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En 2003 est paru aux Éditions Fides le 7e tome du Dictionnaire des oeuvres littéraires du Québec, couvrant la période 1981 à 1985. La réalisation de cet ouvrage est l’oeuvre d’une équipe de chercheurs rattachés à l’Université Laval et dirigés par Aurélien Boivin. Pour la rédaction des notices, l’équipe a fait appel à plus de 350 collaborateurs issus de diverses universités québécoises, canadiennes et étrangères.

L’objectif qui prévalait depuis le premier tome publié en 1978, soit de proposer « l’établissement le plus large possible du corpus de la littérature québécoise » (p. 15), a été maintenu, même si les critères de sélection des oeuvres ont dû être modifiés au fil du temps, comme le précise l’avant-propos. Ainsi, alors que certains genres jadis rattachés au littéraire comme les essais historiques et les pamphlets politiques sont définitivement évincés, d’autres catégories s’ajoutent, comme c’est le cas pour le théâtre où se retrouvent des articles sur des troupes et des courants particuliers (Carbone 14, théâtre d’été, etc.), qui permettent notamment de rendre compte de pièces non publiées. Par ailleurs, plusieurs textes d’un même auteur jugés moins importants seront parfois regroupés dans une seule notice. On comprend ici que le procédé, déjà utilisé dans les tomes précédents, vise à économiser l’espace, mais on ne peut s’empêcher de noter le caractère arbitraire des choix, une remarque partagée par ailleurs par les directeurs du Dictionnaire. L’arbitraire se perçoit aussi dans les limites de la période : si 1980 correspond sans doute à un moment charnière dans l’histoire littéraire, l’arrêt en 1985 ne se justifie en rien sinon, une fois encore, par l’ampleur du corpus.

Il en résulte un ouvrage monumental, qui contient plus de 800 articles sur 1200 oeuvres, et qui comporte en outre des instruments de recherche toujours aussi précieux, notamment une bibliographie générale comptant 6000 entrées. La chronologie placée au début de l’ouvrage apparaît peut-être un peu étrange et l’on pourra se demander ce qui a guidé les auteurs dans le choix des événements et des titres, voire dans l’importance accordée aux États-Unis plutôt qu’à la France dont les influences demeurent pourtant déterminantes. Mais il s’agit là d’un détail vite oublié à la lecture de l’excellente synthèse proposée en introduction. Le texte substantiel met en évidence les principales tendances qui marquent la période. Ainsi, si plusieurs oeuvres s’inscrivent dans la continuité, tels les écrits féministes et les romans sociaux, d’autres s’en démarquent et témoignent du coup de l’existence de phénomènes liés tant à un contexte sociopolitique différent qu’à des changements économiques et institutionnels : retenons ici à titre d’exemple l’émergence d’une écriture migrante, la « best-sellerisation » des romans et l’espace accru occupé par la critique littéraire.

Le Dictionnaire des oeuvres littéraires du Québec demeure un outil indispensable pour quiconque s’intéresse à la littérature québécoise et le 7e tome témoigne encore une fois de la rigueur et de la persévérance démontrées depuis plus de trente ans par l’équipe de l’Université Laval.