Abstracts
Résumé
Cet article propose de relire un roman qui occupe une place de choix dans la littérature maghrébine : L’enfant de sable (1985) de Tahar Ben Jelloun. Dans la perspective de cette relecture, il s’agit d’interroger dans la socialité de ce texte un certain mode d’être de la conscience marocaine, à travers notamment la relation identitaire qu’elle entretient avec la corporéité. À la faveur d’une étude des fonctions idéologiques de la figure double d’Ahmed, le héros du roman, l’article vise à montrer que ce mode d’être implique une relation de pouvoir et une forme d’incomplétude existentielle qui circulent dans une architecture sociale placée sous l’empire des apparences. Comment rompre avec le sentiment d’étrangeté à soi, à l’autre et à la pluralité inspiré par une sémiologie des fausses évidences qui entourent d’une aura problématique le statut social de son corps ? Voilà le défi qu’Ahmed devra relever pour faire accéder son identité ambiguë à une forme possible d’unité et de transcendance, vierge de toute trace d’aliénation ou d’exil.
Abstract
This article proposes a re-reading of a novel that occupies a prominent place in North African literature — The Sand Child (1987) by Tahar Ben Jelloun. With respect to this, we question in the sociality of this text a certain mode of being of Moroccan consciousness, notably through the identitary relationship it entertains with corporeity. By studying the ideological functions of the double figure of Ahmed, the hero, this article aims to demonstrate that this mode of being involves a power relation and a form of existential incompleteness that pervade a social architecture governed by appearances. How can one break free from a feeling of foreignness to the self, the other and the pluralism inspired by a semiology of false evidence that makes the social status of one’s body a problem? This is the challenge that Ahmed must meet to give his ambiguous identity possible unity and transcendence, free from any trace of alienation or exile.