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Une oeuvre gigantesque : sur les trois derniers chapitres (26-28) de l’évangile de Matthieu et leurs 161 versets, une traduction, un commentaire et des annotations recouvrant deux forts volumes de grand format et pas moins de 1102 pages[1].
Caractérisé d’emblée comme « notre cathédrale d’exégèse biblique » à la première page de l’introduction générale (1) et comme « notre monument inachevé » à sa dernière (64), l’ouvrage s’avère unique en son genre à plus d’un titre.
D’abord en tant qu’oeuvre de collaboration. Édités ou dirigés par un ou plusieurs responsables, les ouvrages collectifs le plus souvent regroupent autour d’une thématique donnée des articles et des contributions clairement attribuées à leurs signataires. Alors qu’ici on trouve simplement sur la page titre des deux volumes les noms de 63 spécialistes, de 13 pays différents, ayant travaillé sous la direction de Olivier-Thomas Venard, en collaboration avec un Comité éditorial comprenant sept professeurs de l’École biblique et archéologique française de Jérusalem. Dans chacun des volumes, au verso de la page couverture finale se trouvent indiqués, avec l’appartenance et les domaines respectifs de ces spécialistes, la ou les rubriques d’annotation auxquelles chacun et chacune – 24 femmes et 39 hommes – a contribué.
Cet ouvrage se singularise également à l’intérieur de la collection ‘La Bible en ses traditions’ (BEST). Celle-ci, après un volume de démonstration décrivant d’abord le projet de façon succincte en 2010[2], puis plus amplement en 2020[3], a publié jusqu’à maintenant des commentaires portant sur des livres bibliques particuliers, soit la lettre de Paul aux Philippiens pour le Nouveau Testament[4] et le livre d’Osée pour l’Ancien[5], le premier en français et le second en anglais. La collection, tel qu’annoncé en finale du second volume, entend poursuivre dans la même ligne, ayant en préparation notamment des commentaires du livre du Jonas, de la première partie du psautier (Ps 1-41), de l’épître de Jacques, des lettres dites pastorales, etc… On comprend dès lors qu’une concentration exceptionnelle sur trois chapitres d’un même livre soit qualifiée comme une « expérimentation » (p. 1[6]) permettant d’illustrer l’ampleur et la richesse des possibilités offertes par la visée et l’approche adoptées. Une telle concentration ayant exigé dix bonnes années, on ne peut guère imaginer ce que représenterait, à ce rythme, un travail semblable sur l’ensemble d’une Bible comprenant près de 1200 chapitres ! À moins de prévoir pour l’édification d’une « cathédrale » littéraire la même durée que pour les cathédrales en pierres du Moyen âge, dont le parachèvement pouvait s’étaler sur des décennies, voire des siècles entiers. Tout cela sans tenir compte du labeur parallèle que réclament encore la révision et la mise à jour périodiques de la Bible de Jérusalem que l’École biblique a l’habitude d’effectuer à tous les vingt-cinq ans[7].
Mais c’est d’abord et avant tout par le type de commentaire biblique qu’il représente que cet ouvrage, comme les autres de la même collection, se distingue. L’immense majorité des commentaires, après s’être interrogés sur la transmission du texte, d’abord découpé en péricopes et abordé ensuite verset par verset, s’appliquent à en dégager la structure, le sens et la portée, éventuellement la pertinence en rapport avec le questionnement et l’expérience croyante d’aujourd’hui. Alors qu’ici ces opérations débouchent, comme l’indique le nom de la collection, sur la réception du texte tout au long de la tradition :
La Bible en ses Traditions vise à rassembler sur un même support les traductions des versions majeures des Écritures, leurs annotations philologiques et historiques, et une exploration systématique de leurs interprétations religieuses et culturelles au fil des siècles[8].
Ceci nous amène à examiner de plus près comment les choses se présentent dans les deux volumes consacrés au récit de la passion en Mt 26-27 et encore, malgré la restriction que le titre pourrait suggérer, aux témoignages de rencontres avec le Ressuscité en Mt 28.
Volume I : le commentaire proprement dit
L’introduction générale, ou l’inventaire et la description des rubriques d’attestation
Dans un commentaire classique, l’exégèse d’un texte biblique fait intervenir une suite ordonnée d’opérations : critique textuelle, critique littéraire comportant, après une approche globale du contenu du texte, une analyse détaillée de ses composantes, l’ensemble débouchant éventuellement dans une perspective herméneutique. La particularité des commentaires de la collection BEST consiste à détacher ces diverses opérations dans une sorte de segmentation ordonnée de la démarche d’exploration du texte et de son annotation systématique.
Rédigée par le directeur de la collection, l’introduction générale qui ouvre le premier volume consiste précisément en « des réflexions regroupées selon les rubriques d’annotation que l’on retrouvera tout au long du texte » (p. 1). L’approfondissement systématique de ce dernier fait intervenir trois domaines ou zones d’annotation fondamentales qui se trouvent décrites l’une après l’autre.
1) La première zone d’annotation est celle du texte (p. 2-11), qui considère celui-ci « en tant qu’objet linguistique et littéraire » (p. 2). Cette zone comporte cinq rubriques possédant chacune, comme celles des deux domaines d’annotation qui suivront, son abréviation en italiques précédée d’un astérisque. Ces rubriques concernent le texte dans sa transmission (critique textuelle, *tex) et les particularités qu’il présente éventuellement quant au vocabulaire (*voc), à la grammaire (*gra), aux procédés (*pro) et aux genres littéraires (*gen).
L’introduction commence par définir de façon générale chacune de ces rubriques en rappelant en gros les indications fournies à leur sujet dans le volume de démonstration de 2010, puis en détaillant davantage la façon dont les choses se présentent en Mt 26-28.
Des cinq rubriques, celle à laquelle elle s’attarde davantage en rapport avec le texte (p. 6-11) concerne le genre littéraire (*gen). L’approfondissement de cette question amène tout naturellement à croiser celles de l’origine et de la formation du récit de la passion :
Nous posons […] comme vraisemblable l’existence de témoins des derniers jours de Jésus dont les récits furent rapidement combinés dans un récit primitif de la passion, puis interprétés et enrichis diversement par les évangélistes canoniques, disposant ou non de sources propres. […] La plus forte cohérence du récit de la passion par rapport au reste de la narration évangélique pourrait être due au fait que ce furent d’abord des témoignages oculaires.
p. 9-10
Sur le genre littéraire du récit matthéen de la passion, après avoir envisagé quelques-unes des propositions avancées par la recherche, cette section conclut :
Au finale (sic), il semble difficile d’assigner un genre littéraire formel à la passion. Voici un texte qui n’obéit à aucune convention littéraire déjà connue (ni une chronique, ni un roman, ni un drame), mais qui emprunte à tous ces genres ; un récit qui n’est ni celui d’une mort noble à la païenne ni celui d’un martyre à la juive, mais qui emprunte des topoi à ces deux genres.
p. 11
Après quoi se trouve citée en conclusion la formule bien tapée de Adela Yarbro Collins : « …une nouvelle espèce d’histoire de mort dans laquelle les faits atroces et irréductibles de la fin de la vie de Jésus étaient illuminés par un nouvel usage de l’Écriture » (p. 11).
2) La seconde zone d’attestation est celle du contexte, entendu au sens historique plutôt que littéraire :
Ces rubriques ont pour objet des faits d’ordre historique, géographique ou culturel liés au texte, soit qu’ils y soient représentés – directement ou non – soit qu’ils en expliquent la production.
p. 12
Des quelque quatorze pages (p. 12-25) consacrées aux cinq rubriques[9] de cette section, plus de la moitié le sont à la rubrique « milieux de vie » (*mil) (p. 12-20), dont les données viennent préciser ce qui avait été esquissé sous un autre angle sous la rubrique « genre littéraire » (*gen). Ce cas permet de vérifier le jeu d’interférence et de complémentarité entre diverses rubriques d’annotation. L’introduction s’applique ici à l’examen de divers indices pointant vers l’identification de lieux (notamment liturgiques) et d’agents de transmission (Matthieu-Lévi – avec un point d’interrogation et « sans insister » [p. 8] –, Pierre, les femmes) de la mémoire et des témoignages oculaires relatifs aux derniers jours de Jésus et discernables derrière le récit de la passion :
Admettre raisonnablement l’existence de témoins oculaires à la source du récit de la passion va à l’encontre de l’un des préjugés les mieux enracinés dans les études néotestamentaires par l’ancienne critique des formes : l’idée d’une tradition collective et anonyme de la mémoire de Jésus qui aurait précédé la composition des évangiles.
p. 18
3) La troisième zone d’annotation, qui concerne la Réception, est de loin celle à laquelle l’introduction réserve la part du lion : près de quarante pages (p. 25-64). Après avoir noté que « cet immense domaine d’annotation permet de suivre les principaux moments de la réception du texte, depuis sa mise à jour jusqu’à notre époque », le paragraphe initial de cette section y va d’une précision concernant le caractère non spécifiquement matthéen d’une bonne partie de l’annotation :
Concernant le récit des derniers jours de Jésus et les témoignages de rencontres avec lui après sa mort, une remarque préliminaire s’impose : leurs lecteurs – qu’ils soient théologiens ou historiens, mystiques ou musiciens, liturges ou peintres – les ont pour la plupart du temps reçus de manière synoptique : ils combinent entre eux les récits canoniques, quand ils ne les supplémentent pas avec des textes apocryphes. Autant dire que plusieurs de nos notes sur Mt conviennent aussi aux autres évangiles. Cependant, l’effort de privilégier la réception spécifique de la passion selon saint Matthieu nous a permis de « contenir » un peu le colossal fleuve culturel jailli, il y a vingt siècles, de la Pâque de Jésus de Nazareth.
p. 25
Toujours est-il que la zone réception fait place à dix-sept rubriques – quelques-unes s’étant encore ajoutées depuis la parution du volume de démonstration –, soit sept de plus que les deux autres réunies.
En proposant une annotation aussi riche, nous espérons continuer le mouvement commencé par Ulrich Luz : convaincre nos collègues biblistes du fait que l’étude de la réception n’est pas une discipline décorative, « en plus », qui serait de moindre importance que l’étude philologique ou historique, ou de moindre sérieux que son utilisation proprement religieuse.
p. 25
L’une des rubriques les plus fournies de cette section fait référence à la « tradition chrétienne » (*chr), au point qu’on a senti le besoin de définir certains critères quant au relevé et à la pertinence des utilisations multiples effectuées à partir de l’Écriture : « Des apocryphes bibliques d’après l’an 150 et des Pères de l’Église aux auteurs de la Réforme et de la Réformation catholique, en passant par les docteurs médiévaux […] (l)’ampleur du corpus est telle qu’on privilégie les oeuvres qui se présentent à proprement parler comme des commentaires du livre édité » ; celles qui ne font que citer le texte en passant « ne sont signalées qu’en cas d’importance exceptionnelle par leur autorité ou leurs conséquences avérées » (p. 34). Plus loin, de même, la présentation de la débordante rubrique « Littérature » (*litt) explique en commençant que « la réception du donné biblique est considérable. Pour ne pas étouffer par son volume les lectures exégétiques et théologiques de l’Écriture, on se limitera aux oeuvres, ou aux passages dans les oeuvres, qui reçoivent la péricope annotée. » (p. 46)
Compte tenu du genre littéraire, de la teneur et des virtualités du texte, les vingt-sept rubriques ne se retrouvent évidemment pas toutes dans l’exploration de chaque péricope. C’est cependant le cas de la rubrique « propositions de lecture » (*interp), sorte de petite synthèse introduisant dès le départ à l’ensemble des annotations qui vont suivre. Si on l’ajoute, avec celle des « références marginales » (*ref), à l’ensemble des vingt-sept autres pouvant intervenir dans les trois volets successifs du commentaire, on obtient ainsi pratiquement un réservoir potentiel de trente rubriques de segmentation et d’annotation de ce dernier.
Et encore l’introduction se termine-t-elle (p. 64) en formulant autrement une indication qu’elle avait déjà faite en commençant :
Nous n’avons pas pu tout imprimer : de nombreux extraits d’auteurs antiques et modernes, de nombreuses oeuvres d’art ne figurent pas dans le présent livre. Nous invitons nos lecteurs qui voudraient en savoir plus à consulter sur l’Internet (bibletraditions.org) la version intégrale de notre recherche.
p. 1
L’introduction générale témoigne d’une réflexion en profondeur quant à la conception et à l’aménagement de ce commentaire novateur, d’une longue expérimentation et d’une impressionnante érudition. Elle parvient, de façon générale, à exprimer en termes relativement simples des réalités complexes. Ici et là, cependant, l’utilisation d’un langage technique ou de tournures inusitées obligera sans doute à relire quelques fois pour être sûr d’avoir bien saisi, et fera comprendre qu’une familiarisation avec ce commentaire – à plus forte raison une contribution à son élaboration – s’avérera exigeante et réclamera une grande application. Ici et là, la lecture achoppera peut-être à certaines formules condensées, dont elle aura l’impression qu’elles anticipent des développements encore à venir : par exemple, dès la première page, « si des effets latéraux avérés structurent le signifiant du texte concerné », ou encore, un peu plus loin, « la ciselure rhétorique circulaire de l’épisode de la mort de Jésus » (p. 8). Se pourrait-il que, dans l’élan de telle ou telle échappée enthousiaste, le rédacteur ait oublié momentanément le sens pédagogique dont il fait largement preuve par ailleurs et le pauvre lectorat qui, éventuellement, en sera à son premier contact avec cet ambitieux projet ? Peut-être, face à tel ou tel passage un peu exceptionnel comme les suivants, ressentira-t-on le besoin d’une pause d’assimilation :
L’intertexte avec des textes sacrés ouvre l’histoire du temps de Jésus à une fin indéfinie dans le présent des proclamations et des lectures. Il permet au narrateur d’entretenir en basse continue une conversation apocalyptique avec son lecteur.
p. 5
Quant au présent, les métalepses narratives et énonciatives et les locutions temporelles hyper actualisantes (comme « jusqu’à aujourd’hui »), ou même un simple terme comme « évangile » […] assurent une actuation (sic) du texte renouvelée à chaque lecture.
p. 12-13
Quoiqu’il (sic) en soit de ces hypothèses précises, le fait est que, d’ironies en sarcasmes et de métalepses énonciatives en récapitulations conclusives, Mt 26-28 fonctionne comme une espèce de sacramental dans la mesure où l’hypotypose et l’isochronie narrative le rendent performatif pour le croyant.
p. 16
La traduction de Mt 26-28
L’introduction générale est suivie d’une traduction des trois chapitres de Mt 26-28 (p. 65-77). Celle-ci se présente sur trois colonnes, comme le laisse entrevoir l’échantillon suivant des quatre premiers versets du récit de l’onction de Béthanie en Mt 26,6-9.
Des divers témoins du texte grec du Nouveau Testament, c’est donc le texte byzantin qui se trouve retenu dans la première colonne. Paradoxalement – à moins que quelque chose ne m’ait échappé, ce qui est bien possible dans un ouvrage de plus 1100 pages ! – le commentaire n’explique nulle part ce qui l’a amené à faire ce choix, à première vue assez inattendu. On aura sans doute estimé qu’il n’y avait pas lieu d’y revenir après les indications du volume de démonstration qui justifiait ainsi cette option :
…le texte byzantin ou majoritaire (Byz). C’est le texte traditionnel du christianisme byzantin sous toutes ses formes avant et après le Schisme entre Rome et Constantinople. Ce choix ne reflète pas une option de critique textuelle ou de théologie (nous ne pensons pas du tout que, texte majoritaire dans les manuscrits grecs, il serait le plus proche du texte primitif ou le véritable texte inspiré du Nouveau Testament), mais le choix d’une cohérence herméneutique du texte et de l’annotation[10].
Comme le montre le schéma plus haut, la traduction reproduite dans la première colonne signale pour une part les variantes que présente par rapport au texte byzantin celui que la critique textuelle désigne comme le Textus Receptus, ainsi caractérisé sommairement :
Dérivé du premier texte imprimé du Nouveau Testament en grec (Erasme,1516), c’est le Nouveau Testament de l’Humanisme, du moins en Europe du nord, et de la Réforme. Son importance traditionnelle est capitale : c’est celui que Luther a traduit et c’est celui que reflète la King James Bible (Authorized Version)[11].
La traduction de la première colonne indique en outre les différences que comporte par rapport au texte byzantin « le texte usuel, celui du Novum Testamentum Graece de Nestle-Aland, 27e édition (Nes). Il permet de mettre en perspective historique et critique les quatre autres textes »[12].
Prennent place en effet dans la deuxième et la troisième colonne la traduction respective du texte latin de la Vulgate et du texte syriaque de la Peshitta, ce que le volume de démonstration de 2010 justifiait de la façon suivante :
Comme l’indique le titre de notre entreprise, « la Bible en ses Traditions », on privilégie les formes textuelles attestées dans les principales traditions ecclésiales vivantes. Nous intéressent les textes réellement utilisés et commentés par les liturgies, les exégètes et les prédicateurs dans les Églises de tradition grecque, latine et orientale, au fil des siècles[13].
La traduction, qu’on sent soucieuse de coller du plus près possible au texte grec (moins littéralement cependant que la Synopse classique de Benoit-Boismard par exemple), se présente dans un français correct, respectueux en général du génie de la langue[14].
Les annotations du texte
La traduction du texte est alors suivie de son commentaire. Celui-ci occupe toute la dernière partie (p. 79-495) du premier volume : celui de Mt 26, le plus élaboré, les p. 79-267 ; celui de Mt 27 les p. 269-434, et celui de Mt 28, plus réduit en comparaison, les p. 435-495. C’est donc un ensemble compact de 416 pages au total que présente l’approfondissement du récit de la passion et des manifestations pascales, dont l’exploration systématique fait place aux trois zones d’annotation (texte / contexte / réception) et aux rubriques propres à chacune.
À titre d’exemple, voyons comment les choses se présentent en rapport avec la première partie du récit de la passion en Mt 26.
Lu de gauche à droite, ce tableau permet de vérifier :
-
colonne 1 : les références et l’objet des 12 péricopes – faciles à repérer, leur référence figurant régulièrement au haut de la page de droite – découpées dans l’ensemble du chapitre ;
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colonne 2 : les pages correspondant à chaque péricope et leur nombre, dont la rangée du bas indique le total ;
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colonnes 3, 4 et 5 : le nombre de pages[15] consacrées à chacune des trois zones d’annotation ; comme on le voit, le commentaire de certaines péricopes plus élaborées comprend plus d’une partie : 4 pour l’épisode de Gethsémani (péricope ⑨), 3 pour le récit de la Cène (⑦), 2 pour celui de l’onction à Béthanie (③), etc. La rangée du bas indique le nombre de pages correspondant à chacune des trois zones d’annotation.
Le tableau ci-dessus signale en caractères gras les deux récits de Gethsémani (⑨) et de la Cène (⑦), auxquels le commentaire de Mt 26 consacre le plus de développements – 35 et 32 pages respectivement. Or, ces deux récits, tels qu’on les trouve chez Matthieu, s’avèrent très proches de leurs parallèles synoptiques, en particulier de Marc. Il en va de même pour certains récits de Mt 27. On peut donc s’attendre à ce que des notations du commentaire à leur sujet ne se rapportent pas spécifiquement au texte du premier évangile mais valent également pour les autres, en particulier pour le texte de Marc. De fait, en rapport avec la représentation imagée de l’expérience de Jésus à Gethsémani, par exemple, la rubrique « Arts visuels » (*vis) note d’emblée que dans « l’art occidental et dans des cycles christologiques, l’abondante iconographie emprunte aux différents évangiles synoptiques […] sans se limiter à un seul évangile » (p. 185). La même rubrique parle de même de « fusion des récits évangéliques » à propos de la scène de la flagellation et du couronnement d’épines décrite en Mt 27,27-31, qui a donné lieu, du Moyen âge jusqu’à nos jours, à tant de représentations du Christ aux outrages ou de l’Ecce Homo, inspiré plutôt de Jn 19,1-5 (p. 330-332). De même, le commentaire fait-il mention aux pages 344-346 de « variations iconographiques » innombrables du portement et du chemin de la croix, même si elles ne peuvent guère se réclamer du demi-verset « étonnamment concis » de Mt 27,32b. Autour de la scène de la sépulture de Jésus, décrite très sobrement en Mt 27,57-61, se développeront dans l’art de différentes époques des « scènes non scripturaires », comme celles de la descente et de la déposition de la croix – « ayant pris le corps, Joseph le roula dans un linceul propre », se contente de noter Mt 27,59 – et, à partir du 13e siècle jusqu’aujourd’hui, des représentations de la Pieta, qui a inspiré tant d’artistes parmi les plus grands, dont le commentaire présente, par ordre alphabétique, un relevé non exhaustif de 61 représentants (p. 423-426). En rapport avec la scène de la crucifixion en Mt 27,32-38, trois pages entières font référence sous la rubrique « cinéma » (*cin) à des réalisations du septième art nées au cours du dernier siècle (DeMille, Duvivier, Koster, Pasolini, Stevens, Zeffirelli, Scorcese, Arcand, Gibson…), mélangeant le plus souvent, à l’instar des illustrateurs médiévaux, les données évangéliques, ou suppléant tout bonnement par l’imagination au silence des textes.
Par contre, l’analyse se révèle attentive aux éléments propres au récit de Mt, comme l’indique dès le départ le découpage en une péricope distincte de l’annonce faite par Jésus en 26,1-2 (« Le fils de l’homme est livré pour être crucifié »). « Chez Mt […] cela commence par une prophétie de Jésus lui-même qui maîtrise à la fois l’intrigue et le tempo du récit », est-il souligné dès le second paragraphe du commentaire (p. 79). De nouveau, à la page suivante sous la rubrique « Lecture synoptique » (*syn) : « Les v. introductifs de la passion chez Mt […] esquissent un portrait de Jésus maître de sa vie et de sa mort, proche de Jn. » (p. 80). Et plus loin encore, à propos de la question de Jésus rapportée par Matthieu seul[16] dans la scène de l’arrestation : « La connaissance qu’en a Jésus (de sa passion comme accomplissement des Écritures), et qu’il transmet à ses disciples […] arrache sa mort à une destinée tragique ou absurde. » (p. 225). Parmi les données spécifiquement matthéennes, le commentaire consacre pas moins de quinze pages (p. 307-321) aux trois versets du compte rendu propre à Mt 27,24-26 du lavement des mains de Pilate. Cette section s’ouvre en « propositions de lecture » sur une note intitulée 25b Son sang, sur nous et sur nous (sic) enfants Un verset redoutable et soulignant d’emblée que cette « déclaration du peuple n’a guère suscité d’intérêt particulier des commentateurs qui tinrent pour acquis le fait qu’il s’agit d’une auto-malédiction durable […]. Mais la sobriété des exégètes n’a pas empêché que le v. ait une influence énorme dans la tradition de l’antijudaïsme et de l’antisémitisme. » (p. 307)
Si, retournant au tableau de la page 433, nous prêtons attention à l’ampleur comparative des trois grandes zones d’annotation, nous constatons que :
a) sur les quelque 191 pages consacrées au chapitre 26 de Mt, plus de 144, soit plus des trois quarts, le sont à la réception ;
b) l’étude de l’épisode de Gethsémani (Mt 26,36-46) par exemple comporte 7 pages en rapport avec le texte et le contexte et 4 fois plus (28 pages) en rapport avec la réception et la proportion est à peu près la même en rapport avec la péricope de la Cène (Mt 26,26-29)[17].
La place accordée à la zone réception s’avère légèrement inférieure dans le traitement des chapitres 27[18] et 28[19], tout y en dépassant largement celle qui est faite au texte et au contexte.
Cela ne donne-t-il pas l’impression à première vue que, pour la BEST, le retentissement dans les multiples avenues de la tradition importe davantage que l’approfondissement de la signification et de la portée du texte lui-même ? Si, pratiquement, la zone réception en vient à y éclipser les deux autres, ce type de commentaire ne fait-il qu’inverser les inconvénients des commentaires classiques ? En réalité, certaines opérations rangées sous la réception concernent encore l’approfondissement du texte, notamment sous la rubrique *syn, ainsi décrite : « Les notes de *Lecture synoptique comparent les différentes occurrences d’une même tradition dans les évangiles (y compris Jn). On y décrit les différences de fait – le contexte dans lequel elles placent cette histoire, leurs manières de la présenter, les aspects qu’elles entendent souligner – pour faire ressortir l’originalité du texte annoté. » (p. 26)[20] Sans parler des notes de synthèse du Volume II, parfois très élaborées qui contiennent fréquemment des données complémentaires du même ordre. C’est ainsi, par exemple, que le commentaire de la péricope de Gethsémani fait intervenir pas moins de vingt-six références à ces notes de synthèse. Il faut également tenir compte du fait qu’il s’agit ici d’une étude centrée sur des textes concernant la passion, la mort et la résurrection de Jésus, déjà abondamment scrutés sous les angles auxquels s’intéressent les zones texte et contexte. Il suffit de penser à l’oeuvre encyclopédique de Raymond E. Brown[21]. Alors que, nous l’avons déjà noté au passage, en se concentrant exceptionnellement sur trois chapitres de Mt, l’entreprise de BEST tenait pour une part de l’expérimentation et visait à vérifier et à tester, en quelque sorte, l’ampleur des possibilités liées à l’approche adoptée, et tout particulièrement en ce qui concerne la réception du texte. Mais alors, l’intérêt de l’ouvrage, bien réel, serait-il simplement de l’ordre de la curiosité et de l’érudition, ne consistant pas tant dans l’éclaircissement du texte et de son sens premier qu’aux lectures qui en ont été faites, parfois à l’encontre de ce sens lui-même ? On peut concevoir en effet qu’une certaine mise en valeur de la réception aux dépens du texte et du contexte pourrait aboutir à un risque de nivellement « dans l’utilisation de BEST comme un « commentaire self-service » où chacun viendra choisir et retenir ce qu’il veut ?[22] »
Volume II
Notes de synthèse
Au nombre de 186, elles occupent la plus grande partie du second volume, soit près de 450 pages (p. 497-942).
Elles sont de dimension variable. Certaines n’occupent que le quart (ex. p. 512 : → Amour ou aumône ?) ou la moitié d’une page (ex. p. 679 : → La crucifixion et les Juifs au 1er siècle ; p. 914 : → Un messie souffrant dans la tradition juive ?). D’autres sont plus élaborées, atteignant jusqu’à cinq [ex. p. 688-692 : → La passion dans la littérature de l’époque baroque et du classicisme (1570-1715)], sept (ex. p. 548-554 : → Croix et Crucifié : leurs représentations visuelles), huit (ex. p. 713-720 : → Le lieu de la mort et de l’ensevelissement de Jésus), dix pages (ex. p. 669-678 : → La croix de Jésus dans la littérature.
Par leur objet ou le thème qu’elles abordent, certaines notes entretiennent un lien direct étroit avec ce que rapportent les récits de la passion ou des manifestations pascales, apportant ainsi par mode de synthèse des éclairages complémentaires, avant tout d’ordre historique et exégétique, à ceux du commentaire. Ainsi en est-il par exemple de la note remarquable qui vient d’être signalée (p. 713-720) à propos du lieu de la mort et de l’ensevelissement de Jésus, ou encore, beaucoup plus succincte (p. 721), celle qui la suit immédiatement sur → Le Ps 22(21) dans le récit de la passion ; ou encore celle qui avait précédé aux p. 538-540 sur → Chronologie de la passion, ou celle qui suivra aux p. 881-883 : → Sept propositions sur les témoignages de rencontres avec le Ressuscité comme documents historiques. Débordant le récit de la passion, d’autres notes se rapportent de façon plus générale au genre évangélique dans son ensemble ou à divers aspects de la christologie, comme celles qui sont regroupées entre les p. 600 et 650 et qui considèrent successivement Jésus comme Fils de Dieu, Fils de l’homme, Berger, (grand) prêtre, messie, prophète, roi des Juifs. Plutôt relatives à la réception et à la tradition dérivée de diverses manières des récits de la passion, toute une série de notes traitent d’usages, même d’ordre rituel ou disciplinaire, en lien plus ou moins direct avec le récit de la Cène (Mt 26,26-28), par exemple : → De la dernière Cène aux Eucharisties chrétiennes (p. 563-567) ; → Eucharistie : ses divers noms (p. 597) ; → Adoration eucharistique durant les liturgies (p. 507-508) ; → Adoration eucharistique hors des célébrations liturgiques (p. 509-511) ; → Jeûne eucharistique, variations historiques et sens d’une discipline (p. 651-652) ; → Transsubstantiation : histoire, théologie dogmatique et sacramentaire (p. 904-907). À côté de cela, toujours en lien avec la réception, mais plutôt sous l’angle de l’imprégnation profane et culturelle, des notes comme → La passion selon saint Matthieu, ballet de John Neumeier (p. 693-696) ; → Les acteurs de la crucifixion dans les représentations visuelles (p. 722-724) ; → Les Passions théâtrales, brève histoire d’un genre littéraire (p. 732-736) ; → L’identité de Jésus au cinéma (p. 741-750). On relève enfin un certain nombre de notes assez semblables aux données figurant sous les entrées des encyclopédies ou des dictionnaires bibliques, et dont il est plus difficile de voir le lien qu’elles entretiennent, tout intéressantes et bien documentées qu’elles soient, avec les récits de Mt 26-28. Pour ne mentionner que quelques exemples, prélevés çà et là : → Circoncision (p. 541-542) ; → Frères de Jésus (p. 611-612) ; → Jalousie dans la tradition juive (p. 635) ; → Kant ou la rationalisation morale de l’Écriture. De la Bible impure à la Bible pure (p. 665) ; → Michel Henry : quand un phénoménologue rencontre les Écritures (p. 761-765) ; → Phénoménologie et exégèse biblique (p. 812-814) ; → Protoctistes : les entités originaire de la création ? (p. 828-830) ; → Terre promise (p. 902-903).
Quant au classement des notes de synthèse, en principe, comme cela est annoncé tout au début, elle se suivent « en ordre alphabétique dans le second volume » (p. 1). En réalité, un bon nombre d’entre elles témoignent d’une incohérence qui rend le repérage plus difficile. Ces notes en effet ne sont pas classées, comme la plupart, à partir de la première lettre du thème qu’elles abordent, mais de façon inattendue, à partir de l’article défini ou indéfini ou même du pronom interrogatif précédant l’énoncé du thème. C’est ainsi par exemple que la note → La croix de Jésus dans la littérature, au lieu d’être classée sous la lettre C où on l’attendrait tout naturellement, l’est sous la lettre L à partir de l’article défini qui précède le substantif[23] (p. 669) ; il en va de même pour → La famille de Jésus dans les cercles primitifs des disciples (p. 684), rangée sous L plutôt que sous F, comme l’est par exemple la note → Frères de Jésus (p. 611). De même, la note → Un messie souffrant dans la tradition juive ?, que l’on serait porté à chercher sous la lettre M, se trouve sous la lettre U (p. 914). Et telle note concernant les Écritures, au lieu d’apparaître sous la lettre E. figure étonnamment sous la lettre Q en raison de la tournure interrogative de son intitulé → Qu’est-ce que « Les Écritures » pour les Juifs du 1er siècle ? (p. 831). Pourquoi ne pas avoir regroupé les multiples notes se rapportant à la Cène et à l’eucharistie, éparpillées çà et là, comme l’ont été commodément sous la lettre M les quatre notes consacrées aux miracles (p. 766-781) et sous le lettre R les neuf concernant les « reliques de la passion » (p. 833-850) ? Et où se trouve la note → christologie orthodoxe à laquelle renvoie à deux reprises la p. 184 ?
La bibliographie finale
La bibliographie contient près de cent pages (p. 943-1032) alignant chacune entre quinze et vingt références à des auteurs et à des oeuvres de différentes époques, depuis l’Ancien Testament, Homère et Hésiode (8e-7e s. av. J.C), renvoyant ensuite à pas moins de dix-neuf ouvrages d’Euripide (5e s. av. J.C.), en passant par les écrits apocryphes juifs et chrétiens, les Pères de l’Église (dont 21 ouvrages d’Augustin), les Actes des conciles oecuméniques, les auteurs médiévaux et modernes, jusqu’aux contemporains, tels Éric-Emmanuel Schmitt, Nathalie Nothomb et Mel Gibson. L’ensemble des références à la Bible, aux auteurs et aux oeuvres sont ensuite méticuleusement classés dans un somptueux index de soixante pages (p. 1035-1095). Cela laisse deviner le travail de fourmi qu’a dû représenter non seulement le repérage des auteurs et des oeuvres mais encore de leur apport à la compréhension et à l’utilisation de trois chapitres de l’évangile de Matthieu. Comme l’exprimait en finale l’introduction générale,
Au terme de cette introduction, composée comme une récapitulation pleine d’admiration pour la fécondité proprement divine de la passion dans la culture humaine, pour les collaborations, la patience, la somme d’amour partagée par chacun de nos collaborateurs, il nous reste à l’offrir aux lecteurs bénévoles comme une riche carrière de pierres, taillées avec plus ou moins de raffinement, rangées du mieux possible et surtout…prêtes pour de nouvelles élaborations.
p. 64
Pareille entreprise, en effet, force l’admiration, ne serait-ce qu’en raison du recrutement et de la coordination de toutes ces collaborations dont elle est le fruit. Et n’aurait-il produit que cela, le projet BEST en aurait valu la peine, en démontrant l’impact extraordinaire qu’a pu exercer à travers deux millénaires d’histoire, tant dans l’espace croyant que dans l’univers culturel, tel passage biblique particulier. Où, en dehors du rayonnement des Écritures, trouverait-on un phénomène d’une telle ampleur et d’une telle persistance ? Il paraît évident par ailleurs qu’un travail de même type, même élagué d’éléments moins directement pertinents, ne saurait être effectué en relation avec la Bible entière, où, du reste, des passages possédant un tel potentiel d’inspiration ne se retrouvent pas dans tous les livres. L’application à ceux-ci de la démarche en trois temps texte / contexte / réception telle qu’elle est conçue représenterait déjà quelque chose d’énorme. Et une question surgit inévitablement : tant dans une perspective croyante que simplement culturelle, où investir en priorité aujourd’hui ? Dans des bilans réconfortants concernant la réception biblique du passé, à l’heure où celle du présent apparaît en décroissance ? Dans une étude toujours plus approfondie du sens de la Bible et de son pouvoir d’accrochage pour aujourd’hui ? À moins qu’il faille réentendre là-dessus le sage avertissement de Jésus répercuté en Matthieu : « C’est ceci qu’il fallait pratiquer sans négliger cela » (23,23) ?
Appendices
Notes
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[1]
Olivier-Thomas Venard (dir.), La passion selon saint Matthieu (Matthieu 26-28), vol. 1 : Liminaires, traduction et annotation (La Bible en ses Traditions, 4/1) ; vol. 2 : Notes de synthèse, bibliographie et index (La Bible en ses Traditions, 4/2). Leuven – Paris – Bristol CT, 2021, 24 x 30 cm, 1102 p., 242 €, ISBN 978-90-429-4092-5. Dans la suite référence abrégée : BEST 4.
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[2]
Sous la responsabilité de l’École Biblique et Archéologique Française de Jérusalem, Définitions suivies de douze études (La Bible en ses Traditions, 1), hors série de la Revue Biblique, 117 (avril 2010), V-268 p. Dans la suite, référence abrégée : BEST 1a.
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[3]
Olivier-Thomas Venard (dir.) et Bieke Mahieu (éd.), Commencements. Définitions, suivies de douze études (La Bible en ses Traditions, 1), Leuven – Paris – Bristol CT, Peeters, 2020, 314 p. Dans la suite, référence abrégée : BEST 1b.
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[4]
Jean-Baptiste Édart, Francesco Bianchini al. ; Olivier-Thomas Vénard (dir.), Saint Paul. Épître aux Philippiens (La Bible en ses Traditions, 2), Leuven – Paris – Bristol CT, Peeters, 2016, 174 p. Dans la suite, BEST 2.
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[5]
Eugen J. Pentiuc, Gad Barnea, Étienne Méténier, Łukasz Popko al. ; Olivier-Thomas Vénard (dir.), Hosea. The Word of the Lord That Happened to Hosea (La Bible en ses Traditions, 3), Leuven – Paris – Bristol CT, Peeters, 2017, 411 p. Dans la suite, BEST 3.
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[6]
La suite du texte renverra entre parenthèses à la pagination continue des deux volumes BEST 4/1 et 4/2 signalés à la note 1 ci-dessus.
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[7]
Première édition en un volume durant la seconde moitié des années 1950 ; nouvelles éditions en 1973, puis en 1998, si bien que 2023 marquerait l’échéance d’un nouveau quart de siècle.
-
[8]
Extrait de la présentation de BEST 1b.
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[9]
Si l’on y inclut la rubrique « Littérature péritestamentaire » (*ptes), comme le fait l’Introduction, alors qu’au verso de la page couverture, cette rubrique est plutôt rangée sous la zone réception.
-
[10]
BEST 1a, p. 21.
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[11]
Ibidem.
-
[12]
Ibidem. Ainsi peut-on voir que le texte byzantin et le Textus Receptus sont identiques aux versets 8 (ses disciples) et 9 (cette huile de parfum pouvait se vendre), dont s’écartent les reconstitutions de Nes (respectivement : les disciples, et cela pouvait se vendre). On observe qu’en Mt 26 par exemple le texte de Byz et de TR coïncide en 26 passages où s’en écarte celui que favorise Nes, tandis que TR s’écarte de Byz et rejoint Nes à trois reprises seulement, par exemple en Mt 26,52 où, au lieu de « tous ceux qui prennent l’épée, par l’épée mourront » (Byz), TR a « périront ». On trouve encore en Mt 26 quatorze passages où le texte retenu par Nes diffère de celui de Byz, presque toujours sur des détails, par exemple en Mt 26,9 : au lieu de « cette huile de parfum pouvait se vendre très cher », « cela (faisant référence à « une huile de parfum » mentionnée précédemment au v. 7) pouvait se vendre très cher ».
-
[13]
BEST 1a, p. 21.
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[14]
La traduction, indiquait l’« ouvrage de démonstration », se propose de « faire goûter une saveur « originale » : « …dans la traduction, il (le traducteur de La Bible en ses Traditions) prend nettement le parti du texte de départ, et préfère le respect des figures présentes en langue-source à la facilité de lecture dans la langue d’arrivée. Sa maxime est : “ni plus obscur ( !) ni plus clair (surtout) que l’original”. » (BEST 1a, p. 20)
-
[15]
Le nombre de pages indiqué peut varier quelque peu, lorsque le traitement de telle péricope ou de telle annotation ne recouvre pas en son entièreté une page ou une demi-page (0.5).
-
[16]
26,53-54 : « Penses-tu donc que je ne puisse sur le champ prier mon Père et il me fournira plus de douze légions d’anges ? Comment donc s’accompliraient alors les Écritures [disant] qu’il doit en être ainsi ? »
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[17]
Les notes figurant au début, sous « Propositions de lecture » sont comptabilisées sous la zone texte.
-
[18]
122,5 pages sur 165,5, soit 74 %.
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[19]
42,5 pages sur 60,5, soit plus des deux tiers (70 %).
-
[20]
Voir par exemple la note que fait intervenir (p. 182) sous cette rubrique le commentaire du récit de Gethsémani, pourtant très proche de celui de Mc.
-
[21]
The Death of the Messiah. From Gethsemane to the Grave. A Commentary on the Passion Narratives in the Four Gospels, 2 vol. (The Anchor Bible Reference Libray), New York NY al., Doubleday, 1994, 1608 p. Traduction en français : La mort du Messie. Encyclopédie de la Passion du Christ, de Gethsémani au tombeau. Un commentaire des récits de la Passion dans les quatre évangiles, Paris, Bayard, 2005.
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[22]
Comme l’écrivait Christian Grappe dans sa recension du volume de démonstration de 2010 (BEST 1a) dans Revue d’histoire et de philosophie religieuses, 91 (2011), p. 279-281.
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[23]
À la p. 669, ce qui est aussi le cas des 27 notes qui suivent jusqu’à la p. 741.