
Cahiers Charlevoix
Études franco-ontariennes
Volume 6, 2005
Sommaire (6 articles)
Études
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Disparités socio-économiques et culturelles à Ottawa en 1871
Fernand Ouellet
p. 15–97
RésuméFR :
Fernand Ouellet dirige son attention vers la région d’Ottawa. Considérant les diverses communautés ethniques en présence selon des points de vue éprouvés (origine géographique et ethnique, religion, alphabétisation, moment d’arrivée, territorialité, etc.) et qui ont hiérarchisé ces groupes, Ouellet retrouve et confirme les « disparités socio-économiques et culturelles » qu’il avait antérieurement observées. Il montre ainsi que le succès des établissements homogènes canadiens-français aux chapitres religieux et linguistique était assorti d’aspects négatifs formant des barrières à l’amélioration de leurs conditions socio-économiques : un taux élevé d’analphabétisme lié à l’infériorité sociale qui en découlait. Il fait voir en outre que la minorité anglo-protestante (Anglais, Écossais, Allemands et Irlandais), qui dominait alors la vie économique et sociale d’Ottawa, distançait largement la majorité catholique et que, parmi celle-ci, les Irlandais, à leur tour, devançaient les Canadiens français ; les rivalités entre ces deux communautés se logèrent donc à un autre niveau puisqu’elles se disputaient les emplois subalternes et le pouvoir à l’intérieur de l’Église. Selon l’auteur, les appuis politiques des Canadiens français et l’énorme pouvoir de l’Église du Québec jouèrent abondamment en leur faveur au détriment du groupe irlandais catholique.
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Les Paroisses de l’Ontario français 1767-2000
Gaétan Gervais
p. 99–194
RésuméFR :
Gaétan Gervais s’intéresse au réseau paroissial franco-ontarien. Outil de survivance ou institution sociale, la paroisse fut, avec l’école, cet appareil polyvalent qui fédéra les élites canadiennes-françaises, au temps où langue française et religion catholique fusionnaient, et qui marqua profondément, sur les plans culturel, social, éducatif et économique, la vie des Franco-Ontariens. Le survol historique de deux siècles et demi et le balayage géographique que l’auteur propose font plus que « montrer la concomitance entre une carte des églises du réseau franco-ontarien de paroisses catholiques et les régions de peuplement franco-ontarien ». Car, si cette problématique paraît aller de soi, les instruments de recherche pour la démontrer étaient jusqu’ici inexistants. Le tableau qu’il brosse constitue précisément un outil de recherche par lequel il dénombre, répertorie et localise par diocèse, en datant leur fondation, chacune des 258 paroisses qu’il a recensées entre 1767 et 2000, et qu’il a représentées par une série de dix-huit tableaux et d’autant de cartes qu’il a fait préparer. Alors, les relations entre l’expansion démographique de ce peuple, qui se déploie au gré des activités de travail (commerce des fourrures, colonisation, exploitations forestières, agricoles, minières, ferroviaires et industrielles), et l’établissement des paroisses apparaissent clairement. Ce texte, qui définit le cadre dans lequel s’agitent les questions religieuses et nationales (paroisses françaises et paroisses bilingues), est aussi le prélude à un répertoire complet des paroisses franco-ontariennes auquel notre collègue travaille depuis quelques années.
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De la Mégère apprivoisée au Roman de Julie Papineau. Origines d’un rituel du mariage franco-ontarien
Jean-Pierre Pichette
p. 195–248
RésuméFR :
Jean-Pierre Pichette ajoute un deuxième chapitre à son étude d’une sanction rituelle du mariage franco-ontarien et il se met en quête de l’origine de la « danse sur les bas ». Comme cette tradition est attestée dans les recoins de la francophonie d’Amérique et inconnue des populations anglophones, il se tourne naturellement vers la France. Bien que, là aussi, des expressions métaphoriques et de nombreuses pratiques stigmatisent l’aîné devancé dans le mariage par son cadet, rien de comparable aux rituels canadiens-français. Explorant alors la filière britannique, il débusque, depuis la danse pieds nus de La Mégère apprivoisée de Shakespeare jusqu’à la danse dans l’auge décrite par des folkloristes et des curieux au xixe siècle, des parallèles de la plupart des variantes qui ont cours en Amérique française. Cette constatation l’amène à s’interroger sur le cheminement probable de cette coutume, dans laquelle les Bretons, les Celtes français, auraient pu jouer un rôle déterminant de diffuseurs au temps de l’émigration française au Canada. Sans découvrir chez eux les formes qui manifesteraient ce rôle, l’auteur relève néanmoins dans le personnage du baz-valan, ou entremetteur de mariage, de nombreux indices qui appuient son hypothèse : son statut de célibataire, le port de bas colorés et dépareillés dans l’accomplissement de sa charge, et la danse avec la mariée comme récompense. Si l’influence celtique est certaine, son lieu, en France ou au Canada, reste à déterminer.
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Les Médias en Ontario chez les francophones et les anglophones
Simon Laflamme
p. 249–282
RésuméFR :
L’étude que Simon Laflamme livre ici est tirée d’une enquête menée à Sudbury en 2001 et en 2002 auprès de plusieurs centaines de personnes pour connaître la place des médias et la fréquence de leur utilisation dans les familles franco-ontariennes en comparaison des familles anglophones. À l’exception du domaine de l’informatique (ordinateur, courriel et toile électronique), il note peu de distinctions entre les deux groupes culturels en ce qui a trait à la possession et à l’usage des appareils et moyens de communication (téléviseur et magnétoscope, téléphone et télécopieur, lecteur de disques, radio et chaîne audio, livre, correspondance), car tous les deux s’inscrivent dans un même « processus simultané d’homogénéisation et d’hétérogénéisation » propre à la société postmoderne. Il note toutefois que l’âge et l’instruction ont une incidence sur l’usage des nouvelles technologies plus marquée même que la langue des usagers. Son analyse ouvre ainsi la porte sur un autre volet qui envisagerait les contenus véhiculés, les messages produits et consommés.