Comptes rendus

Loffreda, Raphaël. L’empire face aux Renards. La conduite politique d’un conflit franco-amérindien, 1712-1738. Québec, Septentrion, 2021, 336 p.

  • Joseph Gagné

…plus d’informations

  • Joseph Gagné
    Université de Windsor

L’accès à cet article est réservé aux abonnés. Seuls les 600 premiers mots du texte seront affichés.

Options d’accès :

  • via un accès institutionnel. Si vous êtes membre de l’une des 1200 bibliothèques abonnées ou partenaires d’Érudit (bibliothèques universitaires et collégiales, bibliothèques publiques, centres de recherche, etc.), vous pouvez vous connecter au portail de ressources numériques de votre bibliothèque. Si votre institution n’est pas abonnée, vous pouvez lui faire part de votre intérêt pour Érudit et cette revue en cliquant sur le bouton “Options d’accès”.

  • via un accès individuel. Certaines revues proposent un abonnement individuel numérique. Connectez-vous si vous possédez déjà un abonnement, ou cliquez sur le bouton “Options d’accès” pour obtenir plus d’informations sur l’abonnement individuel.

Dans le cadre de l’engagement d’Érudit en faveur du libre accès, seuls les derniers numéros de cette revue sont sous restriction. L’ensemble des numéros antérieurs est consultable librement sur la plateforme.

Options d’accès
Couverture de L’Amérique dans le <em>Mercure galant</em> sous Louis XIV, Volume 76, numéro 1-2, été–automne 2022, p. 1-283, Revue d’histoire de l’Amérique française

À la fin du 19e siècle, Francis Parkman écrivait que « La politique espagnole anéantissait l’Indien, la civilisation anglaise le dédaignait ou lui faisait sentir son mépris, la France seule savait l’accueillir, et s’en faire aimer ». Malgré cette formule devenue cliché, le Canada et le Québec, tout comme n’importe quelle autre société nord-américaine, n’échappent pas à la réévaluation de l’héritage et du souvenir populaire de leur histoire coloniale, surtout dans le sillage de la Commission de vérité et réconciliation. Depuis le début des années 1990 avec les études de Richard White, entre autres, le renouvellement de l’historiographie autochtone réexamine aujourd’hui les relations entre Autochtones et Allochtones. Les cas des Renards et des Natchez, pour ne nommer que deux nations, pèsent particulièrement dans le débat contredisant les paroles de Parkman au sujet de la Nouvelle-France. Voilà donc tout l’intérêt de ce livre, produit d’un mémoire de master à l’Université Paris-Sorbonne, qui vient jeter de nouvelles lumières sur les « guerres des Renards ». L’ouvrage contient huit chapitres thématiques, répartis en trois sections, le tout précédé d’une préface de François-Joseph Ruggiu. Quatorze figures et quatre cartes illustrent le contenu. L’auteur innove en abordant le conflit en dehors de son seul cadre colonial, se tournant également vers sa gestion métropolitaine. Au-delà des mouvements et actions militaires, la guerre des Renards sert également à Loffreda de prétexte pour examiner la consolidation du territoire par l’information circulant à l’intérieur de la colonie, mais aussi entre la vallée du Saint-Laurent, la Louisiane et Versailles. Sa recherche se fonde sur une masse de correspondance officielle, de dépêches internes au Canada, etc., comportant en tout presque 600 documents et des « milliers de folios » (p. 39) qui, ensemble, dressent un portrait des « arcanes de l’action impériale » (p. 41). Rappelons que les Renards, parfois appelés Outagamis par les Français, sont aujourd’hui connus comme les Mesquakies. Une série d’expéditions militaires a lieu dans l’ouest des Pays d’en haut entre 1712 et 1738 pour soumettre cette nation à la volonté impériale française. S’étirant donc sur un quart de siècle, ce conflit a un effet dévastateur sur sa population, qui passe de 2 000 individus à quelques centaines tout au plus. Au-delà des événements du 18e siècle, Loffreda prend également le temps de situer les origines géographiques des Renards, leurs premières rencontres avec les Français et l’évolution de leurs relations au 17e siècle. Il rappelle du même coup que les Renards étaient déjà en déclin avant le début de la période ciblée par cette étude. Comptant entre 12 à 15 000 individus en 1665, ils ne sont plus que 5 000 à peine dès 1667 (p. 55). Parmi les nombreuses questions abordées dans ce livre, l’une des plus importantes est certainement d’évaluer si la guerre contre les Renards constitue, oui ou non, un génocide. C’est une question que l’auteur ne prend pas à la légère, prenant d’abord soin de retracer l’origine et l’adoption du terme dans l’historiographie, soulignant les travaux de Dale Miquelon, Joseph Peyser, David Edmunds, Richard White et enfin de Gilles Havard et Cécile Vidal. Loffreda prend le temps d’examiner la définition du mot et rappelle que « La notion de génocide ne fait pour le moins pas l’unanimité parmi les spécialistes du sujet, issus de multiples champs de recherche (droit, sociologie, histoire, philosophie). Au sein même de la discipline historique, il n’y a pas de consensus autour de ce concept particulièrement complexe » (p. 116). La question est délicate, certes, mais elle vaut la peine d’être examinée, particulièrement avec le soin qu’y apporte Loffreda. L’auteur prend la peine de compiler les appels …