Environnement urbain
Urban Environment
Volume 8, 2014 Les arts : révéler, critiquer et transformer les rapports entre individus, environnement et ville The Arts: Reveal, Critique and Transform the Relations between Individuals, the Environment and the City Guest-edited by Catherine Gingras
Table of contents (11 articles)
Liminaire / Introductory Note
Articles
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La vie sociale des oeuvres d’art dans les espaces publics : une étude des publics au square Saint-Louis
Laurent Vernet
pp. 1–13
AbstractFR:
Quels types de rapports les usagers des espaces publics ont-ils avec les oeuvres d’art qui y sont installées? Cet article porte sur les publics des oeuvres d’art dans les espaces publics. Il s’appuie sur la définition que fait la sociologie urbaine des espaces publics pour comprendre les contributions de ces oeuvres à la vie sociale et à la culture urbaines. Dans le cadre d’une recherche exploratoire, le cas du square Saint-Louis de Montréal a permis de mettre cette proposition à l’épreuve. L’observation filmée a été utilisée pour documenter et analyser différents registres d’interaction qu’entretiennent les publics avec deux oeuvres d’art commémoratives qui s’y trouvent.
EN:
What types of relationships do users of public spaces have with the artworks that are installed in those spaces? In this article, I discuss publics for artworks in public spaces. Basing my discussion on the urban sociology definition of public spaces, I examine these artworks’ contributions to urban social life and culture. As part of my exploratory research, the case of Saint-Louis Square in Montréal enabled me to put my proposition to the test. Filmed observation was used to document and analyze the different levels of interaction engaged in by the publics for two works of commemorative art found in the square.
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Park(ing) Day : label international d’un activisme édulcoré?
Nicolas Douay and Maryvonne Prevot
pp. 14–33
AbstractEN:
The movement of Park(ing) Day proposes to transform for a day a parking spot into a green, artistic, recreational and citizen space. Created in 2005 by the group REBAR in San Francisco the event is now an annual and international appointment, which relies on a wide network of local activists. From case studies in Paris, Lille, Brussels and Montreal, this article examines the global process of labeling of this movement and also questions the implications of the labeling on the activist practices. The institutionalization of Park(ing) Day illustrates a contemporary form of “sweetened” activism, which means less conflict.
FR:
Le mouvement du Park(ing) Day propose de transformer une place de stationnement en un espace vert, ludique artistique et citoyen pour une journée. Créé en 2005 par le collectif REBAR de San Francisco et transformé en rendez-vous évènementiel annuel, Park(ing) Day est aujourd’hui une manifestation internationale qui s’appuie sur un large réseau de militants locaux. À partir d’études de cas portant sur Paris, Lille, Bruxelles et Montréal, cet article interroge le processus de labellisation du mouvement à l’échelle globale et questionne aussi les incidences de cette labellisation sur les pratiques militantes. L’institutionnalisation du Park(ing) Day mettrait ainsi en valeur une forme contemporaine d’activisme « édulcoré » qui se veut moins conflictuelle.
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Les espaces équivoques : notion et perspectives
Christophe-Hubert Joncas
pp. 34–47
AbstractFR:
Au cours des dernières années, plusieurs pratiques culturelles et artistiques observées à Montréal remettent en question l’utilisation de la dichotomie classique d’espaces publics-privés. Pour pallier ce manque conceptuel, nous proposons, dans le cadre de cet article, de préciser la notion d’espaces équivoques. Par la présentation sommaire de cinq exemples de la région de Montréal, nous offrirons un aperçu des formes que peuvent prendre ces espaces. Puis, à partir d’une double étude de cas réalisée entre 2009 et 2011, nous démontrerons par quels processus le caractère équivoque de certains espaces émerge, s’accentue ou s’amenuise. Les résultats de cette recherche à caractère exploratoire permettront de fournir de nouveaux éclairages quant aux définitions d’espace public et privé et de soulever certaines pistes de réflexion quant aux relations qu’entretiennent les individus avec l’environnement urbain.
EN:
In the last few years, several cultural and artistic practices observed in Montreal have challenged the usage of the traditional dichotomy of public and private spaces. In response to this conceptual concern we purpose to define in this article the notion of equivocal spaces. By briefly examining five examples in the region of Montreal we will demonstrate a few of the forms these spaces can take. In addition, by a double case study completed between 2009 and 2011, we aim to establish the process by which the equivocal character emerges, is maintained, grows and diminishes. We believe the results of this exploratory research will provide new light in terms of the definition of public and private spaces and provide several lines of inquiry with respect to the relationship that individuals have with the urban environment.
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Une utopie artistique solaire urbaine des années 1960 : l’hélioplastique de Mieczyslaw Twarowski – Analyse critique et propositions pour une esthétique solaire urbaine contemporaine
Daniel Siret
pp. 48–64
AbstractFR:
Cet article présente la théorie hélioplastique de l’architecte polonais Mieczyslaw Twarowski publiée en 1962. À travers cette théorie, notre objectif est de mettre en évidence la double dimension historique et utopique des relations entre arts, environnement et ville : historique, parce que les propositions de Twarowski prennent sens dans le contexte de la modernité « radieuse »; utopique, parce qu’à travers ses expérimentations, Twarowski exprime sa croyance en un véritable enchantement solaire urbain. Par contraste, nous esquissons ce que pourrait être une esthétique urbaine contemporaine des flux solaires, susceptible de renouer avec les valeurs sensibles fondamentales de l’ensoleillement urbain.
EN:
This paper introduces the helioplastics theory published in 1962 by the Polish architect Mieczyslaw Twarowski. Through this theory, we aim to highlight both the historical and the utopian dimensions of the relationships between art, environment and the city: historical, because Twarowski’s proposals have to be understood in the context of the “radiant” modernity; utopian, because through his experiments, Twarowski expresses his belief in an urban solar enchantment. By contrast, we outline what could be a contemporary urban aesthetics of solar fluxes, likely to reconnect us with the fundamental sensory values of urban sunlight.
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Le skateur comme designer : des possibilités d’expériences modernes dans les nappes urbaines et de l’exemplarité de la pratique du skateboard
Tiphaine Kazi-Tani
pp. 65–78
AbstractFR:
Apparaissant à la faveur de mouvements massifs d’urbanisation à grande échelle et de la multiplication d’expériences architecturales moderniste en Californie, la pratique du skateboard authentifie les espaces dans lesquels nous évoluons, suspendant « le pouvoir implicite mais présent dans chaque bâtiment, espace, objet du mobilier urbain, [renvoyant] la ville à son essence, un jeu de matériaux mis en formes » (Zarka [2007] 2011, 43). Dans la mesure où il déconstruit et recompose sur un mode essentiellement sensible la grammaire performative de l’architecture urbaine, le skateboard est un exemple des « possibilités de vie » dans les nappes urbaines.
EN:
Born from the multiplication of large-scale urban planning projects and the implantation of various modernist architectural works in California, skateboarding has been authentifying the spaces in which we’re moving and living, adjourning « the implicit power in each building, space, object or piece of urban furniture; skaters reduce the city to its essence : a game-like collection of materials put into form. » (Zarka [2007] 2010, 65). Deconstructing and recomposing the performative grammar of urban architecture on a sensitive mode, skateboarding is an exemple of the «possibilities for life» within urban sprawls.
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Une lecture du rapport ville-nature à travers les promenades d’artistes
Sylvie Miaux and Marie-Claude Roulez
pp. 79–96
AbstractFR:
La promenade, forme ancienne de transmission des savoirs, ne cesse d’évoluer notamment par l’entremise des artistes qui transcendent l’acte de marcher en acte de création. Ainsi, dans cet article, nous insisterons sur le rapport ville-nature mis en scène par les artistes à travers la lecture de différents dispositifs artistiques mobilisant la promenade sous différentes forme : dérive, flânerie, etc. Ainsi, nous serons en mesure, d’une part, de révéler les manières dont les artistes mobilisent la promenade notamment dans le rapport ville-nature et, d’autre part, d’identifier et d’approfondir les dimensions de la promenade mobilisées par les artistes pour proposer des pistes en matière d’aménagement de l’espace urbain favorable à la promenade.
EN:
The boardwalk, an older form of knowledge transmission, is constantly changing, particularly through artists who transcend the simple act of walking into an act of creation. Thus, in this article, we will focus on the city-nature relationship staged by artists through the reading of various artistic works mobilizing the boardwalk in different ways: drifting, loitering, etc. We will therefore be able to, on the one hand, reveal the ways in which artists are mobilizing the boardwalk in the city-nature report and, on the other hand, to identify and deepen the dimensions of the boardwalk mobilized by artists in order to recommend pathways in terms of spatial planning of urban areas favourable to the boardwalk.
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La ville, matériau artistique
Bernard Girard
pp. 97–105
AbstractFR:
Au début des années cinquante, des peintres sont sortis de leur atelier pour aller arracher des affiches. Quelques années plus tard, des compositeurs sont partis à la recherche de sons urbains qu’ils ont intégrés tels quels dans leurs oeuvres. En faisant de la ville une réserve de matériaux, ces artistes, affichistes et compositeurs de musique concrète, ont profondément modifié notre regard sur celle-ci. Ils nous ont amenés à porter un jugement esthétique sur ce qui apparaissait n’être que des nuisances. Ils ont contribué à l’esthétisation de l’espace urbain et à la découverte d’une nouvelle beauté : celle de la ville « canaille ».
EN:
In the early fifties, painters went out of their workshop to tear posters, a few years later, composers started integrating in their works urban sounds they had recorded. In making the city a store of materials, these « affichistes » and electroacoustic composers have profoundly changed our view of it. They made us carry an aesthetic judgment on what appeared to be only a nuisance. They have thus contributed to the aestheticization of the urban space and to the discovery of the beauties of the urban « canaille ».
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Edward Hopper comme contempteur de la ville : un malentendu?
Joëlle Salomon Cavin
pp. 106–118
AbstractFR:
Dans cet article, je cherche à comprendre ce qui permet de qualifier un artiste, décrypté à travers ses oeuvres plastiques voire ses écrits, comme hostile à la ville. L’héritage transcendantaliste, le contexte urbain délétère et finalement le contenu même des oeuvres semblent désigner Edward Hopper comme contempteur de l’urbain. Cependant, la similitude des scènes urbaines et rurales remet en cause cette analyse. L’ambivalence de l’oeuvre, surtout en l’absence d’explications de l’artiste, à l’instar de nombreux textes identifiés comme anti-urbains, montre les limites de ce type d’’interprétation. Ce n’est finalement pas l’oeuvre elle-même mais la façon dont elle est citée qui la rende anti-urbaine.
EN:
In this paper, I try to understand what can allow to identify an author, decrypted through his pictorial works or his writings, as anti-urban. The transcendentalist inheritance, the deleterious urban context and finally the actual content of the paintings seem to designate Edward Hopper as hostile to the city. However, the similarity of urban and rural scenes questions this analysis. The ambivalence of the work, especially in the absence of any explanation from the artist, like many texts identified as anti-urban, shows the limits of this type of interpretation. This is eventually not the work itself but its contemporary quote that makes it anti-urban.
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La ville sous les haut-parleurs ou le rap comme critique urbanistique et paysager
Simon Koci
pp. 119–133
AbstractFR:
L’art urbain est-il également critique de l’urbain? En plus d’être un produit de la ville, de l’évoquer, de lui rendre hommage à bien des égards, l’art urbain peut-il être et doit-il être critique des formes et de l’habitabilité des villes? Ces questions, qui interrogent la portée aménagiste des arts de la ville, serviront à conduire ce présent article vers le contexte spécifique qu’il prétend sonder : les cités HLM de France. Discours subversif et vindicatif, fondamentalement urbain, le rap alors même qu’il révèle la condition habitante qui a cours dans les grands ensembles, mène également de front une critique de l’univers HLM qui porte celui qui s’y attarde vers des chemins tout aussi inédits que tragiques.
EN:
Is urban art also critical of the city? In addition to being a product of the city, to evoke, to honor her in many ways, is urban art can be and should be critical of specifics forms and inhabitability of cities? These questions, which ask the territorial organization scope of arts in the city, will be used to conduct this present article to the specific context he claims to probe: the housing projects of France. Subversive and vindictive speech, fundamentally urban, rap even though he reveals the inhabitant condition that prevails in France’s housing projects, also conducts a critical reading of those urban territory bringing one who pay attention to paths as novel as they are also tragic.
Hors thème
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L’impact des migrations internationales et des mobilités résidentielles sur l’évolution socio-spatiale des agglomérations de Luxembourg et Bruxelles
Sébastien Lord, Tim Cassiers and Philippe Gerber
pp. c1–c22
AbstractFR:
Les inégalités sociales et spatiales n’ont cessé de croître depuis les dernières décennies dans plusieurs aires métropolitaines en Europe, comme Bruxelles et Luxembourg. L’immigration sélective entrante et sortante peut, d’une part, jouer un rôle de levier par lequel la ségrégation se renforce et, d’autre part, être un processus initiant la gentrification et la dispersion spatiale. Nous analyserons ici les dynamiques que la mobilité résidentielle et l’immigration internationale entrainent en matière de croissance des inégalités, notamment en observant la diffusion de différents groupes sociaux sur ces territoires. Le contexte économique postfordiste de compétition sera au centre de notre questionnement, et plus particulièrement son rôle comme moteur de la composition sociale appliqué aux structures spatiales de Bruxelles et Luxembourg.
EN:
In most European metropolitan areas of Europe – like Brussels or Luxembourg – social and spatial inequalities have been rising since the last decades. Mechanisms of selective inward and outward migration have been playing a major role of both reinforcing existing segregation structures and initiating gentrification and spatial dispersion. We analyse the dynamics caused by both residential mobility and international immigration and look at their effects on the rise of disparities, by studying the diffusion of different social groups in the metropolitan areas. Against the background of post-fordist competitive mechanisms we will thus question the role of residential movements as a motor of social composition and spatial structure in Brussels and Luxembourg.