Abstracts
Résumé
Les villes moyennes supérieures (VMS) au Québec sont au nombre de quatre. Il s’agit de Gatineau, Sherbrooke, Saguenay et Trois-Rivières. Elles se distinguent des autres villes moyennes par leur population plus importante, leur base économique plus solide et plus diversifiée et leur fonction de capitale administrative dans leur région respective. Aucune de ces villes ne se situe à la périphérie immédiate des grandes agglomérations urbaines de Montréal et de Québec et en ce sens, elles ne constituent pas des villes satellites. L’analyse de leur évolution démographique et économique pour la période 1971 – 2001 révèle que, dans l’ordre, ce sont les villes de Gatineau et Sherbrooke qui ont connu la meilleure croissance et qui ont les meilleures perspectives d’avenir ; que la ville de Trois-Rivières connaît depuis les années 1990 une stabilité précaire, et que la ville de Saguenay est engagée depuis la dernière décennie dans une relative phase de déclin. Le poids total de ces quatre VMS dans l’économie et la démographie québécoises, s’avère relativement faible ; néanmoins, elles seront sûrement au centre des politiques publiques visant le développement des régions administratives où elles occupent le rôle de pôle régional.
Abstract
There are four larger medium-sized cities in Québec, namely Gatineau, Sherbrooke, Saguenay and Trois-Rivières. They are distinguished from the other medium-sized cities by larger populations, a more solid and diversified economic base, and their function as administrative capitals of their respective regions. None of these cities are located on the immediate outskirts of the major metropolitan areas of Montréal or Québec City, and in this sense they do not constitute satellite cities. An analysis of their demographic and economic trends during the period 1971-2001 reveals that it is the cities of Gatineau and Sherbrooke, in that order, that have enjoyed the strongest growth and that have the best outlook for the future ; since the 1990s, Trois-Rivières has been in a state of stagnation, while Saguenay has been in a phase of relative decline over the past decade. The overall weight of these four larger medium-sized cities in Québec’s economy and demographic profile is relatively small ; nevertheless, they will certainly be at the focus of public policies aiming toward the development of the administrative regions in which they play the role of regional hubs.
Article body
À l’heure de la métropolisation, la recherche sur les grandes concentrations urbaines, les villes-régions et leur rôle dans le développement des territoires nationaux, ainsi que leur intégration dans l’économie mondiale est de plus en plus à l’ordre du jour. Parallèlement, se multiplient aussi les recherches sur les territoires périphériques, les milieux ruraux et les régions excentriques. Entre l’étude des grandes villes et régions urbanisées et celle des milieux à faible densité de population, il y a place pour l’analyse des concentrations urbaines intermédiaires où se retrouvent les « villes moyennes » (Henderson, 1997).
Au Québec, peu de recherches ont été menées au cours des dernières décennies sur la dynamique des villes moyennes. Très peu d’auteurs (Bruneau, 1989, 2000) en ont fait un objet d’étude. Plus souvent, elles ont été observées à travers le prisme de la dynamique d’ensemble des activités économiques du Québec dans la perspective centre-périphérie (Polèse et Roy, 1999). Même lorsqu’on s’est arrêté aux villes moyennes, ce fut rarement ce qu’à l’instar de Bruneau (1989), nous appellerons dans le cadre de la hiérarchie spatiale québécoise, les villes moyennes supérieures (VMS).
Les VMS au Québec sont au nombre de quatre. Il s’agit, selon leur ordre d’importance démographique, en 2001, des villes de Gatineau, Saguenay, Sherbrooke et Trois-Rivières[1]. Ce sont les villes qui, avec Montréal puis Québec, constituent les régions métropolitaines de recensement du Québec. La population des VMS se situait, en 2001, entre 135 000 et 260 000 habitants. Les VMS se démarquent donc des autres villes moyennes, qui ont une population nettement inférieure. Ainsi, en 1996, ces autres villes moyennes avaient toutes entre 20 000 et 70 000 habitants (Bruneau, 2000). Les VMS se démarquent des autres villes moyennes par l’importance de leur base économique, en général plus diversifiée, ce qui les amènent à exercer un rôle de pôle économique régional. De plus, la taille des VMS les entraîne à assumer une fonction de capitale administrative dans leur région respective (Bruneau, 2000, p. 33). Ainsi, la taille démographique, l’importance et la diversification de la base économique et le rôle administratif au sein d’une région sont les principaux critères permettant d’identifier les VMS.
Aucune de ces quatre villes ne se situe à la périphérie immédiate des grandes agglomérations urbaines de Montréal et de Québec et en ce sens, elles ne constituent pas non plus des villes satellites de la métropole montréalaise. Située dans la région du Saguenay–Lac-Saint-Jean, la ville de Saguenay se trouve dans un environnement forestier relativement dense, à la périphérie nord de l’oekoumène québécois, et à plus de 200 km de la région métropolitaine la plus proche (Québec). La ville de Gatineau qui représente la partie québécoise de la RMR d’Ottawa-Gatineau, se trouve dans la région de l’Outaouais, à la frontière ontarienne. La particularité de Gatineau est qu’elle fait partie d’un ensemble métropolitain composé de la capitale fédérale, Ottawa, ce qui n’est certainement pas sans incidences sur le développement économique, mais aussi démographique de Gatineau. La ville de Trois-Rivières, en Mauricie, à mi-chemin entre Québec et Montréal, prend place sur un axe de 300 km qui accapare plus de 50 % de la population du Québec. Enfin, Sherbrooke se situe à l’extrême sud de la province, non loin de la frontière américaine, et relativement près de Montréal, au sud-est (voir tableau 1).
Si les VMS occupent une place centrale au sein de leur région administrative, la question se pose de la place qu’elles occupent dans l’économie du Québec et dans ses dynamiques. Pour répondre à cette question, il est utile de référer aux travaux récents de Polèse et Shearmur (2003a, 2003b). Ces recherches montrent que les activités économiques et leurs principaux agents se polarisent plus que jamais autour des métropoles ; à l’aide de statistiques spatiales, et notamment les quotients de localisation, les auteurs concluent, autant pour le Canada que pour le Québec, que l’emploi manufacturier à valeur ajoutée moyenne (manufacturier high-tech et même, compte tenu de la géographie particulière du Québec, dans le secteur primaire), se concentre plus que jamais dans les régions métropolitaines. Par région métropolitaine, les auteurs entendent un noyau urbain de même que les villes et villages à l’intérieur d’un rayon d’une heure à une heure trente de déplacement (en voiture) à partir de ce noyau ; la population totale de cet espace métropolitain doit être supérieure à 500 000 personnes (Polèse et Shearmur, 2003b, p. 73). Ces constats conduisent ces auteurs à remettre en question l’utilité du concept de pôle de développement et particulièrement le postulat concernant les effets d’entraînement du pôle dans les régions, dans des territoires étendus comme ceux du Québec et du Canada (Perroux 1955 ; Higgins, Martin et Raynauld, 1970 ; Higgins, 1971). C’est sans doute pour cette raison que Polèse, dans son article de 1999, préfère parler d’un « découpage centre-périphérie » (Polèse et Roy, 1999).
Cette analyse rejoint celle de Proulx (2003) qui affirme que sous l’effet de l’intensification capitalistique dans les moyens de production et des exigences des donneurs d’ordres, les territoires périphériques ont perdu beaucoup de leurs unités de production manufacturière au profit de territoires centraux ou métropolitains ayant des marchés plus importants. Tout en reconnaissant d’emblée le rôle grandissant des métropoles dans l’économie, d’autres auteurs appellent à une plus grande intégration des économies des différentes régions à celles des métropoles. C’est le voeu de Klein (2002) qui souligne que dans une économie mondialisée, les métropoles constituent des noeuds reliés par des réseaux dans lesquels s’articulent des espaces productifs qui débordent sur le rural. Les métropoles, reconnaît-il, sont des territoires où se concentrent les moyens de production, l’information, les marchés et les ressources qui leur permettent de faire face à une concurrence internationale exacerbée. L’enjeu du développement régional devient, dans ce contexte, de mettre en réseau les différentes initiatives locales (milieux innovateurs, développement endogène, etc.) afin de « brancher » les différentes collectivités au processus de métropolisation.
C’est en tenant compte de ce phénomène de la métropolisation de l’économie québécoise, où le pôle de Montréal, et secondairement celui de Québec, raffermissent leur rôle dominant, que nous chercherons à répondre aux questions suivantes :
Comment ont évolué depuis le début des années 1970 la démographie et l’économie des quatre VMS du Québec ?
Quel est le poids relatif de ces VMS dans la population totale et l’économie globale du Québec ?
À la lumière de cette évolution, quelles sont les tendances pour le développement futur de ces villes et leur rôle respectif dans l’économie québécoise ?
Dans un premier temps, nous examinerons l’évolution démographique des VMS. La taille des villes étudiées sera scrutée pour la période comprise entre 1971 et 2001, et ce, en comparaison avec l’évolution de la population totale du Québec pour la même période. Cette variable permettra d’introduire la deuxième partie de notre analyse que nous allons centrer sur la structure économique des VMS, qui sera examinée pour la période 1971-2001. Cette analyse diachronique permettra de voir s’il y a eu diversification ou reconversion économique. Enfin, nous conclurons par une synthèse des données présentées, dans l’objectif de caractériser l’évolution démographique et économique de chacune des VMS de 1971 à 2001, et de les situer dans le système spatial québécois.
Dans cet article, l’échelle territoriale retenue sera celle des régions métropolitaines de recensement (RMR de Saguenay, Ottawa-Gatineau, Trois-Rivières et Sherbrooke) ; c’est l’échelle qui permet de mieux comprendre la dynamique d’une région urbaine. En effet, la RMR comprend un noyau urbain mais aussi des banlieues urbaines et rurales entre lesquelles se tissent des interactions économiques (dont notamment le phénomène de déconcentration industrielle), créant ainsi une dynamique d’ensemble sur ce territoire.
1. Population
Les VMS sont les villes les plus populeuses du Québec à l’extérieur des grandes régions métropolitaines de Montréal et de Québec. La ville de Gatineau est un cas particulier, puisqu’elle fait partie de la région métropolitaine Ottawa-Gatineau, qui, avec Vancouver, Montréal et Toronto, est l’une des quatre plus grandes agglomérations canadiennes.
Le tableau 2 présente les statistiques sur la population de ces quatre villes de 1971 à 2001, à partir des données des régions métropolitaines de recensement (RMR), sauf pour l’année 1971 dans le cas de Trois-Rivières, et les années 1971 et 1981 pour Sherbrooke où seulement les données sur l’agglomération étaient disponibles. En ce qui a trait à la RMR Ottawa-Gatineau, nous ne tenons compte que des données de la partie québécoise de cette RMR, qui correspondent à la ville de Gatineau. Les quatre villes ont connu une augmentation significative de leur population, particulièrement au cours de la période 1971-1991. Cette croissance s’est pratiquement arrêtée par contre pour la ville de Trois-Rivières de 1991 à 2001 ; après une légère croissance de 1991 à 1996 (+2,7 %), Trois-Rivières a connu une décroissance de 1996 à 2001 (-1,8 %). Dans le cas de la ville de Saguenay, il y a eu décroissance continue de 1991 à 2001, celle-ci étant toutefois plus marquée de 1996 à 2001 ; alors qu’elle comptait 160 928 habitants en 1991, la ville de Saguenay en avait 154 938 en 2001 (-3,7 %). Ce ne fut pas le cas pour les villes de Gatineau et de Sherbrooke ; alors que la ville de Gatineau est passée de 226 957 habitants en 1991 à 257 568 en 2001 (+13,5 %), la ville de Sherbrooke a également connu un bond de 140 718 habitants en 1991 à 153 811 en 2001 (+9,3 %). La ville de Gatineau profite bien sûr des retombées de la croissance de la région métropolitaine Ottawa-Gatineau dans laquelle elle est insérée. Comme nous pouvons le constater dans le tableau 2, cette RMR a connu une croissance démographique très importante de 1971 à 1991, qui s’est poursuivie de 1991 à 2001.
En 1971, ces quatre villes représentaient 7,7 % de la population québécoise, alors qu’en 2001, ce pourcentage est passé à 9,7 % ; si leur poids démographique a augmenté au cours de ces trente années, c’est essentiellement à cause des villes de Gatineau et de Sherbrooke. En effet, alors que Gatineau représentait 2,5 % de la population québécoise en 1971, ce pourcentage était de 3,6 % en 2001. Dans le cas de Sherbrooke, alors que cette ville comptait pour 1,4 % de la population du Québec en 1971, ce pourcentage atteignait 2,1 en 2001.
2. Structure économique
La présente section expose les principales caractéristiques de la structure économique des quatre villes étudiées, pour la période 1971-2001, à partir d’une brève analyse de la distribution de l’emploi au sein des différents secteurs d’activités industrielles. Cette analyse se fera en deux temps. D’abord, une première série de tableaux concernant la distribution de l’emploi dans les secteurs primaire, secondaire et tertiaire permettra de cerner l’évolution de la structure des activités économiques.
Bien que, comme le soulignent Polèse et Roy (1999), la pertinence de la division classique des activités économiques en activités primaires, secondaires et tertiaires soit discutable pour analyser l’évolution des structures économiques actuelles, cette division permet néanmoins de dégager plus facilement les grandes tendances générales à l’oeuvre. D’ailleurs, l’analyse de la distribution de l’emploi au sein des VMS se fera, par la suite, à l’aide d’une analyse plus fine portant sur les secteurs manufacturier et tertiaire. Une deuxième série de tableaux montrera en effet dans quel type d’industrie manufacturière et tertiaire se concentre l’emploi. Cette dernière analyse ne portera que sur les années 1991, 1996 et 2001 ; le caractère sporadique des données pour les années 1971 et 1981 nous obligeant à une telle restriction.
2.1 L’analyse des secteurs primaire, secondaire et tertiaire
Le tableau 3 permet d’observer, dans un premier temps, plusieurs tendances marquées depuis plusieurs années et abondamment discutées. À titre d’exemple, notons la concentration d’emplois dans le secteur tertiaire dans les VMS et la perte de vitesse du secteur manufacturier, en tant que deuxième pôle d’emplois, au cours de la période 1971-1996, et sa stabilité entre 1996 et 2001.
Plus précisément la RMR d’Ottawa-Gatineau, de même que la partie québécoise de celle-ci, affiche toujours les plus fortes concentrations d’emplois dans le secteur tertiaire. Cette situation reflète évidemment la vocation d’administration publique inhérente à cette région « capitale » (Polèse et Roy, 1999, p. 49-50). Les autres VMS semblent quant à elles tout à fait similaires en ce qui a trait à la concentration d’emplois dans le secteur tertiaire au cours de la période 1991-2001.
Concernant le secteur secondaire, la RMR d’Ottawa-Gatineau (région de Gatineau comprise) se distingue encore une fois des autres régions métropolitaines tant le poids de ce secteur d’activités est peu important dans sa structure d’emploi. Les autres VMS sont, comme pour le secteur tertiaire, tout à fait comparables. Enfin, le secteur primaire, même s’il est marginal dans la structure d’emplois de toutes les VMS, est un secteur relativement stable. Étonnamment, la RMR d’Ottawa-Gatineau (région de Gatineau comprise), qui fait toujours figure d’exception, est comparable aux autres régions métropolitaines en ce qui a trait au nombre d’emplois dans ce secteur d’activités. Cette remarque mérite cependant d’être nuancée en regard des données concernant Saguenay, la région métropolitaine qui présente toujours les plus fortes concentrations d’emplois dans le secteur primaire.
Le tableau 3 permet toutefois d’approfondir l’analyse et d’observer la progression du nombre total d’emplois au sein des VMS. Au-delà du simple constat du nombre d’emplois plus élevé dans la RMR d’Ottawa-Gatineau, y compris dans la ville de Gatineau, ce nombre augmente toujours au sein des VMS, exception faite de Saguenay et de Trois-Rivières ; dans ces deux derniers cas, la baisse du nombre d’emplois s’effectue dans la période 1991-1996.
Cette période, où l’économie est en crise, semble d’ailleurs avoir été difficile pour toutes les VMS, si on se fie à la courbe du nombre d’emplois. En effet, même si les villes de Gatineau et de Sherbrooke n’ont pas vu leur niveau d’emploi régresser entre 1991 et 1996, cette période est marquée par un ralentissement important de la croissance des emplois par rapport à la période 1996-2001. Les villes de Saguenay et de Trois-Rivières quant à elles, ont, en 2001, un niveau d’emploi à peine supérieur à celui de 1991 (cas de Trois-Rivières), voire inférieur (cas de Saguenay).
Le tableau 4 montre que la variation du nombre d’emplois est plus importante durant la décennie 1971-1981, et ce, pour toutes les VMS. En effet, on note une variation du nombre d’emplois de 46,8 % pour Saguenay, 57,8 % pour Ottawa-Gatineau, 64,1 % pour Gatineau, 55,0 % pour Trois-Rivières et 61,1 % pour Sherbrooke, la variation est nettement plus lente (voire négative pour Saguenay entre 1991 et 2001) pour les décennies 1981-1991 et 1991-2001 dans toutes les VMS.
Le cas de Trois-Rivières semble à plusieurs égards comparable à celui de Saguenay. En effet, même si l’emploi ne diminue pas, la ville de Trois-Rivières se distingue par sa faible variation de l’emploi dans la période 1991-2001. Les régions de Gatineau et de Sherbrooke enregistrent pour leur part les plus fortes variations d’emplois au cours de la période « difficile » de 1991-2001. Enfin, il faut souligner que la région de Gatineau, pour chacune des décennies étudiées, affiche les variations d’emplois les plus fortes.
2.2 L’emploi manufacturier
Le tableau 5 illustre plus finement la distribution du nombre d’emplois dans le secteur manufacturier pour la période 1991-2001. Dans l’ensemble, pour la période 1991-2001, il n’y a pas, au sein des VMS, de variations importantes du nombre d’emplois pour chacun des groupes industriels du secteur manufacturier.
Quelques exceptions doivent cependant être notées. La première concerne la région de Gatineau. Dans le groupe « industrie des produits électriques et électroniques », on remarque une augmentation des effectifs de 139,8 % entre 1991 et 2001. La deuxième exception touche Trois-Rivières dans le groupe « industrie des produits textiles ». Pour ce groupe, déjà peu important, la décroissance est constante entre 1991 et 2001. Par rapport à 1991, on remarque une diminution de 83,3 % des effectifs dans ce groupe en 2001. Toujours dans la région métropolitaine de Trois-Rivières, une troisième exception concerne le groupe « industrie du meuble et des articles d’ameublement » ; une augmentation de 215,4 % des effectifs est enregistrée entre 1991 et 2001. Enfin, dans la région métropolitaine de Sherbrooke, deux autres cas sont à observer. Le premier concerne « l’industrie des produits en matière plastique », où la variation du nombre d’emplois est de 157,6 % entre 1991 et 2001. Le deuxième cas est relatif au groupe « industrie du meuble et des articles d’ameublement », avec une augmentation des effectifs de 366,7 %.
Une deuxième série d’observations peut être tirée du tableau 5 en analysant plus spécifiquement la distribution des emplois dans chacune des RMR. D’abord, à Saguenay, les groupes « industrie du papier et des produits connexes » et « industrie de première transformation des métaux » sont des pôles de concentration de l’emploi manufacturier ; par contre, ces pôles sont en baisse constante entre 1991 et 2001. Ainsi, la structure manufacturière de Saguenay reste, entre 1991 et 2001, structurée par des activités à faible valeur ajoutée, axées sur la première transformation des ressources forestières et sur la transformation de l’aluminium ; d’autre part, en raison du déclin constant du nombre d’emplois dans ces pôles traditionnels d’activité, les industries qui concentrent l’emploi dans la ville ne sont pas en plein essor.
La RMR d’Ottawa-Gatineau présente de fortes concentrations d’emplois dans les groupes « industrie du papier et des produits connexes », « imprimerie, édition et industries connexes », « industrie de fabrication de produits métalliques » et « industrie des produits électriques et électroniques ». Dans les deux premiers groupes, la concentration d’emplois est en régression entre 1991 et 2001 (c’est nettement le cas pour « l’imprimerie, édition et industries connexes »). Cependant, on observe une forme de reconversion du secteur manufacturier, ou l’accentuation d’une tendance faisant de l’industrie « des produits électriques et électroniques » et, dans une moindre mesure, de « l’industrie de fabrication métallique », deux types d’industrie à moyenne valeur ajoutée, les bases manufacturières de la RMR.
Cette dynamique, observée dans l’ensemble de la RMR d’Ottawa-Gatineau, permet de mieux comprendre la partie québécoise de cette région métropolitaine, puisque sa structure manufacturière semble se refléter dans la ville de Gatineau. Celle-ci présente en effet des concentrations d’emplois dans les mêmes groupes industriels que dans l’ensemble de la RMR, mais sa reconversion industrielle semble se dessiner avec moins de vigueur ou d’affirmation. En effet, l’emploi manufacturier reste encore fortement concentré dans « l’industrie du papier et des produits connexes » et dans « l’imprimerie , édition et industries connexes », alors que seule « l’industrie des produits électriques et électroniques » tend à devenir un pôle de concentration d’emplois manufacturiers (augmentation de 139,8 % entre 1991 et 2001). Ainsi, la reconversion de l’industrie manufacturière pour la partie québécoise de la RMR d’Ottawa-Gatineau vers des secteurs industriels à moyenne valeur ajoutée semble moins forte que dans l’ensemble de la région métropolitaine.
Le cas de la ville de Trois-Rivières ressemble beaucoup à celui de la ville de Saguenay : ce sont les mêmes secteurs qui présentent les plus fortes concentrations d’emplois (« industrie du papier et des produits connexes » – en déclin entre 1991 et 2001 – et « industrie de première transformation des métaux » – plutôt stable entre 1991 et 2001). Ainsi, la structure manufacturière de la région métropolitaine de Trois-Rivières semble, à l’instar de Saguenay, se positionner dans des secteurs plus traditionnels, reliés aux ressources naturelles, et donc dans des secteurs industriels de première transformation des ressources naturelles. L’industrie de l’habillement est un secteur non négligeable pour Trois-Rivières, et constamment en hausse depuis 1991 ; peut-être est-ce le reflet d’une reconversion des industries des produits textiles qui, comme nous l’avons dit, ont connu une chute terrible du nombre d’emplois entre 1991 et 2001. Cette reconversion, plutôt modeste, reste cependant axée sur une industrie qui est, encore une fois, à faible valeur ajoutée.
Enfin, la région métropolitaine de Sherbrooke ne présente pas, à l’exception de l’industrie du tabac, de concentrations d’emplois particulièrement sous-représentées ; on y observe une situation hybride, entre les structures d’emplois de Gatineau et celles de Saguenay et de Trois-Rivières. À l’instar de la région de Gatineau, on observe à Sherbrooke un accroissement de la concentration d’emplois, entre 1991 et 2001, dans des industries à moyenne valeur ajoutée, soit « l’industrie de la fabrication des produits métalliques », et dans « l’industrie des produits électriques et électroniques ». Cependant, comme dans les cas de Saguenay et de Trois-Rivières, on observe une forte concentration d’emplois dans un secteur de première transformation des ressources naturelles, c’est-à-dire « l’industrie du papier et des produits connexes » (plutôt stable entre 1991 et 2001). Notons aussi l’essor d’une industrie à moyenne valeur ajoutée, soit « l’industrie du meuble et des articles d’ameublement », marquée par une augmentation des effectifs d’emplois de 366,7 % entre 1991 et 2001.
À la suite de ce survol de la distribution de l’emploi dans le secteur manufacturier au sein des VMS pour la période 1991-2001, une conclusion s’impose. Les régions métropolitaines de Gatineau, qui suit le dynamisme de l’ensemble de la RMR d’Ottawa-Gatineau, et de Sherbrooke semblent connaître une reconversion relativement vigoureuse de leur structure manufacturière. La ville de Trois-Rivières, beaucoup moins dynamique, peut rejoindre ce groupe de régions métropolitaines en reconversion. La ville de Saguenay, quant à elle, fait bande à part en se cantonnant dans les secteurs industriels traditionnels à faible valeur ajoutée. Ainsi, l’avenir économique, du moins pour les activités manufacturières, semble moins favorable pour les villes de Saguenay et de Trois-Rivières, alors que cet avenir s’annonce sous de meilleures auspices pour les villes de Gatineau et de Sherbrooke.
Le tableau 6 montre le poids relatif du nombre total d’emplois dans le secteur manufacturier pour chacune des VMS par rapport au nombre total d’emplois manufacturiers au Québec. Ce poids est peu significatif, voire négligeable. C’est particulièrement le cas pour la région de Gatineau qui, avec un taux en constante décroissance entre 1971 et 2001, compte en 2001 1,3 % de l’emploi manufacturier au Québec. La ville de Sherbrooke est la seule région métropolitaine où l’on observe une croissance constante du poids de l’emploi manufacturier, avec ses 2,5 % pour l’ensemble de la province. Les autres VMS semblent plutôt maintenir un poids constant à travers les années étudiées. Les VMS du Québec pèsent relativement peu dans la structure de l’industrie manufacturière de la province, et la situation n’a pas évolué depuis 30 ans.
2.3 L’emploi tertiaire
Les tableaux 7 et 8 illustrent la distribution de l’emploi tertiaire au sein des régions métropolitaines étudiées entre 1991 et 2001. Les années 1991 et 1996, traitées ensemble au sein d’un même tableau, sont séparées de l’année 2001, puisque pour cette dernière année la grille de classification des emplois tertiaires a été transformée à un point tel que les comparaisons deviennent difficiles.
Les tableaux 7 et 8 permettent de constater que l’emploi tertiaire au sein des VMS tend à se concentrer, au cours de la période 1991-2001, dans quatre pôles différents. Le premier pourrait être qualifié de pôle de « consommation » (Polèse et Roy, 1999, p. 58), et comprend « l’industrie du commerce de gros et de détail », « l’industrie des services d’enseignement » et « l’industrie des services des soins de santé et des services sociaux » (« assistance sociale en 2001 »). Le deuxième pôle est celui des activités d’administration publique : « l’industrie des services gouvernementaux » (« administration publique en 2001 »). Le troisième pôle est celui des activités tertiaires motrices imbriquées dans le secteur manufacturier ; on y retrouve des activités à forte valeur ajoutée : les « services professionnels, scientifiques et techniques ». Enfin le quatrième pôle d’emplois est celui de l’hébergement, fortement lié au tourisme ; il s’agit de « l’industrie de l’hébergement et de la restauration ». Ainsi, selon les villes, le poids de chacun de ces pôles varie selon la dynamique de la structure d’emploi particulière.
Dans la ville de Saguenay, c’est dans le pôle de consommation que se concentre l’emploi tertiaire. Cependant, bien que le poids du commerce de gros et de détail soit de loin le plus important dans cette région métropolitaine, les concentrations observées pour « l’industrie des services d’enseignement » et « l’industrie des services des soins de santé et des services sociaux » (« assistance sociale » en 2001) sont tout à fait comparables avec la concentration d’emplois observée dans l’industrie des services gouvernementaux (pôle d’activités d’administration publique). Cependant, les secteurs industriels qui composent ces deux pôles de concentration d’emplois sont, entre 1991 et 2001, en perte de vitesse (et cela est particulièrement vrai pour « l’industrie des services gouvernementaux »), exception faite de « l’industrie des services sociaux » ou de « l’assistance sociale et des soins de la santé ». Ainsi, en 2001, la ville de Saguenay reste essentiellement spécialisée dans le pôle dit de « consommation ».
En ce qui a trait à la RMR d’Ottawa-Gatineau, et plus particulièrement à la région métropolitaine de Gatineau, on constate aussi, pour toutes les années étudiées, le poids important de « l’industrie du commerce de gros et de détail », « l’industrie des services d’enseignement » et « l’industrie des services sociaux et des soins de la santé » (« assistance sociale » en 2001) dans la structure d’emplois. Cependant, « l’industrie des services gouvernementaux » (1991 et 1996) et « l’administration publique » (2001) constituent un pôle presque aussi important que celui de la consommation. Évidemment, la région de Gatineau bénéficie de cette dynamique étant donné ses interactions avec la capitale fédérale. En effet, bien que les industries « services gouvernementaux » (« administration publique » en 2001) constituent les activités inhérentes à toutes les régions « capitales », pour la région de Gatineau, en 2001, la concentration dans « l’industrie des services professionnels, scientifiques et techniques est non négligeable ». Cette dernière industrie fait partie du pôle des activités à forte valeur ajoutée. La ville de Gatineau connaît donc une diversification, puisque l’emploi semble se concentrer à la fois dans le pôle de consommation, des activités d’administration publique et des activités à forte valeur ajoutée.
Les villes de Trois-Rivières et de Sherbrooke sont très similaires. Comme dans le cas de Saguenay, l’industrie « commerce de gros », « commerce de détail », « des services sociaux et des soins de la santé » (« assistance sociale » en 2001) et « services d’enseignement » regroupent la grande majorité des emplois tertiaires ; c’est donc le pôle des activités de consommation qui domine pour ces deux villes. Cependant, depuis 1991, l’emploi dans l’industrie de l’hébergement et de la restauration augmente constamment à un point tel que ce secteur d’activité fait de cette industrie, en 2001, un pôle d’emplois non négligeable pour ces deux régions métropolitaines. Cette réalité est importante dans la mesure où l’industrie de l’hébergement et des services de restauration est étroitement liée au tourisme. Le tourisme, on le sait, permet, comme pour les exportations induites par les activités industrielles à haute valeur ajoutée, de faire entrer dans la région des ressources financières importantes.
Ainsi, au terme de cette brève analyse de la structure de l’emploi tertiaire, nous pouvons tirer une conclusion similaire à celle tirée lors de l’analyse de l’emploi manufacturier au sein des VMS au cours de la période 1991-2001. En effet, la ville de Saguenay fait ici aussi figure d’exception, puisqu’elle se cantonne dans le pôle dit de consommation, peu orienté vers des activités industrielles à haute valeur ajoutée. Il en va autrement de la région métropolitaine de Gatineau (influencée par l’ensemble de la RMR d’Ottawa-Gatineau) et, dans une moindre mesure, des villes de Sherbrooke et de Trois-Rivières. Celles-ci semblent davantage s’orienter dans des dynamiques caractérisées par des concentrations d’emplois dans des pôles aptes à introduire des ressources financières nouvelles dans leur région (grâce aux exportations manufacturières, dans lesquelles se trouve imbriquée « l’industrie des services professionnels, scientifiques et techniques », et aussi au tourisme, stimulant le pôle d’emplois de « l’hébergement et de la restauration »).
Le tableau 9 permet de noter que le poids des VMS dans l’économie du Québec, en ce qui a trait à l’ensemble du secteur d’activité tertiaire, est non seulement constant pour la période 1991-2001, mais aussi tout à fait marginal. Ensemble, les VMS regroupent, en 2001, 10,4 % des emplois dans ce qu’il est convenu d’appeler le tertiaire moteur. À elle seule, Gatineau représente 4,5 % de ce pourcentage, reflétant le dynamisme, comme on peut le voir dans le tableau, de la région métropolitaine dans laquelle elle est insérée. Hormis le cas de Gatineau, on remarquera que les VMS sont tout à fait comparables en ce qui a trait à leur poids économique (secteur tertiaire toujours) à l’échelle du Québec, ce poids gravitant autour de 2 %. Alors que le poids de Trois-Rivières était comparable à celui de Saguenay en ce qui concerne l’emploi dans le secteur manufacturier, on s’étonnera ici de constater que Trois-Rivières constitue le poids plume, si l’on peut dire, dans la distribution de l’emploi dans le secteur tertiaire au sein de nos VMS.
Les données démographiques et économiques présentées sur les VMS québécoises dans les sections précédentes permettent de dresser un portrait plus précis de ces villes et de les situer dans la hiérarchie spatiale du Québec. C’est sur les caractéristiques qui les distinguent chacune les unes par rapport aux autres que nous insisterons en terminant.
Sur le plan démographique tout d’abord, il faut souligner l’arrêt de la croissance qui avait prévalu de 1971 à 1991. En effet, pour la période 1991-2001, seulement deux des VMS, Gatineau et Sherbrooke, continuent à voir leur population augmenter de façon significative. Pour Trois-Rivières, c’est plutôt la stagnation, alors que pour Saguenay, le déclin s’amorce nettement à partir de 1996. Ces données sont congruentes avec les perspectives établies par le Bureau de la statistique du Québec (BSQ) en 1995. Le démographe Georges Mathews a examiné ces statistiques du BSQ du point de vue de l’avenir démographique des régions québécoises (Mathews, 1996) et il affirme que toutes les régions du Québec, à l’exception de Montréal et de l’Outaouais, allaient connaître d’ici 2016 un déclin de la population de 0-59 ans. Dans le cas de la Mauricie–Bois-Francs (Trois-Rivières) et de l’Estrie (Sherbrooke), c’est à partir de 2001 que ce déclin était prévu, alors que pour le Saguenay–Lac-Saint-Jean (Saguenay), ce déclin devait s’amorcer pendant les années 1990. En ce qui a trait à l’Outaouais (Gatineau), une croissance démographique continue était prévue pour la période 1991-2016.
En ce qui concerne maintenant la structure économique des VMS, là aussi les différences ne manquent pas entre ces villes. Commençons d’abord par résumer les caractéristiques de la RMR de Gatineau qui est certainement la plus avantagée sur le plan économique. Sa localisation au sein de la région de la capitale nationale canadienne la favorise clairement au chapitre des emplois reliés à l’administration publique. Par ailleurs, son secteur manufacturier et son secteur tertiaire se sont diversifiés dans des domaines à valeur ajoutée reliés aux industries de haute technologie principalement concentrées le long de la frontière ontarienne.
Les villes de Sherbrooke et de Trois-Rivières ne présentent pas de différences très marquées du point de vue de leurs performances économiques. La ville de Sherbrooke a connu au cours des années 1990 une diversification de son économie manufacturière dans des activités à moyenne valeur ajoutée ; sa localisation géographique dans le centre du Québec, à proximité également de la frontière américaine, joue sûrement en faveur du développement de son secteur manufacturier. Les accords commerciaux de libre-échange nord-américains ont certainement facilité ses exportations. Il faut noter également le développement de son secteur touristique. C’est une ville toutefois où les secteurs de fabrication seront soumis au cours des prochaines années à la concurrence internationale et la ville sera confrontée au déclin démographique.
L’économie de la ville de Trois-Rivières, plus que celle de Sherbrooke, dépend de l’exploitation des ressources naturelles, et en ce sens, est confrontée davantage aux limites reliées particulièrement à l’épuisement de la ressource forestière. Cette ville profite des retombées du parc industriel et portuaire de Bécancour qui s’est développé au cours des trois dernières décennies et qui regroupe des entreprises multinationales reliées principalement aux secteurs de la première transformation des métaux (Brouillette, 2000). Les activités économiques dans ce parc sont garantes d’une certaine stabilité économique pour la RMR de Trois-Rivières au cours des prochaines décennies ; cela n’est toutefois pas suffisant pour lui assurer une croissance soutenue. La diversification du secteur manufacturier est précaire, notamment parce qu’elle est basée sur des activités à faible valeur ajoutée, comme l’industrie du vêtement.
La ville de Saguenay est celle aux moins bonnes perspectives de développement. Son économie demeure essentiellement axée sur l’exploitation des ressources naturelles ; la diversification de l’économie s’avère ardue et le développement des secteurs industriels reliés à la deuxième et troisième transformation des produits de la forêt et de l’aluminium tarde à venir. Sa localisation géographique à la périphérie des grands centres urbains lui permet difficilement de profiter de mouvements de délocalisation de fabrications à faible ou moyenne valeur ajoutée, comme ce peut être le cas jusqu’à un certain point pour les RMR de Sherbrooke et de Trois-Rivières.
En fait, aucune des quatre VMS étudiées ne bénéficie d’avantages de proximité lui permettant de profiter à plein des retombées d’un grand centre urbain qui sont souvent bénéfiques aux villes moyennes en termes de délocalisation industrielle (Henderson, 1997). Dans le système spatial québécois, ce sont les petites villes satellites à proximité de Montréal (Saint-Hyacinthe, Sorel, Saint-Jean, Granby, etc.) qui profitent vraiment de ces retombées (Polèse et Roy, 1999 ; Polèse et Shearmur, 2003a). Des villes comme Sherbrooke et Trois-Rivières sont quand même situées à une proximité de la métropole leur permettant de profiter de certaines retombées, peut-être davantage la première, à cause de sa localisation près de la frontière américaine.
L’analyse démographique et économique des VMS au Québec suggère nettement que le développement économique reste largement concentré autour des pôles principaux de la province, soit les régions métropolitaines de Montréal et de Québec. Dans notre analyse, nous avons clairement montré que le poids des économies des VMS étudiées, autant dans le secteur manufacturier que dans le secteur tertiaire, est relativement faible. En fait, c’est notamment grâce à l’apport de Gatineau que les VMS ont un certain poids dans l’économie du Québec. Fait important à mentionner, Gatineau fait partie intégrante de la région métropolitaine qu’elle forme avec Ottawa, capitale nationale, mais aussi ville dont l’économie, de plus en plus importante à l’échelle du Canada, se diversifie rapidement.
Cela dit, par-delà ces contraintes structurelles qui demeurent très fortes dans le système spatial québécois, les quatre VMS que nous avons étudiées seront sûrement au centre des politiques publiques visant le développement des régions administratives où elles occupent le rôle de pôle régional. Dans cette perspective, il y a certes lieu de réfléchir aux stratégies (Guillaume, 2003) à mettre en place pour que ces villes progressent dans leur rôle de structuration de leur économie régionale et de l’économie québécoise en général.
Appendices
Notes biographiques
Mario Carrier
Mario Carrier est professeur agrégé et directeur de l’École supérieure d’aménagement du territoire et de développement régional (ÉSAD) de l’Université Laval où il enseigne en développement local et régional. Il a complété des études de maîtrise en Aménagement du territoire et développement régional (ATDR) à l’Université Laval en 1986, de même que des études de doctorat en sociologie économique en 1991, à l’Université Laval également. De 1992 à 2001, il a été professeur au Département des sciences de la gestion à l’Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue où il a enseigné dans les domaines de l’entrepreneuriat, du développement régional, ainsi que du management. De septembre 1996 à décembre 2001, il a assumé à cette même université la direction de la Chaire Desjardins en développement des petites collectivités. Ses recherches portent principalement sur le développement économique local et régional à travers son intérêt pour les petites et moyennes entreprises, de même que sur les questions de gouvernance territoriale.
Patrick Gingras
Patrick Gingras est étudiant au doctorat à l’École d’aménagement du territoire et de développement régional (ÉSAD) à l’Université Laval. Il a complété une maîtrise en géographie à l’UQÀM, de même qu’un baccalauréat dans cette même discipline à l’Université Laval. Ses intérêts de recherche gravitent autour des thèmes relatifs à la reconversion et à la recomposition des espaces industriels et au développement local et régional en milieu urbain et rural.
Note
-
[1]
Dans cet article, nous utiliserons les noms des nouvelles villes fusionnées pour nommer ces quatre VMS et les quatre Régions métropolitaines de recensement (RMR) qui y sont associées. C’est à partir des données de Statistique Canada, et à travers la catégorie des RMR, que nous étudierons l’évolution démographique des quatre VMS du Québec.
Bibliographie
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- Bruneau, Pierre, 1989 Les villes moyennes au Québec. Leur place dans le système socio-spatial, Sillery, Presses de l’Université du Québec et OPDQ.
- Bruneau, Pierre, 2000 « L’archipel urbain québécois, un nouveau rapport société-espace », dans : Pierre Bruneau (dir.), Le Québec en changement. Entre l’exclusion et l’espérance, Sillery, Presses de l’Université du Québec, 29-60.
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