Résumés
Abstract
"Brain death" was institutionalized 25 years ago primarily to make organs "harvested" from brain dead bodies on an artificial ventilator available for transplant. Doubts exist as to whether the donors used in the first heart transplants conducted in South Africa in 1967, and in Japan in 1968, were dead. Reaction to these two experiments was remarkably different. In Japan the surgeon was arrested for murder, a national debate about brain death continues today, and transplants from brain dead bodies have only been made permissible since June 1997. This debate contrasts with that in North America, where transplant technology is routinized and an organ "shortage" is recognized. In Japan the argument is politicized, focuses on death, and draws on cultural knowledge about Self and Other; Japan and the West; harmony and individualism; tradition and modernity / postmodernity. North American discussion focuses on saving lives; making death meaningful; remaking death yet again; and assumes technology to be culturally and politically autonomous. These respective debates are discussed using textual analysis and the results of interviews with philosophers, physicians, and nurses in both cultural settings. An effort is made to suggest why the Japanese debate is central in constituting contemporary cultural identity, whereas the North American debate is of little public interest. The significance for anthropology of the hybrid status of brain dead bodies and organ recipients together with the national and global circulation and commodification of bodies and body parts associated with this technology is considered.
Résumé
Il y a 25 ans, on institutionnalisait la « mort cérébrale », avant tout pour « prélever » dans les corps en coma dépassé et branchés à un ventilateur des organes qu’on utiliserait pour des greffes. Aujourd’hui, on se demande encore si les donneurs utilisés pour effectuer les premières greffes de coeur en Afrique du Sud en 1967 et au Japon en 1968 étaient bien morts. Les réactions qu’ont provoqué ces expériences ont été complètement différentes. Au Japon, le chirurgien fut arrêté pour meurtre. Le débat national sur la mort cérébrale est toujours d’actualité et il est interdit d’effectuer des greffes d’organes en les prélevant sur les corps dans un coma dépassé. Ce débat sera mis en contraste avec celui qui se poursuit en Amérique du Nord où les techniques de greffe sont routine et où on reconnaît qu’il existe une « pénurie » d’organes. Au Japon, la discussion s’est politisée; elle porte sur la mort et fait appel aux connaissances sur le Soi et l’Autre; le Japon et l’Occident, l’harmonie et l’individualisme, la tradition et la modernité/post-modernité. En Amérique du Nord, la discussion porte essentiellement sur la vie et sur la manière de sauver des vies, de rendre à la mort tout son sens et de la refaire pourtant encore; elle assume que la technologie est culturellement et politiquement autonome. Ces débats respectifs seront abordés à l’aide de l’analyse textuelle et des résultats d’entretiens effectués avec des philosophes, des médecins et des infirmiers/ières dans les deux contextes culturels. L’exposé tentera de suggérer les raisons pour lesquelles le débat japonais est au centre de la costitution de l’identité culturelle contemporaine tandis que le débat nord-américain suscite peu d’intérêt auprès du public. Il abordera l’importance sur le plan anthropologique du statut hybride des corps dans un état de coma dépassé et de celui des receveurs d’organes ainsi que la circulation et la commercialisation, à l’échelle nationale et mondiale, des corps et des parties corporelles liées à cette technologie.
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