Abstracts
Résumé
Jacques Brault n’a que peu pratiqué le poème en prose. On pourrait s’étonner de cela puisque, de son propre aveu, il n’aime pas les cloisonnements génériques, et que le poème en prose s’est historiquement défini par un refus des modèles. La situation s’explique peut-être du fait que le poème en prose a perdu sa fonction de briseur de normes : certains de ses traits — tels le prosaïsme et la distance ironique — ont envahi l’ensemble de la poésie moderne, y compris les oeuvres en vers de Brault. Cependant, Il n’y a plus de chemin — seul recueil de l’auteur à comporter une majorité de poèmes en prose — accuse ces caractéristiques, en plus de faire au récit une part inhabituelle. Dans le présent article, j’analyserai le fonctionnement de la narration dans Il n’y a plus de chemin, pour montrer que, malgré une possible disparition de la fonction méta-générique du poème en prose, le traitement de la narration dans ce livre effectue un travail sur des valeurs culturelles associées au raconter d’une part, et au discours poétique de l’autre. Ce qui m’amènera à situer ce livre dans la poétique de son auteur.
Abstract
It may seem noteworthy that Jacques Brault has not practised prose poetry much, since Brault himself has indicated his dislike of generic limitations and that the genre of the prose poem is precisely defined by a historical refusal of models. This might be explained by the fact that the prose poem has lost its function of norm breaker : some of its features—such as its prosaic nature and its irony—have invaded the entirety of modern poetry, including Brault’s verse poetry. However, Il n’y a plus de chemin, the only of Brault’s collections to include a majority of prose poems, endorses these traits while it also gives way to narrative. This article analyses the narrative of Il n’y a plus de chemin in order to demonstrate that, despite a possible disintegration of the meta-generic function of prose poetry, the treatment of narration brings into effect a critique of cultural values respectively associated to narrative and poetic discourses. In conclusion, this study situates Il n’y a plus de chemin in Brault’s aesthetic.