Abstracts
Résumé
Des changements dans les modes de vie coïncident avec un accroissement du temps consacré par les jeunes aux pratiques culturelles. L’élévation du niveau de scolarité y serait-il pour quelque chose dans cet intérêt des jeunes adultes pour la lecture, la fréquentation des bibliothèques et des librairies et celle des musées d’art où, dans ce dernier cas, ils sont les champions ? Faut-il voir dans ces différentes manifestations une certaine homogénéisation entre les âges en ce qui concerne les activités culturelles dites « classiques » ? Par ailleurs la diminution de l’attrait pour certaines activités, en particulier celles qui sont figées dans un horaire, serait-elle la marque d’une individualisation de la pratique chez ces mêmes jeunes que certains iraient jusqu’à qualifier d’individualisme ? Il semble bien que l’engouement des jeunes pour la pratique en groupe n’ait pas changé ; ce qui a changé, ce sont les contraintes de temps associées à certaines pratiques (fidélité à certaines émissions de télévision, abonnement au théâtre, etc.) et qui indiquent un déplacement de la sociabilité vers d’autres formes, mais non sa régression.
Abstract
Changes in life styles have coincided with an increase in the amount of time that young people devote to cultural practices. Does an increase in the number of years of schooling have something to do with the interest shown by young adults for reading, using libraries and bookshops, visiting art galleries and museums – these latter attracting more of this age group than of any other? Do these various phenomena indicate a certain homogenization of different age cohorts when it comes to so-called ’traditional’ cultural activities? Concomitantly, does the decrease in the attraction exercised by certain activities, more especially, those that are subject to constraining schedules, indicate that these young adults are personalizing their behaviour, according to some observers, to the point of individualism. On the one hand, young people’s enthusiasm for group activities does not seem to have changed. What has changed is their attitude to the time constraints associated with certain activities affecting their loyalty to certain TV shows, to purchasing season tickets for the theatre, etc. And this would suggest a lateral movement of sociability towards other forms of expression rather than a regression in sociability as such.
Resumen
Los cambios en los modos de vida coinciden con un crecimiento del tiempo consagrado por los jóvenes a las prácticas culturales. ¿ La elevación del nivel de escolaridad tiene una gran influencia en el interés de los jóvenes adultos por la lectura, la frecuentación de las bibliotecas y de las librerías y la frecuentación de los museos de arte, que figuran entre los más visitados por los jóvenes ? ¿Hay que ver en estas diferentes manifestaciones una cierta homogeneización entre las edades en lo que concierne a las actividades culturales llamadas « clásicas » ? Por otro lado la disminución de la atracción por ciertas actividades, en particular las que son fijadas por horarios, ¿serían la marca de una individualización de la práctica entre los mismos jóvenes que algunos irían hasta calificar de individualismo ? Parece que el apasionamiento de los jóvenes por la práctica en grupo no ha cambiado, lo que ha cambiado, son las restricciones del tiempo asociado a ciertas prácticas (fidelidad a ciertas emisiones de televisión, abonamiento a teatro, etc.) y que indican un desplazamiento de la sociabilidad hacia otras formas, pero no su regresión.
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Durant les dernières décennies, nous avons été témoins de changements importants dans les modes de vie des jeunes, par jeunes nous entendons ici les 15-29 ans[1]. Les transitions des études à l’emploi, du foyer familial à une résidence autonome, du célibat à la vie de couple se chevauchent plutôt qu’elles ne se succèdent et ne se présentent pas de façon linéaire ; les retours et les recommencements sont toujours possibles. Il n’y a qu’à penser à l’augmentation progressive de la présence aux études jusqu’à un âge où, il y a peu de temps encore, les jeunes étaient déjà installés sur le marché du travail. Au recensement de 1961, par exemple, le taux de fréquentation scolaire des 20-24 ans était de 7,4 % et en 1996, de 50,4 %, sans tenir compte des études à temps partiel ! Si cette même période a connu ce qu’il est convenu d’appeler « le décrochage scolaire », elle a aussi vu se développer, presque au même rythme, « le raccrochage scolaire », c’est-à-dire diverses formules d’acquisition des diplômes et des compétences. En d’autres termes, poursuivre des études est devenu le lot d’une majorité et fait partie de la norme.
Cette « normalisation » de la poursuite des études n’est pas sans conséquences. Diverses attitudes des jeunes indiquent, par exemple, que les études ne constituent plus nécessairement la voie de la promotion sociale. Pour plusieurs, elles ont, tout au plus, une fonction instrumentale en vue de l’insertion professionnelle. C’est pourquoi on verra d’un bon oeil la combinaison des études et de l’emploi comme préparation immédiate au marché du travail, en réponse, en particulier, à un marché du travail perçu, par une majorité, comme difficile d’accès de manière stable (Fournier et Bourassa, 2000, p. 3-31). Ce n’est toutefois pas la seule raison qui incite à travailler pendant les études. Les motifs sont fort multiples : de la nécessité de défrayer le coût des études et d’assurer sa subsistance en l’absence ou en complément des « prêts et bourses » jusqu’à la réponse à des besoins de consommation des plus variés (Johnson, 1996 ; Young, 1995). À ces changements, il faut ajouter l’allongement de la vie de célibataire par le report de la formation d’un couple stable et d’une famille de procréation. Il se trouve donc une majorité de jeunes adultes qui partagent leur temps entre les études et le travail (Gauthier, 1990 ; Roberge, 1997) et vivent avec la famille (Hamel, 2000), pour certains, seuls ou en colocation pour d’autres (Molgat, 1999 ; Gauthier, Molgat et Saint-Laurent, 1999 ; Statistique Canada, 1999 et 1996), et, en couple pour quelques-uns (Gauthier et Bujold, 1994), mais le plus souvent, lorsque c’est le cas, en couple qui n’a pas encore atteint sa stabilité (Hamel, 2000). L’âge moyen des femmes au premier enfant est de 26,7 ans en 1998 (Duchesne, 2000, p. 227).
La vie d’étudiant, de couple sans enfant ou de célibataire, combinée à certaines contraintes d’insertion professionnelle, a de multiples répercussions, en particulier sur la situation financière et sur l’emploi du temps des jeunes. Parce qu’ils sont longtemps aux études et qu’ils ont contracté des dettes d’études, mais aussi à cause de la lenteur d’insertion stable sur le marché du travail, plusieurs jeunes mettent du temps à connaître une situation financière stable et satisfaisante (Gauthier et Mercier, 1994 ; Hébert, Duval et Fournier, 1996 ; Johnson, 1996 ; Statistique Canada, 1998). Ainsi, le fait de vivre seul (tant hors du foyer familial que de la vie de couple) ne concorde pas toujours avec la vision hédoniste qu’on attribue à cet âge et comporte parfois sa part de difficultés. Les 18-24 ans qui requièrent l’assistance sociale se retrouvent majoritairement dans ce groupe de personnes qui vivent seules (Gauthier, Molgat et Saint-Laurent, 1999 ; Lemieux et Lanctôt, 1999 ; Molgat, 1999). Si ce mode de vie constitue le premier pas dans la conquête de l’autonomie, il se vit parfois dans un certain isolement qui éloigne des solidarités de base lorsque le besoin s’en fait sentir (Gauthier et Mercier, 1994 ; Gauthier, Molgat et Saint-Laurent, 1999). Il faut rappeler qu’actuellement près de 50 % des Québécois de 20 à 34 ont quitté leur milieu d’origine, même si certains y retournent, afin de poursuivre des études, de vivre des expériences nouvelles ou de trouver un emploi (Gauthier, Molgat et Côté, 2001).
Ces changements importants dans les modes de vie ont-ils amené, en même temps, des changements dans les pratiques culturelles ? Dans une analyse de l’emploi du temps des 15-24 ans dont les données étaient tirées de L’enquête sociale générale (Statistique Canada, cycles 2, 7 et 12), Gilles Pronovost soulignait deux changements importants de ce point de vue. Dans ce groupe d’âge, il y a tout d’abord eu diminution du temps contraint (études et travail) entre 1992 et 1998, bien que le temps contraint puisse être plus long chez les étudiants qui combinent les études et l’emploi que chez les jeunes sur le marché du travail. Et durant la même période, il y a eu une augmentation du temps consacré aux activités culturelles[2] (Pronovost, 2000, p. 34-35). Y a-t-il un lien entre ce dernier comportement et les modes de vie des jeunes, principalement au regard de ce qui caractérise la cohorte actuelle : un niveau de scolarité élevé, une détérioration de la condition économique par rapport aux générations précédentes et l’allongement de la vie de célibataire ?
Les questions qu’il faut alors se poser pourraient être les suivantes. Le niveau de scolarité aurait-il un effet positif sur les taux de participation des jeunes à des activités culturelles et, plus encore, pourrait-il mener à une certaine homogénéisation de ces activités entre les différents âges ? Par ailleurs, les jeunes sont souvent qualifiés d’individualistes dans leurs valeurs et leurs comportements. À cet égard, la baisse d’activités collectives en faveur d’activités moins structurées, comme c’est le cas notamment pour les sports d’équipe, bien que la différence soit plus importante chez les 15-17 ans que chez les 18-24 ans (Boily, Duval et Gauthier, 2000, p. 25), pourrait laisser croire à une individualisation plus prononcée des pratiques depuis les dernières années. Est-ce le cas ?
Faut-il parler de « pratiques culturelles » pour couvrir l’ensemble des comportements qui concernent les activités de loisir des jeunes ? Le ministère de la Culture et des Communications (MCC) applique la notion de culture à tout ce qui meuble le temps libre, c’est-à-dire à ce temps qui s’identifie au loisir et « pendant lequel s’expriment des valeurs telles que le plaisir, le souci du corps, la convivialité, le développement et le dépassement personnel » (Gagnon et al, 1997). Ce temps se divise à son tour en trois champs principaux : les activités culturelles proprement dites, les activités sociales et les activités physiques et sportives. L’ensemble de ces activités sera retenu pour illustrer notre propos, même si nous accorderons plus d’attention aux activités culturelles et aux activités sociales.
Une revue de la littérature et une analyse de l’Enquête sur les pratiques culturelles au Québec du MCC[3] (Boily, Duval et Gauthier, 2000), de même qu’une enquête par entrevues sur les médias[4] (Boily, 2000), serviront à illustrer cette hypothèse du lien entre les modes de vie et les choix actuels des jeunes au regard des pratiques culturelles. Sera principalement examiné l’effet de l’élévation du niveau de scolarité, de la disponibilité de temps et de ressources financières et de l’allongement de la période de célibat sur le choix des pratiques. Il ne s’agit pas d’une analyse de causalité, mais d’un choix d’indicateurs qui illustrent les deux hypothèses soumises à la discussion.
1. Les activités culturelles : vers une homogénéisation « du goût » entre les âges ?
Deux conditions liées à l’élévation du niveau de scolarité peuvent contribuer à l’orientation actuelle du choix d’activités dans l’occupation du temps libre chez les jeunes contemporains. D’abord, la culture « scolaire » (Arpin, 1997, p. 34-36) prédispose à ce que Bourdieu nommerait « la réception » des oeuvres d’art et des autres productions culturelles (Bourdieu et Darbel, 1969). De plus, une portion importante des jeunes appartient à des familles qui ont elles-mêmes atteint un niveau de scolarité qui constitue un écart important par rapport à la génération précédente[5]. Des analyses montrent même qu’il arrive aujourd’hui que les enfants aient fait moins d’études que leurs parents[6]. Un autre facteur entre sans doute en ligne de compte et il n’a pas été analysé à son juste mérite : les équipements culturels. Comment cet environnement lié à l’élévation du niveau de scolarité influe-t-il sur le choix des activités culturelles des jeunes de 15 à 29 ans ?
Certaines activités culturelles plus que d’autres attirent ici l’attention. Pour ne mentionner que quelques-unes d’entre elles qui témoignent à la fois de la hausse du niveau de scolarité, et de la mise à la disposition de ce public « cultivé » d’équipements qui répondent à ses besoins (musées, bibliothèques publiques, librairies, salles de spectacles, lieux de spectacles comme les places publiques, etc. ; Baillargeon, 1998 ; Morrier, 1997 ; Hardy, 1995), soulignons l’intérêt des jeunes de 18-24 ans pour les musées. Cet intérêt est en évolution depuis quelques décennies comme le soulignent les enquêtes sur les pratiques culturelles. En effet, malgré des variations importantes entre 1989 et 1999, les jeunes adultes ont généralement des habitudes de fréquentation des musées de tous genres supérieures à celles observées il y a vingt ans. Cela est particulièrement frappant en ce qui concerne les musées d’art où la fréquentation des les 18-24 ans suit une progression constante depuis 1979, progression qui dépasse la moyenne de la population en 1999 (graphique 1).
En chiffres, cela signifie une hausse de 10 points, avec un taux de fréquentation en 1999 de 32,2 % dans ce groupe d’âge, comparativement à 30,5 % pour l’ensemble de la population.Cela revêt un intérêt certain si l’on considère que la fréquentation des plus jeunes est imputable, au moins en partie, à des sorties scolaires dans le cadre d’activités éducatives, alors que celle des 18-24 ans repose à peu près exclusivement sur une intention personnelle. D’ailleurs, la fréquentation des musées de tous genres est plus élevée chez les jeunes plus scolarisés (graphique 2).
La bibliothèque est indéniablement l’établissement culturel le plus populaire chez les jeunes, avec d’importants écarts de fréquentation par rapport aux autres groupes d’âge.Les 15-17 ans sont les grands utilisateurs de bibliothèques tous genres confondus : scolaires, municipales, d’organismes ou d’entreprises, suivis des 18-24 ans. Les données indiquent que, depuis 1989, plus des deux tiers des 15-24 ans les fréquentent, comparativement à moins de 50 % chez les plus de 25 ans. Depuis les dix dernières années, les 15-17 ans ont graduellement diminué leur fréquentation des bibliothèques (passant de 84 % à 73 %) alors que les 18-24 ans ont connu un taux de participation important en 1994 (71 %) pour redescendre en 1999 à un taux cependant supérieur à celui de 1989 (65 % par rapport à 58 %). Le graphique 3 montre que, malgré ces variations, les jeunes fréquentent toujours plus les bibliothèques en 1999 que les autres groupes d’âge et que, s’il y a eu une augmentation importante en 1994 qui ne s’est pas maintenue en 1999, le taux de fréquentation des bibliothèques chez les 18-24 ans a tout de même augmenté au cours de la dernière décennie de manière plus marquée que dans les autres groupes plus âgés.
Contrairement à ce que l’on pourrait croire, les magazines ou l’audiovisuel ne sont pas les principaux motifs de fréquentation des bibliothèques chez les jeunes. En 1994, comme pour l’ensemble de la population, les principales raisons évoquées pour se rendre à la bibliothèque par les moins de 30 ans qui fréquentent souvent et très souvent une bibliothèque concernent l’économie à réaliser dans l’emprunt plutôt que l’achat (plus de 80 %), des intérêts particuliers (plus de 70 %), les études ou le travail (entre 64 % et 82 %) et le divertissement (entre 58 % et 74 %). C’est seulement après 30 ans que la lecture de divertissement devient plus importante que celle reliée aux études ou au travail, et elleaugmente sans cesse avec l’âge (Boily, Duval et Gauthier, 2000, p. 44). Le développement du réseau des bibliothèques municipales a contribué à ce changement de comportement, en devenant accessible à 91,5 % de la population en 1997 et en faisantaugmenter le nombre de prêts par personne à cinq livres (cinq fois plus qu’en 1962 ; Morrier, 1997). Encore là, la proximité de la bibliothèque municipale, la qualité des services, la diversité de choix et les coûts d’abonnement peuvent influencer la décision des jeunes d’en poursuivre ou non la fréquentation (Boily, 2000).
La librairie exerce un attrait constant et croissant depuis vingt ans, de façon plus forte d’ailleurs chez les jeunes plus scolarisés (graphique 2). Le goût des jeunes pour la lecture se manifeste, entre autres, par leurs visites fréquentes dans les librairies, lesquelles peuvent s’expliquer en partie par le pouvoir d’attraction des revues, surtout chez les plus jeunes, et par le désir d’acheter des livres au lieu de les emprunter. À cet égard, les données des enquêtes du MCC indiquent une hausse du nombre d’achats de livres en librairie chez les 15-24 ans, depuis 1994, avec une moyenne de 8 à 10 livres par année en 1999 (Boily, Duval et Gauthier, 2000, p. 46-47). En fait, la librairie connaît une forte popularité dans tous les groupes d’âge, au point d’être l’établissement fréquenté par le plus grand nombre d’individus, avec environ 10 visites par année chez les plus de 18 ans (MCC, 2000). De façon générale, cette augmentation de la clientèle de tous âges est probablement due aussi à l’ouverture de librairies à grande surface qui sont des lieux propices à la détente et au flânage. De plus, on peut supposer que l’attrait grandissant des librairies chez les jeunes est lié aussi à l’offre diversifiée d’objets autres que le livre (revues spécialisées sur divers sujets, disques, cartes de souhait, etc.).
La fréquentation de ces établissements va de pair avec un regain d’intérêt pour la lecture de loisir, puisque la détente et le plaisir de lire sont les principaux motifs évoqués par les jeunes. En 1999, selon les données du MCC, peu de répondants de moins de 30 ans déclarent ne jamais lire un quotidien, une revue ou un livre et ceux-ci sont proportionnellement moins nombreux que leurs aînés. Le support de lecture varie en fonction de l’âge du lecteur. Par exemple, la lecture des journaux croît avec l’âge alors que le profil constant qui se dégage des habitudes de lire des revues dans l’ensemble de la population indique une diminution de lecteurs avec l’âge. En fait, les revues ont un pouvoir d’attraction très grand sur les groupes jeunes, particulièrement sur les 15-17 ans où elles devancent en nombre de lecteurs les autres genres de lecture (journaux et livres).
Le rapport au livre, quant à lui, a fluctué au cours des vingt dernières années, mais la lecture de livres demeure une activité qui attire plus de la moitié des jeunes. Les données les plus récentes révèlent que plus de la moitié des jeunes de 15-24 ans lisent régulièrement des livres, un peu plus que les gens âgés de 25 à 34 ans et un peu moins que leurs aînés âgés de 45 à 54 ans (la cohorte de leurs parents, pourrait-on dire). En règle générale, le lectorat est très féminin et cela s’observe déjà chez les filles du secondaire qui ont un intérêt plus grand que les garçons pour la lecture et qui lisent plus de livres (Sarrasin, 1994). On peut dire que les moins de 25 ans se rangent parmi les plus nombreux lecteurs de revues et de livres sans pour autant délaisser les quotidiens qui feront de plus en plus partie de leurs habitudes de lecture en vieillissant.
Plusieurs facteurs sont évoqués pour expliquer cette hausse du goût de la lecture chez les jeunes. Le développement du réseau des bibliothèques (Morrier, 1997) et la réforme des programmes d’enseignement du français des années 1980, en mettant l’accent sur l’écrit et sur les activités d’animation de lecture des bibliothèques municipales (Baillargeon, 2000), auraient contribué à accroître l’intérêt pour la lecture. De plus, la production de littérature jeunesse québécoise qui véhicule de nouvelles valeurs, au même rythme qu’évolue la figure de l’adolescent vers un statut d’adulte, aurait produit le même effet (Fradette, 1999). L’une des principales caractéristiques des jeunes lecteurs d’aujourd’hui est l’exploration de différents genres (romans, psychologie, science, etc. ; Baillargeon, 2000a, p. 56), quelle que soit la provenance, car ils ont des préférences moins marquées que leurs aînés.
Certaines activités culturelles sont plus que des effets d’âge (le goût pour les rythmes nouveaux et la musique, par exemple), puisqu’elles rejoignent les goûts d’autres catégories d’âge. Cela s’observe par la diminution des écarts des taux de pratique à certaines activités culturelles entre les plus jeunes et leurs aînés, sur une période de vingt ans. À titre d’exemple, l’écart de 21 points de pourcentage paraissant en 1979 entre la proportion de lecteurs de livres de 18-24 ans et celle du groupe âgé de 55 ans et plus est disparu et les données de 1999 indiquent un taux de lecteurs semblable (52 %). La fréquentation des librairies a connu aussi une réduction importante de l’écart de fréquentation entre ces deux groupes, passant de 34 à 17 points pour la même période (Boily, Duval et Gauthier, 2000, p. 55, 78). Il en va de même pour les sorties au théâtre (de 20 à 5 points). La sortie au cinéma constitue l’activité la plus communément partagée par tous les groupes d’âge (graphique 4) ; l’effet d’âge disparaît ici. Une étude de contenu des choix cinématographiques pourrait montrer des préférences selon les groupes, mais l’activité en elle-même fait l’unanimité.
Bref, le niveau de scolarité de plus en plus élevé de l’ensemble de la population (Gagnon et al., 1997) et l’influence du milieu scolaire (Baillargeon, 2000) auraient un effet certain sur les comportements des jeunes à l’égard de certaines activités ; ce constat nourrirait l’hypothèse d’une certaine homogénéisation de la culture. Gilles Pronovost faisait ainsi remarquer que, depuis 1970, on n’assiste pas à une disparition des « modèles classiques » dans les pratiques culturelles, mais que « peu à peu une nouvelle culture plus éclectique a pris place, qui comprend aussi, il ne faut pas l’oublier, les nouvelles technologies de l’information » (2000a, p. 48). Si les indicateurs qui précèdent font plutôt ressortir la persistance des « modèles classiques », les études manquent encore pour démontrer l’influence des jeunes sur les générations précédentes en matière de goût (genres musicaux, technologies de l’information). Il suffit cependant de voir comment l’usage d’Internet, par exemple, s’est propagé de bas en haut dans la pyramide des âges (Noël et al., 1998).
2. Disponibilité de temps mais limites financières orientent-elles vers une pratique plus individualisée ?
Même si le temps disponible a augmenté au cours de la dernière décennie, les statistiques présentées ne tiennent pas compte du fait qu’il s’agit d’une moyenne et que les étudiants qui cumulent les études et le travail n’ont pas vu augmenter ce temps dans les mêmes proportions. De même en est-il de la disponibilité des ressources financières. Les ressources financières consacrées au loisir tiennent aussi sur un large spectre qui va de la disponibilité totale de la somme gagnée par le travail à temps partiel de l’étudiant qui continue de cohabiter en milieu familial jusqu’au peu d’argent disponible de celui ou celle qui doit se débrouiller pour payer ses études et assurer sa subsistance. Ces deux facteurs, temps disponible et disponibilités financières, constituent autant de combinaisons qui peuvent faire varier dans un sens ou dans l’autre le type d’activités de loisir ainsi qu’on l’a vu, par exemple, en ce qui concerne les raisons de fréquenter une bibliothèque.
Malheureusement, il n’est pas toujours possible d’analyser aussi finement les enquêtes d’emploi du temps en regard de l’occupation du temps libre, et c’est la même chose pour les choix d’activités en lien avec la disponibilité des ressources. Les données de l’enquête du MCC offrent toutefois des informations sur les motifs qui empêchent les gens d’assister à des spectacles ; ces motifs ne varient guère depuis quelques années. En 1999, les deux motifs les plus souvent cités sont le manque de temps et d’argent, et ce, pour tous les groupes d’âge (graphique 5) ; mais les moins de 25 ans manquent surtout d’argent alors que les plus de 25 ans manquent principalement de temps. Véritables facteurs reliés aux cycles de vie, ces motifs démontrent assez clairement qu’avant l’insertion professionnelle, résidentielle et familiale, les jeunes disposent de passablement plus de temps pour leur loisir, mais ne sont pas suffisamment autonomes sur le plan financier pour réaliser toutes les sorties voulues. Le témoignage de jeunes lors de l’enquête sur les médias au moment où la comédie musicale Notre-Dame de Paris était à l’affiche montre bien que le coût élevé des billets en rendait l’accès prohibitif (Boily, 2000, p. 36). Les données du MCC de 1989 et 1999 indiquent par ailleurs une baisse importante du nombre de jeunes ayant assisté au moins une fois durant l’année à un spectacle de musique populaire (un écart de 30 points de pourcentage chez les moins de 25 ans), ce qui peut retenir l’attention quand on connaît l’engouement des jeunes pour ce type de musique (Boily, Duval et Gauthier, 2000, p. 35). La gratuité des fêtes, des festivals et des carnavals pourrait expliquer qu’ils soient si populaires (Hardy, 1995).
Les jeunes adultes seraient-ils, pour cette raison, plus rivés aux médias électroniques, pratique moins coûteuse mais qui peut reposer sur un mode individuel ? Les usages des médias sont largement influencés par le mode de vie actif des jeunes (Boily, 2000). Les jeunes adultes font souvent l’utilisation des médias de façon irrégulière pour une question, entre autres, de disponibilité de temps, leur temps de loisir se caractérisant par la diversité des choix (Pronovost, 1996) dans un contexte qui offre davantage de possibilités (l’accès à Internet et à un réseau de bibliothèques publiques en est une manifestation) et un goût prononcé pour les activités à l’extérieur du foyer (Boily, Duval et Gauthier, 2000, p. 21). Dans le cas de la télévision, notamment, l’écoute est souvent restreinte et ponctuelle, même pour des jeunes qui disent aimer regarder la télévision. L’Enquête sur les pratiques culturelles au Québec du MCC indiquait une baisse radicale de l’écoute de la télévision chez les 20-24 ans en 1994 (2,3 heures par jour par rapport à 2,8 heures pour l’ensemble de la population). En 1999, l’écoute avait repris du terrain (2,6 heures pour le même groupe d’âge par rapport à 2,7 pour l’ensemble de la population ; Boily, Duval et Gauthier, 2000, p. 57), mais demeurait inférieure à ce qu’elle avait déjà été.
L’étude sur l’usage que les jeunes font des médias montre, entre autres, qu’une écoute régulière d’émissions ne se traduit pas toujours en rituel hebdomadaire et qu’un mode de vie actif empêche la fidélisation (Boily, 2000, p. 26-27). L’écoute de la télévision s’insère à l’intérieur d’un programme d’activités où s’expriment des choix et des préférences. Chez plusieurs jeunes adultes de 18-24 ans, la télévision est perçue comme une activité dévoreuse de temps et de nature passive, qui pourrait facilement accaparer le temps et rendre dépendant à son insu. Les autres activités de loisir auraient généralement la préférence sur l’écoute de la télévision (Boily, 2000, p. 33). Ce phénomène est observable non seulement chez les jeunes mais dans la population en général, particulièrement depuis 1980. Une grande participation à des pratiques culturelles est accompagnée, simultanément, d’une réduction de l’usage de la télévision ; ce qui représente un renversement historique. En fait, c’est la première fois qu’une lente croissance du temps libre n’est pas suivie d’une consommation accrue du petit écran (Pronovost, 1996, p. 44).
L’enquête sur les jeunes et les médias indiquait que les jeunes répondants n’aiment pas être contraints dans leur temps libre ; ils agissent souvent de façon spontanée, à moins d’un choix d’activités qui obligent au respect d’un horaire fixe. Par ailleurs, les 18-24 ans sont les moins enclins à adapter leurs horaires ou leurs loisirs en fonction de la télévision (Atkinson, 1998, p.70). Dans les faits, ce sont de faibles consommateurs comparativement aux autres groupes (Pronovost, 1996 ; Cossette Communication-Marketing, 1996). De plus, cette étude sur les médias montre que ceux-ci sont même prêts à modifier une activité pour une autre, à partir d’une décision personnelle, libre de toute contrainte, selon l’offre la plus intéressante. La perception des jeunes contemporains à l’égard des technologies médiatiques ne diffère pas de celle déjà exprimée par des étudiants, dans une étude menée au début des années 1980, qui craignaient l’omniprésence et l’impact grandissant des médias en général dans la vie quotidienne et la dépendance des gens à l’égard des nouvelles machines informationnelles (Proulx et al., 1982). Encore aujourd’hui, on retrouve ces mêmes considérations chez les jeunes répondants de l’enquête sur les médias qui sont à la recherche d’une qualité de communication à l’intérieur de bons rapports relationnels.
Les jeunes d’aujourd’hui connaissent un paysage médiatique en continuel mouvement. Nés en présence des médias traditionnels, ils sont témoins des nouvelles technologies qui ne cessent d’envahir le marché et en deviennent des usagers assurés (Pronovost, 1996 ; Drotner, 1995). Bénéficiant d’un vaste horizon médiatique et d’une multiplication des chaînes de télévision ainsi que des stations de radio, les jeunes sont amenés à exercer des choix de plus en plus sélectifs, selon leurs goûts et leurs champs d’intérêt. La profusion des chaînes généralistes et spécialisées entraîne un mode de sélection par zapping très répandu et la composition d’un menu à la carte, improvisé et individuel (Ross, 1994). Ils font donc un usage diversifié des médias qui n’a pas d’égal dans les générations antérieures, en présence de nombreuses possibilités que représentent l’écoute de la télévision et de la radio, la lecture des journaux, des périodiques et des livres, l’utilisation d’Internet, les jeux électroniques, le courrier électronique, etc.
Dans un environnement médiatique d’une grande diversité, ces jeunes sont d’autant plus des usagers différents de leurs aînés que, se promenant d’un média à un autre, ils sont poussés par le goût de l’expérimentation, par la curiosité devant la nouveauté et par des motivations variées, en l’absence d’habitudes fixes intégrées à leur vie quotidienne (Boily, 2000). Si de faibles revenus peuvent empêcher certains de participer à des productions culturelles coûteuses, la multiplicité et la variété de l’offre permettent à chacun de satisfaire ses goûts. S’agit-il là d’un phénomène que d’aucuns qualifient d’individualisme et auquel souscriraient les jeunes adultes d’aujourd’hui (Bernier, 1998) ?
Si cette question mérite d’être posée, l’observation des pratiques culturelles des jeunes entraînées par un mode de vie qui le permet y apporte quelques nuances. En majorité célibataires encore à 25 ans[7] ou en couple sans enfant (voir le report de l’âge moyen à la première maternité), les jeunes profitent de plus en plus tardivement d’une liberté d’action qui se traduit par un choix d’activités se tenant souvent à l’extérieur du domicile, que l’on désigne par le vocable « sorties ». Les données du MCC sur les pratiques culturelles illustrent bien la grande mobilité physique des jeunes. Les jeunes âgés de 15 à 24 ans ont une préférence marquée pour des activités de loisir menées à l’extérieur du domicile. En comparaison de l’ensemble de la population, le temps qu’ils passent à l’extérieur du domicile ou du lieu de travail (5 h 21) est une fois et demie supérieure à celui des 25-34 ans (3 h 15) et le double des gens qui ont atteint l’âge de la retraite (2 h 39 ; Pronovost et Henri, 1996, p. 103). Or, ce goût plus prononcé pour des activités pratiquées à l’extérieur de la maison a fait un bond que l’on peut qualifier de spectaculaire entre les années 1986 et 1992, avec un taux de participation qui est passé de 58 % à 90 % (Cloutier et Chalifour, 1997).
La recherche de convivialité est très présente chez les jeunes qui aiment participer à de grands rassemblements comme les spectacles dans des lieux à grande surface, les raves, ou qui fréquentent en grand nombre des lieux où la densité de participants est élevée comme dans les discothèques. Les jeunes aiment se retrouver dans un contexte « de foule », mais ils aiment s’y retrouver avec des amis (graphique 6). Des données indiquent que les amis occupent autant de place dans la vie des jeunes, sinon davantage, que les membres de la famille avec lesquels ils partagent bien souvent le même toit, jusqu’à un âge de plus en plus tardif (Statistique Canada, Recensements). D’autres études confirment qu’effectivement les jeunes de moins de 25 ans privilégient la compagnie d’amis dans leurs activités de loisir, 69 % selon l’enquête de Gagnon et al. (1997, p. 18).
Parmi leurs lieux de prédilection pour les sorties, le cinéma (voir le graphique 4) occupe une place de choix en tant qu’activités qui fait sortir de la maison, principalement en compagnie d’amis. L’engouement pour cette activité est observé depuis longtemps, puisque des études montrent qu’entre 1983 et 1992 le taux d’assistance des jeunes de 15-24 ans dépasse de 30 % celui de l’ensemble de la population (Pronovost, 1993, p. 119 ; Cloutier et Chalifour, 1997, p. 33).
L’attrait est également très fort pour les places publiques commerciales telles que les bars-spectacles et les salles de danse (graphique 7), lieux porteurs d’une forte symbolique et d’un nouveau statut social[8].
Les choix de sortie sont souvent déterminés en fonction de lieux étroitement associés à la fréquentation d’un public jeune. L’enquête de Gaudry (1998) sur la fréquentation des bars-spectacles de la région de Québec montre que les moins de 30 ans constituent la majorité de la clientèle et que les 18-23 ans représentent près du double des effectifs des 24-29 ans. Ces comportements de sorties sont dus à l’âge et caractéristiques du statut d’étudiant et de célibataire (Gagnon et al., 1997).
L’examen des pratiques culturelles des jeunes nous incite à nuancer l’hypothèse de l’individualisme de plus en plus prononcé chez les jeunes. Si l’on entend par individualisme, l’expression de la capacité de choix, la diversification des activités de loisir pourrait confirmer l’hypothèse. Si elle remet en question le goût pour les activités en compagnie d’autres personnes, il faut lui apporter des nuances. Les données des enquêtes du MCC montrent bien que les activités spontanées affichent des taux de participation très élevés et à la hausse. Mentionnons à titre d’exemple la hausse de la fréquentation des musées et des galeries d’art, d’assistance aux festivals, au cinéma et dans les salles de danse qui ne supposent pas de contraintes d’horaire, contrairement aux sorties au théâtre, aux spectacles de musique populaire ou à des activités en amateur qui exigent un horaire fixe, notamment les sports d’équipe (Boily, Duval et Gauthier, 2000). Et ce n’est pas parce que les activités structurées diminuent en faveur d’activités plus spontanées que la participation devient plus individuelle. Au contraire, la sociabilité des jeunes semble toujours aussi intense, quoique s’exprimant dans d’autres lieux et sous d’autres formes. La présence d’amis, de membres de la famille ou de colocataires est même perceptible dans l’usage que les jeunes font de la télévision, pratique qui, pourtant, est souvent perçue comme relevant d’une écoute en solitaire (Boily, 2000). Cette recherche de sociabilité dirigée plus particulièrement vers les pairs est caractéristique de cet âge et du mode de vie en célibataire et sans enfant qui prévaut dans ce groupe d’âge.
Conclusion
Si les pratiques culturelles des jeunes contemporains continuent de se raccrocher à un « effet d’âge » – styles musicaux particuliers, sorties en groupe dans des lieux d’expression de ces styles, etc. – des manifestations de changements importants se font aussi sentir. Le développement du « goût » dans le sens d’une culture « cultivée » se manifeste avec une force telle dans certains domaines chez les jeunes qu’elle pourrait être devenue la marque de cette cohorte : visite de musées d’art, fréquentation des bibliothèques, lecture de revues. Il faudra cependant attendre la prochaine enquête du MCC pour voir s’il s’agit vraiment d’un « effet de cohorte » ou si c’est la disponibilité de temps et l’absence de contraintes liée à la vie de célibataire qui favorisent la pratique de ce type d’activités. Que se passera-t-il lorsque ces jeunes auront quitté le célibat et que leurs loisirs seront partagés avec des enfants en bas âge ? On peut supposer que le volume de temps consacré à ces pratiques se modifiera, mais que le « goût » pour la fréquentation des musées, la lecture et des activités de nature plus spontanée pourra se maintenir sous l’obligation de tenir compte des nouvelles exigences de la vie privée dans des activités qui se vivent sous le mode de la sociabilité pendant la jeunesse.
Cette période du cycle de vie serait donc propice à l’observation du développement de l’intérêt pour de nouvelles pratiques et de nouvelles attitudes à l’égard des pratiques traditionnelles qui débordent l’effet d’âge[9] et s’exercent tout au long de la vie. Dans ce cas, l’attitude de distanciation à l’égard des médias électroniques, en particulier de la télévision, et la diversification des menus de lecture, pour prendre ces deux exemples, pourraient se maintenir et, plus encore, prendre des formes qu’on ne retrouve pas maintenant : des téléspectateurs et des lecteurs aux goûts plus affirmés et plus variés. Mais l’accès à de plus grandes ressources financières pourra favoriser aussi la pratique d’activités culturelles à plus grand déploiement et plus coûteuses, pratique qui a eu tendance à diminuer chez les jeunes au cours de la dernière décennie.
Si les pratiques culturelles chez les jeunes se caractérisent de plus en plus par la spontanéité plutôt que par une programmation rigide ou planifiée longtemps à l’avance, il pourrait s’agir d’un déplacement des formes de sociabilité plus que d’une plus grande individualisation des pratiques. La sociabilité dans les pratiques culturelles demeure le fait des jeunes. Si la tendance à une pratique moins encadrée par un horaire se maintient, les milieux qui offrent en ce moment ce type d’activités devront cependant s’interroger. Par exemple, le théâtre peut-il se priver d’un public d’abonnés, la télévision, de téléspectateurs fidèles ou attachés à une émission ?
Appendices
Notes
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[1]
Le choix de l’âge est déterminé par la pratique gouvernementale actuelle ; voir la politique de la jeunesse du gouvernement du Québec (Secrétariat à la jeunesse, 2001). Les données disponibles apportent d’autres contraintes, celles de devoir se plier aux regroupements aussi divers que peu compatibles : les 18-24, les 17-19, les 15-19, les 20-24, etc. Cela sans tenir compte de la définition sociologique des âges de la vie (Gauthier, 2000).
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[2]
Pendant la même période, il y a eu diminution du temps consacré aux pratiques culturelles chez les personnes plus âgées. Gille Pronovost soutient qu’une césure est en train de se produire dans la manière d’utiliser le temps libre entre les jeunes et leurs aînés et cela pourrait devenir une caractéristique de ce cycle de vie (voir aussi Donnat, 1998).
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[3]
Cette enquête fut répétée à peu près aux cinq ans depuis 1979. L’analyse qui en a été faite tient toujours compte, lorsque la question était posée, de la tendance observée depuis 1979 et de la comparaison entre la cohorte actuelle de 15 à 29 ans avec les autres groupes d’âge. Cette analyse constitue une partie d’une revue de littérature et d’une synthèse critique des travaux effectués sur les jeunes et la culture au cours des dernières décennies.
-
[4]
Cette enquête, commanditée par le Centre d’études sur les médias, a été effectuée auprès de 25 jeunes adultes âgés de 18 à 24 ans et demeurant à Montréal, à Québec et dans la région de Québec (y incluant le milieu rural). L’entrevue était centrée sur l’emploi du temps de ces jeunes de façon à voir quelle place occupent les médias (télévision, radio, journaux, magazines, Internet) dans l’ensemble des activités quotidiennes. Il y était aussi question de l’intérêt pour l’actualité, cette dimension et les autres étant situées dans le contexte de vie des jeunes.
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[5]
Depuis 1986, la proportion des naissances issues de mères très instruites (mots utilisés par l’Institut de la statistique du Québec) est passée de 22 % à 36 % en 1996 et 1997 (Duchesne, 2000, p. 114).
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[6]
En 1994, dans une enquête de Statistique Canada, 16 %, des 26 à 35 ans ont indiqué que leur niveau de scolarité était moins élevé que celui de leurs parents (Statistique Canada, 1998).
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[7]
En 1996, il y a 32 % des femmes de 20-24 ans qui vivent en couple et 16 % des hommes du même âge. La notion de couple inclut ici l’union libre. Il s’agit d’une diminution importante de la proportion de couples puisque 20 ans plus tôt, en 1976, la moitié des femmes et près de 30 % des hommes de cet âge étaient mariés (Duchesne, 2000, p. 33).
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[8]
Au Québec, la fréquentation légale s’adresse aux jeunes âgés de 18 ans et plus.
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[9]
Les expressions « effet d’âge » et « effet de cohorte » servent à caractériser, respectivement, ce qui est le propre d’une période du cycle de vie et ce qui a été vécu au même moment et au même âge et qui peut durer ultérieurement. Dans le premier cas, par exemple, on dira que le goût pour les nouveaux rythmes est le propre de la jeunesse ; cela passe avec l’âge. Dans l’autre cas, on parlera de « la génération de la crise ». Pour toutes ces définitions, voir Attias-Donfut (1988).
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