Abstracts
Résumé
Cet article propose une analyse critique de l’évolution des rapports Nord-Sud dans le mouvement syndical international (MSI) dans le contexte de la restructuration amorcée avec la fondation, en 2006, de la Confédération Syndicale Internationale (CSI). Elle explicite les nouveaux enjeux de ces rapports, face au phénomène croissant de l’externalisation transnationale du travail qui affecte la conflictualité collective et la régulation du travail en Afrique et en Amérique latine. Nombre de syndicats du Sud, privilégiant, en termes d’action collective, des alliances locales élargies à des acteurs non syndicaux, reprochent à la CSI d’ignorer les résistances locales et de leur préférer une action globale portée par des stratégies continentales et institutionnelles. Ces divergences ne résultent pas seulement des rapports de force internes au MSI depuis les assises de Vienne en 2006. Elles doivent leur persistance, d’abord au poids de l’Histoire, lestée notamment par des rapports de domination que la période postcoloniale a continué de reconduire sous d’autres formes. Il y a ensuite ces conceptions de l’action collective qui se déclinent à travers des rapports au politique différenciés notamment par des rapports à la société civile et à l’État que les organisations syndicales du Nord et leurs alter ego du Sud fondent sur des prémisses distinctes. Cette analyse est illustrée ici par le cas des modes de coopération internationale des centrales syndicales du Québec. Plusieurs recherches soulignent l’émergence de nouvelles formes de représentation et d’action collectives menées par nombre d’organisations syndicales du Sud. Même si elles reprennent parfois les figures traditionnelles du syndicalisme dans ces régions – engagement politique marqué, instabilité des structures – ces formes apparaissent comme des stratégies atypiques : cohabitation entre syndicalisme de transformation sociale et community unionism, mobilisation de résistances locales par des coalitions élargies à d’autres acteurs de la société civile autour d’enjeux prioritaires (économies informelles surdimensionnées et secteurs publics compressés). Cette analyse fait le point sur cette dynamique à l’oeuvre qui, à partir de la récurrence de ces expériences locales, produit des conséquences à l’échelle globale.
Abstract
The following article submits a critical analysis regarding the evolution of North-South relations within the International Trade Union Movement, specifically concerning the creation of the International Trade Union Confederation (ITUC) in 2006. Currently faced with a growing transnational outsourcing phenomenon, affecting collective conflict and labor regulation in Africa as well as South and Central America, the ITUC draws attention to new issues. In terms of collective action, numerous South and Central American unions favor local alliances that extend to non-unionized actors. They criticize the ITUC’s ignorance of local resistance as well as its preference for global action that is carried out through continental and institutional strategies. Divergences among members of the International Trade Union Movement are not only the result of internal power struggles that surfaced within the organization in 2006, during the Vienna exchanges. These differences owe their existence to history, notably to rapports of domination that the postcolonial period renewed and brought forward in other forms. In addition to history, declining notions of collective action resulting from differential policies also contribute to divergences. These policies are similar to the relationship between society and the State that Northern and Southern organizations base on separate premises. Here, the analysis is depicted by Quebec’s central labor organizations’ and the international methods of cooperation they employ. Several studies underline the emergence of new forms of representation and collective action lead by a number of South and Central American labor organizations. Even though, in some cases, these new types of representation take on traditional forms of unionism such as marked political involvement and organizational instability, they surface within atypical strategies. These unusual approaches include the coexistence of socially-generated unionism and community unionism, as well as the mobilization of local resistance movements through coalitions that extend to other community actors with prioritized issues (oversized informal economies and a compressed public sector). The analysis explores the underlying dynamic that, based on recurring local experiences, produces consequences on a global scale.
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