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Résumé

La présente thèse porte un regard anthropologique sur l’habiter des personnes ayant des incapacités en relation avec leur mobilité dans la Ville de Québec au Canada. Elle examine de manière empirique les manières qu’ont les personnes de se déplacer de manière singulière à travers divers trajets et comment leur habiter se construit en ayant comme fondement les configurations physiques et sociales de ces expériences de mobilité et les rencontres entre la personne et son monde. Elle s’inscrit dans une perspective ontologique du handicap, c’est-à-dire qu’elle s’intéresse aux réalités des déplacements des personnes ayant des capacités différentes au sein des agencements de la ville à partir de leur perspective située. Elle aborde les relations perceptuelles personne-milieu ainsi que les pratiques de production du lieu par lesquelles les personnes forment leur monde. Elle porte attention aux questions de l’être et du devenir au sein d’agencements multiples d’éléments hétérogènes et comment les expériences constitutives des personnes sont teintées au quotidien de situations de handicap et de participation sociale. L’objectif du terrain, c’était de rendre compte de manière réaliste de la perspective propre des personnes au cours de leurs activités quotidiennes. La thèse se concentre sur deux groupes de personnes, soit des personnes qui utilisent des fauteuils roulants et des personnes ayant une incapacité liée à la vision et qui utilisent un chien-guide ou la canne blanche. C’est à travers leurs perspectives situées, rendues sous la forme d’ontographies des déplacements, que l’habiter dans la ville est abordé. Dans une perspective anthropologique à forte dominance philosophique, car il y est question de l’habiter (Ingold, 2000), du devenir et des agencements (Deleuze et Guattari, 1980), la thèse permet de mieux comprendre les manières dont sont construites les existences individuelles des personnes ayant des incapacités dans des environnements qui organisent leur possibilités qui en offrent certaines et qui en bloquent d’autres. En suivant les personnes une à une, la thèse permet d’interroger les conditions d’inclusion, de participation sociale et d’exercice des droits réelles dans la ville et d’envisager des pratiques centrées sur les expériences singulières du monde et les agencements associés.

Abstract

This dissertation offers an anthropological enquiry on the question of dwelling of people with disabilities in relation to their mobility habits in Quebec City in Canada. It empirically examines the singular ways people travel through various daily commutes and paths, and how their dwelling habits are produced through the physical and social configurations and encounters composing these mobility experiences. The thesis proposes an ontological perspective of disability as it explores the reality of mobility of people with different abilities within the city's assemblages from their own situated perspective. It addresses perceptual person-environment relationships as well as the practices and production modalities of “places” by which people shape their world. The thesis pays attention to the questions of being and becoming within multiple assemblages of heterogenous elements and how the constitutive experiences of people are tainted daily with situations of disability and of social participation. The objective of the fieldwork was to realistically reflect the perspective of the people as they performed their ordinary activities. The thesis focuses on two groups of people, namely wheelchairs users and people with a visual impairment who use a guide dog or a white cane. It is through their situated perspectives, rendered in the form of ontographies of their daily commutes, that dwelling in the city is understood. From an anthropological perspective coupled with a strong philosophical inclination, since it is about dwelling (Ingold, 2000), becomings and assemblages (Deleuze & Guattari, 1980), the thesis makes it possible to better understand the ways in which the individual existences of people with disabilities are constructed in environments that organize their possibilities by opening some and blocking others. By following people one by one, the thesis makes it possible to question the underlying conditions of inclusion, social participation, and the real exercise of rights in the city and to consider practices centered on the singular experiences of the world and their associated assemblages.