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1. Introduction

En France, la loi du 18 janvier 1994, en confiant au service public hospitalier la prise en charge sanitaire des détenus, a permis que deux institutions se rencontrent. Nos interventions en tant que psychologue en milieu carcéral nous interpellent régulièrement autour de l’articulation entre le soin et la peine. Le changement psychique ne peut certes se calquer sur le temps de la peine. Or, il serait illusoire d’imaginer que le contexte enfermant serait sans incidence sur le soin. En effet, ce contexte biaise indirectement la relation thérapeutique.

Dans la littérature, le soin en prison est souvent appréhendé de manière générale sans tenir compte des différents temps de détention, qui pourtant, sont loin d’être identiques. Le temps de la détention préventive n’a parfois rien à voir avec le temps d’exécution de la peine. Dès lors, on peut également imaginer que l’engagement au niveau du soin ne serait pas identique tout au long du parcours pénitentiaire et qu’il existerait d’éventuels moments privilégiés.

Au cours de notre pratique nous avons souvent été interpellés par l’attitude de certains sujets détenus qui, après leur jugement, alors que l’imputabilité de l’acte et la culpabilité étaient établies au moment du procès, semblaient difficilement mobilisables au niveau des élaborations psychiques relatives à leur passage à l’acte estimant qu’ils ne souhaitaient plus évoquer leur passé.

Par contre, lors de la détention préventive, s’observe couramment une attitude marquée par un effondrement psychique, un besoin de parler et de s’interroger autour des déterminants de leur passage à l’acte. Cette dernière situation ouvre sur notre hypothèse à savoir que le temps de la détention préventive pouvait éventuellement constituer un moment privilégié pour le soin.

Au regard de l’ampleur de la littérature consacrée au soin des auteurs de violence à caractère sexuel et au regard de leur stigmatisation comme relevant du soin, nous avons été amenés à différencier les sujets auteurs de violence à caractère sexuel[1] (AVS), des sujets auteurs de crime de sang[2].

Dans un premier temps, nous avons défini certaines particularités liées au temps pré et post sentenciel, pouvant favoriser l’ouverture au soin. Puis nous avons précisé ce que nous entendons par ouverture au soin dans cette étude. Ainsi, au travers d’indicateurs au soin préalablement définis, nous avons réalisé une étude exploratoire de 20 sujets en procédure criminelle incarcérés en maison d’arrêt afin d’évaluer ce qui apparaissait d’une ouverture au soin, au temps avant jugement et au temps après jugement, tout en distinguant les sujets ayant commis un crime à caractère sexuel et les sujets ayant commis un crime de sang. Cette étude nous a également amenés à nous interroger autour du sens de cette ouverture au soin.

1.1 Deux temps d’évaluation de moments privilégiés pour le soin

1.1.1 Le temps précédant le jugement

La mise en détention provisoire constitue souvent une perte de repères, liée à la rupture avec le milieu familial, le monde professionnel et les relations sociales qui est susceptible d’engendrer des craintes d’abandon. De plus, la confrontation à ce monde inconnu, empreint de fantasmatique persécutrice et destructrice se révèle souvent anxiogène. Cette mise à l’écart de la société, et les diverses étapes de l’instruction judiciaire (à savoir les auditions avec le juge, les confrontations, la reconstitution, les résultats des diverses enquêtes et expertises…) marquent également une confrontation à la réalité des actes commis.

A cela s’ajoute l’appréhension du jugement qui déterminera la durée de la peine et conditionnera les perspectives de projection dans l’avenir. Ce temps précédant le jugement, se révèle souvent déstabilisant pour le sujet détenu, qui se situe parfois sur un versant à tonalité dépressive pouvant ainsi favoriser une démarche de soin et permettre une réflexion autour de l’agir criminel.

1.1.2 Le temps de l’après jugement

Le jugement constitue un moment solennel, qui, en fonction de la poïétique pénale (Lameyre, X.[3] 2001), peut être organisateur d’un processus psychique. Au moment du procès, la confrontation aux expertises, aux divers témoignages et notamment celui de la victime, sont susceptibles d’avoir une incidence sur le processus de responsabilisation psychologique du sujet. En effet, non seulement les sujets sont parfois soulagés de connaître leur peine, mais le jugement établit aussi leur culpabilité juridique, qui peut parfois permettre l’ébauche d’un travail d’élaboration psychique autour de l’acte et de la culpabilité psychique. Il peut alors s’agir d’un moment pouvant favoriser un authentique cheminement personnel.

De plus, le temps d’exécution de la peine correspond à un temps où des aménagements internes ont éventuellement déjà opéré, soit parce que le sujet a déjà entrepris un travail sur lui-même, soit que le temps de détention préventive lui a permis un retour sur soi et une prise de conscience autour de la gravité de ses actes.

Ainsi, ces constats pourraient permettre d’imaginer qu’ un sujet serait plus disponible psychiquement à s’inscrire au niveau d’une démarche de soin au temps après jugement, loin des tourments de l’instruction, lorsque sa culpabilité est établie et qu’il y aurait moins d’enjeux à se confier. Or, ceci ne se vérifie pas toujours dans la réalité, puisque, après le procès nous avons parfois le sentiment que certains sujets apparaissent, au contraire, plus difficilement mobilisables pour le soin.

Ces considérations nous amènent préalablement à préciser ce que nous entendons par soin dans cet article.

1.2 Qu’entendons-nous par soin ?

L’engagement au niveau du soin relève bien entendu de processus complexes, difficilement matérialisables au cours d’une recherche exploratoire. En effet, le type de personnalité du sujet ainsi que les processus transférentiels liant le sujet au soignant s’avèrent déterminants quant à l’inscription dans le soin. L’évaluation de l’engagement au niveau du soin ne constitue pas le sujet de cette étude. Pour autant, il s’agit néanmoins de définir ce que nous entendons par ouverture au soin.

Dans le cadre de cette étude, la notion de soin n’est pas associée à la « guérison » ou à un réel engagement dans un travail thérapeutique. Nous avons simplement tenté de repérer, à partir d’une photographie à un moment donné, de ce qui pouvait apparaître pour un sujet détenu, d’une ouverture au soin. Ici, le soin est appréhendé dans une dimension psycho criminologique et renvoie essentiellement aux possibilités de réflexions et d’élaboration autour de l’agir criminel. Nous avons estimé que les éléments de personnalité transparaissaient inévitablement au travers du discours des sujets notamment par rapport aux faits reprochés.

Afin d’évaluer cette ouverture au soin, nous avons choisi des indicateurs au soin. Ces divers indicateurs sont destinés à nous renseigner sur l’insight du sujet, à savoir comment le sujet se situe par rapport à l’acte commis (reconnaissance des faits, de leur gravité, reconnaissance de la violence…). Il s’agira aussi d’évaluer quelles sont ses représentations de la victime et ses capacités ou non de tenir compte de l’autre et dans quelles mesures il pourra identifier un dysfonctionnement interne et une nécessité de soin. Ainsi, ces diverses positions subjectives nous renseignent sur les possibilités d’ouverture au soin.

1.3 Distinction entre les criminels à caractère sexuel et les criminels psychopathes

Pour cette étude, comme nous l’avons déjà précisé, nous avons opté de distinguer les sujets ayant commis un crime à caractère sexuel et les sujets ayant commis un crime de sang. D’un point de vue psychopathologique, cette distinction ne se justifie pas, puisque dans tout crime il s’agit essentiellement de s’approprier l’autre et que, pour les crimes à caractère sexuel, le sexuel est simplement mis au service de la violence (Balier, C.[4] 1996 - 2002). Cependant, l’ampleur de la littérature consacrée au soin des auteurs de violence à caractère sexuel, et l’innovation qui avait été induite dans le code pénal français au travers de la loi du 17 juin 1998, pouvait laisser supposer que les soins étaient essentiellement préconisés pour les auteurs de violence à caractère sexuel (Lameyre, X. [5] 2002 A et 2002 B). De manière empirique, nous avions également le sentiment que les auteurs de violence à caractère sexuel étaient davantage stigmatisés comme relevant du soin et demandeurs de soins.

Les sujets de notre échantillon ayant commis un crime de sang ont tous été diagnostiqués comme présentant des troubles psychopathiques, ainsi pour simplifier l’appellation nous les nommerons le groupe des psychopathes.

Les sujets ayant commis un crime à caractère sexuel ont tous été diagnostiqués comme souffrant de troubles de la préférence sexuelle.

2. Methodologie

2.1 Choix de la population de l’étude

Pour cette recherche exploratoire, nous avons choisi une population de 20 sujets hommes, âgés de 20 à 68 ans, tous primaires, en procédure criminelle et incarcérés en maison d’arrêt. Nous avons choisi dix sujets incarcérés pour des faits à connotation sexuelle (cinq au temps avant jugement : entre un et quatre mois avant leur jugement ; et cinq au temps après jugement : entre un et quatre mois après leur jugement) et dix sujets incarcérés pour des crimes de sang (cinq au temps avant jugement : entre un et quatre mois avant leur jugement ; et cinq au temps après jugement : entre un et quatre mois après leur jugement).

Ces sujets ont été rencontrés en maison d’arrêt sur une période de six mois.

Nous avons choisi des sujets qui ne bénéficiaient pas d’une prise en charge psychothérapique, certains avaient bénéficié d’entretiens de soutien infirmier. Ils ont tous été volontaires pour participer à cette étude. Nous avons rencontré chaque sujet à cinq reprises.

2.2 Choix des outils

2.2.1 Construction d’une grille d’entretien semi directif

Pour pouvoir évaluer l’ouverture au soin, nous avons élaboré une grille d’entretien semi directif inspirée du questionnaire d’investigation pour les auteurs d’agressions sexuelles (QICPAAS) d’A. Ciavaldini[6] (2000) et de la grille de déni et de minimisation d’A. Mc Kibben[7] (1999). Ces deux outils nous renseignent sur différentes dimensions permettant d’évaluer l’ouverture au soin. Nous avons donc proposé le même entretien semi directif à l’ensemble de ces 20 sujets, tout en leur précisant qu’ils pouvaient ne pas répondre aux questions qui ne les concernaient pas.

Cette étude exploratoire se propose donc d’évaluer l’accessibilité aux soins aux deux temps donnés (au temps avant jugement et au temps après jugement) et en fonction du type de délit commis, notamment au travers de la présence ou de l’absence d’indicateurs au soin.

2.2.2 Choix des indicateurs d’une possible ouverture au soin

Pour cette étude nous avons retenu huit indicateurs d’une possible ouverture au soin, ces indicateurs sont directement dérivés de la grille de déni et de minimisation d’ A. Mc KIBBEN, ils sont certes différenciés mais s’articulent en permanence.

Les indicateurs retenus pour l’étude :

  • Degré de reconnaissance autour des faits

  • Possibilités de se reconnaître comme auteur des faits

  • Reconnaissance de la violence et de la contrainte au moment des faits

  • Intégration du rapport à la loi et reconnaissance de sa responsabilité

  • Reconnaissance du retentissement psychologique de l’acte sur la victime

  • Ressenti autour de l’acte et par rapport à la victime

  • Reconnaissance d’un dysfonctionnement interne

  • Perception de la nécessité de soins

2.2.3 Construction d’une grille de dépouillement des résultats

A partir des réponses recueillies lors des entretiens et de l’analyse de leur contenu, nous les avons codifiés afin d’en faciliter le dépouillement. Ainsi, nous avons construit une grille de dépouillement synthétique afin d’attribuer des scores (ou cotes) en fonction du degré des différentes reconnaissances. Les scores n’ont pas été ponctués en fonction de la valeur des items, ils ont simplement été différenciés en trois catégories : présence, absence ou présence moyenne (2, 0 ou 1). Les entretiens ont été dépouillés et codifiés par deux soignants (cf annexe 1).

3. Résultats

3.1 Critères d’âge de la population étudiée

La répartition en âge n’est bien sûr pas homogène du fait en particulier que les échantillons sont petits. La moyenne d’âge du groupe des sujets auteurs de violence à caractère sexuel (AVS) est plus élevée que la moyenne d’âge du groupe des psychopathes (moyenne d’âge des AVS avant jugement : 38 ans et après jugement : 51 ans) (moyenne d’âge des sujets psychopathes avant jugement : 32 ans et après jugement 31 ans).

3.2 Observations globales

La répartition des scores individuels, évaluant l’ouverture au soin au travers des différents indicateurs au soin, montre une distribution non homogène entre les auteurs de violence à caractère sexuel et les sujets psychopathes. Si on regroupe l’ensemble des scores de chaque catégorie, on constate que les auteurs de violence à caractère sexuel réalisent un score total nettement supérieur au temps avant jugement par rapport au temps après jugement (58 vs 23). De plus, on constate qu’avant jugement, le score total des auteurs de violence à caractère sexuel est supérieur au score total des sujets psychopathes (58 vs 4O). Mais les positions s’inversent après le jugement, puisque le score des auteurs de violence à caractère sexuel se positionne en retrait par rapport aux sujets psychopathes (23 vs 35).

Figure

Total des scores obtenus aux différents indicateurs

Total des scores obtenus aux différents indicateurs

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3.3 Dépouillement des scores selon les différents indicateurs

3.3.1 Degré de reconnaissance autour des faits

Dans le groupe des auteurs de violence à caractère sexuel, le degré de reconnaissance autour des faits est bien meilleur au temps avant le jugement (le score est de 9 alors qu’il n’est plus que de 4 au temps après jugement). Dans le groupe des psychopathes, on observe que le score au niveau du degré de reconnaissance autour des faits est également meilleur au temps avant jugement mais inférieur au groupe des auteurs de violence à caractère sexuel (6 vs 9) et que, là encore, il baisse au temps après jugement mais de peu (5).

Les faits seraient donc ici mieux reconnus au temps avant le jugement. Il est à noter ici que deux sujets du groupe après jugement nient totalement les faits alors que leur culpabilité a été établie au niveau du procès d’assises.

Graphe 1

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3.3.2 Possibilités de se reconnaître comme auteur des faits commis

Les auteurs de violence à caractère sexuel ont une plus grande propension, au temps avant jugement, à se reconnaître auteur des faits (9 vs 4). Les sujets psychopathes se reconnaissent moins en tant qu’auteur des faits par rapport aux sujets auteurs de violence à caractère sexuel au temps avant jugement (6 vs 9), par contre leurs scores de reconnaissance autour des faits sont constants entre le temps avant et le temps après jugement (6 vs 6).

Graphe 2

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3.3.3 Reconnaissance de la violence et de la contrainte au moment des faits

Il s’agit là d’un indicateur qui apporte des surprises, du moins au regard des autres indicateurs, et que nous tenterons d’analyser plus loin ! Chez les auteurs de violence à caractère sexuel, la violence est faiblement reconnue au temps avant jugement et, de plus, chute encore au temps après jugement (4 vs 2). Pour les sujets psychopathes, il s’agit là, pour l’avant jugement, du score le plus élevé obtenu par rapport aux indicateurs explorés. Mais là encore cette reconnaissance s’effondre au temps après jugement (7 vs 2).

Graphe 3

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3.3.4 Intégration du rapport à la loi et reconnaissance de sa responsabilité

Concernant l’indicateur évaluant l’intégration du rapport à la loi et la reconnaissance de sa responsabilité, on observe, comme pour la plupart des indicateurs chez les auteurs de violence à caractère sexuel, un score élevé au temps avant jugement et une chute du score au temps après jugement (8 vs 4).

Pour les sujets psychopathes, on fait le constat d’un mouvement, certes faible, mais dans le sens d’une augmentation du score au temps après jugement (4 vs 5).

Graphe 4

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3.3.5 Reconnaissance du retentissement psychologique de l’acte sur les victimes

Pour les auteurs de violence à caractère sexuel, la reconnaissance du retentissement psychologique de leur acte sur la victime est bien meilleure au temps avant jugement qu’au temps après jugement, puisque le score s’effondre (7 vs 2). Pour les sujets psychopathes, la reconnaissance du retentissement psychologique de l’acte sur la victime est moins marquée au temps avant jugement par rapport aux auteurs de violence à caractère sexuel (7 vs 5) mais ne subit qu’un léger fléchissement par rapport au temps après jugement (5 vs 4).

Graphe 5

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3.3.6. Ressenti autour de l’acte et par rapport à la victime

Pour cet indicateur évaluant indirectement le sentiment « d’empathie » et la « honte » ou au moins «le malaise » ressenti autour de l’acte et par rapport à la victime, on observe encore une fois un cas de figure classique pour les sujets auteurs de violence à caractère sexuel avec un score élevé au temps avant jugement qui chute au temps après jugement (6 vs 3).

Pour les sujets psychopathes on retrouve le cas de figure, lui aussi classique, du score moindre par rapport aux auteurs de violence à caractère sexuel au temps avant jugement (3 vs 6) mais restant stable entre les deux temps (3 vs 3).

Graphe 6

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3.3.7 Reconnaissance d’un dysfonctionnement interne

Pour les auteurs de violence à caractère sexuel, la perception d’un dysfonctionnement interne est fortement ressentie au temps avant le jugement et là encore, elle chute au temps après le jugement (7 vs 2).

De même cette perception, si elle est moindre pour le groupe des sujets psychopathes par rapport aux auteurs de violence à caractère sexuel (5 vs 7), elle ne varie toutefois pas entre le temps de l’avant et le temps de l’après jugement (5 vs 5).

Graphe 7

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3.3.8 Perception de la nécessité de soins

Les résultats pour cet item montrent un cas de figure classique chez les auteurs de violence à caractère sexuel (hors celui de la « reconnaissance de la violence ») avec une perception bien marquée au temps avant le jugement mais un score très faible après le jugement (7 vs 2).

Chez les sujets psychopathes on observe ici un score au temps avant jugement faible mais qui progresse légèrement au temps après jugement (3 vs 4) comme pour l’indicateur explorant le sentiment de responsabilité.

Graphe 8

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4. Discussion

4.1 Différenciation d’une possible ouverture au soin entre le temps avant et après jugement

4.1.1 Le degré de reconnaissance par rapport aux faits commis

L’analyse des entretiens montre, qu’au temps précédant le jugement, le groupe des auteurs de violence à caractère sexuel reconnaît plus facilement les faits. La clinique nous indique que les auteurs de violence à caractère sexuel sont pourtant plus souvent dans le déni de leurs actes alors que les psychopathes (qui sont fréquemment incarcérés pour des faits d’homicide) nient rarement leurs actes, un homicide étant difficilement contestable.

Il est donc surprenant que notre échantillon d’auteurs de violence à caractère sexuel présente un score de reconnaissance des faits supérieur aux psychopathes (au temps avant jugement). Ce résultat peut se comprendre du fait que les auteurs de violence à caractère sexuel sont davantage en perte de repères pendant la période de détention préventive. Souvent, ils n’imaginaient pas être incarcérés et ne réalisent parfois le caractère gravissime de leurs agissements qu’au moment de l’incarcération. A leur entrée, d’un point de vue thymique, ils sont également fragilisés par l’environnement carcéral qui se révèle particulièrement anxiogène puisqu’ils sont souvent stigmatisés par les co-détenus comme des « monstres ». Ils craignent également de manière plus aiguë l’abandon de leurs familles en raison du caractère insoutenable de leurs actes.

Au temps avant jugement, cette perte de repères, l’effondrement psychique à tonalité dépressive liés à la confrontation à eux-mêmes et à leurs actes, ainsi qu’à cet environnement hostile, tend à fragiliser leurs processus défensifs et les amène parfois à reconnaître (au moins partiellement) les faits qui leur sont reprochés.

Au temps après jugement, lorsqu’ils ont retrouvé une certaine stabilité psychique, on a le sentiment que leurs processus défensifs réapparaissent et entravent à nouveau leurs réelles possibilités de reconnaissance autour des faits.

A la différence, pour le groupe des psychopathes, leur degré de reconnaissance autour des faits reste relativement moyen mais permanent entre le temps avant et après jugement. En fait, ils sont inculpés de meurtre, et identifient plus aisément les faits commis et la gravité de leurs actes. Ils nous apparaissent également moins déstabilisés par leur incarcération et sont aussi mieux tolérés au sein du milieu carcéral et par leur entourage familial.

4.1.2 Les possibilités de se reconnaître comme auteur des faits commis

Le groupe des auteurs de violence à caractère sexuel se reconnaît davantage comme auteur des faits commis au temps avant jugement.

Au temps après jugement, leurs stratégies de décriminalisation (Villerbu L-M [8] 2002) les amènent souvent à minimiser leur participation ou à se défausser de cette place d’auteur. Ainsi, s’ils se reconnaissent en tant qu’auteur des faits lors de l’instruction, on a le sentiment qu’après jugement, cette possibilité de se reconnaître comme auteur des faits se dilue à nouveau au profit de leur conviction intime qui réapparaît. Après jugement ils ont à nouveau tendance à minimiser la gravité de leurs actes estimant parfois que la peine est démesurée à minimiser leur participation et à projeter la faute sur la victime ou sur l’extérieur (thèse du complot, de la vengeance, prise d’alcool, circonstances favorisantes…).

A la différence, pour le groupe des psychopathes, les possibilités de se reconnaître comme auteur des faits commis varie peu entre le temps avant et après jugement.

4.1.3 La reconnaissance de la violence et de la contrainte au moment des faits

Cette étude nous indique que les auteurs de violence à caractère sexuel, repèrent difficilement la violence et la contrainte au moment des faits. En effet, cette violence est majoritairement réfutée quelque soit le temps d’incarcération. En fait, ils n’ont pas le sentiment d’avoir été violents, puisque pour eux, la notion de violence est associée à la brutalité. Or, la violence et la contrainte imposées lors des déviances sexuelles au travers de la séduction se révèlent plus insidieuses et plus sournoises pour pouvoir être identifiées et reconnues en tant que telles. De plus, ils évoquent souvent une relation de pseudo réciprocité ou de consentement et n’identifient nullement le caractère destructeur de leur relation d’emprise (au sens de R. Dorey [9] 1988) minimisant ainsi la violence et la contrainte au moment des faits.

Par contre, pour le groupe des psychopathes, nous avons été surpris de constater que cette violence est plus largement reconnue au temps avant jugement, mais le score de reconnaissance de la violence chute au temps après jugement. En effet, le contenu des entretiens montre qu’ils reconnaissent assez facilement cette violence au temps précédant le jugement mais qu’elle se trouve fortement relativisée, banalisée voire légitimée au temps après jugement (ils jugent alors que leur violence était exceptionnelle, ils estiment qu’habituellement ils auraient pu se contrôler, ou s’attribuent la légitime défense …).

Il semblerait, qu’au moment des faits, cette violence ait opéré en tant que survie psychique et que le sentiment intime d’une menace d’être détruit ne leur permette plus d’identifier objectivement leur propre réaction de violence (Bergeret [10] 1984). Cette violence a simplement constitué une réponse à une perception de menace ou d’offense extérieure, vécue de manière encore plus intense. De plus, il est probable que le fait que les sujets psychopathes aient souvent grandi dans un climat de violence (tout comme les agresseurs sexuels ont souvent grandi dans un climat incestueux ou transgressif) ait pu altérer leur échelle d’appréciation de la violence et que finalement, si elle peut être identifiée au temps avant jugement elle ne semble être que sommairement intégrée.

4.1.4 L’ intégration du rapport à la loi et reconnaissance de sa responsabilité

Les auteurs de violence à caractère sexuel présentent une meilleure intégration du rapport à la loi et meilleure reconnaissance de leur responsabilité au temps avant jugement. Cependant ces reconnaissances chutent au temps après jugement et semblent peu intégrées psychiquement, elles s’avèrent relativement superficielles et éphémères comme s’il s’agissait d’une adaptation de surface. Par contre pour les sujets psychopathes, on observe une légère augmentation au temps après jugement de leur intégration du rapport à la loi et reconnaissance de leur responsabilité.

4.1.5 La reconnaissance du retentissement psychologique de l’acte sur la victime

Les entretiens nous indiquent une meilleure reconnaissance du retentissement psychologique de l’acte sur la victime notamment au travers de l’atteinte portée à autrui, au temps précédant le jugement pour le groupe des auteurs de violence à caractère sexuel. Ainsi, la disqualification et la dépréciation de la victime sont plus marquées au temps après jugement alors qu’elles semblent davantage être contenues au temps avant jugement. La victime est fréquemment annihilée dans son statut de sujet et est perçue comme objet, les mots pour l’évoquer manquent parfois de pudeur ou témoignent d’une agressivité majeure mais cela transparaît surtout au temps après jugement. La relation d’altérité fait défaut et ne semble pas s’être constituée. Les auteurs de violence à caractère sexuel ont des difficultés à reconnaître les conséquences traumatiques réelles pour la victime. En fait, ils sont en mesure d’évoquer la notion de traumatisme sans pouvoir en saisir les composantes. Le traumatisme subi par la victime est alors souvent relativisé avec une minimisation de sa souffrance et de la douleur ressentie par la victime. De même, l’acte est indirectement légitimé avec une projection de la faute sur la victime qui est perçue comme l’instigatrice ou celle qui n’a pas manifesté d’opposition ou de résistance.

Pour le groupe des psychopathes, on note une reconnaissance très moyenne du retentissement psychologique de l’acte sur la victime mais ce score reste quasiment stable au temps après jugement. Il faut noter que pour ces auteurs, la victime est souvent décédée ce qui les dédouane de toute confrontation au vécu de la victime. Ils ont néanmoins tendance, au temps après jugement, à légitimer leurs agissements en considérant la victime à l’origine de la menace.

4.1.6 Le ressenti autour de l’acte et par rapport à la victime

Quant au ressenti autour des faits nous constatons globalement une pauvreté du vécu émotionnel. Seuls quelques sujets témoignent d’un vague sentiment de malaise ou de honte.

Pour les deux types d’auteurs, on constate majoritairement une certaine indifférence et une difficulté à ressentir de l’empathie par rapport à la victime. Ainsi, ils parviennent parfois à donner une description détaillée de l’acte mais de manière tout à fait inaffective. Ils connaissent le vocabulaire émotionnel mais sont incapables de faire le lien entre l’émotion et la représentation.

Pour notre part, l’empathie explorée par « le ressenti autour de l’acte » et « la reconnaissance du retentissement psychologique chez la victime » pourrait donc éventuellement constituer un indicateur privilégié permettant d’évaluer les possibilités d’ouverture au soin. En effet, au cours de notre étude, nous avons observé que lorsqu’il y avait des possibilités de réaction d’empathie[11] envers la victime, les autres indicateurs au soin étaient souvent présents. Ainsi, lorsqu’il y a sentiment d’empathie authentique envers la victime, il nous semble que le sujet reconnaît généralement les faits, sa violence, se reconnaît plus facilement auteur et responsable de ses actes. Ces sujets reconnaissent aussi les répercussions traumatiques chez la victime et la douleur infligée par leurs actes. En effet, cette empathie ressentie pour la victime semble plus marquée lorsqu’une relation affective authentique avait été établie avec la victime. La relation qui lie l’auteur à la victime semble jouer un rôle non négligeable quant aux possibilités pour l’offenseur de prendre conscience du traumatisme subi par la victime et sa capacité de se soucier de l’autre et de s’inscrire dans une démarche de soin. Dans la littérature, la notion d’empathie est souvent considérée comme un indicateur de l’évolution thérapeutique puisqu’elle exercerait un rôle inhibiteur sur les comportements agressifs, participant au développement moral et motivant les comportements pro-sociaux (Pham, Th.[12] 2006).

Pour les sujets psychopathes on s’aperçoit qu’en général, les victimes étaient peu connues ou détestées voire considérées comme des rivaux et l’agression semble avoir constitué une réponse à une menace (sauf pour le sujet ayant commis un infanticide). Notre étude ne fait pas état d’un crime passionnel, mais il aurait été intéressant d’analyser les différentes reconnaissances face à une victime aimée.

4.1.7 La reconnaissance d’un dysfonctionnement interne

Avant le jugement, le groupe des auteurs de violence à caractère sexuel revendique largement la nécessité de soin puisqu’ils attribuent souvent leurs déviances sexuelles à des troubles psychiques mais de manière très conventionnelle en réaction à l’image d’anormalité qui leur est renvoyée communément. Cette identification de maladie les rassure d’ailleurs et les préserve d’un effondrement narcissique. Or, au temps après jugement, ils ont tendance à relativiser ce dysfonctionnement interne et n’envisagent les soins qu’à court terme.

Par contre, le groupe des psychopathes montre un score de reconnaissance d’un dysfonctionnement interne modéré mais qui varie peu entre le temps avant et après jugement. Ils sont moins stigmatisés comme relevant du soin et sont moins sujets aux pressions sociales.

4.1.8 La perception de la nécessité de soin

Comme pour l’indicateur de la reconnaissance d’un dysfonctionnement intérieur, les auteurs de violence à caractère sexuel perçoivent une nécessité de soin essentiellement au temps avant jugement et cette perception chute au temps après jugement. Par contre pour le groupe des psychopathes, la perception d’une nécessité de soin s’avère moyenne au temps avant jugement mais augmente très légèrement au temps après jugement.

Pour résumer, comme nous l’avons déjà souligné, dans l’ensemble nous aurions pu nous attendre à ce que les indicateurs au soin soient plus importants au temps après jugement puisque : les sujets ont été confrontés à des éléments de réalité ; que l’imputabilité de l’acte et l’établissement de la culpabilité sont établis au moment du procès et enfin du fait qu’ils ont déjà passé un certain temps en détention. Mais globalement on constate que les auteurs de violence à caractère sexuel présentent d’importantes variations de reconnaissance entre le temps précédant le jugement et le temps après jugement. Tandis que le groupe des psychopathes adopte des attitudes au départ plus modérées mais restant permanentes entre les différents temps.

4.2 Le temps précédant le jugement constitue-t-il alors un moment privilégié d’ouverture au soin ?

Comme nous l’avons déjà souligné précédemment, les auteurs de violence à caractère sexuel présentent des indicateurs au soin plus élevés au temps avant jugement ce qui pourrait confirmer notre hypothèse et nous amener à penser qu’ils seraient effectivement plus accessibles aux soins dans l’avant jugement et que leurs mécanismes de défense se renforceraient à nouveau après jugement, lorsqu’ils retrouvent des repères et une stabilité émotionnelle.

De plus, la reconnaissance d’un dysfonctionnement interne et la nécessité de soins constituent une priorité pour eux au temps avant jugement mais sont mis à distance dans un second temps. Partant, leur prise de conscience quant à une nécessité de soin, même si elle apparaît marquée avant jugement, reste très éphémère et ne semble pas être intégrée psychiquement.

Dès lors, nous sommes interpellés par l’application des injonctions de soin dans le cadre du suivi socio judiciaire (Lameyre, X.[13] 2002 A) qui ne s’appliquent qu’après leur sortie, et nous nous interrogeons si ces sujets seront encore mobilisables après une « hibernation psychique » de plusieurs années passées en détention, si dès le temps après jugement, ils se sentent déjà moins concernés par le soin. L’incitation au soin préconisée en cours de détention apparaît donc tout a fait opportune.

Il apparaît plutôt que, pour cette population, ces reconnaissances particulièrement marquées au temps avant jugement soulignent une réaction éphémère et correspondent en fait à une adaptation de surface. Ces reconnaissances semblent très conventionnelles et de pure forme. Ils s’adaptent et se conforment à l’image de malade que l’opinion publique leur renvoie d’eux-mêmes (probablement plus acceptable aussi) mais leur conviction intime réapparaît après le procès. Lorsqu’il n’y a plus de pression externe, on a le sentiment qu’ils s’autorisent à nouveau à être eux-mêmes et là réapparaissent leurs convictions profondes qui répondent aux exigences psychiques internes à savoir préserver leur narcissisme.

Par contre, pour les sujets psychopathes, les diverses reconnaissances s’avèrent modérées mais stables avant et après le jugement, mis à part pour l’item évaluant la reconnaissance de la violence. Cette violence, certes reconnue au temps avant jugement, sera ensuite fréquemment légitimée et relativisée au regard de l’interprétation de l’attitude de la victime et de la menace ressentie.

Là aussi ces sujets reconnaissent de manière excessive cette violence dans le temps avant jugement et se conforment ainsi à ce qu’on attend d’eux. Nous pourrions suggérer qu’il s’agit, là aussi, d’une illusion de reconnaissance.

Toutes ces reconnaissances qui apparaissent d’ailleurs sur évaluées semblent relativement artificielles et nous interpellent sur le manque d’authenticité et d’intégration psychique. Ces tendances qui chutent fortement au temps après jugement correspondent à des tentatives de compensations, laissant apparaître des failles internes majeures.

En effet, les carences des organisations de personnalité des sujets de notre étude, nous amènent à penser qu’il paraît difficile d’attendre de leur part, des élaborations qui ne peuvent advenir (sans un investissement dans un travail thérapeutique) du fait de leurs carences psychiques et des carences au niveau du maniement des affects, à savoir l’ alexithymie, l’achoppement à la position dépressive et enfin des difficultés à se confronter à leur culpabilité (Ciavaldini, A. ; Coutanceau, R. (1996). Dans l’ensemble, les sujets exprimeraient davantage de honte ou de malaise qui est lié au narcissisme archaïque et au regard de l’autre. Ils sont d’ailleurs très soucieux du regard d’autrui puisqu’ils n’ont cesse de se conformer à ce qu’ils imaginent qu’on attend d’eux.

Critiques concernant cette étude

Nous formulerons néanmoins un certain nombre de critiques concernant cette étude. En effet, le faible échantillonnage ne permet pas une validité suffisante, le temps avant et après jugement (variable temps se situant entre un et quatre mois) nous apparaît insuffisamment discriminant d’autant plus que l’étude s’est déroulée au sein du même contexte carcéral. De plus, cette étude se cantonne aux sujets détenus en maison d’arrêt, il est probable que le temps passé en centrale ou en centre de détention puisse ouvrir d’autres perspectives au niveau du soin.

Au regard du faible échantillon des sujets de l’étude et des interférences liées aux caractéristiques de personnalité, il serait également intéressant de préconiser une étude longitudinale pour chaque sujet et d’évaluer la position face au soin tout au long de la détention.

Les indicateurs choisis nous apparaissent également trop réducteurs pour apprécier l’ouverture au soin, en effet, ils évaluent essentiellement une approche discursive. Même si nous avons tenté de tenir compte des réactions émotionnelles, il nous apparaît que cette approche demeure incomplète et trop superficielle. Il s’agirait donc d’affiner les différents indicateurs en tenant compte des différents mécanismes de défense en jeu, ce qui nous permettrait probablement de dégager des critères plus révélateurs d’une ouverture authentique par rapport au soin.

5. Conclusion

Cette étude exploratoire montre que pour le groupe des auteurs de violence à caractère sexuel, les indicateurs au soin étaient globalement plus élevés au temps avant le jugement alors que pour le groupe des psychopathes ils restaient moyens mais relativement stables au temps avant et au temps après jugement.

Si on se cantonne à ce constat, on pourrait effectivement penser que les auteurs de violence à caractère sexuel seraient plus accessibles au soin avant leur jugement, ce qui confirmerait notrehypothèse. En effet on pourrait imaginer qu’ils sont davantage déstabilisés avant le jugement et que les mécanismes de défense se renforceraient à nouveau après jugement, lorsqu’ils retrouvent leurs repères et une stabilité émotionnelle. Ils estiment souvent, dès après le jugement, que la page est tournée et ne se sentent plus concernés par le risque de récidive. On imagine facilement que leur adaptation carcérale, dont on connaît bien la nature, leur donne l’illusion qu’il n’y aurait plus de problème de déviance et que n’étant plus confrontés à leurs pulsions sexuelles incestueuses ou pédophiliques ils s’estiment peu enclin à récidiver. Ainsi peu de sujets ont réellement conscience d’une nécessité de prise en charge sur le fond et au long court.

Les différents entretiens indiquent qu’ils se dévoilent plus facilement après jugement et s’autorisent alors à révéler leurs réelles perceptions par rapport aux faits, à la victime, et à la nécessité de soin. Ce changement d’attitude après jugement nous amène à penser qu’il s’agit dans l’avant jugement d’une réaction éphémère ou d’une illusion à une ouverture au soin. Il semblerait qu’en fait les sujets auteurs de violence à caractère sexuel se conforment à ce qu’ils imaginent qu’on attend d’eux et qu’il s’agit en fait d’une adaptation de surface, d’autant plus qu’après le procès, leur conviction intime semble réapparaître naturellement. Ces remarques interrogent également les évaluations des progrès en traitement au travers des échelles d’empathie ou des programmes de rééducation de l’empathie envers la victime. Ces techniques nous interpellent quant au risque d’obtenir et d’évaluer des réponses purement adaptatives et peu authentiques.

En France, de plus en plus de projets de loi s’orientent vers une accentuation et une généralisation des mesures d’injonction de soin. Ces mesures sont certes nécessaires puisqu’elles signifient au sujet l’existence d’un dysfonctionnement interne et social. Mais quel sens recouvre cette injonction lorsqu’elle permet simplement à l’agresseur de se conformer à ce qu’on attend de lui au risque de créer un faux self.

Il s’agit de rester vigilant, de ne pas négliger les effets de contexte et de ne pas nous leurrer en se cantonnant à ce qui se donne à voir, surtout dans l’excès, qui ne correspond parfois qu’à une adaptation de surface.

Néanmoins, sur la base de ces observations, peut être pourrions-nous tout de même, nous saisir de ce temps de pseudo ouverture au soin où, effectivement, les auteurs de violence à caractère sexuel se trouvent en perte de repères et dans une réactivité à tonalité dépressive. Même si leurs processus défensifs se réinstallent ultérieurement. Il s’agit de se saisir de ce moment privilégié, pour favoriser une relation inter subjective et saisir les bénéfices d’un travail d’élaboration autour des faits, autour de la perception de la victime qui pourra se poursuivre et s’orienter ultérieurement vers une demande de soins authentique.