Abstracts
Résumé
Au cours du XIXe siècle, le Canada a subi une lourde perte plus ou moins continue de sa population qui se dirigeait vers les États-Unis. Étant donné sa situation particulière au sein de la Fédération canadienne, cet exode avait des implications de grande portée pour le Canada français, plus spécialement pour le Québec. Bien que les Canadiens français se soient répartis à travers les États du nord, la Nouvelle-Angleterre devenait au cours du siècle le foyer grandissant de leur émigration. Entre 1850 et 1900, on estime que le nombre net d'immigrants canadiens-français pouvait se chiffrer à 340,000 pour cette seule région. II est aussi probable qu'au moins le même nombre ait déménagé de façon temporaire. En fait, il serait difficile de contester la thèse d'Albert Faucher, à savoir que l'émigration vers le sud ait été « l'événement majeur de l'histoire canadienne-française au XIXe siècle » .II est donc quelque peu étonnant que les chercheurs aient accordé si peu d'attention à ce mouvement migratoire et à la répartition de population canadienne-française aux États-Unis, qui devait en résulter.
On peut en partie expliquer cette situation par ce qu'on a cru être un manque d'information, surtout un manque de données statistiques facilement disponibles. Le fait que le service de recensement des États-Unis n'ait pas réussi avant 1890 à recenser séparément les anglais et les français parmi sa population d'origine canadienne constitue l'un des principaux obstacles qui devaient vouer à l'échec les efforts d'un grand nombre de chercheurs. Ce problème a été partiellement résolu en 1890 par le dénombrement séparé de la population canadienne-française de première et seconde génération. On a omis cependant le groupe remontant aux générations antérieures dont le nombre s'accroissait rapidement. Pour une analyse spatiale, les données perdent malheureusement beaucoup de leur valeur — en particulier pour la Nouvelle-Angleterre — puisqu'elles n'ont pas été publiées par division civile à l'échelle inférieure à celle du comté. Et même à ce niveau, les données ne s'appliquent qu'à la population canadienne-française née au Canada. II s'ensuit qu'une grande partie des écrits historiques, particulièrement ceux qui ont trait à l'immigration d'avant 1890, sont imprécis et même souvent de nature conjecturale ou trompeurs. Les obstacles sur lesquels ont si longtemps achoppé les historiens sont ceux que nous avons rencontrés dans nos recherches pour l'étude de l'immigration canadienne-française en Nouvelle-Angleterre avant 1900. Cependant nous avons été quelque peu étonnés de découvrir qu'il existait en fait une grande variété de sources. Une partie seulement de ces sources ont été utilisées par les chercheurs, d'autres n'ont reçu qu'un bref coup d'œil. Ce texte a pour but d'examiner brièvement ce matériel précieux, souvent obscur, et de suggérer comment, par l'utilisation de certaines sources manuscrites, on peut arriver à des résultats très significatifs dans l'étude de l'immigration et du peuplement canadien-français en Nouvelle-Angleterre et dans l'ensemble des États-Unis au cours du XIXe siècle.
Nous n'avons pas l'intention d'épuiser le sujet abordé ; le matériel généralement connu et facilement disponible sera simplement signalé. Nous mettrons plutôt l'accent sur les sources plus précieuses ayant trait à la Nouvelle-Angleterre, qui sont passées en général inaperçues et qui contiennent des données statistiques importantes.
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