Cahiers Charlevoix
Études franco-ontariennes
Volume 3, 1998
Sommaire (6 articles)
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Avant-propos
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La Mise en scène littéraire du conte populaire en Ontario français. Le cas de Marie-Rose Turcot
Jean-Pierre Pichette
p. 11–86
RésuméFR :
Jean-Pierre Pichette s’attache à la transposition du conte populaire en littérature, qui a été pratiquée en Ontario, comme ailleurs en Amérique française, depuis la fin du xixe siècle. Il ouvre le dossier de l’écrivain d’Ottawa, Marie-Rose Turcot (1887-1977), la première femme à y avoir consacré tout un livre, Au pays des géants et des fées, recueil formé des sept contes oraux qu’elle avait recueillis en 1930 et 1931. Les relations d’amitié qu’elle cultiva avec les pionniers de l’ethnologie franco-canadienne – le folkloriste Luc Lacourcière et l’anthropologue Marius Barbeau – l’ont amenée à une démarche originale, celle de rétablir la forme première des récits qu’elle avait dissimulés sous les fards de l’adaptation littéraire. L’auteur résume ici la carrière remarquable des contes de ce recueil, compare la version populaire et la version retouchée de l’un d’entre eux, « Les Bessons », puis, par l’examen de documents d’archives, parvient à en reconstituer « la mise en scène littéraire ».
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Aperçus comparatifs sur la démographie des communautés francophones dans l’est du Canada avant 1911
Fernand Ouellet
p. 87–177
RésuméFR :
Fernand Ouellet analyse l’évolution des facteurs de la croissance naturelle qui ont opéré dans les populations québécoises, acadiennes et franco-ontariennes avant 1911. Comme préambule, il montre comment les différentes générations d’historiens et de démographes ont, jusqu’à tout récemment, décrit et interprété l’évolution de la nuptialité, de la natalité et de la mortalité dans ces trois grandes régions. En plus de faire ressortir la richesse relative de l’historiographie québécoise, par rapport à celles des Maritimes et de l’Ontario, sa démarche dégage une problématique d’ensemble qui repose sur l’idée que cette évolution, d’abord conditionnée par le besoin de se reproduire, de survivre et de se réaliser, fut, de tout temps, déterminée par la religion, l’ethnicité, les besoins de la famille, le rapport à la ville, les niveaux d’instruction et la socio-économie. Dans ce cadre, il examine l’émergence et la transformation de différents profils démographiques à l’intérieur de chacune de ces grandes régions, des provinces et des sous-régions, et il fait apparaître non seulement les similitudes et les parallélismes, mais, en même temps, la diversité des comportements qui eurent cours dans ces univers inégaux.
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Fidélité à soi et au devenir franco-ontarien : Fernand Dorais essayiste
Michel Gaulin
p. 179–196
RésuméFR :
Michel Gaulin propose de « faire le point sur l’essentiel de la pensée » de Fernand Dorais, telle qu’il l’a pu dégager des deux recueils d’essais publiés par ce dernier : Entre Montréal... et Sudbury et Témoins d’errances en Ontario français. Il met en perspective l’activité de ce professeur de littérature de l’Université Laurentienne et la réflexion que l’essayiste entretint sur son métier de pédagogue et sur la matière qui était sienne. Il aborde ainsi la conception de la littérature de ce « penseur provocant » et l’idée qu’il se faisait du « devenir franco-ontarien ». Cet article est un hommage que Michel Gaulin rend à l’actualité des idées de cet auteur.
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Trois littératures francophones au Canada 1972-1992
René Dionne
p. 197–229
RésuméFR :
René Dionne, qui embrasse dans un même parallèle « trois littératures francophones du Canada », évoque l’émergence de ces entités régionales du Canada français et leur développement récent, entre 1972 et 1992. Après leur affranchissement du Québec, qui avait confisqué et, à rebours, rebaptisé « québécois » tout l’héritage qui forma jadis la feue « littérature nationale » ou « canadienne », puis naguère « canadienne-française », ces trois littératures ont vécu des stades de contestation puis de récupération de leur patrimoine écrit. Le réveil des identités régionales, excité par l’attitude souvent méprisante du Québec, a provoqué la prise de parole des minorités qui, aidées de leurs établissements séculaires et des gouvernements, ont institué de plus en plus solidement et complètement les littératures acadienne, franco-ontarienne et francophone de l’Ouest.
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L’Ontario français et les « États généraux du Canada français » (1966-1969)
Gaétan Gervais
p. 231–364
RésuméFR :
Gaétan Gervais analyse ce qu’il nomme « le dernier acte » de l’histoire du nationalisme canadien-français : les États généraux du Canada français qui eurent lieu à Montréal entre les années 1966 et 1969. Considérant le point de vue de la délégation franco-ontarienne, organisée par l’Acféo dont il a minutieusement dépouillé les archives, il montre le faible intérêt de l’Ontario français pour les débats qui s’y tinrent. Puis, scrutant le déroulement de ces assises, Gervais expose l’ambiguïté fondamentale du projet et rend apparent le noyautage des délégués « représentatifs » du Québec en vue du détournement de ce congrès au profit des idées indépendantistes. Compte tenu de ces faits, le refus de l’Acféo de coordonner la délégation franco-ontarienne en 1969, après avoir participé aux séances de 1966 et de 1967, et l’abstention quasi générale des minorités participantes furent sages, car, déduit l’auteur, « de la chrysalide des États généraux » ne pouvait sortir que « le papillon de l’indépendance ». Les décisions prises à Montréal, notamment le repli culturel et économique sur le seul Québec, conduisaient à la fin du Canada français, une politique inacceptable pour l’Ontario français.