Abstracts
Résumé
En 2009-2010 a eu lieu un important réaménagement à la Bibliothèque Gilles-Vigneault du Cégep de Rimouski, permettant à la fois une redécouverte de l’ancienne chapelle dans laquelle elle est située, l’intégration de nouveaux services et une mise à jour technologique. Le projet, dont les principales orientations ont été prises de manière collégiale, a notamment mené à la création d’espaces de travail et de socialisation diversifiés très prisés par la clientèle.
Abstract
In 2009-2010, there was an important remodelling of the Gilles-Vigneault Library of the Cégep de Rimouski. The old chapel housed the library and it was highlighted as part of the renovations. New services were added and technologies were upgraded. The project’s orientations were established through teamwork and led to the creation of work spaces and meeting places that are very much appreciated.
Resumen
Durante 2009 y 2010, se llevó a cabo un importante reacondicionamiento de la Biblioteca Gilles-Vigneault del Cégep de Rimouski, lo que permitió al mismo tiempo un redescubrimiento de la antigua capilla donde se encuentra ubicada, la integración de nuevos servicios y una modernización tecnológica. El proyecto, que fue orientado principalmente desde la óptica escolar, ha derivado en la creación de espacios de trabajo y de socialización diversificados, muy valorados por los usuarios.
Article body
En 1967, l’aménagement du Cégep de Rimouski dans les édifices du Petit séminaire oblige à repenser l’utilisation des espaces : il faut notamment se doter d’une nouvelle bibliothèque. Datant de 1925, la chapelle est alors transformée en bibliothèque après des travaux majeurs : le vaste espace de la nef est divisé en trois étages; un plafond suspendu dissimule les voûtes originales; les hautes fenêtres en plein cintre sont murées. Il en résulte un espace fragmenté où ne pénètre plus la lumière du jour et dont l’aménagement marque la fin d’une époque en dissimulant toute trace de la chapelle. Les travaux effectués reflètent ainsi des courants idéologiques consécutifs à la Révolution tranquille et les tendances bibliothéconomiques de l’époque : rejet du patrimoine religieux et conception de la bibliothèque comme un endroit silencieux, coupé du monde et exclusivement consacré au travail. Sobre, fonctionnelle, laissant peu de place à des considérations esthétiques ainsi qu’à la création d’un véritable milieu de vie, la bibliothèque demeure inchangée pour les quatre décennies suivantes.
Vers une bibliothèque « ouverte »
Au début des années 2000, l’idée d’un nouveau réaménagement progresse. Marcel Massé, responsable des services aux usagers, et Michel-L. Saint-Pierre, enseignant en architecture, étudient la possibilité de remettre en valeur les éléments de la chapelle encore existants. Plusieurs cohortes d’étudiants et d’étudiantes produisent des plans et des maquettes d’une éventuelle restauration et leurs propositions sont exposées au sein même de la bibliothèque. La direction, intéressée par un tel projet, commande une étude de faisabilité en 2003. Tout ce travail préliminaire permet de soumettre un projet étoffé dans le cadre du Programme des infrastructures du savoir du gouvernement fédéral en 2009.
Si les travaux des années 1960 ont refermé la chapelle sur elle-même, le pari fait par ceux qui ont oeuvré au réaménagement de 2009-2010 en est un d’ouverture. Ce nouvel esprit s’exprime aussi par la participation de la communauté collégiale. En effet, la bibliothèque est un lieu appartenant à l’ensemble des membres du cégep et ne doit donc pas évoluer en autarcie. La direction a ainsi mis en place un comité des usagers représentant tous les acteurs du milieu (direction, enseignants, étudiants, employés de la bibliothèque). Chaque membre est devenu en quelque sorte un « passeur » d’information en communiquant au comité les attentes de son groupe et en diffusant à celui-ci les décisions du comité. La population collégiale a été consultée, et plusieurs personnes et départements ont émis des avis ou déposé des documents concernant leur vision de la nouvelle bibliothèque.
Quelles ont été les principales orientations prises par le comité des usagers? Celles allant dans le sens de l’ouverture, véritable leitmotiv du projet. En misant sur le modèle du « carrefour de l’information » ainsi que sur certains principes du « troisième lieu », et en mettant au centre de ses préoccupations les besoins des usagers davantage que sa collection, la bibliothèque s’ouvrait d’un point de vue conceptuel. Dans ce même esprit, l’idée de fusionner les ressources multimédias à la bibliothèque permettait un enrichissement de l’offre de services en matière de TIC (technologies de l’information et de la communication) dans un seul et même lieu. Un troisième élément s’est également greffé au projet, « L’Apprenti sage », un centre d’aide méthodologique qui s’intègre parfaitement dans la mission d’aide à la réussite de la bibliothèque.
Dans l’esprit du troisième lieu, le comité voulait faire de la bibliothèque non seulement un lieu d’étude, mais également un espace de rencontre et d’échange. Ainsi, l’aménagement inclut de nombreuses salles de diverses grandeurs, de l’équipement audiovisuel et informatique, des fauteuils confortables bien répartis sur les étages. La bibliothèque continue également d’accueillir les usagers externes qui désirent une documentation plus spécialisée, et la création d’un coin de littérature jeunesse permet aussi de recevoir des groupes d’enfants. Pour créer un véritable travail collaboratif entre les étudiants, certains locaux sont réservés à des réunions et à des cours en petits groupes. Bref, le carrefour de l’information est désormais un lieu stimulant et accueillant.
Les défis des architectes
Les défis posés aux architectes étaient donc les suivants : comment insuffler la convivialité dans cette bibliothèque sur trois étages? Comment composer avec une nécessaire mise à jour technologique et un désir de revaloriser le patrimoine? Comment aménager l’espace pour intégrer les différents services et les rendre plus dynamiques? Les réponses se trouvent dans un décloisonnement maximal des espaces et dans une juxtaposition étudiée des services qui associe l’ancien et le contemporain. D’abord, la création d’une mezzanine ouvrant les étages les uns aux autres recrée l’imposant volume architectural, encore accentué par le dégagement des voûtes de l’ancienne chapelle. Ensuite, l’utilisation du verre — pour les cloisons des bureaux et des salles de travail en équipe — ajoute à cette impression de vastitude des espaces. Le dégagement des fenêtres en plein cintre contribue pour sa part à ce que la bibliothèque bénéficie d’un éclairage naturel optimal, tout en permettant aux usagers d’avoir une vue incomparable sur la ville et le fleuve. Le tout est réalisé avec un souci esthétique indéniable : rondeur des comptoirs de prêt et de référence rappelant celle des voûtes; utilisation de différentes teintes de bois ainsi que de l’ardoise naturelle pour la cage d’ascenseur; coloris sobres avec des accents vifs sur le linoléum et sur quelques pans de mur. Si chaque étage possède son propre caractère — imposant comptoir de prêt au premier, spectaculaire fenestration au deuxième et mise en valeur des voûtes au troisième —, la configuration ouverte des lieux permet une interpénétration des espaces, et les rappels de formes, de couleurs et de matériaux assurent une harmonie d’ensemble.
Ce travail de restauration architecturale s’avère également une ouverture de la bibliothèque sur son histoire. L’identité de la chapelle est réaffirmée par les voûtes, les fenêtres anciennes et aussi par la mise en valeur de la statue originale de Saint-Antoine qui a dominé la façade du bâtiment principal jusqu’en 2004. Ces éléments du passé créent un contraste avec l’omniprésence de la technologie (écrans d’affichage, ordinateurs et postes de visionnement), sans pour autant causer une impression de dissonance. Des citations de Gilles Vigneault, inscrites sur certaines parois de verre, rendent par ailleurs hommage à cet ancien élève du Petit séminaire.
Conclusion
Ce réaménagement aura permis à la Bibliothèque Gilles-Vigneault d’entrer de plain-pied dans le XXIe siècle. Loin d’une intervention cosmétique, le concept même de bibliothèque a été redéfini et élargi. C’est désormais un endroit apprécié, vivant et dynamique où le silence est davantage l’exception que la règle. Les dernières statistiques de fréquentation confirment la justesse des choix effectués par les architectes et le comité des usagers : à titre d’exemple, de 2007 à 2013, le nombre d’entrées par année est passé de 93 903 à 103 679. Par ailleurs, il est indéniable que le mode de gestion collégial du réaménagement a été un élément fédérateur pour la communauté et a contribué au succès actuel de la bibliothèque.
Appendices
Note
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Architectes : Consortium Proulx et Savard / Goulet et Lebel. Coût du projet : 6 000 000 $