Archives autochtones

Quelques nouveautés concernant le patrimoine documentaire autochtone[Record]

  • Jonathan Lainey

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  • Jonathan Lainey
    archiviste
    Bibliothèque et Archives Canada

Depuis quelques années déjà, plusieurs institutions de mémoire et de savoir au Canada portent une attention spéciale au patrimoine documentaire autochtone. Diffé­ren­tes initiatives sont développées, parfois en partenariat entre les institutions et dans la mesure du possible avec les communautés autochtones, afin d'assurer la préservation et la diffusion de ce patrimoine. Le but de cette chronique est de faire connaître certains de ces projets, initiatives ou acquisitions afin de mettre en valeur le patrimoine documentaire autochtone du Canada. Soulignons d’abord une récente acquisition réalisée par Bibliothèque et Archives nationales du Québec (BAnQ) qui est réellement digne de mention. Regroupés sous le titre « Fonds Famille Picard » (cote P882 et P883), les documents acquis en 2007 sont issus de ce qui était con­sidéré autrefois comme les archives de la communauté huronne (wendate) de Wendake. Le fonds témoigne de l'histoire de cette importante famille huronne, dont plusieurs membres ont été chefs, sur quatre générations, et donc de l’histoire de la Nation huronne-wendat sur plus de deux siècles. Ce fonds disponible à BAnQ est complémentaire à un autre fonds provenant de la même famille qui, lui, est disponible au Centre ­d’archives du Conseil de la Nation huronne-wendat de Wendake, lequel est ouvert au public depuis 1996. Le « fonds Paul Picard » (P2) conservé à cet endroit est composé de 1,2 mètre de documents textuels, 17 photographies, 65 cartes et plans et quelques livres, et couvre la période 1795-1990 (surtout 1880-1950). Pour en savoir davantage sur l'histoire fascinante de ces documents, le lecteur est invité à consulter en ligne l'article qui y est entièrement consacré dans la Revue de Bibliothèque et Archives nationales du Québec (n˚ 2, 2010) : <http://www.banq.qc.ca/a_propos_banq/publications/revue_banq/numero2/index.html>. On a longuement parlé du fameux rapport en cinq volumes de la Commission royale sur les peuples autochtones, déposé en 1996 (disponible en ligne à cette adresse : <http://www.ainc-inac.gc.ca/ap/­rrc-fra.asp>). D’ailleurs, un excellent numéro thématique de Recherches amérindiennes au Québec faisait récemment le point sur les suites des recommandations de la Commission (vol. 37, n˚ 1, 2007). Or, on re­marque, avec un peu d’étonnement d'ailleurs, que les nombreux rapports et documents produits lors de cette enquête nationale majeure semblent avoir très peu été utilisés par les chercheurs en études autochtones. Est-ce parce que l'on juge, forcément à tort, que leur contenu est sans intérêt ? ou est-ce parce qu'on ignorait simplement leur existence et leur disponibilité ? Au cours de la série d’audiences tenues de 1992 à 1993 à travers le Canada pour les soins de la Commission, les autochtones ont eu l’occasion de s'adresser directement à la Commission et d'exprimer ainsi leur vision de l'histoire et de ce que devrait être le futur. Les non-­autochtones avaient aussi eu l'occasion de s'exprimer sur leurs relations avec les autochtones. Il s'agit sans doute de la plus grande collection de transcriptions d’histoires orales jamais accumulée au Canada. Ces documents contiennent la voix des autochtones eux-mêmes. On y perçoit autant leurs préoccupations et leurs besoins que leurs points de vue et opinions sur des sujets qui les concernent on ne peut plus directement. Les cinq volumes déposés par la Commission con­tiennent certainement plusieurs extraits de ces témoignages. Mais tous con­vien­dront qu’un seul paragraphe ne peut convenablement remplacer ou même résumer un témoignage qui tenait à l’origine sur sept ou huit pages. On connaît, certes – quoiqu’on semble l'avoir oublié – le CD-ROM intitulé « Pour sept générations : legs documentaire de la Commission royale sur les peuples autochtones / For Seven Generations: An Infor­ma­tion Legacy of the Royal Commission on Aboriginal Peoples » (Ottawa : Libraxus, 1997) dont l’interface, plus que désuète, …