Comptes rendus

Lapointe, Jeanne. Rebelle et volontaire. Anthologie 1937-1995. Anthologie sous la direction de Marie-Andrée Beaudet, Mylène Bédard et Claudia Raby, avec la collaboration de Juliette Bernatchez. Montréal, Léméac, 2019, 256 p.

  • Marie Lavigne

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  • Marie Lavigne
    Chercheuse indépendante

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Cover of L’Amérique dans le <em>Mercure galant</em> sous Louis XIV, Volume 76, Number 1-2, Summer–Fall 2022, pp. 1-283, Revue d’histoire de l’Amérique française

Jeanne Lapointe (1915-2006) a été professeure de littérature à l’Université Laval, et la première femme embauchée à la faculté des lettres (en 1940). Elle est bien connue pour son exceptionnelle contribution à la modernisation des études littéraires et pour son influence sur des générations de chercheurs, de critiques littéraires et d’écrivains. Femme engagée, sa participation à deux grandes commissions d’enquête des années 1960, la commission Parent (sur l’éducation au Québec) et la commission Bird (sur la situation de la femme au Canada), de même que son rôle dans l’émergence des études féministes en milieu universitaire ont été marquants. La publication de cette anthologie s’ajoute aux récents travaux qui font découvrir cette intellectuelle de haut niveau. Chantal Théry a dirigé l’ouvrage Jeanne Lapointe. Artisane de la Révolution tranquille (2013), recueil de témoignages-hommages signés entre autres par les écrivaines Marie-Claire Blais et Louky Bersianik et par le sociologue Guy Rocher. Plus récemment, en 2020, la revue Études littéraires publiait un numéro intitulé L’héritage intellectuel et littéraire de Jeanne Lapointe réalisé sous la direction de Marie-Andrée Beaudet et Mylène Bédard. Dès le début de sa carrière, la professeure Lapointe rayonne bien au-delà des salles de cours. Elle est critique littéraire à Radio-Canada de 1952 à 1955 et y lit 25 chroniques dont quatre sont retenues dans cet ouvrage. Elle est aussi la première universitaire — et la deuxième femme — à publier des critiques littéraires dans Cité libre. Son étude sur le roman canadien-français en 1954 entraîne une Dissidence de son doyen, l’écrivain Félix-Antoine Savard, et pour cause, car le texte de Jeanne Lapointe est de nature à heurter nombre de ses contemporains. Caustique, elle demande si « un nationalisme centré sur des valeurs de défense et d’immobilisme ne contribuerait pas à nous garder dans un certain infantilisme et une certaine peur collective des valeurs d’extériorisation et de création » (p. 32). En 1955, lorsqu’elle publie dans Le Devoir « Pour une morale de l’intelligence », elle est de ceux et celles qui se révoltent contre l’immobilisme ambiant : « Notre évolution historique locale, crispée dans sa volonté de survivance et par son jansénisme théocentrique, nous a peu à peu vidés du goût de la vie » (p. 83). En 1958, dans son mémoire « Humanisme et humanités », présenté à la commission du programme de la faculté des arts de son université, elle livre ses réflexions sur l’éducation. Sa conception de la pédagogie est axée sur la raison et le respect de l’intelligence des enfants. « Nous avons à choisir entre la liberté et les dogmatismes … À force d’un peuple patient, tenace et silencieux, on risque de se montrer patient même devant l’ignoble. La parole libère », écrit-elle (p. 106). Produite la même année, sa conférence La langue de l’élite est une analyse sociologique de la langue parlée au Québec selon les classes sociales. Au coeur de son propos : « Donner une langue aux Canadiens français … Car un langage véritable est vraiment la résonance même de l’âme » (p. 130). Elle y va de propositions avant-gardistes telles la création d’un « office provincial de la linguistique » et l’élaboration d’une politique linguistique. Étant donné ses prises de positions sur l’éducation et la langue, ce n’est pas un hasard qu’elle soit nommée à la Commission royale d’enquête sur l’enseignement (commission Parent). La majeure partie du rapport Parent a été écrite par les commissaires et principalement par Jeanne Lapointe et Guy Rocher. Ce dernier n’hésite pas à reconnaître que, parmi les commissaires, c’est Jeanne Lapointe qui avance les idées les plus progressistes et que sous son influence considérable la commission …

Appendices