Résumés
Résumé
Au Québec, les enjeux de santé mentale se sont retrouvés au fil des ans au coeur de l’action syndicale. Au début des années 80, la Fédération des travailleurs du Québec s’est dotée d’un Réseau de délégués sociaux (DS) pour accompagner les syndiqués confrontés à des dysfonctionnements au travail. Le présent article démontre comment les actions des DS parviennent à rendre les milieux de travail au Québec plus sains et écologiques au plan humain. Celui-ci rassemble des données amassées entre 2013 et 2019, par la voie de huit groupes de discussions (n=140), plus d’une quarantaine entretiens individuels semi-dirigés réalisés auprès de DS au parcours diversifiés. Nos résultats confirment la logique du chacun pour soi et de la mise en concurrence des collègues de travail qui sapent les conditions de la coopération au travail et provoquent l’isolement des personnes. Devant la violence (interpersonnelle et organisationnelle) en recrudescence dépeinte par une grande majorité de nos sondés, les DS de la FTQ tentent de limiter les atteintes à la santé mentale des travailleurs en souffrance. Par leurs actions qui se fondent sur l’entraide directe, notamment par l’écoute active non professionnelle, et sur un activisme syndical centré sur la personne, les DS réactualisent les fondements du syndicalisme, avec en particulier les idées de fraternité et de solidarité au travail et par le travail, sur lequel le mouvement ouvrier reposait jadis. Ils font ainsi bien plus que reproduire des recettes gagnantes du passé : ils inventent une nouvelle manière d’articuler l’économique et le social pour le bien de la collectivité contemporaine de travail.
Mots-clés :
- santé mentale au travail,
- rationalité au travail,
- humanisation des milieux de travail,
- syndicalisme,
- entraide syndicale
Abstract
In Quebec, mental health issues have been at the core of union action over the years. In the early 1980s, the Quebec Federation of Workers established a network of Social Representatives to support union members facing workplace problems. This article demonstrates how the actions of Social Representatives are making Quebec's workplaces sounder and more environmentally friendly. It includes data collected between 2013 and 2019, through eight focus groups (n = 140), and over forty semi-directed individual interviews with Social Representatives having diverse backgrounds. Our results confirm the logic of each one for himself/herself and the competition of co-workers who undermine the conditions of cooperation at work and cause human isolation. In view of the escalating violence (interpersonal and organizational) portrayed by the vast majority of our respondents, the FTQ Social Representatives are trying to limit the mental health damage to the suffering workers. Through their actions that are based on direct mutual help, including active non-professional listening, and on person-centred union activism, the social representatives update the foundations of trade unionism. This is achieved in particular with the ideas of fraternity and solidarity at work and through work, on which the worker movement once relied. They thus go beyond replicating successful formulas from the past: they invent a new way of linking the economic and social conditions for the welfare of the contemporary working community.
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