Comptes rendus

Évelyne Diebolt (dir.), Dictionnaire biographique. Militer au XXe siècle. Femmes, féminismes, Églises et société. Paris, Michel Houdiard éditeur, 2009, 348 p.[Record]

  • Hélène Charron

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  • Hélène Charron
    Université Laval

La lecture du sous-titre de cet ouvrage, Militer au XXe siècle. Femmes, féminismes, Églises et société, laisse entendre que l’on tient entre les mains un dictionnaire biographique abordant l’ensemble des secteurs du militantisme féminin en France au XXe siècle. La lecture de l’introduction renforce cette impression lorsqu’on y lit que les « femmes de ce dictionnaire ont en commun d’avoir pris des initiatives, eu des activités – bénévoles ou rémunérées, souvent aux postes de direction – dans le monde associatif » (p. 11). Or, le monde associatif est extrêmement vaste et diversifié, et ce dictionnaire biographique ne l’explore finalement pas dans toutes ses dimensions. Il porte essentiellement sur des militantes d’associations catholiques et protestantes peu ou pas contestataires, associées de près à la fondation de nombreux services sociosanitaires originaux, et dont les trajectoires demeuraient encore largement méconnues de la plupart des chercheuses et des chercheurs. La pertinence d’un dictionnaire biographique concernant ce groupe plus restreint de militantes encore peu étudiées est évidente, mais le contenu réel du volume aurait dû être plus explicitement annoncé dès le départ. Les lecteurs et les lectrices n’y trouveront donc aucune notice sur les syndicalistes, sur les militantes politiques (particulièrement celles des groupes et des partis de gauche), sur les militantes pacifistes (à l’exception de Marie-Louise Puech) et sur les militantes écologistes, ainsi que très peu d’entrées sur les militantes féministes associées aux tendances républicaines, laïques et radicales. Néanmoins, le contenu empirique de la grande majorité des notices est manifestement le fruit de longues recherches en archives et les trajectoires sociales des femmes présentées sont généralement fascinantes. La sélection des militantes figurant dans ce dictionnaire apparaît être davantage le reflet des préoccupations monographiques des auteures sollicitées que le résultat d’une définition bien articulée des champs politique, associatif, féministe ou sociosanitaire. Évelyne Diebolt, historienne spécialisée en matière de vie associative et de philanthropie féminine (2001), dirige l’ouvrage et signe la majorité des entrées (57 %), notamment l’ensemble de celles qui portent sur les militantes du Mouvement jeunes femmes qui représente à lui seul plus de 20 % de tout l’ouvrage. Ce groupe, fondé en 1947 et composé de protestantes de classe moyenne qui s’associent ensuite au groupe Maternité heureuse pour fonder le Mouvement français du planning familial (MFPF), se rapproche progressivement du féminisme à mesure de son éloignement de la référence religieuse. Les trajectoires personnelles et professionnelles des principales dirigeantes sont longuement documentées (Nancy Atger, Christiane Berthelot-Jouvin, Anne David, Christiane Delteil, Suzette Duflo, Francine Dumas, Rolande Dupont, Lucie Durand, Suzanne Fauche, Solange Fernex, Huguette Fromenthal, Janine Grière, Clausse Groussin, Elisabeth Gruson, Simone Iff, Suzanne Neubuhler. Jeanne Lebrun, Herrade Mehl-Koehnlein, Monique Mercier, Sylvaine Moussat, Françoise Muckensturm, Yvonne Pelat, Geneviève Poujol, Annie Ségura-Daudé, Jacqueline Sers, Madeleine Tric et Claude Viguié). Évelyne Diebolt a aussi rédigé les notices sur les militantes engagées dans le guidisme et les associations protestantes pour la jeunesse (Renée de Montmort, Corinne Akli, Marie-France Alexandre, Marie Diémer, Marie-Thérèse Cheroutre, Monique Mitrani), sur les infirmières formées par la docteure Anna Hamilton à la maison de santé de Bordeaux et qui essaiment ensuite dans toute la France en fondant des institutions hospitalières similaires (Alice Bianquis-Escande, Éva Durrleman, Antoinette Hervey, Thérèse Matter, Marcelle Monod, Madeleine Rives-Mörch, Élizabeth Rouffiac et Madeleine Seltzer), sur les infirmières associées à la Croix-Rouge (Yolande Bonnet de Paillerets, Juliette Droz (signé Sylvie Fayet-Scribe), Geneviève Hennet de Goutel), à l’École de Léonie Chaptal, à l’Institut de service social de Montrouge (Gabrielle Alphen-Salvador, Jeanne de Joannis), à l’École des surintendantes d’usine (Juliette Delagrange) ou encore au Service social de l’enfance en danger (Hélène Landry-Campinchi, Olga Spitzer, Marie-Thérèse Vieillot). La directrice de l’ouvrage se …

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