Éditorial

Médias sociaux et professionnels de l’information : où en sommes-nous ?[Notice]

  • Marc-André Goulet et
  • Vanessa Allnutt

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  • Marc-André Goulet
    Chef de service, Musique et films, Bibliothèque et Archives nationales du Québec
    ma.goulet@banq.qc.a

  • Vanessa Allnutt
    Bibliothécaire, Université du Québec à Rimouski
    vanessa_allnutt@uqar.ca

Les médias sociaux font désormais partie intégrante de la vie d’une majorité d’adultes québécois. Les résultats de l’enquête NETendances 2013 du Centre francophone d’informatisation des organisations (CEFRIO) indiquent qu’une proportion de « 82,2 % des internautes québécois utilisent les médias sociaux […], ce qui correspond à 62,7 % des adultes québécois » (2013, 4). En ce qui a trait à une participation active sur ces plateformes, que ce soit le relais ou le partage de contenu ou l’interaction avec autrui, les statistiques sont légèrement supérieures à 50 % des utilisateurs (2013, 7). Voilà des données éloquentes qui démontrent la nécessité d’une présence accrue des professionnels de l’information sur le Web afin d’être en phase avec l’évolution de la société. Les milieux documentaires québécois ont, dans bien des cas, fait état de la présence de leurs usagers, tant actuels que futurs, sur Internet, tant et si bien que nombre d’entre eux administrent et alimentent désormais de manière plus ou moins régulière une page Facebook, Twitter, YouTube, Tumblr ou même Pinterest, quoique dans une fort moindre mesure dans le cas de ces derniers. Quelques analyses et études comparatives de l’utilisation des réseaux sociaux en bibliothèque ont été effectuées en France et au Canada (Mairie de Paris 2013 ; Galvani 2012 ; Giustini 2010), mais une étude sérieuse et étoffée sur le sujet reste à faire au Québec afin de connaître l’étendue de l’appropriation des médias sociaux par les institutions documentaires québécoises, mais aussi par les praticiens eux-mêmes, bien entendu au sens d’un usage à caractère professionnel. Car si l’on retrouve des ouvrages qui proposent des conseils et des recommandations à l’attention des spécialistes de l’information pour l’élaboration de communications et d’activités de médiation sur Internet, que savons-nous de leurs usages réels sur la toile, de leurs compétences et de leur aisance à communiquer sur ces plateformes ? Dans l’attente de données plus précises à ce sujet, lançons tout de même quelques questions afin d’inviter la communauté des sciences de l’information à entamer une réflexion de fond à propos de l’usage des médias sociaux – n’est-ce pas là le propre de nos nouveaux comportements, davantage réseautés et enclins à l’interaction numérique continue ? Sachant que 62 % des adultes qui utilisent les médias sociaux « suivent au moins un organisme, une entreprise ou une personnalité », dont 23,7 % sont « un journaliste ou une organisation du secteur de l’information » (CEFRIO 2013, 7), avons-nous suffisamment bien investi ces créneaux afin de faire valoir notre pertinence, notre raison d’être et notre rôle au sein du tissu social ? Nous sommes-nous munis d’une approche actuelle, dynamique et stimulante ? Savons-nous nous démarquer et soulever l’intérêt de la communauté virtuelle ? Connaissons-nous suffisamment les meilleures pratiques afin de bien exploiter ces plateformes au maximum du potentiel qu’elles recèlent ? Le fait de négliger la dimension stratégique cruciale d’une présence numérique forte ou de sous-estimer les efforts qui doivent y être déployés risquerait de fragiliser le développement et la pérennité des institutions documentaires. Cela, nous en sommes de plus en plus convaincus, et ce, dans tous les domaines, à l’ère de la dématérialisation progressive des contenus. Mais dans le cas des médias sociaux, il n’en va pas uniquement de l’aspect numérique. De nouvelles compétences communicationnelles doivent être progressivement déployées par les professionnels de l’information afin de mieux interagir sur ces plateformes. À l’instar de nombreuses autres professions, les métiers liés à la documentation entrent dans une phase de transformation importante après plusieurs décennies de stabilité sur le plan des pratiques, des compétences et des usages. Cela est tout aussi vrai sur le plan de nos communications …

Parties annexes