Abstracts
Résumé
Depuis les années 1990, on propose de plus en plus de nouveaux modèles pour expliquer le phénomène du nationalisme. Entre autres, le nationalisme culturel est censé témoigner de la relation entre un pouvoir culturel dans la société et la formation de l’identité nationale. La recherche tente d’améliorer la compréhension de ce phénomène en cherchant ses manifestations concrètes dans le cas particulier du hockey au Québec à partir du contexte propre à l’histoire du Québec et du Canada. En 1993, le Canadien de Montréal remportait sa dernière coupe Stanley à ce jour. Or, jamais l’équipe n’avait été composée d’autant de joueurs francophones. S’agit-il d’une coïncidence ? Les résultats montrent qu’il existe une relation significative entre le fait de remporter la coupe Stanley et la proportion de francophones au sein du Canadien. De plus, un seuil critique d’environ 50 % de joueurs francophones semble nécessaire pour voir cette relation apparaître. Le succès s’établit alors au taux singulier d’un championnat à toutes les deux ou trois tentatives. La recherche tente d’associer ces résultats à une manifestation concrète du nationalisme culturel canadien-français/québécois.
Abstract
Since the 1990s, many new models have been put forward to explain the phenomenon of nationalism. Among these models, that of cultural nationalism is meant to highlight the relationship between cultural power within society and the creation of a national identity. I seek to better understand cultural nationalism by studying its concrete manifestations in the case of hockey in Quebec, within the specific context of Quebec and Canadian history. The Montreal Canadiens unexpectedly won their last Stanley Cup in 1993. At the time the team had its highest number of francophone players ever. Was this simply a coïncidence ? The results of my research show a significant relationship between the team’s ability to win a Stanley Cup and the proportion of francophones on its roster, from the 1926-1927 season up until the 2011-2012 season. Furthermore, a critical mass of about 50 percent francophone players appears to be necessary for their presence to have an effect on the team’s chances of winning a championship. When this critical mass is achieved, the Montreal Canadiens have won the Cup two out of every three seasons, an unparalleled rate of success. My research attempts to establish a link between these findings and the concrete expression of French-Canadian and Québécois cultural nationalism.
Article body
Introduction
Depuis les années 1990, un nombre grandissant de chercheurs ont avancé l’idée selon laquelle les nationalismes classiques – civique et ethnique – sont insuffisants pour circonscrire le phénomène du nationalisme. Ce mouvement postclassique comprend des propositions diverses, comme le nationalisme culturel, le nationalisme communicationnel, le nationalisme sociopolitique ou le nationalisme banal[1]. Elles partagent l’idée que l’identité collective repose fondamentalement sur le partage en communauté d’une langue et d’une culture à l’intérieur d’un espace donné plutôt que sur la seule citoyenneté ou le lien biologique[2]. Ce mouvement, que nous associerons à l’expression parapluie « nationalisme culturel », a lui-même été l’objet de critiques qui ont remis en question l’établissement d’un rapport entre l’identité nationale et une forme d’identité culturelle supposée. L’existence d’un enjeu identitaire relié à la langue et à la culture pourrait être légitimement mise en doute, car il n’y a pas de discours explicite sur la souveraineté dans le fait de parler une langue dans un espace territorial donné[3]. En fin de compte, le nationalisme culturel a-t-il un impact sur le réel, sur l’organisation des formes sociales ?
Pour répondre à cette critique, cet article tente d’appréhender le nationalisme culturel dans le contexte historique particulier du Québec et du Canada à travers une étude de cas relevant du domaine de l’histoire du sport, mais dans une perspective interdisciplinaire. Si le sport est partie intégrante de la culture, plusieurs chercheurs n’ont en revanche identifié aucun discours explicite sur la souveraineté nationale dans le geste sportif[4]. Que les athlètes figurent parmi les citoyens engagés sur le plan politique constitue peut-être également l’exception plus souvent que la règle[5]. Pourtant, l’objectif spécifique de cette recherche est de tester l’existence d’une relation statistique entre la proportion de francophones dans les éditions du Canadien au cours de son histoire depuis la saison 1926-1927 jusqu’à 2011-2012 et la performance, c’est-à-dire d’une part la proportion de victoires en saison régulière et, d’autre part, le fait de remporter la coupe Stanley. En 1993, le Tricolore enlevait contre toute attente sa dernière conquête du « précieux saladier » à ce jour. Or, jamais l’équipe n’avait été composée d’autant de joueurs francophones. S’agit-il d’une coïncidence ? Après avoir défini le nationalisme culturel, nous passerons en revue la littérature scientifique portant sur le hockey au Canada et sur le Canadien de Montréal. Une discussion suivra la présentation des résultats. Nous conclurons en identifiant des limites et des perspectives futures de recherche.
Hockey et nationalisme culturel
Des définitions complètes de la nation et du nationalisme peuvent être trouvées chez Smith et Özkirimli[6]. Dans le cadre de cette étude, le nationalisme culturel pourrait désigner la volonté de faire correspondre l’identité nationale à une identité culturelle donnée.
Au Canada, le nationalisme culturel semble s’être cristallisé autour de la langue. Selon Martel et Pâquet, la langue aurait constitué un enjeu politique après la conquête de 1760 au travers différents conflits linguistiques au Canada[7]. Le projet d’assimilation dans la loi d’Union faisant de l’anglais la seule langue officielle du Dominion, les crises scolaires résultant de lois provinciales qui réduisaient considérablement ou abolissaient l’enseignement du français au Canada, la crise de la Conscription, le fait que des immigrants exigent le droit à l’éducation en anglais au Québec ou les offensives juridiques pour diminuer la portée de la loi 101 ont historiquement polarisé la population en deux camps linguistiques. Affirmer sa langue au Canada, ce serait donc affirmer sa solidarité[8].
Dans la perspective de cette lutte culturelle, le nationalisme culturel canadien souhaiterait faire correspondre l’identité nationale canadienne à la langue anglaise. Le nationalisme culturel canadien-français chercherait de son côté à superposer l’identité de la nation canadienne-française à la langue française. Depuis les années 1960, le nationalisme culturel québécois voudrait associer l’identité nationale québécoise au français.
Cette volonté de joindre les identités nationale et culturelle s’est reflétée historiquement dans le hockey, sport national au Québec et au Canada. La vigoureuse opération de naturalisation de ce sport s’est avérée un puissant et efficace intermédiaire pour faire la promotion de l’unité politique à l’échelle canadienne[9]. Pourtant, le hockey s’est aussi déployé au Canada anglais à travers le nationalisme culturel canadien, c’est-à-dire une identité nationale fondée sur la langue et la culture anglophones, en opposition et à l’encontre de la langue et de la culture francophones, comme en témoigne le phénomène bien étudié de la discrimination quasi systématique des hockeyeurs francophones au Canada depuis sa création jusqu’à aujourd’hui[10].
Même si certains observateurs le nient[11], la plupart des chercheurs ayant contribué à enrichir l’historiographie portant sur le club de hockey Le Canadien de Montréal s’entendent sur la portée symbolique des joueurs francophones et, par extension, de l’équipe elle-même, capables de catalyser les identités nationales canadienne-française et québécoise[12]. C’est d’abord l’équipe des Canadiens français depuis l’arrivée des Montreal Maroons en 1924[13]. Puis, à partir des années 1960, le Tricolore devient aussi un symbole national important de résistance et de fierté pour les Québécois. Ainsi, d’un point de vue sportif et partisan, l’arène de hockey demeurait un théâtre où se jouait symboliquement une guerre culturelle entre deux nations concurrentes sur le territoire du Canada, les anglophones et les francophones[14]. Le Canadien a pu ainsi représenter les Canadiens français mais aussi les Québécois, unis dans un même combat pour défendre l’honneur et la fierté des francophones, voire justifier symboliquement leur droit à l’existence. À l’intérieur de ce cadre, le nationalisme culturel québécois s’est déployé en continuité et solidairement avec le nationalisme culturel canadien-français[15]. Dans cette optique, pourrait-on envisager que ce nationalisme culturel canadien-français/québécois se soit manifesté à travers les performances historiques du Tricolore ? Plus précisément, existe-t-il une relation entre la proportion de joueurs francophones au sein du Canadien de Montréal et la performance, c’est-à-dire la proportion de victoires en saison régulière d’une part et le fait de remporter la coupe Stanley d’autre part ?
Quelques études ont examiné le rapport entre diversité sociale et performance dans le domaine sportif. Si les résultats ne sont pas concluants dans le cas du baseball, un sport coactif, il semblerait exister une relation négative entre diversité raciale et performance au basket-ball dans la National Basketball Association (NBA)[16] de même qu’entre diversité ethnique et performance au hockey dans la Ligue nationale de hockey (LNH)[17], deux sports basés sur l’interaction plutôt que sur la coaction[18]. Aucune étude ne s’est penchée jusqu’ici sur la relation spécifique entre nationalisme culturel et performance.
Inclusions et exclusions
La présente recherche est basée sur les statistiques descriptives archivées du Canadien de Montréal et de la LNH de 1926-1927 à 2011-2012. Les saisons 1909-1910 à 1925-1926 du Canadien de Montréal et 1917-1918 à 1925-1926 de la LNH ont été exclues de l’étude pour trois raisons :
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Éviter une fausse attribution. Le Canadien ne devient réellement l’équipe des Canadiens français qu’à partir de 1924, au moment de l’arrivée des Maroons de Montréal. Avant cela, il n’avait pas pour eux la signification symbolique qu’on lui connaît depuis[19]. Nous ajoutons que la première confrontation en séries éliminatoires entre les deux équipes se produit lors de la saison 1926-1927.
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Permettre la comparaison. La saison 1926-1927 marque l’arrivée dans la LNH des équipes de Détroit, de Chicago et de New York. Elles s’ajoutent à celles de Montréal, de Boston et de Toronto pour former les « six équipes d’origine[20] ». Ce sont les seules équipes qui ont évolué de façon ininterrompue dans la LNH de 1926-1927 à 2011-2012 et dont les résultats permettent par conséquent d’évaluer équitablement les performances du Canadien de Montréal.
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Éviter les incohérences statistiques. La coupe Stanley couronne le champion canadien de hockey dès 1893, mais ne sera offerte à un unique champion de fin de saison qu’à partir de la saison 1926-1927. Précédemment, on fonctionnait selon le système des défis, selon lequel la Coupe pouvait être perdue et remportée par plusieurs champions, qui pouvaient de plus provenir de ligues différentes, dans la même saison[21].
Les statistiques employées pour construire l’échantillon sont tirées des sites Web The Internet Hockey Database et Notre histoire, le site officiel du Canadien de Montréal consacré à l’histoire du club[22]. La procédure d’identification des sujets a suivi la règle selon laquelle un joueur né en Amérique du Nord dont la langue maternelle est le français est déclaré francophone et inclus dans le groupe « Francophones ». Cette mesure a l’avantage de rendre compte du fait que les francophones du Canada et du Québec se sont envisagés comme un seul peuple au moins jusque dans les années 1960[23]. Elle permet en outre de classer comme francophones les joueurs dont la langue maternelle est le français, mais qui sont nés en sol américain de parents francophones et qui ont été « rapatriés » au Québec au cours de leur jeunesse, comme cela fut fréquent au début du xxe siècle et encore occasionnellement aujourd’hui (ex. : Armand Raymond, Francis Bouillon). Les joueurs européens et nord-américains dont la langue maternelle n’est pas le français (ex. : Doug Harvey, Mats Naslund) de même que les francophones qui ne sont pas nés sur le territoire nord-américain (ex. : Cristobal Huet) ont été inclus dans le groupe « Autres ».
La façon de déterminer la langue maternelle des joueurs a été la suivante. Lorsque le prénom, le nom et le lieu de naissance des joueurs étaient tous trois réputés francophones (ex. Fernand Gauthier, Chicoutimi, Québec.), le joueur a été classé francophone. Si le prénom, le nom ou le lieu de naissance pouvaient paraître ambigus (ex. : Howard Riopelle, Ottawa, Ontario), des recherches en archives ou des entrevues ont été conduites pour déterminer la langue maternelle du joueur.
Les attentes des partisans, la médiatisation, l’intensité du jeu, l’implication émotive des joueurs, l’importance relative de chaque geste sur la patinoire, les exigences physiques et psychologiques sont différentes en saison et en séries éliminatoires. Globalement, les joueurs et le milieu du hockey considèrent que les parties des séries éliminatoires sont plus importantes, exigeantes et significatives que celles de la saison[24]. L’échantillon est constitué pour cette raison des joueurs ayant participé à au moins une partie des séries éliminatoires. Les autres ont été exclus[25]. La saison et les séries éliminatoires ont aussi été séparées en deux moments de mesure distincts. L’échantillon totalise ainsi 462 joueurs du Canadien qui ont participé à au moins une partie des séries éliminatoires entre les saisons 1926-1927 et 2011-2012. Parmi eux, 34 cas ont nécessité des recherches en archives ou des entrevues. À la suite de ce processus, 150 joueurs dans l’échantillon ont été classés dans le groupe des francophones. Ils sont nés en Amérique du Nord et leur langue maternelle est réputée être le français.
Démarche et résultats
La recherche comporte deux moments de mesure distincts : la saison et les séries éliminatoires. D’abord, il s’agit de vérifier si la proportion de victoires en saison varie en fonction de la proportion de francophones. Ensuite, il faut évaluer si la fréquence de championnats varie en fonction de la proportion de francophones en séries éliminatoires. Des corrélations ont d’abord été effectuées pour ces deux paires de variables au niveau de signification de 0,01. La proportion de francophones n’est pas corrélée significativement avec la proportion de victoires en saison (0,086), mais l’est avec le fait de remporter la coupe Stanley (0,04). Il est possible de représenter graphiquement la répartition de cette variable en histogramme (Tableau 1).
Aucune coupe Stanley n’a été remportée par des équipes du Canadien comptant moins de 20 % de francophones. Celles composées de 20 à 29 %, de 30 à 39 % et de 40 à 49 % de francophones ont gagné respectivement 2, 2 et 3 coupes Stanley. Ce sont les équipes composées de 50 à 59 % et de 60 à 69 % de francophones qui se taillent la part du lion, ayant respectivement remporté 9 et 6 coupes Stanley. Manifestement, la répartition des coupes Stanley en fonction de la proportion de francophones au cours des 85 années à l’étude ne semble pas uniforme. L’observation du graphique montre une concentration de la distribution à partir de 40 % de francophones et suggère l’existence d’une masse critique se situant autour de 50 % de joueurs francophones qui, lorsqu’elle est atteinte, paraît faire en sorte que le Canadien remporte beaucoup plus souvent la coupe Stanley.
Grâce au test du Khi carré, il est possible de savoir si la distribution en apparence anormale de ces occurrences pourrait avoir été causée par le hasard ou si une relation existe vraiment entre le fait de remporter la coupe Stanley et la présence d’une grande concentration de francophones dans les équipes du Canadien. À cette fin, les équipes du Canadien ont été séparées en deux catégories : celles où les francophones étaient majoritaires (50 % et plus) et celles où les francophones étaient minoritaires (moins de 50 %).
La distribution des fréquences (Tableau 2) montre qu’il y a eu 34 équipes du Canadien majoritairement francophones, à au moins 50 %, de 1926-1927 à 2011-2012, soit 40 % du total (85). Elles ont malgré tout remporté plus de coupes Stanley en nombres absolus (15) et en proportion (68,2 %) que celles composées de moins de 50 % de francophones. Les équipes francophones à au moins 50 % ont également gagné la coupe Stanley 15 fois sur 34, soit lors de 44,1 % des tentatives, contre 7 fois sur 51, soit 14 % des essais pour les équipes où les francophones étaient en minorité. Le test du Khi carré, à un degré de liberté au niveau de signification de 1 % et à une valeur de 9,823 (p = 0,002), entraîne le rejet de l’hypothèse nulle (χ2 = 9,823 > 6,635 = χ2c) selon laquelle ces résultats ont été provoqués par le hasard. La statistique de Cramer a une valeur de 0,34, ce qui indique une association de moyenne intensité.
Il est à noter que la période à l’étude n’est pas homogène. Si les équipes où les francophones étaient majoritaires et celles où ils constituaient une minorité comptent environ le même nombre d’observations avant les années 1980, il y a eu significativement moins d’éditions majoritairement francophones à partir du moment où la ligue a compté 21 équipes, ce qui défavorise les équipes où ils étaient en minorité dans une comparaison directe. La relation n’est pas claire et nette entre la proportion de francophones et le nombre de coupes remportées. On ne peut donc pas établir de lien automatique entre la probabilité Y de gagner la coupe Stanley en fonction de la proportion X de francophones dans l’équipe. Ceci dit, les équipes majoritairement francophones ont gagné beaucoup plus souvent que ce à quoi on pourrait s’attendre avec un modèle d’observation donné par le hasard. Il semble donc qu’un autre facteur que le hasard ait été lié au fait que les équipes du Canadien composées majoritairement de francophones ont remporté la coupe Stanley 15 fois sur 34 (44,1 %), soit à toutes les deux ou trois tentatives. Ce facteur mériterait certainement d’être exploré.
Comparaison
Il est possible de comparer le comportement statistiquement atypique des équipes du Canadien majoritairement francophones à celui des équipes du Canadien où les francophones étaient en minorité et à celui des cinq autres équipes d’origine de la LNH (Tableau 3).
Les Black Hawks de Chicago ont remporté quatre coupes Stanley en 85 saisons de 1926-1927 à 2011-2012, ce qui leur donne un taux de réussite de 5 %. Les Rangers de New York ont connu exactement les mêmes succès et produit les mêmes résultats. Les Bruins de Boston ont gagné six championnats en 85 saisons, pour un taux de réussite de 7 %. Avec 10 coupes, le taux de réussite des Maple Leafs de Toronto s’établit à 12 %. Les Red Wings de Détroit ont fait encore mieux en remportant 11 coupes entre 1926-1927 et 2011-2012, ce qui leur donne 13 % de réussite. Dans la même période, il y a eu 51 équipes du Canadien de Montréal dont les joueurs n’entraient pas en majorité (au moins 50 %) dans la catégorie « Francophones », telle que la présente recherche la définit. Ces équipes ont gagné sept championnats en 51 saisons entre 1926-1927 et 2011-2012, pour un taux de réussite de 14 %. Enfin, 34 équipes du Canadien ont été composées majoritairement de joueurs (au moins 50 %) entrant dans la catégorie « Francophones », telle que la présente recherche la définit, entre 1926-1927 et 2011-2012. Elles ont remporté 15 coupes Stanley, ce qui leur confère un taux d’efficacité de 44,1 %.
Discussion
L’objectif principal de l’étude était de tester l’existence d’une relation statistique entre la proportion de francophones et les performances du Canadien de Montréal entre les saisons 1926-1927 et 2011-2012. Les deux moments de mesure, soit la saison régulière et les séries éliminatoires, ont produit des résultats différents. Si aucune relation entre la proportion de francophones et la proportion de victoires en saison n’a été trouvée, il semble exister une corrélation entre la proportion de francophones dans les équipes du Canadien et le fait de remporter la coupe Stanley. Lorsque le nombre de francophones atteint un seuil critique d’environ 50 %, le Canadien remporte le championnat dans une proportion de 44,1 %, soit à toutes les deux ou trois tentatives entre 1926-1927 et 2011-2012. Par contre, lorsque le nombre de francophones est inférieur au seuil critique de 50 %, les performances du Canadien en séries éliminatoires deviennent « ordinaires », en ce sens qu’elles se comparent alors tout à fait à celles des autres équipes d’origine de la LNH. Enfin, le nombre de championnats remportés par toutes les équipes est semblable, mais celui remporté par les équipes du Canadien majoritairement francophones est manifestement atypique en comparaison[26]. Il semble donc que c’est sur un phénomène lié à des caractéristiques des joueurs francophones que repose principalement la tradition gagnante d’exception et de renommée internationale du Canadien de Montréal.
Les joueurs québécois étaient-ils tout simplement meilleurs que les autres ? Ne pourrait-on simplement expliquer les succès historiques du Canadien par un effet d’accumulation de joueurs experts ? Il est vrai que, à l’exception peut-être des Maple Leafs de Toronto, aucune équipe de la LNH n’a pu bâtir un réseau de recrutement pour dénicher des joueurs talentueux pouvant rivaliser avec celui de Frank Selke, étendu dans tout le Canada à partir de 1946[27]. En outre, le premier droit de refus accordé au Canadien en 1917 lui aurait théoriquement permis de lier par contrat, avant que les autres équipes ne puissent le faire, les meilleurs joueurs francophones sur le territoire du Québec, et ceci jusqu’en 1967[28]. L’idée selon laquelle l’accumulation de joueurs experts qui en aurait découlé a logiquement entraîné les succès historiques du Canadien se bute néanmoins à quelques problèmes.
D’une part, la règle du premier droit de refus n’a vraisemblablement pas été appliquée avec la rigueur qu’on lui prête, plusieurs équipes l’ayant contournée et le Canadien lui-même ayant moins profité de son avantage territorial qu’on pourrait le croire[29]. D’autre part, la recherche en psychologie sportive montre qu’une équipe composée d’experts est loin de constituer automatiquement une équipe experte. En effet, la tâche à accomplir en sports collectifs excède largement la quantité et la qualité de l’effort que peut fournir chacun de ses membres pris individuellement. La performance dépend davantage dans ce cas de l’efficacité avec laquelle les idées et l’information sont transmises et traitées cognitivement entre les membres. L’équipe doit donc posséder des qualités qui lui sont propres, différentes de la somme de ses parties, sinon ses performances peuvent se détériorer très rapidement[30]. De nombreuses études ont montré en ce sens que des propriétés inhérentes aux équipes, comme la communication, la coordination et l’efficacité collective, sont positivement liées à la performance[31]. La cohésion en particulier constituerait un facteur déterminant du succès. Plusieurs méta-analyses ont résumé un très grand nombre de recherches effectuées depuis des décennies ayant confirmé le lien étroit qui existait entre cohésion et performance. Généralement, les équipes qui manifestent un haut degré de cohésion gagnent davantage que les autres[32]. Autrement dit, la recherche en psychologie sportive ne reconnaît pas l’accumulation de talents individuels en tant que facteur dominant de la performance en sports collectifs. Le hockey étant de surcroît un sport interactif et non coactif, il est encore plus difficile d’invoquer que le talent des joueurs francophones explique principalement les succès atypiques des équipes majoritairement francophones du Canadien entre les saisons 1926-1927 et 2011-2012.
En admettant tout de même la possibilité que le nombre de joueurs de qualité soit le facteur qui prédise le mieux l’occurrence des succès au hockey et que, pour de multiples raisons, le Canadien a été en mesure de dénicher ces joueurs sur le territoire québécois ou même canadien, nous devrions alors observer dans l’histoire du Canadien une relation entre la proportion de victoires et la proportion de francophones ou de Québécois en saison. Or ce n’est pas le cas. Des recherches ont bien admis l’excellence historique des statistiques individuelles des joueurs francophones dans la LNH[33]. Par contre, nos résultats n’indiquent aucune corrélation entre la proportion de francophones et la proportion de victoires en saison de 1926-1927 à 2011-2012. La présomption selon laquelle l’effet d’accumulation de ces joueurs de hockey au talent supérieur se serait traduit par des succès collectifs sur la patinoire est également mise à mal par la recherche de Martel, qui n’a trouvé aucune relation significative entre le nombre de Québécois et les performances historiques de l’équipe en saison[34]. Manifestement, il faut expliquer autrement la relation existant entre la proportion de joueurs francophones au sein du Canadien et la performance.
Si les qualités sportives des athlètes francophones n’expliquent pas la remarquable performance en séries éliminatoires du Canadien de Montréal entre les saisons 1926-1927 et 2011-2012, qu’elle cause reste-t-il pour rendre compte du phénomène observé? Seule demeure l’identité collective probablement partagée par les joueurs francophones, incarnée dans quelques caractéristiques classiques : la langue française, la culture francophone, l’histoire des nations canadienne-française/québécoise. En tenant compte de la revue de littérature pertinente que nous avons conduite, l’interprétation que nous avançons est que le nationalisme culturel canadien-français/ québécois entre en relation avec la performance des équipes du Canadien de Montréal majoritairement francophones en séries éliminatoires entre 1926-1927 et 2011-2012 dans le contexte historique tout à fait particulier du Québec et du Canada. L’indice peut-être le plus saillant indiquant le nationalisme culturel comme un facteur potentiel est l’existence du seuil critique d’environ 50 % de francophones nécessaire à l’expression de cette relation[35]. Pourquoi le nationalisme culturel n’a-t-il pas fait de différence en saison ? Nous avons vu que les séries éliminatoires sont considérées comme beaucoup plus importantes que la saison dans le milieu du hockey. C’est vraisemblablement lorsque l’enjeu était appréciable, clairement identifiable que le nationalisme culturel canadien-français/québécois a pu se manifester de façon non équivoque et influencer la performance de l’équipe.
Ce qui était vrai hier l’est-il encore aujourd’hui ? Le nationalisme culturel canadien-français/québécois a-t-il toujours le même ascendant sur les joueurs francophones du Canadien et vice-versa ? Autrement dit, est-on en train d’étudier un phénomène du passé ? Cette possibilité n’est pas à écarter. La stagnation du nombre de joueurs de hockey dans les ligues organisées au Québec depuis les années 1980 pourrait fournir un indice en ce sens[36], mais l’étude de Waltermyer et Cunningham effectuée auprès des équipes de la LNH entre 2001 et 2004, et selon laquelle des facteurs ethniques ont toujours un impact, de nos jours, sur la performance au hockey, tendrait à indiquer que le phénomène est toujours effectif[37]. Pourquoi alors le Canadien est-il devenu une équipe ordinaire ? Y a-t-il aujourd’hui une désaffection du nationalisme culturel québécois ? Rappelons qu’une masse critique d’environ 50 % de joueurs francophones paraît avoir été nécessaire pour influencer significativement la performance en séries éliminatoires. Sans cette masse critique, l’influence du nationalisme culturel semble pratiquement disparaître, comme le montrent les performances des équipes du Canadien depuis le début des années 1990. Rien n’empêche en ce sens que le nationalisme culturel québécois s’exprime aujourd’hui ailleurs, dans d’autres sports ou sphères sociales, ni qu’il réinvestisse ultérieurement le hockey à l’occasion de circonstances particulières, comme la création d’une équipe nationale de hockey québécoise.
Limites
Il faut toutefois considérer ces résultats avec la plus grande prudence. On ne peut se fier entièrement aux chiffres générés par cette étude de cas puisqu’une simple corrélation n’autorise pas à établir un lien de causalité directe, encore moins à formuler une prédiction mathématique. En général, il est possible de prédire un résultat lorsqu’une expérience a pu être répétée un assez grand nombre de fois et que, à chaque mesure, la réponse a toujours été la même. Évidemment, on ne peut rejouer les 85 saisons du Canadien et prendre de nouvelles mesures. C’est pourquoi aucune prédiction ne saurait être formulée à partir de notre étude. Il n’est pas non plus envisageable de généraliser ces résultats avec certitude au monde du hockey d’aujourd’hui. Néanmoins, s’il était possible de rejouer les 85 saisons du Canadien pour répéter l’expérience, il serait probable que l’on obtienne des statistiques très semblables sans qu’elles soient tout à fait les mêmes. On sait par conséquent qu’un phénomène s’est produit chaque fois que le Canadien a été composé d’environ 50 % de joueurs francophones ou plus et qu’alors il a remporté une coupe Stanley à toutes les deux ou trois tentatives. Cependant, la nature de la relation mathématique mise au jour, la corrélation, ne permet pas de mesurer précisément l’effet de ce phénomène sur la performance et de formuler des prédictions. Notre étude de cas est donc une illustration de la réalité, mais ne constitue en aucune façon une mesure de la réalité, en ce sens qu’il faut reconnaître qu’un phénomène anormal d’un point de vue statistique est bel et bien à l’oeuvre, mais qu’il n’est pas possible de le mesurer précisément. Toutefois, on ne peut ignorer son incontestable influence étant donné que les occurrences où il a existé une relation entre la proportion de francophones et le fait de remporter la coupe Stanley sont significativement trop nombreuses. C’est donc au phénomène en lui-même qu’il faut accorder de l’importance et non aux chiffres.
Par ailleurs, mettre en lumière l’influence du nationalisme culturel sur la performance à partir de nombres et de pourcentages comporte des limites. L’Histoire l’illustre, quelques personnes ou même un seul individu peuvent parfois, lors de conjonctures particulières, influencer significativement le comportement, les agissements, les aspirations d’un groupe, voire d’une nation entière, et son évaluation de la réalité[38]. Dans ce contexte, comment pondérer l’importance relative de chaque joueur dans les équipes du Canadien ? Quelle a été par exemple l’importance relative de Maurice Richard, avec qui le Canadien a remporté la coupe Stanley dans une situation où les francophones étaient minoritaires dans l’organisation ? De ce point de vue, et lorsqu’on prend en considération l’importance particulière de la figure de Maurice Richard au moment où il était joueur et plus tard dans l’histoire du Québec[39], les nombres constituent une référence importante, mais qui n’est peut-être pas suffisante pour rendre compte totalement de l’influence du nationalisme canadien-français/québécois sur les performances du Canadien en séries éliminatoires entre 1926-1927 et 2011-2012.
Recherches futures et conclusion
Comme le disait Donald Guay, le sport n’est pas un lieu libre de toute influence, coupé du monde de la réalité et des autres sphères de la vie sociale. Ce qui s’y produit est susceptible d’apparaître ailleurs ou d’en provenir. Ainsi, étudier un phénomène qui relève du nationalisme culturel dans un cadre sportif pousse naturellement à vouloir chercher ses manifestations ailleurs. Se pourrait-il qu’il existe d’autres domaines où le nationalisme culturel puisse être relié à la performance ? Pourrait-on interroger l’histoire du Québec dans cette optique ? En 2011, l’éditorialiste André Pratte prédisait que « les organisations diminuant la place du français en leur sein perdront le souffle distinct qui est à la base de leur succès. La créativité et l’entrepreneurship québécois sont étroitement liés à notre culture, une culture irriguée par la langue française[40] ». Cette hypothèse mérite d’être examinée.
Enfin, la performance n’est pas tout. En histoire du sport, mais aussi en sociologie et en psychologie du sport, il conviendrait peut-être d’explorer la relation entre la manifestation du nationalisme culturel et des sentiments qui se situent au-delà de la performance sportive, comme l’honneur, l’optimisme, le bien-être ou le bonheur, particulièrement au Québec dans le contexte d’une nation à la recherche de symboles concrets d’existence.
Appendices
Note biographique
Emmanuel Lapierre est professeur d’histoire au collégial et détenteur d’une maîtrise au Département d’histoire de l’Université de Montréal. En histoire du sport, ses activités de recherche portent sur la relation entre le nationalisme et le sport, notamment le hockey au Québec et au Canada. Il élabore un projet de recherche en histoire et en philosophie portant sur le nationalisme et la moralité pendant la période référendaire de 1980 au Québec.
Notes
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[1]
Par exemple : Kai Nielsen, « Un nationalisme culturel, ni ethnique ni civique », Michel Sarra-Bournet (dir.), Le pays de tous les Québécois. Diversité culturelle et souveraineté, Montréal, Vlb éditeur, 1998, p. 143-159 ; Donald Ipperciel, « La Suisse : un cas d’exception pour le nationalisme ?/Switzerland : an Exceptional Case of Nationalism ? », Swiss Political Science Review, vol. 13, no 1, 2007, p. 39-67 ; Michel Seymour, La nation en question, Montréal, Éditions de l’hexagone, 1999 ; Michael Billig, Banal Nationalism, Londres, Sage Publications, 2006 [1995].
-
[2]
Emmanuel Lapierre, « À toi pour toujours ? Le Canadien de Montréal comme enjeu national d’une guerre culturelle », mémoire de maîtrise (histoire), Université de Montréal, 2012.
-
[3]
Paolo Dardanelli, « Debate : Communicative Nation and Multi-Nationalism. Multinational Switzerland ? A Comment on Ipperciel », Swiss Political Science Review, vol. 14, no 3, 2008, p. 553.
-
[4]
Voir Allen Guttmann, « Sport, Politics and the Engaged Historian », Journal of Contemporary History, vol. 38, no 3, juillet 2003, p. 372 ; Roger Chartier, « Avant-Propos », Norbert Elias et Eric Dunning, Sport et civilisation. La violence maîtrisée, Paris, Fayard, 1994, p. 15 ; Hart Cantelon et Richard Gruneau, Sport, Culture and the Modern State, Toronto, University of Toronto Press, 1984 [1982], p. 19.
-
[5]
L’ambiguïté de l’engagement politique de Maurice Richard est un exemple notoire. Voir : Suzanne Laberge, « L’affaire Richard/Campbell. Le hockey comme vecteur de l’affirmation francophone québécoise », Audrey Laurin-Lamothe et Nicolas Moreau (dir.), Le Canadien de Montréal. Une légende repensée, Montréal, Presses de l’Université de Montréal, 2011, p. 13-29 ; Benoît Melançon, Les yeux de Maurice Richard. Une histoire culturelle, Montréal, Fides, 2008 [2006].
-
[6]
Anthony D. Smith, Nationalism. Theory, Ideology, History, Cambridge, Polity Press, 2010 [2001] ; Anthony D. Smith, National Identity, Reno, University of Nevada Press, 1991 ; Umut Özkirimli, Theories of Nationalism. A Critical Introduction, New York, Palgrave Macmillan, 2010 [2000].
-
[7]
Marcel Martel et Martin Pâquet, Langue et politique au Canada et au Québec. Une synthèse historique, Montréal, Les éditions du Boréal, 2010, p. 13-14.
-
[8]
Ibid., p. 284-285.
-
[9]
Tim Elcombe, « Hockey New Year’s Eve in Canada : Nation-Making at the Montreal Forum », International Journal of the History of Sport, vol. 27, no 8, mai 2010, p. 1287-1310 ; Tony Patoine, « On est Canayen ou ben on l’est pas. Sport et nationalisme et identités au Québec et au Canada », Normand Baillargeon et Christian Boissinot (dir.), La vraie dureté du mental : hockey et philosophie, Québec, Presses de l’Université Laval, 2009, p. 9-24 ; Kerry Noonan, « The Discourse of Hockey in Canada : Mythologization, Institutionalization, and Cultural Dissemination », mémoire de maîtrise (études canadiennes), Université de Carleton, 2002 ; Dwight H. Zakus, « A Genesis of the Canadian Sport System in Pierre Trudeau’s Political Philosophy and Agenda », Sport History Review, no 27, 1996, p. 30-48 ; Richard Gruneau et David Whitson, Hockey Night in Canada, Toronto, Garamond Press, 199. ; Jean Harvey et Roger Proulx, « Le sport et l’État au Canada », Jean Harvey et Hart Cantelon (dir.), Sport et pouvoir. Les enjeux sociaux au Canada, Ottawa, Presses de l’Université d’Ottawa, 1988, p. 93-121 ; Donald Macintosh, Tom Bedecki et C.E.S. Franks, Sport and Politics in Canada, Kingston/Montréal, McGill-Queen’s University Press, 1987 ; Bruce Kidd, The political economy of sport, Calgary, University of Calgary, 1979.
-
[10]
Bob Sirois, Le Québec mis en échec. La discrimination envers les Québécois dans la LNH, Montréal, Les éditions de l’Homme, 2009 ; Neil Longley, « Measuring Employer-Based Discrimination Versus Customer-Based Discrimination : The Case of French Canadians in the National Hockey League » American Journal of Economics and Sociology, no 62, 2003, p. 365-381 ; Marc Lavoie, « The Entry Draft in the National Hockey League : Discrimination, Style of Play and Team Location », American Journal of Economics and Sociology, vol. 62, no 1, 2003, p. 383-405 ; Neil Longley, « The Underrepresentation of French Canadians on English Canadian NHL Teams : Evidence from 1943-1998 », Journal of Sports Economics, no 1, 2000, p. 236-256 ; Marc Lavoie, Désavantage numérique. Les francophones dans la LNH, Hull, Éditions Vents d’Ouest, 1998 ; Neil Longley, « Salary Discrimination in the National Hockey League : The Effects of Team Location », Canadian Public Policy, no 21, 1995, p. 413-422 ; Marc Lavoie, Gilles Grenier et Serge Coulombe, « Performance Differentials in the National Hockey League : Discrimination Versus Style-of-Play Thesis », Canadian Public Policy/Analyse de Politiques, décembre 1992, p. 461-469 ; John Colin H. Jones et William D. Walsh, « Salary Determination in the National Hockey League : The Effects of Skills, Franchise, Characteristics and Discrimination », Industrial and Labor Relations Review, no 41, 1988, p. 592-603 ; Serge Coulombe et Marc Lavoie, « Discrimination à l’embauche et performance supérieure des franco-québécois dans la LNH : une mise au point », L’Actualité économique, vol. 61, no 4, décembre 1985, p. 527-530 ; Roger Boileau et Rock Boulanger, « Les francophones au hockey : compétence limitée ou promotion bloquée ? », Desport, no 28, septembre 1982, p. 15-18 ; David Marple, « Analyse de la discrimination que subissent les Canadiens français au hockey professionnel », Mouvement, vol. 10, no 1, mars 1975, p. 7-13 ; John Meisel et Vincent Lemieux, « Ethnic Relations in Canadian Voluntary Associations », Documents of the Royal Commission on Bilinguism an Biculturalism, Ottawa, Crown Copyrights reserved, 1972, p. 55-61.
-
[11]
Voir Emmanuel Lapierre, « À toi pour toujours ? Le Canadien de Montréal… », op. cit., p. 60-70 ; Audrey Laurin-Lamothe, « La culture se joue-t-elle ici ? Les implications de la corporation du Canadien de Montréal dans la société québécoise », Audrey Laurin-Lamothe et Nicolas Moreau (dir.), Le Canadien de Montréal. Une légende repensée, Montréal, Presses de l’Université de Montréal, 2011, p. 93-106 ; Howard Ramos et Kevin Gosine, « The Rocket : Newspaper Coverage of the Death of a Cultural Icon, a Canadian Hockey Player », Journal of Canadian Studies/Revue d’études canadiennes, hiver 2002, p. 9-31.
-
[12]
Anouk Bélanger et Fannie Valois-Nadeau, « Entre l’étang gelé et le Centre Bell ou comment retricoter le mythe de la Sainte-Flanelle », Normand Baillargeon et Christian Boissinot (dir.), La vraie dureté du mental : hockey et philosophie, Québec, Presses de l’Université Laval, 2009, p. 73-93 ; Fanny Valois-Nadeau, « Quand le coeur a ses raisons. Analyse de la construction mythique du club de hockey Le Canadien de Montréal », mémoire de maîtrise (sociologie), Université du Québec à Montréal, 2009 ; Tony Patoine, « Sport et nationalisme. Une perspective québécoise et canadienne », mémoire de maîtrise (philosophie), Université de Montréal, 2008 ; Julie Perrone, « The King Has Two Bodies : Howie Morenz and the Fabrication of Memory », Sport History Review, no 41, 2010, p. 95-110 ; Christian Poirier, « Hockey et identité au Québec : l’évolution contrastée d’un sport “national”, Jean-Pierre Augustin et Christian Dallaire (dir.), Jeux sports et francophonie. L’exemple du Canada, Pessac, Maison des sciences d’Aquitaine, 2007 ; Benoît Melançon, Les yeux de Maurice Richard. Une histoire culturelle, Montréal, Fides, 2008 [2006] ; Monika Sniec, « Les Canadiens de Montréal vus par les fans : une exploration en trois temps », mémoire de maîtrise (communication), Université de Montréal, 2004 ; Lisa Anne Gunderson, Memory, Modernity, and the City : An Interpretative Analysis of Montreal and Toronto’s Respective Moves From Their Historic Professionnal Hockey Arenas, mémoire de maîtrise (sociologie), Université de Waterloo, 2004 ; Suzanne Laberge, « L’affaire Richard/Campbell. Le hockey comme vecteur de l’affirmation francophone québécoise », Audrey Laurin-Lamothe et Nicolas Moreau (dir.), Le Canadien de Montréal. Une légende repensée, Montréal, Presses de l’Université de Montréal, 2011, p 13-29 ; Anouk Bélanger, « Where Have the Ghosts Gone ? Sport Venues and the Political Economy of Memory in Montreal », thèse de doctorat (communication), Université Simon Fraser, 1999 ; David Di Felice, The Richard Riot. A Socio-Historical Examination of Sport, Culture, and the Construction of Symbolic Identities, mémoire de maîtrise (histoire), Université Queen’s, 1999 ; Anouk Bélanger, Le hockey au Québec : un milieu homosocial au coeur du projet de subjectivation nationale, mémoire de maîtrise (sociologie), Université de Montréal, 1995 ; François Black, Évolution de l’image projetée par le club de hockey Canadien depuis ses origines jusqu’au mythe de la tradition glorieuse, mémoire de maîtrise (éducation physique), Université de Montréal, 1992.
-
[13]
François Black, Habitants et Glorieux. Les Canadiens de 1909 à 1960, Laval, Les Éditions Mille-Îles, 1997, p. 60-69.
-
[14]
Emmanuel Lapierre, À toi pour toujours ? Le Canadien de Montréal…, op.cit. ; Rick Salutin, Les Canadiens, Vancouver, Talonbooks, 1977.
-
[15]
Et bien que le nationalisme canadien-français se distingue du nationalisme québécois à d’autres égards, particulièrement depuis 1967. Le mouvement nationaliste québécois s’était alors distancié de la stratégie canadienne-française, axée sur la défense de la langue et de la culture francophone dans la logique confédérative, ses nouvelles aspirations visant à doter les Québécois d’un État. La rupture politique entre le Québec et le Canada français est une réalité depuis ce temps. Voir Marcel Martel, Le deuil d’un pays imaginé. Rêves, luttes et déroutes du Canada français, Ottawa, Presses de l’Université d’Ottawa, 1997, p. 17-18 et 139-165.
-
[16]
Thomas A. Timmerman, « Racial Diversity, Age Diversity, Interdependance and Team Performance », Small Group Research, no 31, 2000, p. 592-606.
-
[17]
Scott D. Waltemyer et George B. Cunningham, « The Influence of Team Diversity on Assists and Team Performance Among National Hockey League Teams », International Journal of Sport Management, vol. 10, 2009, p. 391-409.
-
[18]
En dynamique des groupes, on nomme « interactifs » les sports où le succès repose sur des interactions complexes entre les membres d’une équipe, et « coactifs » les sports où le succès repose sur la somme des efforts individuels. Voir : Todd M. Loughead et James Hardy, « Team Cohesion : From Theory to Research to Team Building », Sheldon Hanton et Steven D. Mellalieu (dir.), Literature Review in Sport Psychology, New York, Nova Science Publishers Inc., 2006, p. 271.
-
[19]
François Black, Habitants et Glorieux…, op.cit., p. 60-69.
-
[20]
Même si d’autres équipes jouaient dans la LNH en 1926, comme les Maroons de Montréal ou les Americans de New York.
-
[21]
Michel Vigneault, « La naissance d’un sport organisé au Canada : le hockey à Montréal, 1875-1917 », thèse de doctorat (histoire), Université Laval, 2001, p. 42, 129, 132-134, 327-328.
-
[22]
« The Internet Hockey Database », http://www.hockeydb.com/ihdb/stats/display_standings.php?tmi =6929, (28 mars 2012) ; « Notre Histoire. Le site historique des Canadiens de Montréal », http://notrehistoire.canadiens.com/stats/search?position=S&search=players&season_type=2&stats_type=career, (23 mars 2012).
-
[23]
Sur le nationalisme canadien-français sous sa forme ethnique, culturelle ou issue du catholicisme intégral : Jean-Claude Bonenfant et Jean-Claude Falardeau, « Cultural Implications of French-Canadian Nationalism », Ramsey Cook (dir.), French-Canadian Nationalism. An Anthology, Toronto, McMillan, 1969, p. 24-27 ; Yvan Lamonde, La modernité au Québec, tome 1, La Crise de l’homme et de l’esprit (1929-1939), Montréal, Fides, 2011, p. 25-36.
-
[24]
Randy C. Battochio, Robert J. Schinke, Mark A. Eys, Danny L. Battochio, Wayne Halliwell et Gershon Tenenbaum, « An Examination of the Challenges Experienced by Canadian Ice-Hockey Players in the National Hockey League », Journal of Clinical Sports Psychology, no 3, 2009, p. 267-285 ; Wayne Halliwell, « Preparing Professional Hockey Players for Playoff Performance », Athletic Insight. The Online Journal of Sport Psychology, vol. 6, no 2, 2004, p. 25-33.
-
[25]
Lorsque le Canadien a été incapable d’atteindre les séries éliminatoires, seuls les joueurs ayant joué dans 50 % ou plus des parties ont été retenus dans l’échantillon. Sauf exception, les joueurs ayant participé à au moins une partie des séries éliminatoires sont aussi ceux qui ont pris part à 50 % et plus des joutes en saison.
-
[26]
Downward et Dawson ont calculé la probabilité qu’une équipe remporte un championnat (dispersion du succès sportif) dans une ligue de sport professionnel lorsque le nombre d’équipes demeure constant en admettant une distribution binomiale. Il faudrait alors bâtir un modèle mathématique pouvant tenir compte de la variation du nombre d’équipes dans la LNH entre 1926-1927 et 2011-2012 pour déterminer combien de coupes Stanley une équipe devrait gagner dans un intervalle de confiance de 99 %. Ce point de comparaison permettrait de quantifier la très faible probabilité qu’une équipe remporte un championnat à une fréquence aussi élevée que les équipes francophones du Canadien (voir : Paul Downward et Alistair Dawson, The Economics of Professional Team Sports, New York, Routledge, 2000, p. 63).
-
[27]
D’Arcy Jenish, Les glorieux : la grande histoire du Canadien de Montréal, 1909-2009, Montréal, Hurtubise HMH, 2009, p. 168.
-
[28]
Le Canadien a en outre bénéficié du droit de réclamer les deux premiers joueurs francophones au repêchage les cinq années subséquentes.
-
[29]
Normand Léandre et Pierre Bruneau, La glorieuse histoire des Canadiens : l’édition 100e anniversaire, Montréal, Éditions de l’Homme, 2008, p. 47 ; David Di Felice, « The Richard Riot. A Socio-Historical Examination of Sport, Culture, and the Construction of Symbolic Identities », mémoire de maîtrise (histoire), Université Queen’s, 1999, p. 57-60 ; François Black, Habitants et Glorieux. Les Canadiens de 1909 à 1960, Laval, Éditions Mille-Îles, 1997, p. 44 ; Charles Mayer, L’Épopée des Canadiens de Georges Vézina à Maurice Richard : 46 ans d’histoire, 1909-1955, Montréal, Dow, 1956 [1949], p. 31.
-
[30]
David W. Eccles et Gershon Tenenbaum, « Why an Expert Team Is More than a Team of Experts : A Social-Cognitive Conceptualization of Team Coordination and Communication in Sport », Journal of Sport & Exercise Psychology, no 26, 2004, p. 542–560 ; David W. Eccles et Micheal B. Johnson, « Letting the Social and Cognitive Merge. New Concepts for an Understanding of Group Functioning in Sport », Stephen D. Mellalieu et Sheldon Hanton, Advances in Applied Sport Psychology. A Review, New York, Routledge Taylor & Francis Group, 2009, p. 281-316 ; David W. Eccles et Gershon Tenenbaum, « A Social-Cognitive Perspective on Team Functioning in Sport », Gershon Tenenbaum et Robert C. Eklund, Handbook of Sport Psychology, 3e édition, Hoboken, New Jersey, John Wiley & Sons, 2007, p. 270-271.
-
[31]
Jérôme Bourbousson, Germain Poizat, Jacques Saury et Carole Sève, « Team Coordination in Basketball : Description of the Cognitive Connections Among Teammates », Journal of Applied Sport Psychology, no 22, 2010, p. 150-166 ; David A. Shearer, Paul Holmes et Stephen D. Mellalieu, « Collective Efficacy in Sport : The Future from a Social Neuroscience Perspective », International Review of Sport and Exercice Psychology, vol. 2, no 1, 2009, p. 38-53.
-
[32]
Todd M. Loughead et James Hardy, « Team Cohesion : From Theory to Research to Team Building », Sheldon Hanton et Steven D. Mellalieu, Literature Reviews in Sport Psychology, New York, Nova Science Publishers Inc., 2006, p. 270-272 ; Fabrice Button, Paul Fontaine et Jean-Philippe Heuzé, « La cohésion des groupes sportifs : évolutions conceptuelles, mesures et relations avec la performance », Science et motricité, vol. 3, no 59, 2006, p. 33 ; Albert V. Carron, Michelle M. Colman, Jennifer Wheeler et Diane Stevens, « Cohesion and Performance in Sport : A Meta Analysis », Journal of Sport & Exercise Psychology, no 24, 2002, p. 169 et 181.
-
[33]
Marc Lavoie, Désavantage numérique. Les francophones dans la LNH, Hull, Éditions Vents d’Ouest, 1998 ; Roger Boileau et Rock Boulanger, « Les francophones au hockey : compétence limitée ou promotion bloquée ? », Desport, no 28, septembre 1982, p. 15-18.
-
[34]
Jean-Patrice Martel, « Combien faut-il de bons Québécois pour faire un bon Canadien ? », Communication présentée au Congrès de la Société internationale de recherche sur le hockey, Centre Bell, 16 mai 2009. Voir aussi Richard Labbé, « Québécois et succès ne vont pas de pair », Cyberpresse, 14 mai 2009, [En ligne] http://www.cyberpresse.ca/sports/hockey/200905/13/01-856304-quebecois-et-succes-ne-vont-pas-de-pair.php, (21 octobre 2011).
-
[35]
En partant du principe que la majorité détermine largement l’identité et l’action collectives. Quant à savoir pourquoi il en est ainsi et comment cela fonctionne, voilà des interrogations qui dépassent le cadre de notre recherche, mais auxquelles il faudrait certainement s’intéresser.
-
[36]
Source : Fédération québécoise de hockey sur glace, 2010.
-
[37]
Scott D.Waltemyer et George B. Cunningham, « The Influence of Team Diversity on Assists and Team Performance Among National Hockey League Teams », International Journal of Sport Management, vol. 10, 2009, p. 391-409.
-
[38]
L’histoire des hommes qui ont fait la Seconde Guerre mondiale est peut-être encore l’exemple le plus frappant pour les sociétés occidentales.
-
[39]
Suzanne Laberge, « L’affaire Richard/Campbell. Le hockey comme vecteur de l’affirmation francophone québécoise », Audrey Laurin-Lamothe et Nicolas Moreau (dir.), Le Canadien de Montréal. Une légende repensée, Montréal, Presses de l’Université de Montréal, 2011, p. 13-29 ; David Di Felice, The Richard Riot…, op.cit.
-
[40]
André Pratte, « Le devoir de nos institutions », http://www.cyberpresse.ca/debats/editorialistes/ andre-pratte/201112/19/01-4479373-le-devoir-de-nos-institutions.php (28 mars 2012).