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Henri Desroche : espérer, coopérer, (s’)éduquer, Jean-François Draperi, Presses de l’économie sociale, Montreuil, 2014, 216 pages[Record]

  • Maurice Parodi

La présente note vise à relever les traits qui distinguent le mieux cet ouvrage des nombreux textes déjà dédiés aux créativités ou aux anticipations d’Henri Desroche . La préface du livre, sous la plume de Davide Lago, n’avait pas manqué de souligner l’une des spécificités de l’ouvrage : celle d’échapper à la « sectorisation » de la plupart des écrits consacrés à l’oeuvre complexe de Desroche. En effet, pour D. Lago, « la sectorisation correspond à l’habitude d’analyser l’oeuvre de Desroche selon des filières précises : études marxologiques, sociologie des religions, coopération et développement, éducation permanente, contes et poèmes. Or, si cette sectorisation s’impose face à la complexité des thèmes étudiés par l’auteur, on ne saurait trop y insister sans gêner une compréhension féconde de la vision de l’homme et de la société qui corrobore ces thèmes d’une manière transversale ». De fait, le principal mérite de l’ouvrage de Draperi est bien de prendre la somme de l’oeuvre de Desroche à bras le corps et d’en tenter une analyse transversale. Il est, sans doute, l’un de ses rares anciens compagnons de route à pouvoir oser cette « traversée ». Il s’en explique clairement dans son introduction (p. 12) : « Pour comprendre de façon la plus fidèle possible le travail d’Henri Desroche, je suis parti d’une réflexion qu’il fit sur son propre parcours en 1978. “L’anthropologie de l’éducation ou ‘éducative’ est le ‘fleuve’ dont mes recherches antérieures ne m’apparaissent plus désormais que comme deux affluents” . Draperi nous offre ainsi, d’entrée de lecture (p. 15), une « matrice compréhensive de l’oeuvre » de Desroche, c’est-à-dire une grille de lecture à double entrée (résumée dans le tableau 1, en page suivante), dont va découler le plan de l’ouvrage. Du chapitre 1 présentant la biographie de Desroche et sa formation dominicaine initiale découle le chapitre 2 consacré à la sociologie religieuse, « qui est au fondement de sa conception et du développement » (comme à celle de Lebret, fondateur d’Economie et humanisme), mais aussi de sa démarche éducative. Le chapitre 3 est centré sur le groupe ou la communauté de travail intellectuel du Collège coopératif de Paris, créé en 1958 pour développer la recherche et l’enseignement coopératifs sous la double égide de l’Ecole pratiques des hautes études (EPHE, dont Desroche venait d’être nommé directeur de recherche) et de la Fédération nationale des coopératives de consommation : « Ce Collège coopératif représente pour Desroche la nouvelle “communauté” après son départ de l’ordre dominicain, passant ainsi d’une communauté donnée et religieuse à une communauté fondée sur la coopération. » Il est la souche-mère qui va générer, en France tout d’abord, à la fin des années 70 et tout au long des années 80 et 90, les premiers cercles des Collèges coopératifs  et du réseau des hautes études des pratiques sociales (RHEPS) regroupant la douzaine d’universités qui ont adopté et mis en oeuvre le modèle du diplôme des hautes études des pratiques sociales (DHEPS) ; puis les nombreuses « cayennes » en Europe, en Afrique, en Amérique latine, au Québec, dans la foulée des universités saisonnières de l’Université coopérative internationale (chapitre 5). Le chapitre 4 présente l’oeuvre écrite dans le champ de la sociologie de la coopération. Selon Draperi : « De même que la sociologie religieuse s’imposait pour questionner la pratique religieuse, la sociologie coopérative s’impose pour questionner la pratique sociale. […] Le lien entre les deux sociologies est la continuité que Desroche découvre entre les mouvements messianiques fondateurs de nouvelles religions et les utopies sociales initiatrices de coopératives. » Rappelons ici la belle image que Desroche nous proposait au sujet de …

Appendices