Abstracts
Résumé
Les Petits meurtres d’Agatha Christie (2009- ) compte aujourd’hui trois saisons, et un succès d’audience qui ne semble pas s’essouffler. Présente dans le titre, la filiation avec l’œuvre d’Agatha Christie l’est également dans l’attrait de la série pour le public. Christie apparaît en filigrane puisque ce sont ses intrigues, et non ses personnages, que les téléspectateurs découvrent au fil des épisodes. Ceci témoigne d’une stratégie que l’on peut rattacher à la dichotomie identifiée par Shannon Wells-Lassagne (2017) entre les adaptations télévisuelles en récits courts et celles en récits longs. Cet article démontre que Les Petits meurtres d’Agatha Christie est une adaptation hybride en ce sens qu’elle emprunte aux récits courts le principe d’une intrigue et d’une fin prédéterminées par le roman initial tout en mettant en avant la réappropriation, typique des récits longs. Pour ce faire, nous empruntons à Lawrence Venuti (2007) la notion d’interprétant. Les interprétants formels, traces d’équivalences, apparaissent dans le recours au genre policier et dans les archétypes agatha-christiens. Les interprétants thématiques, traces d’une « indigénisation » (Hutcheon, 2013, p.24), apparaissent dans l’importance des arcs narratifs renforcés par le recours au héros multiple et dans une esthétique nostalgique. Les Petits meurtres prouve donc que la série télévisée est une forme de « mutation génétique ordonnée [d’]autres formes narratives » (Carrazé, 2007) qui va au-delà de l’adaptation vers une métamorphose qui lui insuffle sa propre identité (Wells-Lassagne, 2017, p. 19).
Mots-clés :
- adaptation,
- série télévisée,
- Agatha Christie,
- Les Petits meurtres d’Agatha Christie,
- télévision française
Abstract
The French series Les Petits meurtres d'Agatha Christie (2009- ), known as Agatha Christie's Criminal Games in the US, now boasts three seasons and an ongoing ratings success. The Dame’s work, which is openly referred to in the title, also seems to explain the series' appeal to the public. Christie, however, only appears in the background, since, in every episode, viewers discover her plots yet none of her beloved characters. This reflects a strategy that can be linked to the dichotomy identified by Shannon Wells-Lassagne (2017) between short-form and long-form TV adaptations. Using Lawrence Venuti’s theory of interpretants (2007), this article demonstrates that Agatha Christie's Criminal Games is a hybrid adaptation in the sense that it borrows from short-form adaptation the principle of a plot with a fixed beginning and end, that of Christie’s adapted novel, while emphasizing reappropriation which is typical of long-form adaptation. Formal interpretants appear in the use of the detective genre and that of Christie’s archetypes. Thematic interpretants, which show traces of "indigenization" (Hutcheon, 2013, p.24), appear in the importance of narrative arcs that are reinforced by an ensemble cast, and in the series’ nostalgic aesthetic. Agatha Christie's Criminal Games thus seems to prove that TV series are a form of "ordered genetic mutation [of] other narrative forms" (Carrazé, 2007) that go beyond adaptation and engage in a metamorphosis that support the creation of their own identity (Wells-Lassagne, 2017, p. 19).
Keywords:
- adaptation,
- TV series,
- Agatha Christie,
- Agatha Christie's Criminal Games,
- French TV
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