Comptes rendus

Manon Tremblay (dir.) Femmes et parlements : un regard international. Montréal, Les éditions du remue-ménage, 2005, 671 p.[Record]

  • Louise Beaudoin

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  • Louise Beaudoin
    Université du Québec à Montréal

Cet ouvrage réunit, sous la direction de Manon Tremblay, grande spécialiste de ces questions, quelques collaborateurs et de nombreuses collaboratrices. Il englobe 37 pays sur les 191 que comptent les Nations Unies, répartis sur les 5 continents. Des pays pauvres, des pays riches, des pays où les droits des femmes sont respectés, des pays où ils ne le sont pas : un échantillon, somme toute, représentatif du monde d’aujourd’hui. De plus, des études aussi exhaustives en langue française sont rares, sinon inexistantes. La somme des informations ainsi diffusées est impressionnante. Les fiches synthèses qui précèdent l’analyse de chacun des pays étudiés sont particulièrement utiles, en elles-mêmes mais aussi en les comparant les unes aux autres; elles permettent d’obtenir, rapidement, une vision globale, objective, chiffrée, de la situation actuelle, par exemple, des écarts de revenus entre les femmes et les hommes. Plusieurs questions essentielles sont posées tout au long de la présentation et de l’analyse de chacun des cas étudiés : comment faire en sorte que des femmes soient élues dans les parlements nationaux ou fédéraux? Quelle différence cela fait-il, en ce qui concerne l’ordre du jour des gouvernements, qu’il y ait ou non des femmes élues dans ces assemblées? En d’autres termes, la présence de femmes dans ces instances change-t-elle la donne politique? Les thèmes les intéressant particulièrement sont-ils ou non mieux pris en considération? Les réponses données à ces questions sont, de mon point de vue, satisfaisantes et pertinentes. À la première question concernant la meilleure manière de faire élire des femmes dans les parlements, on constate qu’il n’y a pas de réponse miracle. Le scrutin proportionnel est plus susceptible de permettre l’émergence de candidatures féminines, les partis de gauche sont souvent plus sensibles à la question de la représentation des femmes, les quotas peuvent être utiles, la mobilisation des mouvements de femmes est pratiquement incontournable, mais aucun de ces ingrédients à lui seul ne garantit l’élection d’un nombre significatif de femmes. Car les partis politiques veillent au grain et trouvent toutes sortes de (mauvaises) raisons pour continuer à présenter dans des circonscriptions dites « prenables » des candidats et non des candidates. Par ailleurs, toute la question du désir des femmes de faire de la politique et surtout d’être élues est bien posée. Pourquoi y a-t-il si peu de femmes en politique au-delà des raisons structurelles tout juste évoquées? Parce que, explique-t-on dans plusieurs chapitres, les femmes n’ont pas les mêmes réseaux que les hommes, l’argent nécessaire pour faire campagne est plus difficile à trouver, et, bien sûr aussi, les femmes ont d’autres centres d’intérêt que la politique, s’investissent dans d’autres secteurs de la sphère privée et même publique. C’est pourquoi l’existence d’un mouvement de femmes fort et déterminé à agir sur ce plan est si important. Car alors il prend les moyens nécessaires pour parvenir à ses fins : entraide, formation, pressions, lobbying, financement, etc. Les meilleurs résultats sont obtenus lorsqu’un tel mouvement est en mesure de convaincre des gouvernements et des partis politiques qu’il y va de leur intérêt d’accueillir et de soutenir des candidatures féminines. Depuis longtemps, les premiers de classe sont les pays scandinaves, la palme revenant à la Suède avec 45,3 % de femmes élues à son parlement. Les derniers sont les pays de la péninsule arabique où, dans certains États, les femmes ne peuvent toujours pas voter ni être candidates aux élections : Arabie saoudite (0 % de femmes parlementaires), Émirats arabes unis (0 %), Bahreïn et Qatar (0 %). À mon sens, il y a là une autre preuve d’une relation entre une certaine interprétation de l’islam et la piètre condition …