de la littérature sur le sujet, la confiance ne se présente pas comme un donné, mais comme une pratique d’accommodement à construire et dont il convient d’identifier les déterminants et les conditions de mise en oeuvre. Comment les professionnel(le)s s’y prennent-ils pour construire la relation de confiance avec les usagers et usagères dans leurs champs d’intervention? Cet article présente les résultats d’une recherche qui tente de répondre à cette question dans deux champs du travail social : l’aide aux femmes requérantes d’asile victimes de violence sexuelle et les curatelles d’adultes. Les résultats mettent en évidence des pratiques d’accommodement adoptées par les professionnels et professionnelles interviewés qui sont arrimées aussi bien aux contextes de pratique qu’aux réalités des usagers et usagères. Ces pratiques combinent et s’appuient sur un ensemble de savoirs, savoir-faire et savoir-être permettant l’émergence, la construction et le maintien du lien de confiance.
EN:
In most fields of social work practice, trust between the professional and the service-user is understood as a fundamental postulate of the helping relationship. However, from the point of view of both common sense and the relevant literature, trust is not a given, but a practice of accommodation to be constructed, of which the determinants and conditions of implementation must be identified. How do social work professionals go about establishing a trust relationship with service-users in their fields of practice? This article presents the results of a qualitative research aimed at answering this question in two social work fields of practice: assistance to refugee women victims of sexual violence, and adult guardianship. The results highlight the accommodation practices of the professionals interviewed, which are in line with both the practice contexts and the realities of the service-users, by combining and relying on a set of knowledge, know-how, and interpersonal skills that enables the emergence, construction, and maintenance of trust in the relationship between the professional and the service-user.
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UNSETTLING CONCEPTIONS OF POWER THROUGH TEACHING AND LEARNING CRITICAL REFLECTION ON SOCIAL WORK PRACTICE
Laura Béres and Trehani M. Fonseka
pp. 49–65
AbstractEN:
Social work education is expected to offer students the opportunity to develop the skills necessary for critical self-reflection as it relates to professional practice. In this paper, we will describe how a model of critical reflection is taught and practiced within our MSW program in a Canadian School of Social Work. As a professor and student within the course, we describe our experience of engaging with the incident that the student used to learn the underlying theories and process of critical reflection. Her experience involved recognizing previously taken-for-granted conceptions of power, which she explored in her final paper for the course. We continued to critically reflect together following completion of the course, and our explorations are presented and expanded upon in this paper as an example of the potential of critical reflection, and as a reminder of the importance to continually reflect upon the complexity of power. Although we began with differing conceptions of power, we agree that power is neither solely ‘bad’ nor ‘good,’ but rather is complex, fluid, and relational. The paper provides an example of the benefits of incorporating opportunities for sustained critical reflection in social work education and concludes with implications for social work practice.
FR:
La formation en travail social se doit d’offrir aux étudiant(e)s la possibilité de développer la capacité d’autoréflexion critique sur la pratique professionnelle. Dans cet article, les auteures décrivent l’enseignement et la mise en pratique d’un modèle de réflexion critique dans un programme de maîtrise en travail social dans une école canadienne de travail social. Les auteures, une professeure et une étudiante du cours, décrivent leur expérience d’engagement à analyser un incident vécu par l’étudiante afin d’apprendre les théories sous-jacentes et le processus de réflexion critique. Dans le cadre du travail final du cours, l’étudiante a remis en question des idées préconçues au sujet de la notion de pouvoir. La professeure et l’étudiante ont par la suite poursuivi leur réflexion critique ensemble, et leurs explorations sont présentées et développées dans cet article, comme exemple du potentiel de la réflexion critique et comme rappel de l’importance de réfléchir continuellement à la complexité inhérente au pouvoir. Bien qu’elles aient commencé leur réflexion commune avec des conceptions différentes du pouvoir, elles s’entendent sur le fait que le pouvoir n’est ni « mauvais » ni « bon », mais qu’il est plutôt complexe, fluide et relationnel. Cet article présente des avantages de l’intégration de la réflexion critique soutenue dans la formation en travail social et les implications pour la pratique du travail social.
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PROBLÉMATIQUE D’ACCUMULATION CHEZ LES PERSONNES ÂGÉES : UNE ÉTUDE QUALITATIVE DES INTERACTIONS ENTRE LES PERSONNES ACCUMULATRICES, LES PERSONNES PROCHES AIDANTES ET LES AUTRES ACTEURS IMPLIQUÉS
Annik Moreau and Bernadette Dallaire
pp. 67–93
AbstractFR:
Les données épidémiologiques citées dans le Diagnostic and Statistical Manual of Mental Disorders (American Psychiatric Association [APA], 2013) estiment la prévalence de la syllogomanie dans une fourchette de 2 % à 6 % des populations générales des pays occidentaux, la proportion étant plus importante chez les personnes âgées de 55 ans et plus. La réponse aux besoins des personnes âgées aux prises avec cette problématique repose généralement sur le soutien des familles et des proches, qui doivent composer avec les difficultés de la personne âgée concernée à se départir de ses biens et à son refus de recevoir du soutien. Notre étude vise à mieux comprendre comment les personnes proches aidantes (PPA) se coordonnent avec les personnes accumulatrices et avec les autres acteurs impliqués, et comment cela affecte leurs interactions. Nous avons réalisé des entretiens semi-dirigés avec onze PPA et huit intervenantes sociales de la région de Québec; le matériel recueilli a été soumis à une analyse thématique des contenus. Nos résultats suggèrent que la problématique d’accumulation fait l’objet de négociations au sein de la dyade aidant(e)-aidé(e), ainsi que dans les interactions avec les autres intervenant(e)s impliqués. On y constate aussi que les professionnel(le)s en travail social ont parfois à jouer le rôle de médiateurs ou de médiatrices et à assurer le respect des droits des différents acteurs en permettant des ajustements dans les interactions.
EN:
Epidemiological data cited in the Diagnostic and Statistical Manual of Mental Disorders (APA, 2013) estimate the prevalence of syllogomania (hoarding) to be between 2% and 6% of the general population in Western countries, with the proportion being higher among people aged 55 and over. Generally, the responsibility of responding to the needs of older adults who have hoarding behaviours, and to help them through their difficulty disposing of their possessions and refusal to receive formal supportive help, lies with family members and loved ones. Our study aimed to better understand how family caregivers coordinate with their loved ones who have hoarding behaviours and with the other actors involved, and how this is reflected in their interactions. We conducted semi-structured interviews with eleven caregivers and eight social workers in the Quebec City region; the material collected was subjected to a thematic content analysis. Our results suggest that the hoarding problem is an object of negotiation within the dyad composed of the family caregiver and the care receiver, as well as in interactions with other formal caregivers. It is also noted that social workers sometimes have to play the role of mediators and advocates for the rights of the different actors involved, in order to allow for adjustments in the various interactions.
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STAYING CONNECTED: SERVICE-USER EXPERIENCE OF THE RECOVERY JOURNEY AND LONG-TERM ENGAGEMENT WITH A MENTAL HEALTH CLINIC
Lyuda Krupin, Nick Todd, Eric Howey and Tara Perry
pp. 95–111
AbstractEN:
While there has been much interest in recent years about the potential impact that short-term therapy can have on those needing mental health support, relatively little attention has been paid to the needs of those who require long-term support. In this phenomenological study exploring long-term service-users’ experiences of the recovery journey and the role of mental health support in facilitating that journey, a sample (n = 6) of service-users who had a minimum of five years of continuous involvement with a community-based mental health clinic participated in a pair of focus groups designed to help them share their experience of the recovery journey. Our analysis revealed themes of contending not just with extreme violence and other adversities, but also with an often unhelpful helping system, as service-users expended effort in locating the consistent, accessible support they needed in order to find a reason to go on in the wake of devastating personal experiences. The study also emphasized how prioritizing the top-down need for efficiency over the bottom-up need for consistent, flexible support can have the inadvertent effect of extending rather than shortening treatment. Implications of these findings for the delivery of mental health services are discussed.
FR:
Si l’impact potentiel des thérapies brèves sur les personnes ayant besoin d’un soutien en matière de santé mentale a suscité beaucoup d’intérêt ces dernières années, les besoins des personnes ayant besoin d’un soutien à long terme n’ont pas fait l’objet de beaucoup d’attention. Cette étude phénoménologique explore les expériences des usagers et usagères ayant utilisé des services de santé mentale à long terme, et le rôle de ces services sur leur parcours de rétablissement. Dans le cadre de cette étude, un échantillon (n = 6) d’usagers et usagères ayant un minimum de cinq ans de suivi continu dans une clinique de santé mentale communautaire a participé à deux groupes de discussion (focus groups) conçus pour les aider à partager sur leur expérience de rétablissement. Notre analyse a révélé des thèmes liés à la lutte non seulement contre la violence extrême et d’autres adversités, mais aussi contre un système d’aide souvent inefficace, les usagers et usagères ayant dû déployer des efforts pour trouver le soutien cohérent et accessible dont ils avaient besoin pour se rétablir. L’étude a également soulevé que la priorité accordée à la sécurité des personnes et à l’amélioration de la qualité de vie est un facteur important de la réussite de la lutte contre la violence. L’étude a également mis en évidence que de prioriser l’efficacité plutôt que le besoin des usagers et usagères d’avoir un soutien cohérent et flexible peut avoir comme conséquence involontaire de prolonger le traitement au lieu de le raccourcir. Les implications de ces résultats pour la prestation de services en santé mentale sont discutées.
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FORMER À L’ÉVALUATION DU RISQUE SUICIDAIRE EN TRAVAIL SOCIAL : LA SIMULATION PAR LES PAIRS
Sébastien Simard
pp. 113–133
AbstractFR:
La rencontre avec la personne suicidaire en travail social est à la fois inévitable et fortement anxiogène. Pourtant, la formation universitaire en matière de suicide demeure facultative. Elle est tributaire de décisions arbitraires de la part d’écoles ou de départements. Elle s’effectue parfois entre enseignant(e)s dans les programmes de formation eux-mêmes. Cette faiblesse pédagogique devrait questionner le travail social à un double niveau. D’une part, elle nuit à la protection de l’intégrité de la personne en détresse suicidaire lorsque cette dernière rencontre une travailleuse ou un travailleur social. D’autre part, elle nuit à la travailleuse ou au travailleur social en fragilisant son intégrité psychique dans un contexte à fort risque d’autolétalité. La formation en travail social en matière de suicide doit être améliorée en conséquence. Le présent article présente un récit d’enseignement à l’évaluation du risque suicidaire qui contribue à la réflexion collective sur ce projet d’amélioration. Il décrit une pédagogie axée sur la simulation par les pairs qui met en lumière une interface riche et complexe entre les connaissances, l’acquisition de compétences et la régulation de soi pour la détresse suicidaire.
EN:
The encounter with a suicidal person in social work is both inevitable and highly anxiety-provoking for the practitioner. However, suicide prevention training in social work programs is not mandatory, neither at the bachelor’s nor master’s level. Suicide prevention relies on individualized and arbitrary choices of either schools, departments, or even professors themselves. This inconsistency should concern the discipline of social work at two levels. First, it is detrimental to the psychological and physical integrity of the suicidal or distressed person when they meet with a social worker. Second, it is detrimental to the psychological integrity of the social worker as they are challenged with a situation that presents a high risk of self-harm. Social work education needs to be mended accordingly. This article is a detailed teaching narrative on a structured, peer-based simulation aiming at improving suicide prevention training among social work students. It explores how this model brings to the forefront a rich and complex interaction between knowledge, skills acquisition, and self-regulation in response to suicidal distress.