Résumés
Résumé
Moins étudié que son oeuvre romanesque, le récit écrit par Romain Gary à la suite de son voyage de Djibouti au Yémen est placé sous le signe de l’abjection, qui y est exprimée dans une multitude d’états et semble avoir englouti presque toutes les dimensions – politique, sociale, historique, médicale, hygiénique – de la vie. En effet, l’ancienne Côte française des Somalis y est représentée comme un enfer hypertrophié peuplé de gens pauvres et sans espoir, de marchands de travailleuses du sexe, de femmes mutilées et d’âmes en peine, mais aussi de quelques figures lumineuses et sacrificielles qui ressemblent toutefois plutôt à des Sisyphes qu’à des Rédempteurs. Si ce récit de voyage renvoie à une descente aux enfers, la poignante réflexion de Gary sur la condition humaine se transforme au fil des pages en art poétique. L’objectif de cet article est d’analyser la poétique de l’abjection mise en scène dans ce texte méconnu, ainsi que de dévoiler les mécanismes par lesquels cette dernière constitue le point de départ d’une réflexion métalittéraire sur le rôle de l’écrivain et de la littérature.
Abstract
Written following a trip from Djibouti to Yemen, Romain Gary’s travelogue The Treasures of the Red Sea (1971) has received limited critical attention to date. The text can be placed under the heading of abjection, which is expressed in a multitude of states and seems to govern almost all dimensions – political, social, historical, medical, hygienic – of life. Indeed, the former French Somaliland is depicted as a hypertrophied hell, populated by poor and hopeless people, human traffickers, mutilated women and lost souls. A few sacrificial figures feature, although they look more like Sisyphuses than Redeemers. The poignant reflection on the human condition triggered by this descent into hell that the narrator strives to get through, despite his emotions, in order to make it accessible to his reader, is eventually turned into an ars poetica. The aim of this article is to explore the poetics of abjection in this little-known text, as well as to reveal the mechanisms through which the latter becomes the starting point for a metaliterary reflection on the role of the writer and of literature.
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