Comptes rendus : Mondialisation et transnationalisme

Olesen, Thomas, International Zapatismo. The Construction of Solidarity in the Age of Globalization, London, Zed Books, 2005, 243 p.[Record]

  • Joseph Pestieau

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  • Joseph Pestieau
    Professeur retraité, Ottawa

Pour résumer ce livre, je suivrai l’ordre des neuf chapitres, le premier étant une introduction et le neuvième, une conclusion. (Chap. 1) Ses objectifs sont de comprendre comment interagissent les réseaux de solidarité locaux, nationaux et transnationaux de l’ezln (Ejército Zapatista de Liberación Nacional) qui rassemble les militants de base et ne se réduit pas à la direction du mouvement ; le caractère de plus en plus transnational de la société civile ; la direction que pourrait adopter les mouvements de gauche dans l’avenir. Quoique centré sur la défense des droits de communautés indigènes très localisées, l’ezln a réussi à devenir un symbole de multiples combats politiques et en appelle à une conscience globale hostile au néolibéralisme et à ses conséquences antidémocratiques. (Chap. 2) Il en appelle à cette conscience en utilisant les techniques de l’Internet et du courrier électronique, mais il réussit à l’émouvoir parce que son message trouve un écho dans les mentalités, les façons de penser et les expériences quotidiennes de différents mouvements de la gauche. (Chap. 3) Un réseau de solidarité et de communication, tout informel qu’il soit, se fonde sur une structure de base, même si elle change, se contracte ou s’étend. Dans le réseau qui s’étend autour de l’ezln, il y a diffusion régulière d’information en plusieurs langues, à partir de différents centres aux divers objectifs et vers un grand nombre de correspondants plus ou moins réguliers qui, à leur tour, transmettent l’information reçue. Il faut donc parler de réseaux au pluriel. Les courriels adressés à des listes de correspondants jouèrent un rôle primordial avant le développement de l’Internet. Le monopole exercé par les mass médias fut ainsi brisé et les réseaux de solidarité avec l’ezln réussirent même à forcer les mass médias à parler de ce qu’ils voulaient. L’information se diffusait en passant par plusieurs relais ou paliers, et chacun de ceux-ci pouvaient devenir un centre important de diffusion et de traitement de l’information. (Chap. 4) Les réseaux de solidarité se sont centrés soit sur l’aide directe à l’ezln soit sur la diffusion de l’information ou l’éducation du public au sujet des combats de l’ezln. Cependant, cette distinction est surtout analytique car les deux aspects, aide directe et information, se sont souvent combinés. Les réseaux s’adressaient à des acteurs de la société civile, mais visaient à impliquer des hommes politiques, des représentants des États ou de l’onu. Il y eut notamment des résolutions du Congrès américain favorable à la cause de l’ezln. Le traité commercial entre le Mexique et l’Union européenne qui entra en vigueur en 2000, fut négocié sous la pression d’activistes européens réclamant une meilleure protection des indigènes du Chiapas. Il y a plusieurs sphères ou opinions publiques dont l’influence est inégale, mais qui toutes luttent pour faire valoir leur point de vue. C’est au sein de cette concurrence entre sphères publiques que les réseaux de solidarités avec l’ezln opèrent et tentent d’impliquer des hommes publics. Par ailleurs, comme le gouvernement mexicain s’oppose à toute influence étrangère au Chiapas, les acteurs étrangers de la société civile qui veulent peser sur ce gouvernement au sujet du Chiapas, doivent passer par l’intermédiaire d’instances officielles de pays étrangers. C’est aussi en entretenant de bonnes relations avec certains mass media que les réseaux de solidarité avec l’ezln influencent l’opinion publique et des hommes politiques au sein du Mexique. (Chap. 5) La sensibilité de la conscience globale a changé au cours des ans. Il y eut un internationalisme de gauche opposé à l’internationalisme du capital. Il y eut ensuite le tiers-mondisme, qui …