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Comme l’ensemble des textes formant le corpus québécois du xviiie siècle, l’Appel à la justice de l’État, ou Recueil de lettres au roi, au prince de Galles et aux ministres, avec une lettre à Messieurs les Canadiens (Londres, 1784) est une oeuvre qui reste indissociable de l’aventure intellectuelle et critique qui a présidé à sa redécouverte. C’est là, du moins, ce que met en évidence le travail éditorial de Jean-Pierre Boyer, dont le mérite ne s’est pas limité à rendre de nouveau disponible ce texte fondateur de la littérature pamphlétaire québécoise. Précédée d’une biographie de l’auteur (p. 13-95), augmentée de la publication de sa correspondance et de plusieurs pièces relatives à sa cause ou à la fortune de son oeuvre (p. 97-140), cette édition de l’Appel ne fait pas que servir utilement l’histoire des idées et l’avancée de la recherche : elle permet encore de mieux faire connaître, selon la formule du poète Louis Fréchette, ce « premier champion de nos luttes civiques » (p. 72). De fait, comme le rappelle Boyer, le juge de paix montréalais Pierre du Calvet (1735-1786) doit être considéré comme « le véritable précurseur de la démocratie au Québec » (p. ii). C’est dire l’importance de ce représentant éminent des Lumières québécoises qui, de l’expérience de son incarcération pour délit d’opinion, sut tirer une oeuvre d’une éloquence véhémente où se donne à lire, suivant l’heureuse expression de ce lecteur de Jean-Jacques Rousseau, une « science sentimentale » (p. 170) du politique.